Bruno Tertrais, directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique, est l'invité du Face-à-Face sur BFMTV et RMC.
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00:00la pire crise depuis 1962 avec l'Algérie, d'après l'historien Benjamin Stora,
00:0462 étant l'année de l'indépendance algérienne.
00:07Je reviendrai sur les reproches de part et d'autre,
00:09mais il y a avant tout le cas de Boalem Sansal,
00:12écrivain franco-algérien qui risque 10 ans de prison
00:16pour avoir dit, entre autres, qu'une partie du territoire algérien
00:18devait initialement revenir, ou historiquement revenir au Maroc.
00:22Emmanuel Macron évoque des échanges avec le président algérien
00:24pour libérer Boalem Sansal.
00:26C'est la seule chance aujourd'hui des échanges de chef d'État à chef d'État.
00:31Ça se résoudra entre présidents.
00:33Je ne peux pas croire un instant que ça se résolve autrement,
00:36vu la sensibilité de ce dossier, à la fois à Paris et à Alger,
00:40que par un dialogue, une discussion, peut-être une négociation
00:43entre le président algérien et le président français.
00:46Aujourd'hui, cette affaire a pris une telle place dans le débat public
00:50et elle est liée, qu'on le veuille ou non,
00:52elle est devenue liée au reste des contentieux et des différentes
00:54– Justement, c'est une bonne stratégie de joindre le cas de Boalem Sansal
00:58à celui des OQTF ?
00:59– C'est une bonne question.
01:00Là, il y a un vrai sujet de stratégie diplomatique.
01:01On peut choisir de dissocier ou, au contraire, de joindre.
01:05Je ne sais pas quel est le bon choix pour la France et pour l'Algérie.
01:07Ce qui est certain, c'est que du côté algérien,
01:11je pense qu'on voit les débats français, quelque part,
01:14avec un mélange de perplexité et de délectation.
01:17Perplexité parce que, je ne sais pas si à Alger,
01:19on comprend exactement les agendas des uns et des autres
01:22dans le débat public parisien,
01:23mais probablement délectation aussi parce qu'on se rend compte,
01:27j'imagine, que s'il y a des acteurs politiques majeurs
01:30qui ne sont pas du même avis sur comment gérer la crise franco-algérienne à Paris,
01:34– Vous ne le dites pas, mais on pense à Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur,
01:38et par exemple à Jean-Bouel Barraud, ministre des Affaires étrangères ?
01:41– Absolument.
01:41Et si on voit que c'est un sujet de débat politique majeur et public,
01:46voire de désaccord au sein du gouvernement,
01:48eh bien, moi, si j'étais algérien, je serais tenté de jouer sur ces désaccords
01:52et de continuer à voir comment la crise peut bénéficier à mes intérêts.