• il y a 3 jours
"C'est vraiment une pute." Ce message révélé par Mediapart a été laissé par un policier sur le répondeur d'une femme qui venait de porter plainte pour agression sexuelle. Pour l'avocat de la victime Arié Alimi, cette affaire souligne la façon dont ces plaintes sont traitées…

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Transcription
00:00La plainte n'a pas de sens.
00:02Evidemment, elle reçut de la confrontation.
00:04C'est vraiment une pute.
00:06Comme par hasard.
00:08Elle reçut de la confrontation.
00:10Comme par hasard.
00:12En fait, c'est juste pour lui taper les couilles.
00:14C'est sûr.
00:20Pour le dépôt de plainte,
00:22ça s'est correctement passé.
00:24En revanche, elle a reçu un message
00:26quelques heures plus tard.
00:28Le policier de nuit,
00:30de la brigade de nuit qui avait pris son audition,
00:32avait mal rédigé son procès-verbal.
00:34Et c'est la raison pour laquelle
00:36le policier qui a pris le relais
00:38l'appelle afin de la réauditionner.
00:40Ce policier
00:42a oublié de raccrocher le téléphone
00:44et il a continué à parler
00:46sur son répondeur.
00:48En fait, c'est juste pour lui taper les couilles.
00:50C'est sûr.
00:52C'est un salaud.
00:54Je ne sais pas.
00:56Je ne sais pas qu'il lui arrive un truc comme ça.
00:58Il va se demander à l'OMEC.
01:00Et après, il va vouloir un peu plus de confrontation.
01:02Il va se parler du côté de la guerre.
01:04Sur l'émission, quoi.
01:10Ce policier, il a sali
01:12non seulement toutes les femmes
01:14qui essayent de déposer plainte.
01:16Et je crois qu'on a tous
01:18intérêt à leur dire de venir
01:20dans les commissariats, dans les gendarmeries
01:22pour le faire. Mais il a sali,
01:24il a raccroché sur l'uniforme de la République
01:26de ses 250 000 autres collègues.
01:28Policiers et gendarmes qui, tous les jours,
01:30font un travail, je crois, formidable.
01:32Mais la réalité est apparue
01:34en écoutant le répondeur.
01:36C'est comme si le voile tombait.
01:38C'est comme si le rideau se levait.
01:40C'est, en fait,
01:42ce que la plupart des femmes
01:44savent
01:46sans vraiment pouvoir le prouver.
01:48C'est que, derrière les discours,
01:50la réalité du traitement judiciaire
01:52des plaintes est particulièrement violente.
01:54On pose des questions terribles
01:56comme est-ce que vous aviez une mini-jupe ce jour-là ?
01:58Est-ce que vous aviez une tenue
02:00aguichante ? Est-ce que
02:02vous avez fait
02:04désirer votre agresseur ?
02:06Il y a une forme de culpabilisation
02:08de la victime. Je pense
02:10que l'institution policière,
02:12l'institution judiciaire et notre société
02:14de manière générale, mais plus spécifiquement
02:16la police et la justice, sont les
02:18héritières d'une
02:20culture patriarcale,
02:22viriliste, sexiste, faite pour les hommes,
02:24par les hommes, et que, évidemment,
02:26on a hérité de tout ça
02:28et que c'est difficile aujourd'hui pour les femmes
02:30de faire entendre leur voix,
02:32notamment dans le cadre des violences sexuelles.
02:34Pendant très longtemps, on ne prenait même pas votre plainte.
02:36Pendant très longtemps,
02:38on vous faisait subir un deuxième
02:40affront lorsque vous alliez dans un
02:42commissariat ou devant un juge.
02:44Parce qu'on vous faisait comprendre que,
02:46finalement, vous alliez pourrir la vie de votre agresseur.
02:48Et que ce n'était pas cool. C'est un petit peu
02:50ce qu'on entend, d'ailleurs, dans cet enregistrement.
02:52Je pense qu'effectivement, il y a trois défaillances
02:54dans le fonctionnement de l'institution policière.
02:56Dans la sélection, parce qu'effectivement,
02:58on va trop vite
03:00et le niveau de recrutement
03:02est beaucoup trop faible. Ensuite, dans la formation,
03:04parce qu'on peut avoir
03:06certaines idées en rentrant dans la police.
03:08On peut avoir des idées racistes,
03:10on peut avoir des idées sexistes.
03:12Ça ne veut pas dire qu'on peut les exprimer.
03:14Encore faut-il être formé sur ces questions.
03:16Et enfin, dans les sanctions.
03:18Et là, je pense que c'est un problème fondamental.
03:20La préfecture de police,
03:22l'institution judiciaire,
03:24a tendance
03:26à protéger les fonctionnaires de police
03:28et à ne pas les sanctionner
03:30en cas de manquement.
03:32Et tant qu'il n'y aura pas de sanctions, bien évidemment,
03:34il y aura une impression d'impunité
03:36et un laxisme qui permet la réitération
03:38de ces manquements.
03:40Donc non, je ne pense que ce monsieur, si vous me devez mon avis,
03:42n'a plus sa place dans la police nationale.
03:44En tout cas, il y aura une inspection de l'IGPN
03:46qui va démontrer les choses, mais comme les choses sont
03:48assez concrètes et diffusées
03:50par vos confrères, il est normal
03:52de suspendre immédiatement.
03:54Et c'est ce qu'a fait le DGPN et le préfet de police,
03:56et je les en remercie.
03:58Maintenant, ma cliente a déposé plainte à l'IGPN,
04:00l'inspection générale de la police nationale.
04:02La policière qu'il a reçue a qualifié ça
04:04d'un jure public à caractère sexiste.
04:06Et on espère bien évidemment
04:08que le procureur de la République de Paris
04:10poursuive pour ces faits
04:12une sanction judiciaire et éventuellement
04:14une sanction administrative parce qu'aujourd'hui,
04:16ce policier n'est toujours pas sanctionné.

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