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  • 25/03/2025
"Manque de sévérité de la justice", "manque de moyens"... La syndicaliste Linda Kebbab raconte le mal-être des policiers. Voilà pourquoi elle manifestait à Paris.

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Transcription
00:00C'est un appel à l'aide, parce qu'aujourd'hui nous sommes en grande difficulté morale et psychologique,
00:03matérielle et juridique pour pouvoir exercer notre métier.
00:06C'est un appel à l'aide à l'égard de la population.
00:07C'est une façon de dire à la population, vous avez un pouvoir entre les mains.
00:11Dans une démocratie, la population a un pouvoir entre les mains.
00:13Et c'est aussi un appel à l'aide à la maison du peuple qui est juste derrière nous,
00:16aux législateurs pour lui dire, il faut impérativement que vous interveniez,
00:19il faut impérativement que vous apportiez des mesures claires,
00:21pas seulement pour des raisons politiques, de politique politicienne,
00:24mais c'est aussi pour permettre aux gardiens de la paix de pouvoir travailler sereinement sur le terrain.
00:29Aujourd'hui, on a vu des politiques de tous les bords, de la gauche à la droite.
00:33Personne, personne, personne en France, et depuis très longtemps,
00:36n'est parvenu à réunir des politiques issues de tous les bords en ayant conscience que c'était un bien social.
00:41Et puis il y a aussi une chose très importante, c'est la confiance qu'a la population dans la police.
00:45Moi, je refuse de croire que la confiance ne serait pas dans les rangs de la population à l'égard de la police.
00:50On frôle les 70% de confiance, évidemment c'est bien en dessous de ce qu'on a connu à certains moments,
00:55mais c'est toujours plus que la justice, les politiques et les journalistes.
00:58Et comment on fait mieux ?
01:00Et bien, comment on fait mieux ? On communique.
01:01On apporte des comportements bienveillants à l'égard des policiers,
01:04parce que c'est là la responsabilité de l'autorité politique et administrative.
01:07Si notre autorité a des comportements bienveillants avec ses agents,
01:11c'est-à-dire qu'elle est donneuse d'ordre et qu'elle donne aux agents les moyens
01:14de se considérer comme étant indispensable dans la société,
01:17en lui apportant de la bienveillance, de la bonté,
01:20avec notamment un management qui soit également bienveillant,
01:23mais aussi des moyens pour travailler sur la voie publique,
01:25mais aussi des moyens juridiques pour pouvoir punir les agresseurs de policiers
01:28et ne pas avoir le sentiment, après 8 heures de travail,
01:30des blessures et 21 jours d'ITT, de découvrir que son agresseur est libéré
01:34parce qu'il n'y a pas de moyens de l'envoyer en prison,
01:36et bien tous ces comportements-là vont permettre aux policiers de se dire
01:39« je compte, je suis important, et donc du coup j'ai une responsabilité ».
01:43Et si on se considère important, on engage aussi sa responsabilité encore plus fortement
01:47et on va l'engager auprès de la population.
01:49Mais si vous dites aux policiers « vous ne valez rien, vous n'êtes qu'un matricule,
01:53on ne vous donnera pas les moyens philosophiques, politiques, juridiques de travailler »,
01:56le policier finit par le croire et finit par se dire « qu'est-ce que je fais là,
02:00je ne sers à rien, et je ne pense pas que ce soit ce que les Français veulent ».
02:03C'est quoi, c'est un mal-être dans la profession ? C'est quoi le sentiment aujourd'hui ?
02:07On a déjà 13 suicides depuis le début de l'année.
02:10On a des suicides l'année dernière, en 2020, et ça a été très significatif,
02:13qui ont été suspendus pendant la période du confinement, du premier confinement,
02:17et qui ont repris dramatiquement à la sortie du premier confinement.
02:20Donc si ça, ce n'est pas synonyme du mal-être des policiers
02:22au regard de leur vie professionnelle,
02:25je suis désolée mais je n'ai rien compris.
02:27Les policiers, je dis tout le temps, on ne serait pas des malheureux policiers,
02:31on n'est pas malheureux policiers parce qu'on roule dans des voitures à 300 000 km.
02:34On pourrait rouler dans des voitures à 300 000 km
02:36si on savait derrière qu'on vaut quelque chose, et au regard de la population,
02:39et dans le regard de la population pour laquelle on engage notre vie,
02:42mais également dans le regard de notre institution administrative,
02:44et de notre institution politique.
02:46Et donc du coup, de ce côté-là, en fait, on demande juste à ces trois entités
02:49de se comprendre et de s'entendre.
02:51Mais ceux qui doivent vous rendre des comptes, ce sont ceux qui ont été élus,
02:54ceux qui ont été nommés, ceux qui ont été désignés par les institutions,
02:57par les autorités, par les administrations,
03:00et qui eux doivent vous rendre des comptes à la population.
03:02Et aujourd'hui, plutôt que d'opposer les policiers et la population,
03:05aujourd'hui, vous l'avez vu avec cette manifestation,
03:07c'est les policiers et la population ensemble qui vont demander des comptes.

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