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Le rédacteur en chef du magazine "The Atlantic", Jeffrey Goldberg, a révélé dans un article publié lundi 24 mars avoir été inclus par erreur dans un groupe de discussion ultraconfidentiel de hauts responsables américains consacré à des frappes contre les rebelles houthistes au Yémen. La Maison Blanche a assuré qu'aucune information confidentielle n'avait été dévoilée. Écoutez l'analyse de Peer de Jong, ancien colonel des troupes de Marine.
Regardez L'invité pour tout comprendre avec Yves Calvi du 25 mars 2025.

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Transcription
00:00Yves Calvi et Agnès Bonfillon, RTL Soir.
00:04Il est 18h43, bonsoir Père de Yong, merci de nous rejoindre.
00:08Vous êtes ancien colonel des troupes de marine, vous avez aussi été aide de camp de deux de nos présidents de la République, François Mitterrand et Jacques Chirac.
00:14C'est une invraisemblable faille de sécurité qui fait scandale aux Etats-Unis.
00:20Le rédacteur en chef du prestigieux magazine The Atlantic révèle avoir été inclus par inadvertance
00:25dans un groupe de discussion ultra-confidentielle sur la messagerie cryptée.
00:29Signal parmi les membres de ce groupe, le chef de la diplomatie américaine, le directeur de la CIA ou encore le vice-président,
00:35le G. Davens, au cœur des discussions a un plan d'attaque contre les rebelles houthis au Yémen
00:40et la Maison Blanche a confirmé l'authenticité de ces messages.
00:43Des plans militaires divulgués aussi facilement, comment est-ce possible Père de Yong ?
00:47En fait c'est pas possible, c'est juste une bourde énorme.
00:51Je pense que le gouvernement américain est en train de rattraper le coup comme on dit.
00:55Parce qu'en fait c'est une bourde.
00:56Très concrètement on sait que c'est Michael Valls qui est en fait le conseiller à sécurité nationale
01:01qui connaît probablement Jeffrey Goldberg qui est ce grand journaliste de The Atlantic qui est très connu.
01:06Et en fait il le connaît, il l'a intégré.
01:08Et je pense qu'il s'est trompé de nom.
01:09Parce que Jeffrey Goldberg c'est un prénom et un nom qui sont plutôt communs aux Etats-Unis.
01:14Je pense qu'il s'est trompé simplement.
01:15Donc il a intégré en fait dans sa boucle de discussion, signal, il a intégré ce personnage qui pour le moment a une fonction.
01:21En fait c'est complètement incroyable.
01:23C'est une situation qui démontre quand même une forme d'amateurisme et qui est quand même relativement grave évidemment.
01:28Donc une bourde, vous le dites, ça veut dire que l'administration américaine normalement n'utilise que des canaux sécurisés pour discuter ?
01:36Bah à ce niveau-là évidemment c'est totalement interdit.
01:39On ne peut pas utiliser dans des discussions comme ça, on ne peut pas utiliser des téléphones personnels.
01:43C'est-à-dire qu'aux Etats-Unis, il y a des lois un peu comme en France, des lois qui forcent, qui obligent les fonctionnaires,
01:50quelles que soient leurs fonctions, à stocker et à enregistrer leurs conversations.
01:56Pour l'histoire, pour les vérifications, pour les contrôles qu'il pourrait y avoir.
01:59Donc tous les systèmes sont comme ça, on contrôle et on vérifie les communications.
02:03Là on est vraiment dans l'informel total, les gens discutent, s'amusent et blaguent.
02:07D'autant qu'au-delà des détails qui ont été donnés sur l'armement, sur les cibles, sur le moment où l'opération se mènerait,
02:14rappelons-nous, ils ont également critiqué les Européens, qui traitent de profiteurs pathétiques.
02:19Les échanges entre les hauts responsables américains rendus publics sont littéralement stupéfiants.
02:24Est-ce qu'on peut parler d'amateurisme au plus haut sommet de l'État, de la plus grande puissance militaire mondiale ?
02:30Très concrètement, ces gens sont arrivés au pouvoir il y a à peu près deux mois.
02:34On voit qu'aujourd'hui il y a une forme d'accumulation de problématiques, mais celle-là elle est très grave.
02:38Parce qu'on voit que c'est une espèce de groupe d'amis, de groupe de copains,
02:42qui discutent et qui s'amusent et qui racontent leurs histoires.
02:45Là le problème c'est la paix et la guerre, c'est la destruction, c'est l'envoi de missiles,
02:49donc on est sur un sujet qui est extrêmement grave.
02:51Donc on ne peut pas comprendre pourquoi il y a un tel amateurisme à ce niveau-là.
02:54D'autant que tout le gratin du pouvoir américain est dans cette boucle Signal.
02:59Parce qu'ils considèrent que Signal c'est un truc crypté, qui est performant.
03:08Mais c'est incroyable de faire ça, d'autant que c'est totalement interdit par la loi,
03:11et théoriquement il devrait y avoir une enquête et des sanctions, bien évidemment.
03:14On ne peut pas imaginer que ce soit une mise en scène ?
03:17Ah non, non, c'est presque impossible.
03:19D'autant qu'à l'heure où on parle, le gouvernement américain a reconnu l'erreur, reconnu la bourde.
03:24C'est une bourde, c'est juste une erreur d'amateur.
03:28J'imagine que cette bourde préexistait au moment des élections.
03:32Par exemple, ça se fait souvent, les hommes politiques ont des messages cryptés,
03:37dans lesquels on discute, etc.
03:39Donc je pense que c'est un groupe qui préexistait au moment des élections,
03:44et qui a continué de fonctionner.
03:47Et on racontait sa vie, on posait des questions.
03:49En fait, on est vraiment dans un monde parfaitement amateur, et ça c'est très grave.
03:52Le président américain a qualifié l'événement de pépin sans gravité.
03:56C'est peut-être ce qu'il y a de plus inquiétant, en tout cas c'est ce que je me dis en vous écoutant dans cette interview, non ?
04:00Qu'il traite ça avec autant de légèreté.
04:03Oui, alors avait-il le choix ? Parce qu'en fait tous ses collaborateurs sont dedans.
04:06Son vice-président, Radcliffe qui est le patron de la CIA,
04:11évidemment Gillivance qui est son vice-président, etc.
04:13qui est également son ministère de la Défense.
04:15Il y a Witkow qui est le grand négociateur en Ukraine et au Moyen-Orient.
04:19Donc on a des personnages totalement éminents.
04:21C'est le très très haut du panier du gouvernement américain.
04:24Et c'est ça qui est incroyable, que ces personnages n'aient pas été formés à la limite pour conserver le secret,
04:31ou en tout cas rentrer dans un cadre qui permet quand même d'avoir un minimum de sérieux.
04:36Parce que là ça ne fait vraiment pas sérieux.
04:38Ça ne fait pas sérieux, on en parle beaucoup.
04:41Et d'ailleurs la Maison Blanche dénonce maintenant une tentative coordonnée de diversion politique.
04:47La ficelle est un peu grosse d'ailleurs.
04:49La meilleure défense c'est l'attaque de toute façon.
04:52A-t-on déjà vu une faille de sécurité de cette envergure dans un grand pays démocratique ?
04:58Non, on peut dire que c'est la première fois.
05:00C'est vrai que, rappelons-nous, Mme Clinton avait eu ce genre de problème à l'époque où elle était aux affaires.
05:04Elle avait eu ce genre de problème, elle avait été attaquée, elle avait été jugée.
05:07Donc ça avait été extrêmement douloureux.
05:09Mais là aujourd'hui on sait que les procureurs qui devraient traiter ce sujet ont été nommés par Trump.
05:14Donc il n'y a quasiment aucune chance qu'il y ait des mesures conservatoires.
05:17D'où aujourd'hui la stratégie du gouvernement américain qui est de minimiser l'opération
05:22en disant qu'effectivement l'opération a été divulguée à un grand journaliste
05:26qui lui-même a dû être incroyablement étonné quand il a vu toutes ces informations qui arrivaient sur son portable.
05:31Il a dû imaginer qu'il était manipulé.
05:33C'est incompréhensible quelque part.
05:36Et c'est vrai qu'en fait il a communiqué autour de cette incompréhension.
05:39Et là ça a révélé le sujet.
05:41Mais encore une fois il ne se passera rien parce que ce gouvernement est jeune.
05:44Il est totalement libéré quelque part.
05:47On voit bien que c'est un gouvernement qui est totalement libéré.
05:49Et donc en fait il ne va rien se passer et ça va s'éteindre doucement.
05:52Mais c'est vrai que ça révèle un amateurisme complètement sidérant.
05:56Est-ce qu'une telle situation pourrait se produire chez nous en France ?
05:59Peut-être que ça s'est déjà produit d'ailleurs.
06:02Alors j'ai envie de vous dire non.
06:05Mais en fait j'ai envie de vous dire lui aussi.
06:07C'est un problème humain, bêtement humain.
06:09Et puis voilà, on est tous sur des boucles WhatsApp, des boucles signal.
06:13Donc ça peut arriver.
06:14Le problème, je pense qu'ils se sont trompés.
06:15Non, bien évidemment, Valls n'a pas voulu mettre un journaliste dans la boucle.
06:19C'est évidemment impensable.
06:21Mais par contre il y a une forme de rapidité dans la décision.
06:24Il a un pote qui s'appelle Goldberg quelque part.
06:26Il n'a même pas regardé le nom et puis il l'a mis sur la boucle.
06:28En fait ça peut arriver en France.
06:29Mais évidemment ça peut arriver.
06:30Encore une fois, toutes les discussions privées par téléphone sont interdites.
06:35Mais moi je me rappelle avec Jacques Chirac.
06:36Jacques Chirac téléphonait sans arrêt.
06:38Et il téléphonait sur son téléphone perso.
06:40Et moi j'ai vu le gouvernement JP2 se faire au téléphone près de l'ambassade américaine
06:45qui écoutait tout.
06:46Donc je lui disais, monsieur le président, on ne peut pas faire ça.
06:48Donc on voit qu'aujourd'hui, on est informé de ces problèmes-là.
06:50A l'époque Jacques Chirac, en 1995, il ne savait pas.
06:53Aujourd'hui, on le sait.
06:54Donc encore une fois, ce genre de situation peut effectivement arriver.
06:58Mais on est quand même aujourd'hui parfaitement informé quand même.
07:00Extraordinaire parce qu'on l'imagine tellement Jacques Chirac avec son téléphone en 1995.
07:04Comment font nos ministres aujourd'hui pour échanger, discuter ?
07:08Ils respectent des consignes de sécurité ?
07:09Il me semble qu'ils utilisent beaucoup les messageries type WhatsApp ou Telegram.
07:13Alors normalement, il y a des téléphones cryptés pour les ministres.
07:15Ils ne sont pas autorisés en fait à communiquer avec leur téléphone perso.
07:18Mais bien évidemment, ils le font.
07:20On sait que le président Macron a fait sa campagne sur Telegram par exemple.
07:23Et les Telegram, c'est les russes.
07:24Donc on sait très bien que tous les messagers cryptés sont utilisés par les hommes politiques et H24.
07:28C'est plus simple, ça va vite, etc.
07:31Le problème, c'est qu'il n'y a pas d'archives non plus.
07:32Quand il y a des décisions, quand il y a des discussions extrêmement importantes.
07:35Là, un exemple sur l'affaire du bombardement des Houthis au Yémen.
07:39Il faut laisser des traces pour l'histoire tout simplement.
07:41Pour vérifier la véracité, les effets.
07:44Qui prend la décision ?
07:46On ne peut pas faire ça.
07:47D'autant qu'en fait, on voyait que dans cette boucle de discussion, tout le monde plaisantait.
07:52C'est un groupe de potes en fait.
07:54Ils discutaient, ils racontaient leurs vies.
07:56Merci infiniment Père de Yonc.
07:58Je souris, mais en fait la situation est peut-être assez grave.
08:00Ancien colonel des troupes de marine, cofondateur de l'Institut Thémis.
08:03Votre livre « Putin, Lord of War » est paru aux éditions marins.
08:06Merci de nous avoir éclairé ce soir sur RTL.
08:09Dans un instant, un homme qui n'a rien de confidentiel.
08:12Il est en libre accès tous les soirs sur RTL.
08:14Il s'appelle Marc-Antoine Lebrun.
08:16Pour le Breaking News.

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