Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • 25/03/2025
"Je ne savais pas ce qu'était l'autisme. J'en avais une vision un peu romancée par Hollywood avec le film Rain Man."

Dans Hors Normes, il incarne un éducateur spécialisé aux côtés de Benjamin Lesieur, un jeune acteur non professionnel et autiste. Vincent Cassel raconte.
Transcription
00:00Comment tu es venu ?
00:01En métro.
00:02En passant par quelle station ?
00:03Saint-Lazare.
00:04Et ensuite ?
00:05Porte de Champéret.
00:06Yes !
00:07J'avais tout déchiré.
00:08J'espère bien.
00:09Pas tout quand même.
00:10J'ai travaillé avec lui comme avec un acteur, un acteur qui n'apprendrait pas tellement
00:23son texte, mais qui est très bon en improvisation et surtout, et ça c'est très important,
00:29le premier jour, j'ai vu que Benjamin était content d'être là.
00:34Et ça pour moi, c'était la clé de toute la suite, c'est-à-dire qu'un acteur doit
00:39prendre du plaisir à jouer, sinon il n'a rien à foutre sur un plateau.
00:42Il a une science qu'il ne connaît même pas, il a su directement créer un lien avec
00:57des enfants dans un appartement et j'ai dit, ça y est, c'est bon, c'est le bon gars.
01:01Mais dans ma tête, j'ai oublié qu'il était acteur, parce que je croyais que je recrutais
01:05un acteur spécialisé, et en fait, non.
01:08Après, je suis revenu dans la fiction, je me suis dit, mince, c'est du cinéma.
01:12En fait, Vincent, il a appris en quelques jours ce que nous, on a appris en 20 ans.
01:17Et il a du génie, parce qu'il joue super bien.
01:20Il a fait du MP3.
01:21Moi, j'avais du MP3, parce que je vous regardais, je vous observais.
01:24C'était bizarre, oui, mais c'est vrai, il nous regardait, mais il a tout fait.
01:27Il a fait des tenues vestimentaires, tout, je ne sais pas comment il a fait.
01:29Ce n'est pas que le directeur, qui l'est bon.
01:31Chacun son métier, les gars.
01:32C'est ça.
01:33On s'occupe, avec des autistes, tout court, comme il dit Stéphane, mais qu'à complexe.
01:38C'est-à-dire qu'on prend des jeunes qui ne sont pas en institution, bien qu'ils l'ont
01:42été, mais qu'ils ne le sont plus, et d'autres, qu'ils ne l'ont jamais été, parce qu'institutionnellement
01:46parlant, c'est compliqué de les prendre en charge.
01:48On accompagne ces jeunes-là dans les activités dites de Monsieur et Madame Tout-le-Monde.
01:51Le but, c'est de leur offrir une socialisation et une inclusion dans la société à travers
01:56des activités qui sont piscine, bowling, cinéma, enfin voilà.
02:00Et vous, Vincent, avant d'arriver sur ce projet, est-ce que vous étiez sensibilisé
02:06à cette problématique qu'il peut y avoir autour de la prise en charge des personnes
02:08avec autisme ?
02:09Je n'étais au courant de rien, comme je dirais, 98% des gens.
02:13C'est-à-dire que, un, je ne savais pas ce qu'était l'autisme, j'en avais une espèce
02:16de vision un peu romancée par Hollywood, avec le film Rain Man, enfin voilà.
02:20En gros, le raccourci, c'est que les autistes sont tous des super, des surdoués.
02:24Alors qu'il y en a un, mais ce n'est pas le cas de tout le monde.
02:26Et surtout, je ne savais pas, en fait, que ce n'était pas pris en charge comme il fallait.
02:30Je ne savais pas qu'il y avait des gens qui étaient complètement livrés à eux-mêmes.
02:32Ça, je l'ai découvert, en fait.
02:34La vocation de ce film, c'est justement que le grand public se rende compte de ça.
02:38C'est qu'en fait, les autistes ne sont pas pris en charge quand ce sont des cas trop
02:42lourds en France.
02:43Le diagnostic, c'est quoi ?
02:44C'est un autisme particulièrement sévère.
02:46J'ai eu l'assistance sociale, il est mineur et demande un placement judiciaire.
02:49Ça nous laisse combien de temps, ça ?
02:50Environ 15 jours.
02:51Je vais trouver une solution.
02:53J'ai commencé par, je pense, par me mettre dans une espèce de truc un peu déplacé
02:59de pitié ou de compassion inutile.
03:03Et puis, au bout d'un moment, je me suis dit qu'il faut que j'arrive à avoir cette
03:06distance qu'ils ont, parce qu'eux, ils sont toujours touchés par ce qu'ils voient tous
03:08les jours.
03:09Sauf qu'ils savent comment dealer avec.
03:11Donc voilà, moi, d'un point de vue purement acteur, je me suis rapproché d'eux pour apprendre
03:18à avoir le contact crédible auprès de ces jeunes.
03:22Et puis, sur le chemin, je me suis rendu compte qu'en fait, il faut donner de soi et du coup,
03:26on rentre dans un rapport tout simplement.
03:27Attention, il ne faut pas se tromper, c'est les enfants qui nous forment à l'autisme
03:30et pas le contraire.
03:31Donc c'est les enfants qui ont formé Vincent, donc il faut rester quand même tranquille
03:35avec ça.
03:36Le film va nous dire si les citoyens, nos concitoyens vont comprendre leur rôle à
03:43eux parce qu'ils ont un rôle à jouer.
03:45Je crois que c'est le plus important.
03:46Si le film a le succès qu'on espère, ça sera impossible pour les politiques de l'éviter.
03:52En fait, parce que ce qui devient populaire, forcément, il doit être pris en compte.
03:56Donc on verra, mais politique, sociale, on espère.
04:02– C'est-à-dire que de toute façon, c'est une question qui est sociétale aujourd'hui.
04:07Le monde de l'autisme et le fait que la France a été condamnée plusieurs fois dessus,
04:13donc ça peut être de la politique revendicative, peut-être de la politique sociale, on en
04:16fera peut-être de la politique politicienne.
04:18En attendant, ce qu'on espère, c'est que les politiciens soient alertes dessus.
04:21Et c'est aussi l'une des fonctions du cinéma.
04:25C'est aussi ça.

Recommandations