Le poète franco-algérien connaîtra jeudi la peine de son ami, Boualem Sansal, emprisonné en Algérie depuis quatre mois.
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00:00Boalem Sansal va donc connaître sa peine aujourd'hui. L'écrivain emprisonné en Algérie depuis
00:05mi-novembre risque dix ans de prison pour son soutien affiché
00:09aux voisins marocains dans le dossier du Sahara occidental et avec nous en studio ce matin l'un de ses amis
00:16franco-algériens comme lui. Bonjour Kamel Bencher.
00:19Bonjour Jérôme Chapuis. Dix ans de prison, c'est ce qu'a requis le procureur. C'est ce qu'il risque vraiment ?
00:26A mon avis, et je suis très optimiste, aujourd'hui
00:30il va y avoir le jugement
00:32le fait qu'il ne soit pas passé deux ans ou trois ans après son arrestation mais quatre mois après,
00:39qu'il ne soit pas passé en cours criminel mais en tribunal correctionnel,
00:44que ça a duré vingt minutes à peu près les réquisitions,
00:48moi personnellement je pense qu'il va être condamné aujourd'hui à six, sept, huit, qu'importe, et que l'aïd
00:54arrivant, la fin du ramadan ou le 5 juillet,
00:58beaucoup plus tard pour l'indépendance,
01:00l'anniversaire de l'indépendance algérienne,
01:03nous espérons une grâce présidentielle. Et pour qu'il y ait une grâce présidentielle, il faut qu'il y ait une condamnation.
01:09Ah, il faut qu'il y ait une condamnation, donc paradoxalement s'il y avait condamnation aujourd'hui, ça pourrait être le premier pas vers une libération ?
01:16Nous avons entendu le président Théboune parler d'apaisement avec la France et c'est déjà un signal pour moi.
01:21D'ailleurs on l'a entendu, nous aussi, c'était il y a quelques jours et c'était sur les médias algériens, le président Théboune.
01:26Nous on garde comme point de repère, et unique point de repère pour moi, c'est le président Macron. Tous les problèmes
01:34doivent se régler avec lui. Les deux présidents travaillent ensemble.
01:38Voilà, ça se joue sans doute entre les deux présidents. D'ailleurs Emmanuel Macron lui aussi a évoqué tout récemment la semaine dernière
01:43le cas Boilem Sansalle.
01:45J'ai confiance
01:47dans le président Théboune et sa clairvoyance pour savoir que tout ça n'est pas sérieux.
01:52Et qu'on a affaire à un grand écrivain, qui plus est, est malade. Et donc je pense qu'il doit retrouver sa liberté, la capacité à se soigner.
01:59Et Kamel Bencher, ça va se jouer au bout du compte entre ces deux hommes ?
02:03Exactement, exactement. Mais moi contrairement au président Macron, je n'en ai pas confiance.
02:07Le fait même qu'il ait été arrêté arbitrairement,
02:10mis dans une cellule, un cul de basse fausse depuis quatre mois à 80 ans,
02:15cet homme est touché par un cancer de la prostate, je trouve qu'on ne peut pas faire confiance.
02:20C'est un dossier qui a été fabriqué, fabriqué de toutes pièces ?
02:23Complètement, complètement. Boilem Sansalle, depuis
02:26depuis
02:281999, date de l'apparition de son premier roman, Un opposant acharné au pouvoir algérien, depuis Bouteflika.
02:35Il a toujours été laissé tranquille et servi d'alibi au pouvoir algérien pour dire
02:40regardez cet homme nous tape dessus, mais nous sommes des démocrates. Et aujourd'hui, il a pris position sur diverses choses, mais c'est surtout
02:48qu'il est l'otage d'une relation
02:51très difficile entre l'Algérie et la France, depuis que le président Macron a pris position pour la marocanité du Sahara.
02:57Et donc finalement, c'est une victime collatérale de cette crise
03:01franco-algérienne ? Oui, il est en train de payer tout ça, c'est vrai. C'est devenu, sa détention, un abcès de fixation ?
03:07Est-ce que ça ne desserre pas sa cause, d'une certaine manière, qu'ici en France, certains
03:13prennent la parole de manière
03:15véhémente contre le régime algérien ? Je ne suis pas sûr que ça desserre sa cause. Il faut parler de lui et
03:21d'une façon véhémente, comme vous le dites, mais il ne faut jamais lâcher Boilem Sansalle. Il faut vraiment y aller jusqu'au bout.
03:26Alors précisément, parlez-nous de lui
03:29parce que je voulais commencer par ça. Il faut nous donner de ses nouvelles, si tant est, qu'on puisse en avoir.
03:33Nous n'avons pas de ses nouvelles.
03:36Sa femme est partie, elle était en France, elle est partie pour le rejoindre.
03:41Je ne sais pas si elle l'a vu plusieurs fois, mais on sait qu'elle l'a vu une seule fois.
03:45Ça c'est sûr, c'est une certitude, mais on n'a aucune nouvelle, absolument aucune.
03:49Comment est-ce que vous, qui le connaissez si bien, vous
03:52représentez aujourd'hui son état d'esprit ?
03:55Est-ce que vous l'imaginez combatif,
03:57abattu ? Les deux en même temps, parce qu'il a 80 ans encore une fois. Je pense que
04:03c'est un homme qui a été dans les hautes sphères du pouvoir algérien. Il est directeur de l'industrie jusqu'à son exclusion.
04:09Et puis c'est quelqu'un qui est combatif, on l'a vu à travers ses livres, à travers ses discours, à travers
04:16ses interviews. C'est un homme qui ne lâche pas, qui a toujours combattu l'abjection islamiste,
04:21qui a été contre la corruption du pouvoir algérien.
04:24Et je ne le vois pas se mettre à genoux devant les autorités qui le maintiennent en prison.
04:31Il est l'otage aujourd'hui d'une situation qui le dépasse, cette crise algérienne.
04:35C'est un pion dans cette crise ?
04:38Oui, oui, oui, oui. S'il n'y avait pas eu cette problématique du Sahara occidental et la position
04:44de la France, je crois qu'il serait parmi nous encore. Pour moi c'est une certitude.
04:48Et ça, il ne l'a pas vu venir, pardon de le poser comme ça, mais quand il se rend mi-novembre
04:52en Algérie, qu'il arrive à Alger, il n'imagine pas une seule seconde qu'il puisse être arrêté ?
04:57Là, ce qu'il faut préciser, c'est que Boalem Sansal habite en Algérie.
05:01Il a toujours habité en Algérie, à Boumerdiès, à 45 kilomètres à l'est d'Alger.
05:06Et depuis quelques temps, depuis quelques années même, ses amis ont, moi personnellement, je lui ai dit plusieurs fois
05:12« Boalem, tu ne peux pas rester là-bas, il faut absolument que tu t'installes en France. »
05:15Il a pu avoir la nationalité française il y a quelques mois.
05:18Il a commencé à chercher un appartement, une maison. Il a trouvé une maison à Versailles.
05:23Et il est retourné en Algérie pour régler les derniers problèmes, vente de maisons, etc.
05:28C'était un homme qui était sur le point de s'exiler, c'est ça ?
05:30Complètement. Et le pire, c'est que quelques jours avant son départ, on s'est vus et il m'a dit
05:36« Kamel, je t'interdis d'aller en Algérie. »
05:38En tout cas, je reviens à ce que vous nous disiez en commençant cette interview.
05:42Vous pensez, vous, qu'on a une possibilité de le revoir en France l'été prochain ?
05:48Je l'espère. Je l'espère de tout cœur. Je l'espère.
05:51Oui, oui, parce qu'il ne peut pas rester.
05:54La relation franco-algérienne se détériore de plus en plus.
05:59On a l'impression que les deux pays sont irréconciliables, et comme vous nous dites qu'il est un pion dans cette affaire.
06:03Oui, et il faudrait que la relation s'apaise. Il faudrait qu'on revienne à un respect entre les deux pays.
06:08Mais comment ?
06:09Il faudrait que l'Algérie comprenne que la France défend un de ses ressortissants,
06:12et que c'est son honneur de défendre Boïdame Sansal. Et voilà, c'est tout.
06:18Merci beaucoup d'avoir été avec nous à quelques heures sans doute. Peut-être ce matin d'ailleurs.
06:22Oui, je pense que tous les bruits disent que c'est à 9h. Mais on verra bien.