[#Reportage] Campagne Anticipée, un risque pour la démocratie
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00:00Vous les avez sans doute vus, ces cortèges qui s'organisent, ces rassemblements qui fleurissent,
00:05ces discours à peine dévoilés qui envahissent les réseaux sociaux. Pourtant, nous ne sommes
00:11pas encore en campagne présidentielle. La loi éclaire, le coup d'électoral gabonais
00:16fixe la période de campagne du 29 mars au 11 avril 2025. Avant cette date, toute action de
00:24propagande électorale est illégale. Article 324, amende pouvant atteindre un million de francs
00:30CFA. Alors pourquoi votent-on déjà certains candidats en pleine effervescence? Pourquoi
00:36ces cadeaux distribués sous couvert d'actions sociales? Pourquoi ces slogans, ces affiches,
00:41ces messages à peine dissimulés? En démocratie, le principe est simple. Chaque candidat doit avoir
00:47les mêmes chances de convaincre l'électorat. C'est pourquoi la campagne est encadrée,
00:51limitée dans le temps pour éviter que certains ne prennent une longueur d'avance de manière
00:56déloyale. Mais lorsque les candidats commencent plus tôt, que se passe-t-il? D'abord, il fausse
01:03la compétition. Un candidat qui multiplie les apparitions publiques avant la période légale,
01:08c'est comme un coureur qui démarre avant le coup de sifflet. Ensuite, ils influencent l'opinion
01:14avant même le débat démocratique. Imaginez un électorat déjà conditionné, déjà séduit par
01:19des promesses et des actions financées bien avant la campagne. Quel espace reste-t-il pour
01:24les autres? Enfin, ils affaiblissent la crédibilité du processus électoral. Si la loi n'est pas
01:30respectée avant même le début officiel, pourquoi le serait-elle ensuite? A quoi sert une règle si
01:35personne ne la fait appliquer? Regardons ailleurs. Dans plusieurs démocraties africaines, ce phénomène
01:41est devenu un véritable problème. En République démocratique du Congo, lors de la dernière
01:46présidentielle, de nombreux candidats avaient lancé des tournées déguisées avant la période
01:51officielle pour sendre la commission électorale à intervenir. En Côte d'Ivoire, en 2020, certaines
01:58personnalités avaient utilisé des événements publics pour faire campagne bien avant l'ouverture
02:02légale. Résultat? Des tensions, des accusations de favoritis et une perte de confiance dans le
02:08processus électoral. Le Gabon veut-il suivre cette voie? L'autorité électorale doit-elle
02:13renforcer la surveillance? Les sanctions doivent-elles être plus sévères? Une élection crédible
02:19repose sur des règles respectées par tous. Sinon, que reste-t-il de la démocratie? L'enjeu n'est pas
02:26seulement l'élection de 2025, mais la crédibilité de tous les scrutins à venir. Une démocratie qui
02:32tolère ses dérives aujourd'hui s'expose à une normalisation de la manipulation électorale demain.
02:38Pour finir ce décryptage, je vous laisse avec cette question. Alors, quelle démocratie
02:43voulons-nous réellement bâtir? Je vous dis à très vite sur Gabo Miseta pour un prochain numéro de décryptage.