Le Premier ministre, François Bayrou, visite l'usine de KNDS, à Bourges, dans le Cher. Cette usine fabrique les fameux canons Caesar de l'armée française.
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00:00— Est-ce qu'il est important, quelques jours avant le sommet à Paris, vous êtes venu aussi mettre de la pression sur l'industrie pour faire encore plus au niveau de l'armement ?
00:06— Vous voyez bien le moment qu'on est en train de vivre. C'est un moment de basculement qui est très impressionnant, de basculement parce que les risques
00:18deviennent de plus en plus évidents, et aussi parce que l'ensemble de la défense européenne, dont une grande partie, celle de nos partenaires,
00:29s'équipait aux États-Unis, se trouve évidemment déséquilibrée par le changement d'attitude du président américain et des autorités américaines.
00:42Et donc on se trouve devant une responsabilité qui est une responsabilité impressionnante, qui est de pouvoir, avec l'industrie française,
00:53et on espère des partenaires, ici industrie franco-allemande, fournir des équipements, des armes, des équipements de sécurité et d'armement,
01:05comme ici, pour des risques plus importants et des quantités beaucoup plus importantes. Le travail qui avait été fait pendant des décennies
01:17avec l'industrie d'armement française, et ici une tradition qui a 250 ans, ce travail avait été fait sur la qualité des armes, l'originalité des armes.
01:32Et maintenant, il faut trouver la capacité de produire, c'est-à-dire des quantités beaucoup plus importantes. Ça nécessite des remises à niveau des entreprises.
01:44C'est exactement ce qui est en train de se faire ici, chez KNDS, de manière qu'on puisse faire face aux demandes, aux besoins, aux exigences de la défense
01:55et de la sécurité française et européenne. Voyez, c'est un basculement. On avait un travail de recherche, un travail de production de pointe.
02:06Et on se trouve maintenant devant la nécessité de produire aussi bien avec des qualités équivalentes, une précision équivalente,
02:14et qu'on puisse fournir suffisamment de matériel pour qu'on fasse face aux besoins.
02:23— Comment évoquez-vous, M. le Premier ministre, les affaires de défense avec le président de la République et le chef des armées ?
02:29— Le plus naturellement possible. Le président de la République, c'est le chef et le responsable de la défense nationale du pays.
02:38Et le gouvernement est là pour suivre les orientations et participer aux grands choix avec une très grande facilité. C'est absolument naturel.
02:53Le ministre de la Défense était déjà ministre de la Défense dans les gouvernements précédents. Non, le ministre des Armées s'appelle comme ça maintenant.
03:00Le ministre des Armées était déjà ministre des Armées dans le gouvernement précédent. Et quant à moi, je suis toujours intéressé aux questions de défense,
03:09pas comme un responsable gouvernemental mais comme quelqu'un, comme un citoyen qui essaie de suivre les grands enjeux du pays.
03:16Et donc je suis très intéressé par tout ce qu'on a vu ici d'armement, d'industrie, de précision, de fourniture de matériel.
03:26L'armement qui est développé ici, c'est parmi les meilleurs du monde. Le canon à 2 500 coups-minute, c'est le plus rapide du monde.
03:37Et le César, c'est un des canons, un des armements les plus réputés sur la planète. Et donc je me suis toujours intéressé à ça.
03:47Et c'est fascinant de voir cet incroyable moment de bascule, le moment où ce qu'on craignait se réalise.
04:00Les raisons pour lesquelles, depuis le général de Gaulle, la France a bâti son indépendance en matière de sécurité et d'armée,
04:12ces raisons-là, c'était le général de Gaulle disait tout le temps qu'on sait jamais ce qui peut arriver. Et donc on peut pas compter sur des alliés
04:21dont on sait que jamais ils n'auront d'accident. Eh bien si, des accidents arrivent. Et c'est ce qui met la totalité de l'industrie de défense sous pression aujourd'hui.
04:32— Concrètement, qu'est-ce que vous attendez d'entreprises comme KNDS, comme MBDA dans cette région ?
04:36— Oh, ce que j'attends... On en parlait avec M. Chamussi. Ce que j'attends, c'est une qualité équivalente et une capacité de produire plus, plus vite,
04:50avec un rythme qui sera différent. Et aussi – il faut jamais oublier ça – ils pensent aussi les armements du futur. Ils s'arrêtent pas.
04:59Et ils s'arrêtent pas à la production actuelle. Ils pensent aux armements du futur. — Vous avez confiance, justement, par rapport à ça ?
05:05— J'ai absolument confiance sur la capacité. Après, il reste une question à traiter. C'est le financement de cet immense effort, immense effort européen,
05:18et dont évidemment chacun de nos pays, et la France en particulier, devra prendre sa part. Mais vous avez vu, l'Allemagne vient d'annoncer
05:27un effort colossal pour participer à ce réarmement. Et la France va évidemment y participer. Mais nous, ça fait des décennies qu'on y participe.
05:39Si j'ose dire, la France a un avantage. Je dis ça avec prudence. Un avantage, c'est qu'elle a préfinancé une très grande partie de cet effort.
05:50— Y aura-t-il des économies en contrepartie, des économies budgétaires où l'enfant ne puisse y aller comme au Sénat ?
05:55— Oh, si vous... J'ai eu beaucoup de prédécesseurs. Mais aucun qui s'est trouvé devant une situation budgétaire aussi difficile que la nôtre.
06:04Alors je vais pas vous dire ni que c'est facile ni que c'est accessible. Je peux simplement vous dire qu'on y travaille beaucoup et que c'est notre responsabilité.
06:14Mais il n'y a pas un Français, j'imagine, qui ne sait pas ce que je suis en train de vous dire, c'est-à-dire la difficulté incroyable, extrême,
06:22de ce que représente à la fois le déséquilibre qui, au cours des décennies précédentes, a constitué une dérive.
06:33On a laissé glisser la situation budgétaire du pays, ses déficits et sa dette. Et s'il y a un homme politique en France
06:43qui s'est sur ce sujet engagé un peu de manière – j'allais dire – presque obsessionnelle, c'est moi.
06:51— On parle de 9 milliards de... — Oh, Dieu. Je veux pas vous dire de chiffres, d'abord parce qu'on est en train de les mettre au point,
06:58et ensuite parce que tout le monde voit bien ce que ces chiffres pourraient signifier. Mais on n'a pas le choix.
07:07L'Allemagne a décidé de mettre 500 milliards. 500 milliards. Et ça veut dire 500 000 millions d'euros.
07:19500 milliards pour ce réarmement-là. Nous devrons faire face à la même obligation dans des proportions différentes,
07:30puisque par exemple pour ne prendre que nos armes de dissuasion nucléaire, on les a financées au travers des décennies.
07:40C'est un effort national que la France a fait. Peut-être pourra-t-elle le partager avec ses voisins, qui allégeront un peu notre charge.
07:47Mais tout ceci, c'est des discussions avec les gouvernements.
07:51— M. Bayrou, Bruno Retailleau vient fêter ses 6 mois à Beauvau. Il se fait plus discret sur le sujet de l'Algérie.
07:57Est-ce que vous l'avez demandé ? Est-ce que le président général pourrait être satisfait de son action ?
08:00— Non, pas du tout. Moi, j'ai constitué un gouvernement qui est un gouvernement avec des personnalités que j'estimais,
08:09et dont je savais qu'elles étaient différentes entre elles, mais qu'on pourrait constituer, construire une ligne directrice pour le gouvernement.
08:17Et chacun des ministres qui sont au gouvernement, je suis satisfait de son travail.
08:22Et Bruno Retailleau au ministère de l'Intérieur, évidemment aussi au premier chef, parce que vous voyez à quel point les positions qu'il défend
08:31sont des positions qu'un grand nombre de Français soutiennent. Et moi, je suis là pour assurer la cohésion du gouvernement,
08:39la solidarité gouvernementale. Il n'y a pas de gouvernement sans solidarité gouvernementale. Et c'est ces sensibilités-là que j'apprécie,
08:47chacune d'entre elles. Vous savez que c'est la première fois qu'il y a un Premier ministre qui a dit à chacun des ministres
08:53qu'il ne relirait pas ses interviews. Je fais confiance à ceux qui sont autour de moi. Et honnêtement, si j'avais pas fait confiance,
09:01il serait pas au gouvernement. Donc sur le dossier algérien, chacun s'exprime avec sa manière de parler.
09:08Mais le dossier algérien, il est très simple. Je l'ai exprimé moi-même. C'est que lorsqu'on a des accords privilégiés avec un pays,
09:17il faut que ces accords soient respectés et que même ça crée une ambiance de respect mutuel. Voilà.
09:23— Ça correspond aux 100 jours à Matimor. — Oui. — Et là, on vous en prête. Quel point positif ?
09:28— On a réussi quelque chose d'extrêmement difficile, c'est-à-dire de doter la France d'un budget. Je vous rappelle qu'il y a 3 mois,
09:38il n'y avait pas de budget pour le pays. Pour la première fois depuis 60 ans, il n'y avait pas de budget pour l'action publique.
09:45Il n'y avait pas de budget pour la Sécurité sociale, pour le financement de la Sécurité sociale, santé et retraite. On a réussi ça.
09:57Deuxièmement, on a fait adopter un certain nombre de lois pour Mayotte, par exemple. On a fait adopter ce qui était très difficile,
10:03la loi d'orientation agricole. Et j'adresserai cet après-midi à tous les présidents de commissions et de groupes de l'Assemblée nationale
10:15et du Sénat. Je leur adresserai le programme du gouvernement pour les semaines qui viennent. Et vous allez voir, c'est un programme
10:23extrêmement chargé, parce que la ligne que j'ai arrêtée, c'est on va affronter tous les problèmes dont on identifie, dont on sait
10:30qu'ils sont pour le pays des problèmes cruciaux. On n'en laissera aucun de côté. Et on va prendre des problèmes aussi différents
10:40que l'école, que la santé, les déserts médicaux. On va prendre les questions qui touchent à la simplification pour chacun d'entre nous.
10:50On va prendre évidemment les questions de financement. Et tout ça sur le fond de l'effort exceptionnel de défense que nous devons rencontrer.
10:58Et on ne laissera aucune question de côté. — Avec une méthode ? — Eh bien vous voyez bien la méthode de ce qu'elle est. C'est-à-dire on associe
11:08le plus largement possible, mais on évite, on élude aucun sujet. — Au risque que t'y aies des partenaires qui mettent la table des négociations,
11:17— Ah, vous voulez parler des retraites. Bon, écoutez, je le crois. Et les organisations syndicales et les représentants des entreprises
11:29se sont réunis hier. Alors maintenant, il y a une différence. C'est qu'avant, on savait qu'il y avait un certain nombre d'organisations
11:35qui avaient envie de quitter la table. Elles ont donc saisi – on va dire – une raison ou un prétexte pour le faire.
11:44Et maintenant, ne restent que les organisations qui avaient envie de déboucher. Et elles vont elles-mêmes définir leur programme de travail.
11:53Et elles le font sans que le gouvernement intervienne. Si elles trouvent un accord, ce que j'espère, on prendra en compte cet accord.
12:01Si elles ne le trouvent pas, c'est la loi antérieure qui s'appliquera. Mais je suis sûr qu'il y a des améliorations possibles.
12:07En tout cas, je le crois. Pour une raison profonde, et spécialement dans les temps difficiles qu'on vit, cette raison profonde,
12:14c'est qu'il faut que toute la société prenne sa part. Je n'aime pas l'idée selon laquelle c'est les politiques qui décident
12:23et les autres sont condamnés soit à obéir, soit à organiser des manifestations et refuser les accords. Je trouve que la démocratie sociale,
12:35ce qu'on appelle la démocratie sociale, c'est-à-dire les salariés, les entreprises, les familles, les associations,
12:42tout cela ont leur place dans un moment aussi difficile que le nôtre. Et croyez-moi, je connais la difficulté.
12:50— Il peut y avoir un accès non sur l'âge de l'État. — Mais le travail a été fait pour qu'il puisse y avoir des adaptations.
12:58Et je suis tout à fait... À condition, une seule condition que tout le monde a accepté, enfin tous ceux qui sont autour de la table
13:06a accepté, c'est que financièrement, ça soit équilibré, parce qu'il peut pas y avoir une retraite par répartition,
13:12c'est-à-dire payée par les cotisants, si le système n'est pas financièrement équilibré. Sans ça, on se trouve devant quelque chose
13:22qui est pour moi insupportable, qui est immoral, qui est – j'allais dire – horrible humainement. C'est que ceux qui bénéficient
13:34des avantages font payer les avantages par les jeunes qui arrivent. Les gens qui sont au travail, comme vous, et puis ceux qui vont arriver,
13:44les générations plus jeunes et les enfants à naître. Et on dit « C'est vous qui paierez ». Ceci, pour moi, est humainement impossible.
13:53J'ai dit souvent que lorsque vous recevez un héritage de vos parents et que cet héritage est criblé de dette, vous avez le droit de refuser l'héritage.
14:06Mais si vous êtes une nation, vous pouvez pas refuser l'héritage. Si vous êtes une nation, vous êtes bien obligés de prendre
14:12ce que la génération précédente vous laisse. Et encore une fois, j'ai passé des décennies dans ma vie à essayer d'alerter sur le risque que représentait
14:21une dette qu'on allait laisser aux enfants ou aux plus jeunes. Ceci, pour moi, est une obligation de résultat.
14:29— Comment vous expliquez ce changement soudain à l'intérêt de EDF ? Est-ce que vous avez été consulté ?
14:34— Ah ben un peu plus que ça. Vous voyez bien, on est à un moment de basculement qui a deux caractéristiques.
14:43La première, c'est qu'on est devant des chantiers de centrales nucléaires nouvelles qui sont des chantiers très exigeants,
14:52qui coûtent très cher, sur lesquels il y a un certain nombre de difficultés qui se rencontrent. Et puis il y a une deuxième question.
14:58C'est quel est la place et le prix de l'électricité pour les usagers et surtout pour les entreprises. Et donc on a de ce point de vue-là des débats.
15:10Et M. Fontana, qui va être le nouveau président de EDF, c'est le patron de Framatome, c'est-à-dire ceux qui ont joué un rôle
15:21dans la filière nucléaire très importante. C'est un industriel, c'est-à-dire qu'il a l'habitude de diriger des équipes, d'accélérer des chantiers.
15:29Et donc le choix qui a été fait, c'est un choix pour projeter EDF vers l'avenir. Et naturellement, le président d'EDF sortant, M. Raymond,
15:42a eu aussi sa part de responsabilité pour moderniser l'entreprise. Et c'est dans cette ambiance et dans ce climat que ce changement a lieu.
15:53Et ce changement, il est dirigé vers la place de l'électricité dans l'économie et dans la société française.
16:02— Merci. Merci. — Non, je pense pas que ce soit d'une minute à l'autre. La protestation des industriels, elle est d'hier et encore de ce matin peut-être.
16:14Et cette réflexion a été conduite. Mais vous voyez qu'il y a là un symptôme de ce qu'est la place de l'électricité pour les foyers et pour les entreprises.
16:28Il n'y a pas de... L'énergie dans l'économie moderne, c'est vital, j'allais même dire c'est crucial. Et donc le choix que le gouvernement soutient
16:42depuis longtemps, c'est une électricité abondante, propre et pas trop chère. Et c'est sur ce choix-là que s'est fait la nomination de Bernard Fontana.