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Les Grandes Questions du Sport reviennent sous un nouveau format : La Grande Question ! Dans ce numéro Patrick Chêne

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Sport
Transcription
00:00♫ Générique de fin ♫
00:13Bonjour à tous, soyez les bienvenus.
00:15Le principe de cette émission, la grande question,
00:18vous commencez à les connaître, ces principes.
00:21D'abord, on prend son temps.
00:22C'est rare, les émissions de 52 minutes pour traiter un sujet,
00:25ça n'existe plus, c'est le zapping désormais.
00:27Eh bien nous, on prend tout notre temps.
00:29Et puis la deuxième chose, c'est qu'on ose traiter des sujets complexes.
00:32Alors celui-là, il n'est pas mal,
00:33parce que déjà, le sujet dopage est un sujet complexe,
00:37mais quand en plus, on a l'ambition d'essayer de comprendre,
00:41de traiter, d'anticiper le dopage chez les jeunes,
00:44ça devient encore plus compliqué.
00:45Mais nous avons cette ambition avec nos invités.
00:48Nous accueillons donc Laurence Roux.
00:50Laurence, bonjour, merci d'être avec nous.
00:52Vous êtes cadre technique national à la Fédération française de ski.
00:54Vous êtes chargée de mission auprès de la DTN
00:57et référente ministérielle pour la prévention et l'intégrité.
01:00C'est surtout ce qui nous intéresse aujourd'hui.
01:02Antoine Beltramello est avec nous également,
01:05cadre technique à la ligue d'Aveyron de Normandie.
01:08Vous nous expliquerez tout à l'heure pourquoi vous êtes concerné aussi par ce thème.
01:12Plus évident quand même, le fait d'être concerné par ce thème
01:15quand on est professeur de médecine et directeur de recherche clinique.
01:17François Chaput est avec nous.
01:19Merci, vous êtes membre des commissions médicales de la Fédération française de tir
01:23et de la Fédération internationale ISSF,
01:26médecin en titre des équipes de France paralympique de tir
01:29durant les Jeux olympiques de Paris 2024.
01:32Et vous êtes aussi passé par la Fédération française de ski il y a plusieurs années.
01:36Nous sommes heureux de vous retrouver en visio.
01:38Cette fois-ci, il n'a pas voulu quitter son soleil.
01:41Steve Chanel est avec nous, ancien cycliste professionnel,
01:44consultant à la télévision et qu'on a le bonheur de voir souvent sur différents médias.
01:49Steve, bonjour.
01:51Salut Patrick, bonjour à tous.
01:53Bien installé, toujours aussi enthousiaste, toujours aussi dynamique ?
01:57Écoute, toujours aussi dynamique, effectivement.
01:58Alors après, c'est vrai que c'est un sujet qui est assez vaste.
02:01Qui plus est, quand tu dis que tu as été coureur cycliste professionnel,
02:04on ne va pas se voiler.
02:06Habituellement, on dit ancien coureur cycliste,
02:08c'est soit tu as fait le Tour de France, soit est-ce que tu te dopes ?
02:11Donc effectivement, je trouve hyper intéressant aujourd'hui ce sujet,
02:14la grande question sur le dopage.
02:16Qui plus est chez les jeunes ?
02:17Puisque j'ai un parcours atypique, j'ai commencé le vélo à l'âge de 6 ans.
02:20Donc effectivement, je pourrais éventuellement partager mon expérience
02:24et mes 9 années chez les pros.
02:25Bon Steve, est-ce que tu as fait le Tour de France ?
02:27Est-ce que tu te dopes ?
02:27Non, on en parlera plus tard.
02:29Alors là, le principe de cette émission, c'est micro ouvert.
02:33Je ne suis pas instituteur, ce n'est pas une émission normative.
02:36Ce n'est pas je vous donne la parole, c'est vous parler quand vous vous sentez.
02:39Steve, tu me fais un petit signe parce que j'ai un écran,
02:42moi, qui me relie directement à toi.
02:43Un petit signe quand tu veux intervenir,
02:45surtout que ce soit ce qu'on a envie de dire,
02:48qu'on puisse dire ce qu'on a envie de dire en tout cas.
02:50Alors, juillet 2022, la sénatrice Marie-Noëlle Lindemann
02:54a attiré l'attention de la ministre des Sports
02:55au sujet du topage chez les jeunes et les adolescents,
02:58ceux en vue des Jeux olympiques et paralympiques.
03:02On a l'impression que ce jour-là, on se réveillait,
03:05mais ce sujet était évidemment déjà prégnant.
03:08Le sujet important, l'État dit c'est important,
03:10l'après, on va donner un budget énorme et ils ont donné 15 millions d'euros.
03:14Alors, je ne sais pas ce que vous en pensez,
03:16mais 15 millions d'euros, ce n'est rien du tout.
03:19Et ce n'est pas avec ça qu'on va faire changer les choses.
03:22Est-ce que vous êtes d'accord avec ma première petite critique ?
03:2415 millions, c'est un peu, je vais dire, se ficher un peu du monde.
03:28J'ai envie de dire, c'est déjà ça.
03:29Oui, bien politique, c'est bien, allons-y.
03:33Non, non, je veux dire, c'est ridicule.
03:35Ce n'est pas comme ça qu'on s'attaque à un problème.
03:36C'est ridicule, on le sait, on le voit.
03:40Malheureusement, les dopers ont souvent un train d'avance,
03:44et notamment financier, ça c'est sûr.
03:47Alors, on va essayer de comprendre.
03:49On va faire ça en plusieurs parties, si vous le voulez bien,
03:51même si on ne va pas être trop strict dans ces parties.
03:54Dans une première partie, on va essayer de trouver les motivations.
03:58Elles sont évidentes, mais pas toujours.
04:00Et puis, les pressions que peuvent avoir ces jeunes.
04:02Ensuite, dans une deuxième partie, on va voir quels produits ils prennent,
04:05quels sont les effets de ces produits.
04:07Et là, on aura vraiment besoin du témoignage,
04:10du représentant, si j'ose dire, de la science et de la médecine,
04:13François Chapuis.
04:14Et puis, la partie 3, peut-être qu'elle nous donnera
04:17un petit peu d'optimisme, j'espère.
04:19C'est la prévention, la détection, les exemples d'actions concrètes.
04:23Et savoir si le combat est perdu,
04:25ou si on peut espérer une évolution dans ce domaine.
04:29Alors, la quête de la performance et la reconnaissance.
04:32Vous qui êtes au contact de sportifs,
04:34et Steve qui a été longtemps à un haut niveau,
04:38c'est presque de la sociologie que je vous propose là.
04:41Est-ce que les jeunes ont des modèles de plus en plus performants ?
04:45Est-ce que les réseaux sociaux,
04:46en recherche de la performance, de la célébrité,
04:49peuvent être des facteurs aggravants ?
04:51Est-ce qu'ils se sentent de plus en plus poussés à performer ?
04:54En vous posant cette question, je me dis,
04:57ces questions vaudraient encore plus s'ils ne devaient pas jeter de nouveau,
04:59si ça existait depuis 5 ans, 10 ans,
05:01depuis l'apparition des phénomènes de réseaux sociaux.
05:04Or, Steve, je m'adresse à toi en premier,
05:08toi qui étais professionnel à l'époque
05:10où les réseaux sociaux n'étaient pas au niveau où ils sont aujourd'hui,
05:12est-ce que tu penses que ça a changé quelque chose ?
05:16Ça a peut-être changé, on va dire que la problématique s'est décalée,
05:20là où vers 18, 20 ans, on pouvait vivre de son sport
05:23et on avait, j'ai envie de dire, peut-être cette attirance
05:26vers le fait d'aller gagner de l'argent plus vite.
05:28Aujourd'hui, effectivement, je pense que le problème est décalé
05:30et que vers peut-être 12, 13, 14 ans,
05:33avec les réseaux, avec l'envie de ressembler aux très très bons,
05:38on peut être attiré vers ça.
05:40C'est plus ou moins que l'accomplissement qu'un sportif souhaite.
05:45Après, ça ne changera rien, le dopage a toujours existé,
05:48le dopage, je pense, existera toujours.
05:51Pourquoi ? Parce que cette question, elle mérite d'être posée
05:52et tu l'as très bien posée.
05:54C'est qu'en fait, vous mettez 5 gamins de 5 ans
05:56qui jouent aux jeux de société,
05:58il y en a toujours un qui va avoir envie de tricher pour gagner.
06:01Donc effectivement, il va trouver une manière de contourner les règles
06:04pour gagner et dans le sport aujourd'hui,
06:08on parle tellement de dopage, on parle tellement d'artifice, etc.
06:11Je crois que malheureusement, dans un groupe de coureurs,
06:15d'avironneurs, de tennisman, de tireurs,
06:18il y aura toujours celui qui aura envie absolument de gagner,
06:21qui aura cette génétique presque programmée pour tout faire pour réussir
06:27et effectivement de dépasser une ligne.
06:29Donc, je pense que ça vient aussi de l'éducation, tout simplement.
06:33Comme je disais tout à l'heure, j'ai commencé le vélo à l'âge de 6 ans.
06:36Je n'ai jamais eu l'ambition de passer pro,
06:38mais c'est vrai que quand je suis devenu professionnel,
06:40on me parlait de lui qui était devant moi, qui était dopé, etc.
06:44Mais je n'ai jamais eu cette envie de tricher et d'aller au-delà de la limite
06:48que la fédération, la fédération internationale, mes équipes m'imposaient.
06:52Donc, j'avais cette mentalité et je pense qu'aujourd'hui,
06:56c'est effectivement là où il faut aller,
06:58c'est aller chercher les potentiels publics qui seraient attirés par cette triche.
07:03Alors moi, je vais reprocher à Anthony Drevet qui prépare cette émission avec moi
07:07d'avoir cherché un invité cycliste qui nous dit
07:11« moi, je n'ai jamais rien pris, moi j'aimerais bien un qui me dise
07:13« oui, j'ai pris et voilà pourquoi j'ai pris ».
07:15Mais ça, c'est un autre débat.
07:17Vous êtes d'accord avec ce qui a été dit jusqu'à maintenant ?
07:21C'est que finalement, ça a peut-être un peu accéléré.
07:23Moi, je fais le parallèle avec la musique, vous voyez,
07:25maintenant avec les émissions de télé-réalité,
07:28les jeunes, plus tôt encore, espèrent devenir célèbres sans trop travailler.
07:32Alors que c'est peut-être ce qui peut arriver pour le vélo,
07:35c'est que le vélo, je dis le vélo parce que Steve est là,
07:37mais c'est un sport très difficile avec des doses d'entraînement énormes
07:41et le fait de voir sur ces réseaux sociaux ces réussites qui paraissent faciles.
07:45C'est un peu comme la route du Rhum, chaque fois qu'on voit les marins,
07:48c'est quand ils sont devant la caméra pendant 1 minute 30
07:51et qu'ils disent « ouais super » avec un grand sourire.
07:53Sauf que pendant les 23h59 autres, ils souffrent,
07:56ils en prennent plein la figure et ils pleurent et ils souffrent.
07:59Et on a une image avec les réseaux sociaux de dire « ah là, c'est génial,
08:03la route du Rhum, moi je suis presque capable de la faire ».
08:06Est-ce qu'on a ça aujourd'hui dans les réseaux ?
08:08C'est vrai que les jeunes, je pense qu'ils ont toujours la recherche du même modèle sportif.
08:12Ça, ça ne change pas, ils ont envie d'être champions.
08:14Donc les repères sont les mêmes, par contre c'est comment ils trouvent leurs repères.
08:18Dans les réseaux sociaux, en fait, on tombe sur des gens, comme vous dites,
08:21où on ne sait pas ce qu'ils ont fait, on les voit sur un court moment.
08:24Souvent, c'est des images un peu galvanisées, un peu mise en scène.
08:28Et le jeune peut ne pas avoir assez de recul pour savoir,
08:32est-ce que c'est simplement de l'entraînement, est-ce qu'il y a d'autres choses derrière ?
08:36Des fois, c'est des contenus aussi qui sont sponsorisés par des publicités.
08:39Donc nous, c'est toujours un peu la problématique, c'est de faire comprendre aux jeunes
08:43que ce qu'ils voient, qu'il y a un certain recul pour essayer de comprendre
08:46que ce n'est peut-être pas que de l'entraînement et que lui peut le faire plus simplement.
08:51Alors tout ce que vous avez vu dans votre carrière, est-ce qu'il y a un profil du DOPE ?
08:55Est-ce qu'il y a celui qui va aller plus vite ?
08:57Parce que moi, je donne l'exemple, Steve donnait l'exemple des enfants de 6 ans qui jouent à un jeu de société.
09:01Moi, je donne toujours l'exemple de la course en sacs au Club Med.
09:04Il y a toujours un gars qui va essayer de tricher pour gagner la course en sacs au Club Med
09:07où il n'y a même pas un expresso à gagner.
09:09Donc voilà, le fait de tricher pour gagner, ça existe.
09:13Le dopage, il y a une autre notion, j'y reviendrai tout à l'heure, c'est la notion du danger sur son corps.
09:18Moi, je pense qu'il y a des gens qui ne se sont pas dopés parce qu'ils n'osent pas,
09:21parce qu'ils ont peur et c'est peut-être justement de la lucidité
09:24d'aller mettre dans leur corps des substances particulières.
09:27Mais est-ce qu'il y a un profil pour vous du DOPE ?
09:30Plutôt que de parler d'un profil, je pourrais parler de facteurs de vulnérabilité.
09:35Avec des enfants qui se construisent soit dans un milieu très compétitif,
09:40avec des parents qui vont pousser le jeune à performer,
09:45et du coup, quel que soit le prix, j'ai envie de dire.
09:48Et puis il y a des jeunes un petit peu plus fragiles qui se cherchent.
09:52On est là dans un champ où on a des adolescents, donc vous voyez de quoi je veux parler,
09:59et des adolescents sportifs.
10:01Donc la quête de la limite, la quête de le toujours plus, etc.
10:06Et puis moi, j'ai envie qu'on parle aussi des injonctions sociétales.
10:10On a plein d'injonctions sociétales, les jeunes les ont de plus en plus tôt.
10:15Il faut réussir, il faut réussir dans tous les domaines,
10:17il faut être beau, il faut être musclé, etc.
10:19Et on a aussi des disciplines où on ne rentre pas dans un centre de formation
10:24si on fait 1m50 et 48 kilos.
10:27Donc il faut vraiment voir tout ce contexte-là aussi,
10:30où chacun, j'ai l'impression, on a notre part de responsabilité.
10:35Est-ce qu'on a une pression plus grande aujourd'hui qu'auparavant ?
10:37N'hésitez pas, même si ce n'est pas votre spécialité première de sociologie.
10:41Est-ce qu'aujourd'hui, on a une pression supplémentaire
10:44par rapport aux années 80, aux années 70 ?
10:47Est-ce que tout ça génère une pression supplémentaire sur la réussite,
10:51sur la performance ?
10:54La pression, elle est aussi liée à ce qu'on a évoqué,
10:57les médias, les réseaux.
10:59Et donc c'est beaucoup plus facile d'avoir accès à plein de choses,
11:04et notamment à des produits interdits.
11:06On sait que les consommations,
11:09on ne va pas à la pharmacie du coin chercher ses produits d'opam,
11:12on commande sur Internet.
11:13Et malheureusement, c'est là aussi que le bas blesse,
11:15c'est qu'il y a une possibilité incroyable
11:19de pouvoir se fournir en produits d'opam.
11:23Et la question de la santé chez les jeunes, elle n'est pas importante.
11:26J'ai vu pas mal d'émissions et de témoignages de jeunes qui disaient
11:29« moi je m'en fiche de mourir d'un cancer à 40 ans,
11:33au moins je serais moins con, excusez-moi l'expression, que mon père.
11:38Mais si je peux gagner des médailles, et des médailles olympiques,
11:40voilà, c'est tout ce qui m'intéresse. »
11:42Erwan Manteur, qui avait fait des déclarations assez chocs sur le Dopa,
11:46j'avais dit un jour cette phrase qui m'a vraiment bouleversée,
11:49qui est restée en moi, et qui fait peut-être écho,
11:52on parlait tout à l'heure de la géopolitique avec des pays
11:54où il n'y a pas d'avenir, où des gens viennent et peuvent sauver.
11:56Alors on va beaucoup parler de cyclisme, désolé,
11:58on me dit souvent « pourquoi vous parlez de cyclisme,
12:00il y a du Dopa jailleur ? »
12:01Évidemment !
12:02Mais moi j'ai l'image de cette phrase d'Erwan Manteur qui disait
12:06« moi, si on m'avait dit il faut boire un litre de gasoil
12:09pour gagner le tour, j'en aurais bu deux. »
12:11Vous voyez, c'est quand même, c'est une phrase qui fait sourire,
12:14mais qui est une phrase d'un tragique absolu.
12:17Et moi j'aimerais maintenant, et vous l'avez dit Laurence,
12:19vous avez employé le mot, les parents, l'entourage,
12:22j'aimerais qu'on parle de ça parce que,
12:24est-ce que vous le sentez dans votre fédération ?
12:27Moi j'ai trop vu, au bord du terrain,
12:29quand j'allais voir mes enfants qui jouaient au rugby
12:30ou qui jouaient au foot, des parents,
12:33mais insultant leurs enfants parce qu'ils ont raté un contrôle
12:35et leur mettant une pression extraordinaire
12:37pour avoir l'ascension sociale qu'ils n'ont pas eue.
12:41Et après les enfants, c'est exactement ce que vous disiez,
12:43il faut que je sois moins con que mes parents, je vais y aller.
12:45S'il faut utiliser un truc pour leur faire plaisir
12:47et mettre tellement de pression, je vais peut-être le faire.
12:49Mais c'est la question qu'il faut se poser,
12:51c'est celle de l'environnement, c'est-à-dire que l'adolescent lui,
12:55il a déjà sa quête de performance dans une société de quête de performance.
12:59Et puis il a ses amis qui lui disent
13:01mais tu n'as pas réussi, est-ce qu'on attendait de toi ?
13:04Ou tu peux aller plus loin.
13:06Et puis si c'est rechercher de la magie d'une certaine façon,
13:11ce n'est pas seulement la magie pour la victoire,
13:13c'est parfois pour éviter la défaite tout simplement.
13:16Et donc tout ceci combiné,
13:18une société qui pousse à la performance, à la compétition,
13:22un environnement proche, très proche,
13:24les amis proches, les parents, les éducateurs.
13:27Si on veut revenir sur ce modèle-là,
13:29il faut aussi se poser la question de l'éducation,
13:32de tout cet environnement.
13:33Alors parfois, on transfère à l'école la responsabilité
13:36en disant on oublie les parents, c'est l'école.
13:38Moi, je pense que pour les éducateurs sportifs, c'est la même chose.
13:41C'est les parents qui doivent...
13:42Et tiens, Steve qui a commencé très tôt,
13:44sans doute a-t-il eu cet état d'esprit par ses parents
13:47qui ne le regardaient pas de haut en lui disant
13:49t'es un minable parce qu'il était arrivé cinquième
13:52et qu'il n'avait pas réussi à gagner une course.
13:54Non, après, ce qui est incroyable effectivement,
13:56c'est que moi, mes parents m'ont toujours dit c'est bien
13:58parce que je ne suis pas du tout issu d'une famille de cyclistes.
14:00Mon père faisait plutôt du foot et ma mère n'était pas sportive.
14:03Moi, j'ai vraiment été au vélo
14:05parce que je suis passé devant une école de vélo
14:06et j'ai voulu essayer et tout de suite,
14:08j'ai pris plaisir à faire du vélo.
14:09Et mon premier championnat du monde, je dois faire 32e,
14:13et mon père me dit mais c'est fantastique,
14:15t'as représenté la France,
14:16mais moi, j'en avais un petit peu rien à carrer,
14:17mais j'ai toujours eu le soutien inconditionnel de mes parents
14:20qui me, vraiment, dans tous les cas,
14:22étaient admiratifs de ce que je faisais.
14:23Donc, à aucun moment, on m'a mis la pression.
14:25Et juste pour revenir sur les propos auparavant,
14:29pourquoi aussi aujourd'hui,
14:30on a de plus en plus de jeunes qui très vite
14:32ont tendance à arrêter l'école, etc.
14:34C'est que tout va plus vite aujourd'hui.
14:36Patrick, t'as connu le vélo dans les années 2000.
14:39Un professionnel, un cycliste professionnel à 23 ans,
14:42il commençait sa carrière,
14:43et on disait qu'à 28 ans, il était à l'apogée.
14:46Donc, il continuait, il allait jusqu'au bac, à minima.
14:48Aujourd'hui, à 14 ans, on dit à un gamin,
14:51fais gaffe à ce que tu bouffes,
14:52commence à t'entraîner 15 heures par semaine,
14:54il faut que tes charges de travail,
14:55elles augmentent d'année en année jusqu'à 18 ans.
14:57Donc, en fait, on a aussi, malheureusement, j'ai envie de dire,
15:01de par toutes les équipes professionnelles
15:04et de par les victoires qui ont engendré,
15:06montré qu'on pouvait le faire de plus en plus jeune.
15:08Mais un gamin qui a 13 ans, un gamin qui a 14 ans,
15:10peu importe le sport,
15:12a-t-il la maturité nécessaire pour dire,
15:14je vais tout arrêter maintenant pour faire de mon sport un métier,
15:18alors que ce soit pour gagner de l'argent,
15:19pour aller chercher des titres ou autre,
15:21sachant que les seuls qui vont le guider,
15:23c'est soit les éducateurs,
15:25qui peuvent être très bons ou moins bons,
15:26soit les parents.
15:27On n'a pas forcément le recul nécessaire.
15:29Et c'est vrai que,
15:31moi, je dirais que ce n'est pas forcément la faute des parents
15:34ni la faute des athlètes.
15:35C'est aussi qu'on est à une recherche perpétuelle de performances
15:39de plus en plus rapide.
15:40Il faut qu'à 18 ans, maintenant,
15:42on soit sur les très, très hauts plateaux.
15:44Il faut qu'on soit le meilleur
15:45parce qu'on ne veut pas laisser le temps à l'enfant de se développer.
15:48Et effectivement, malheureusement,
15:49aujourd'hui, le constat, il est qu'on va aller de plus en plus vers des carrières courtes
15:53parce qu'un gamin à 15 ans, qu'est-ce qu'il doit faire ?
15:56Il doit bouffer McDo,
15:57il doit rencontrer des nanas,
15:58il doit sortir avec ses copains,
16:00il doit boire une bière,
16:01il doit commencer à comprendre ce que c'est que la vie
16:03et pas forcément être dans cette chose d'être ultra sportif,
16:06ultra performant,
16:07ultra job,
16:08ultra concentré
16:10et ne pas péter un câble à 25 ans.
16:12Parce que là, on parle du dopage,
16:13ce qui est parfait.
16:15Mais j'aimerais qu'un jour, on ait cette même question
16:17sur ceux qui arrêtent l'école à 14 ans,
16:19qui n'arrivent pas à faire carrière
16:20ou alors qui font carrière sur 2-3 ans
16:22et l'après.
16:23Et qu'est-ce qu'ils font derrière ?
16:24On les voit, ils font tous 120 kilos,
16:26ils tombent dans l'alcool.
16:27C'est un truc de fou.
16:29Donc, il faut être équilibré
16:30et je pense que c'est un travail de fond
16:32que tout le monde doit prendre conscience,
16:34que tout le monde ne sera pas des Pogacar
16:36ou des Léon Marchand, etc.
16:38ou des Teddy Riner,
16:39mais qu'il faut essayer de construire la personne
16:42en tant que sportif
16:43et penser à l'avant et à l'après.
16:45Alors, on a traité ce sujet sur Sport en France déjà,
16:48de l'après-sport justement.
16:49Alors de l'après, quand on a été champion pendant 15 ans,
16:51qu'on a eu 8 titres de champion du monde,
16:532 titres de champion olympique
16:54et qu'on a gagné beaucoup d'argent,
16:55c'est généralement pas trop compliqué,
16:57même si la fameuse petite mort est compliquée.
17:00Mais on a parlé de ce que Steve évoquait là
17:02sur Sport en France,
17:03de ces gens qui ont tout raté,
17:05qui ont perdu leur jeunesse
17:06pour finalement, à 22 ans,
17:08avoir une rupture du tendon d'Achille
17:10et tout laisser tomber.
17:11Et là, après, ça fait des avenirs
17:13très, très, très douloureux.
17:14Et ça, c'est une responsabilité sociétale.
17:16Docteur François Chapuis,
17:20il existe des pratiques dopantes
17:23qui nous font penser à cette fameuse
17:27médicalisation générale de notre existence.
17:30Est-ce que vous faites ce parallèle ?
17:31Est-ce que ce n'est pas seulement le sport
17:33qui est victime de cette tendance de dopage,
17:35mais finalement toute la société
17:37de gens qui fassent du sport ou pas,
17:39qui médicalisent tout et qui se disent finalement
17:41avec un peu de compléments alimentaires,
17:43de poudre de perlimpinpin, d'homéopathie, etc.,
17:46je suis arrivé à me faire un corps
17:47et un monde merveilleux ?
17:48C'est ce que j'évoquais tout à l'heure
17:50avec la quête de la magie.
17:52Je voudrais quand même qu'on ne lit pas
17:53en permanence performance et dopage.
17:55La performance, c'est le rythme
17:57de sommeil régulier,
17:59l'alimentation saine,
18:00l'entraînement programmé
18:02et les plages de récupération
18:04programmées avec autant de soins
18:05que les plages d'entraînement.
18:06Si on a déjà commencé par ça,
18:08je pense qu'on se pose probablement
18:11beaucoup moins la question des compléments.
18:13Alors les compléments alimentaires,
18:15on en entend énormément parler,
18:17c'est encore une quête de magie.
18:19Quel adolescent dans le monde occidental
18:21aujourd'hui a besoin de compléments alimentaires ?
18:25Alimentation équilibrée ?
18:26Donc on est dans une société
18:28où les béquilles psychologiques,
18:30l'effet placebo,
18:32avec des produits dont on ne connaît pas
18:33toujours l'origine,
18:34parce que quand on parle de dopage,
18:36ce n'est pas seulement du dopage,
18:37c'est aussi de l'amélioration biologique.
18:39Est-ce du dopage ou de la conduite dopante ?
18:42Il y a une distinction à faire entre les deux.
18:44Toutes là précisément pour nous.
18:45Le dopage, c'est vraiment
18:47l'utilisation du produit interdit.
18:50La conduite dopante, c'est dès qu'on essaye
18:52d'améliorer quelque chose.
18:54Et on a des techniques qui permettent
18:55par exemple de remettre quelqu'un
18:57dans un état de santé
18:59qui sont utilisées par des gens en bonne santé
19:01pour aller encore plus loin
19:02où ce n'était pas forcément nécessaire.
19:03Ça, c'est une conduite dopante.
19:05On peut aujourd'hui avoir des résultats
19:06à très très haut niveau
19:07sans avoir cette approche d'optimisation ?
19:11La réponse est oui.
19:13La réponse est oui.
19:13Alors d'optimisation biologique ou médicale ?
19:16Oui, bien sûr.
19:17Mais on va optimiser autre chose.
19:18On va optimiser les rythmes de soleil.
19:20On ne va pas essayer d'équilibrer ?
19:21Sans avoir de volonté dopante,
19:26est-ce que lorsqu'on prépare un sportif de haut niveau,
19:28on ne fait pas des analyses
19:30et on dit tout simplement,
19:31comme on dit à un homme fatigué,
19:33tu vas manquer de potassium, de je ne sais quoi,
19:36et d'essayer de rééquilibrer par des produits exogènes
19:39plutôt que de dire,
19:40fais des bonnes nuits de 8 heures,
19:41mange des légumes et tout ira mieux ?
19:43C'est un très bon exemple.
19:44Lorsque je m'occupais des skieurs
19:46du circuit Coupe du Monde à l'époque,
19:49j'avais remarqué que les charges d'entraînement étaient importantes.
19:51Nous étions en altitude à l'automne,
19:53la neige n'est pas encore descendue,
19:55elle est plus bas,
19:56donc on s'entraîne très haut,
19:57il y a peu d'oxygène, il fait froid.
19:59Puisque je venais de faire
20:00mon certificat de biologie et médecine du sport,
20:03j'avais décidé de doser le magnésium chez nos athlètes.
20:06Il était plutôt abaissé,
20:07je ne savais pas quoi en faire.
20:09Je me tourne vers mon prof de physio de l'époque
20:11et je lui dis, qu'est-ce qu'on fait ?
20:12Il me dit, tu compenses.
20:14J'ai compensé.
20:15C'est tout à fait autorisé de prendre du magnésium
20:18le matin au petit déjeuner.
20:20Mais vous voyez, on diminue les charges d'entraînement
20:22ou on augmente le suivi biologique.
20:24C'est la question.
20:25Ce n'est pas du topage du tout,
20:26c'est tout à fait légal d'aller acheter du magnésium en pharmacie.
20:29Pourtant, la question se pose philosophiquement.
20:31Là, c'est l'éthique qui est la philosophie.
20:32Ben voilà.
20:34Et oui, qu'est-ce que vous en pensez de tout ça ?
20:37Moi, c'est vrai que je suis responsable d'un groupe de jeunes sportifs
20:39qui sont sur de l'accès au niveau.
20:40On sait que sur le groupe,
20:41tout le monde ne fera pas du haut niveau.
20:42Sinon, ce serait trop facile.
20:44Donc nous, on est plutôt effectivement sur de la prévention.
20:46Par exemple, des jeunes qui viendraient nous voir
20:48en voulant des compléments alimentaires,
20:50effectivement, ce n'est pas du topage.
20:51Mais pour nous, c'est déjà un premier biais
20:55qu'on essaie de résoudre par des choses assez simples.
20:56Par exemple, après certaines séances de musculation
20:58ou d'aérobie un peu longue,
21:00effectivement, ils sont complémentés
21:02avec une brique de lait chocolatée,
21:04une compote, des choses comme ça,
21:05où on essaie de leur dire que tout est déjà là-dedans.
21:08Effectivement, dans le monde occidental,
21:10ils ont tout dans leur assiette
21:11pour que ça se passe bien sans avoir besoin d'aller chercher.
21:13Et le problème, c'est d'aller chercher tout seul sur Internet
21:17des produits qui se font livrer dans la boîte aux lettres
21:19où il n'y a aucun contrôle.
21:20Et des parents, des éducateurs sportifs
21:22ou des médecins d'épaule, etc.
21:24Comment on fabrique un champion alors avec tout ça, Laurence ?
21:28Parce que moi, il y a des choses que j'entends avec bonheur,
21:31mais d'aller dire que...
21:34Et je veux que je vous comprenne sur l'éthique, sur la philosophie,
21:37mais d'aller dire qu'on ne compense pas,
21:38mais on se dit que finalement, le corps humain est capable lui-même d'eux.
21:41Je pense que je me mets à la place de l'adolescent,
21:43du jeune champion, il regarde des petits copains.
21:46Et ce n'est pas ça le problème, justement, de se dire...
21:48Un autre exemple, regardez,
21:49tous les sports ne sont pas énergétiques non plus.
21:52La Fédération française de tiers pour laquelle j'oeuvre avec bonheur,
21:56c'est un sport essentiellement mental.
21:58Quel est le dopage énergétique pour un sport mental ?
22:01Et on peut avoir des médailles olympiques...
22:05On peut penser aux bêtas bloquants,
22:06on peut penser à tous des produits qui sont interdits.
22:08Les bêtas bloquants sont interdits.
22:09Justement, mais le dopage peut exister donc dans ces...
22:12Ah, mais c'est du dopage à ce moment-là.
22:13Non, mais c'est rigoureusement interdit.
22:14Si vous saviez le nombre de contrôles qui ont été faits
22:17préventivement, avant les Jeux, et de toute façon,
22:20sur les grandes compétitions,
22:22tout le podium plus les tirages au sort,
22:24jamais vu de bêtas bloquants.
22:26Le tabac à chiquer, j'ai lu aussi dans la préparation
22:28de cette émission, je dis mais où on est ?
22:30Moi, j'entends parler depuis des années de PO,
22:32de trucs pas possibles.
22:34Et Laurence, vous nous parlez du tabac à chiquer.
22:36Tout à fait, oui, oui, oui.
22:37C'est une consommation qu'on a depuis de nombreuses années.
22:40Alors, on n'est pas la seule fédération.
22:43Il y a plein de fédérations qui sont touchées par ça.
22:45En fait, l'Agence mondiale antidopage s'est rendue compte de ça
22:49parce qu'elle faisait des batteries de tests.
22:51Alors, bien entendu, ils recherchent certains produits,
22:53mais en même temps, ils font des analyses globales
22:55et ils se sont rendus compte qu'il y avait des taux de nicotine
22:59très, très importants, notamment dans le hockey sur glace,
23:02mais pas que.
23:04Et bien, il faut savoir que, oui, oui, c'est une consommation
23:06qui est très, très importante.
23:09C'est des faits ?
23:10Alors, il y a des effets.
23:12Malheureusement, je suis obligée de dire qu'il y a des effets
23:14intéressants qui sont liés à la nicotine, en fait.
23:17Donc, au niveau de l'acuité, de la tension.
23:20Et nous, on a quand même des athlètes qui se balancent
23:23à 120, 130 km heure en haut d'une descente.
23:27Et donc, ils expliquent et ça a été prouvé
23:30qu'ils ont vraiment une meilleure attention.
23:32Ils ont vraiment beaucoup plus focus sur ce qu'ils font, etc.
23:36Et puis, il y a un effet un petit peu tassant.
23:38Alors, on n'est pas dans les effets du cannabis,
23:40mais quelque chose qui pose un petit peu le stress.
23:44Donc, c'est le produit, c'est le produit un peu miracle, malheureusement.
23:47Qu'est-ce qu'on fait contre ça ? On ne fait rien, ce n'est pas interdit.
23:49Alors, non, il ne faut pas dire qu'on ne fait rien.
23:51On ne fait rien. Qu'est-ce qu'on peut faire ?
23:53On a eu une grosse campagne de prévention
23:56où on a embarqué tout le monde derrière nous, l'Éducation nationale,
23:59les gens qui travaillent à différents endroits de la performance auprès des jeunes.
24:05Il y a eu une baisse de la consommation.
24:07Et puis, on est parti sur d'autres thématiques
24:09parce qu'il y a aussi d'autres thématiques de prévention sur lesquelles il faut aller.
24:12Et là, on est dans une consommation qui reprend beaucoup.
24:16Mais je dis à nouveau qu'on a, nous, Fédération et Monde sportif
24:22et Monde global, de toute façon, nos responsabilités.
24:25C'est-à-dire qu'on les met tellement sous pression.
24:27Ils sont sous pression au niveau scolaire.
24:29Il faut réussir au niveau scolaire. Il faut réussir au niveau sportif.
24:33C'est des jeunes qui sont tout le temps sous pression, quoi.
24:35Et en plus, ils ne peuvent pas aller en soirée comme ils le voudraient,
24:40aller se lâcher parce qu'il y a ce timing de compétition et voilà.
24:44Moi, je n'aimerais pas enfoncer des portes ouvertes, Steve,
24:46mais à l'époque où j'étais aux Affaires, si je puis dire,
24:51on entendait dire, oui, les coureurs...
24:52Alors, c'était un autre dopage, on en parlera tout à l'heure.
24:54Mais les jeunes, notamment, c'est les soirées en discothèque
24:58qui me font penser à ça.
25:00Moi, j'ai entendu dire, alors, est-ce que c'était bidon ?
25:02Est-ce que c'était de la... du bon sens ? Je ne sais pas.
25:04Mais moi, on me disait, les coureurs, même s'ils ne prennent pas pour courir,
25:08après, pour enchaîner les critériums et pour faire la fête un peu,
25:11c'est là qu'ils commencent à toucher à des produits
25:14qui étaient célèbres à l'époque.
25:15Bon, tout ce qui était en fête pour les Belges et compagnie.
25:18C'est quoi ? C'est une légende ?
25:20Non, non, non, non, il ne faut pas...
25:23Il n'y a pas de fumée sans feu.
25:24Donc, effectivement, je pense qu'à une certaine époque,
25:27je pense plutôt avant les années 2000,
25:29où, effectivement, il y avait ce besoin d'aller faire tous les critériums,
25:32de ne pas dormir.
25:33Mais c'est là où je reprends les propos de madame qui disait,
25:36effectivement, qu'aujourd'hui, le problème du tabac chiqué,
25:38c'est qu'en fait, il y a des études qui ont été très bien faites
25:42et qui montrent, justement, qu'il y a un intérêt pour un sportif
25:45à prendre du tabac chiqué.
25:47Donc, c'est terrible.
25:48C'est terrible de dire que pour améliorer ses performances,
25:51même dans le milieu cycliste, aujourd'hui, on le voit.
25:54Certains viennent en interview avec la petite boule sous la lèvre.
25:57Il ne faut pas avoir fait Saint-Cyr pour comprendre ce que c'est.
26:00Il y a un réel impact sur la performance
26:03et c'est quelque chose qui est autorisé.
26:05Donc, effectivement, on est tous témoins qu'il y en a qui viennent avec ça.
26:09Mais comment l'interdire ?
26:10Comment expliquer que tu vas te faire un trou dans la pommette
26:13et que finalement, tu joues à ta santé
26:16parce que ça reste quelque chose, une nicotine ?
26:19Je ne suis pas certain que ce soit trop bien pour le corps humain.
26:22En tout cas, ce qui est sûr, c'est qu'aujourd'hui,
26:24on a aussi toute cette recherche qui est poussée
26:26et où on peut jouer sur la peur.
26:28La peur de dire, mais mec, tu vas devenir dépendant à prendre ça.
26:31Alors qu'il y a peut-être 15, 20 ans,
26:33ce n'était pas autant recherché, ce n'était pas autant poussé.
26:35Je pense que la recherche médicale n'était pas peut-être aussi précise qu'aujourd'hui.
26:41Sauf que là, effectivement, ça marche.
26:44Et le vélo d'il y a 30 ans a aussi énormément évolué,
26:47même il y a 20 ans par rapport à maintenant.
26:49Tout à l'heure, on parlait effectivement de compléments alimentaires.
26:53Aujourd'hui, je vois très, très peu,
26:56en tout cas, j'imagine, parce que je ne suis plus dans le milieu professionnel,
26:59j'imagine très, très peu de coureurs qui ne se complémentent pas
27:01par rapport à la bouffe qui est quand même moins riche,
27:05elle est moins naturelle et forcément,
27:07elle est moins riche en ce qu'il nous faut pour le corps.
27:09Et puis, est-ce que c'est normal pour un coureur et une personne lambda
27:13d'aller faire quatre heures de vélo par jour avec des intensités ?
27:15Je pense que si on ne complémente pas, à ce moment-là,
27:17on joue aussi avec la santé du coureur.
27:20Réponse docteur ?
27:21Si on ne complémente pas, on joue avec la santé du coureur ?
27:24Non, je pense que si on complémente mal, on joue avec la santé du coureur.
27:28La nicotine, par exemple, c'est une forme de complément,
27:32puisque ça augmente la vigilance.
27:35C'est connu, mais ça nous vient du monde anglo-saxon là encore.
27:38C'est-à-dire qu'on voit les joueurs de baseball,
27:41les hockeyeurs qui, dans ce monde, dans le ski,
27:44c'est venu par les Canadiens, ce qu'on appelait les Crazy Canucks à l'époque.
27:47Ils arrivent avec cette culture nord-américaine
27:49et ils la mettent sur le circuit Coupe du monde.
27:51Ce n'est pas du tout indispensable.
27:52On sait qu'avec de la nicotine, c'est un vasoconstricteur.
27:56Derrière, on a une moindre circulation et on a un risque d'escar.
27:59Quand on est adolescent, on croit que tout ira bien
28:01et puis l'effet chronique accumulé abîme.
28:05Donc non, je pense qu'on l'a dit tout à l'heure,
28:07il ne faut pas lier la notion de performance à la notion de dopage.
28:10On peut optimiser, donc on va optimiser son alimentation,
28:13on va optimiser son hydratation,
28:15on va optimiser son entraînement et on va optimiser sa récupération.
28:19Steve, je continue sur un sujet qui m'est cher,
28:22c'est que j'entends souvent, les cyclistes d'abord disent
28:24pourquoi nous, pourquoi nous ?
28:26Il se trouve que le cyclisme est un sport de dopage.
28:28Voilà, il y a eu du dopage, il y a un historique, une culture,
28:31mais ce n'est pas les seuls.
28:32Évidemment, il faut toujours le rappeler.
28:34Mais moi, j'aimerais aller plus loin.
28:35Les sportifs vis-à-vis les gens de la société civile,
28:38parce que les sportifs vous disent c'est bien beau nous,
28:40on nous contrôle, etc.
28:42Mais combien d'étudiants prennent des amphétamines
28:45pour tenir le coup pour faire des études de médecine ou autre ?
28:48Combien de politiques prennent des produits
28:51qu'on trouve dans les banlieues à je ne sais combien le gramme ?
28:55Bon, je n'en ai jamais pris, je vous le dis, je ne connais pas le prix.
28:58Mais voilà, la cocaïne, les stéroïdes anabolisants, les amphétamines,
29:06est-ce que c'est une défense que tu entends beaucoup
29:08dans le monde du sport de dire occupez-vous aussi d'autres qui le prennent ?
29:12Alors, ils ne le prennent pas pour tricher vis-à-vis des autres,
29:15encore que l'étudiant en médecine qui va se doper
29:17pour tenir la nuit pour travailler,
29:19il triche par rapport à son concurrent qui ne se tope pas.
29:21S'il a un concours, il est dans une compétition.
29:23Et voilà. Steve ?
29:26Oui, c'est vrai que c'est toujours pénible du moment qu'on parle de vélo.
29:29En tout cas, moi qui suis un amoureux de mon sport
29:32et qui l'ai fait le plus sainement possible durant toute ma carrière,
29:35ça me fait mal quand on vient nous faire des réflexions
29:38et nous dire que ce n'est pas possible de faire 200 bornes, etc.
29:41Ce n'est pas possible de faire 1 100 remos, 300 kilomètres sans rien prendre.
29:44Et pourtant, si, et à l'inverse, il y a des tennis-mans
29:47qui jouent pendant 5 heures sur un cours à taper la balle à plus de 200 km heure,
29:51on a juste envie de dire qu'il y a deux poids, deux mesures.
29:54Mais ça, à la limite, c'est de la jalousie mal placée.
29:57Et on aimerait simplement, en tout cas moi c'est mon cas,
29:59j'aimerais que tous les sportifs soient autant contrôlés que possible.
30:05Je sais qu'aujourd'hui, maintenant, tout le monde est sur la plateforme Adams,
30:08de 6 à 7, peu importe l'heure obligatoire, etc.
30:11Est-ce qu'il y a autant de contrôle que dans le vélo ?
30:14Je n'en sais rien, je n'ai jamais été voir dans les autres sports.
30:17Mais oui, la généralité de dire le cycliste, il est dopé,
30:22c'est comme dire ceux qui écoutent du reggae, c'est des fumeurs de joint.
30:25Ceux qui font du cinéma, ils prennent tous de la coke
30:27ou ceux qui font du tir, ils sont tous sous bêta bloquants.
30:31Ce sont des raccourcis malheureusement qui sont faits.
30:34Mais encore une fois, moi je le comprends.
30:35Parce que quand oui, je courais avec des coureurs qui me mettaient 2 minutes
30:39et que 5 ans après, on apprend qu'ils étaient sous Serra ou dans la Fer Puerto,
30:44oui, il y a une espèce de logique de dire tous les cyclistes sont dopés.
30:50Mais la généralité m'emmerde parce qu'aujourd'hui,
30:53on parle beaucoup de Pogacar, on parle beaucoup de Remcovenepoel,
30:57on dit que ce n'est pas possible parce qu'on a fixé des barrières
31:02qui semblent inhumaines lorsqu'on les casse.
31:07Pourtant, quand Usain Bolt a descendu en dessous de 9,70m,
31:11on n'a pas dit qu'il était dopé.
31:12Quand Duplantis passe au-dessus de 6,15m, on ne dit pas qu'il est dopé.
31:16Aujourd'hui, l'humain évolue, le matériel évolue, il y a plein de choses qui évoluent.
31:20Peut-être qu'il y a quand même malgré tout des conduites dopantes,
31:23attention, je ne suis pas fou.
31:26Mais de là à faire cette généralisation,
31:29moi, très clairement, ça m'emmerde énormément.
31:33Je comprends, j'étais un peu de la partie,
31:35je me permets de ne pas être seulement animateur de cette émission.
31:38Mais c'est vrai que sur le cyclisme,
31:40il ne faut pas dire qu'on ne peut pas faire 300km sans se doper,
31:45on ne peut pas faire 1 111h MO,
31:47on ne peut pas faire 200 ventes par jour pendant 21 jours sur le Tour de France.
31:50Évidemment qu'on peut le faire.
31:51Le problème, et Sible sait bien, c'est l'allure à laquelle on le fait,
31:55c'est les watts qu'on va sortir.
31:57Et des gens de bon sens ont le droit de s'interroger
32:03sur les performances de Pogacar.
32:06Je pense qu'ils ont le droit de s'interroger.
32:08Je pense qu'il est légitime de s'interroger.
32:10N'importe qui peut faire un marathon.
32:11Évidemment.
32:12Mais pas en deux heures.
32:13Évidemment.
32:13Mais moi, je donne juste ma petite expérience personnelle.
32:16Vous savez, quand il y a eu l'affaire Festilin en 1998,
32:19les gens étaient tellement énervés.
32:20On avait 50% des gens qui nous disaient, nous, télévision,
32:23ne nous parlez pas de ça, laissez-les tranquilles, laissez-les vivre,
32:26il y en a partout ailleurs, laissez-les tranquilles.
32:28Ceux-là, ils nous engueulaient.
32:29Puis il y a les autres qui nous engueulaient, c'est de votre faute,
32:31c'est parce qu'il y a la télévision.
32:32Alors, je leur disais, vous savez, moi, la télévision,
32:35plus il y a de défaillance, plus je suis content,
32:36parce que pour commenter, c'est quand même plus intéressant
32:38que six mobilettes qui emmènent un gars
32:41qui, dans les cinq dernières bornes, va mettre deux minutes à tout le monde.
32:43Et puis, il y a une approche du dopage
32:47qui est une approche de sensibilité, d'émotion.
32:51Et donc, il faut essayer de poser les choses calmement
32:53et de se dire que ce n'est pas parce qu'il y a une retransmission télé,
32:57ce n'est pas parce qu'il y a je ne sais quoi que les coureurs se doppent.
32:59Pas du tout.
33:00Les coureurs se doppent pour tricher, pour gagner.
33:02Et j'en viens à une question un peu géopolitique,
33:05est-ce que, et pardon du côté direct de ma question,
33:08elle est peut-être un peu indélicate,
33:09mais est-ce que quand on arrive de Slovénie,
33:11qu'on n'a pas un avenir radieux,
33:13est-ce qu'on n'est pas prêt à plus de concessions
33:15que quand on a été éduqué dans un club sportif français
33:19ou je ne sais pas quel pays,
33:21avec une approche, justement, ce que vous faites fort bien,
33:24vous qui êtes autour de ce plateau.
33:26Cette éducation, cette...
33:27Alors Steve, c'est difficile pour toi d'aller me dire,
33:30oui, Pogacar, il joue sa vie pour cinq générations
33:34et ce n'est pas le même thème qu'un français
33:38qui est dans un centre d'excellence.
33:42Mais on peut quand même se poser ces questions légitimement.
33:44Et ça revient à la jeunesse.
33:46C'est que, est-ce que...
33:47Mais je dis peut-être des choses énormes qui sont condamnables,
33:49je dis peut-être des bêtises.
33:51Mais est-ce que ce phénomène chlovéne actuel,
33:56il ne faut quand même pas le cacher, il se passe des trucs.
33:58Les gars, ils arrivent, ils sont deux, ils gagnent tout.
34:01On a le droit de s'interroger, Steve, non ?
34:03Non, évidemment, c'est hyper intéressant de se poser la question
34:06de comment ils sont découverts, à quel niveau d'aide,
34:10par exemple lorsqu'ils ont 12, 13, 14 ans,
34:13comment ils se comportent à l'école.
34:15Est-ce que le pays, la Slovénie, développe énormément le sport
34:19et la recherche de dire, Pogacar, qui était peut-être un basketeur au départ,
34:22ben non, avec les qualités que tu as, tu vas faire du vélo.
34:25Il y a beaucoup, beaucoup de choses, j'imagine, qu'il faut creuser.
34:29Maintenant, effectivement, nous, la France, on est quand même un pays,
34:32je ne sais pas si les gens sur le plateau seront de mon avis,
34:36mais aujourd'hui, attention, attention, attention,
34:39ça fait quand même 25 ans que nous, on lutte,
34:42en tout cas, je prêche pour ma paroisse le vélo,
34:44on lutte, on lutte, on lutte, on lutte, on lutte contre le dopage.
34:48Et j'ai l'impression qu'on met tellement dans la lutte
34:50qu'on en oublie des fois de prendre un nutritionniste
34:53ou d'aller faire un stage d'altitude.
34:54Non, non, le budget stage d'altitude, on va le prendre,
34:56on va le mettre dans la lutte contre le dopage.
34:58Et c'est ça aussi qui est un décalage.
34:59Donc, est-ce que Pogacar, est-ce que Roglic, est-ce que Remco,
35:03est-ce que tous ces gars-là sont dopés ?
35:06Aujourd'hui, moi, je ne peux pas répondre à cette question.
35:09C'est légitime de se poser des questions,
35:11mais ce qui est sûr, de ce que je vois,
35:13c'est que nous, au niveau français, on préfère dire,
35:16aller voir lui plutôt que de se remettre en question
35:18et de dire, attends, moi, à 15 ans, je faisais ça.
35:21Est-ce que le socle de ma fondation de volume de 15 à 18 ans,
35:25par exemple, j'ai fait assez de volume ?
35:26Au contraire des Slovènes, etc.
35:28Il faut aller plus loin dans la recherche avant de dire,
35:31il est à 7 W de kilo, c'est impossible.
35:33Ça, c'est quelque chose pour moi, on ne peut pas aller dehors.
35:36On va revenir aux jeunes,
35:38mais j'ai trop entendu,
35:39lorsque il y avait des résultats extraordinaires à l'Armstrong et d'autres,
35:44les gens me disaient, si les Français s'entraînaient un petit peu plus,
35:46bande de feignants, vous, vous auriez des résultats.
35:49Et puis voilà, et quelques années plus tard,
35:51on apprend que les Français s'entraînaient autant que les autres,
35:54mais simplement qu'ils ne prenaient pas les mêmes produits.
35:56Voilà, donc essayons d'être équilibrés là-dessus,
35:58parce que j'ai trop entendu les donneurs de leçons dire,
36:00oui, les Français, vous êtes des clowns,
36:02si vous entraînez un peu plus.
36:04Le pauvre Marc Madiot, il était blanc comme un linge,
36:06et il disait, ben oui, nous, on essaye, mais on n'y arrive pas, voilà.
36:09– D'ailleurs, pour Armstrong, on a eu la réponse.
36:12– On a eu la réponse.
36:12– Le topage, c'est la triche.
36:14Vous savez que si le mensonge prend l'ascenseur,
36:17la vérité arrive toujours par l'escalier.
36:19On a eu la réponse, c'est une question de temps.
36:20– Très jolie, très jolie.
36:23On va passer à la deuxième partie,
36:25s'intéresser un peu aux substances, à cet historique du topage,
36:29et à savoir si les jeunes,
36:31et vous parliez tout à l'heure, Laurence, de l'accès via Internet,
36:34si les jeunes ont accès à des produits aujourd'hui,
36:37qu'ils ne maîtrisent mal évidemment,
36:39pour répondre à la pression dont on a parlé
36:41pendant toute cette première partie,
36:42pression de la presse aussi, pression des parents,
36:45pression de l'entourage,
36:47est-ce que, quels sont les produits, justement,
36:51que vont prendre les coureurs,
36:55les coureurs que disent les sportifs,
36:56vous voyez, ce n'est pas bien de dire ça, les coureurs,
36:59les substances ismarsives, là, je crois,
37:02les substances et leurs effets.
37:04Alors, les produits les plus utilisés,
37:06on parle beaucoup de stéroïdes anabolisants,
37:10de compléments alimentaires.
37:12Aujourd'hui, est-ce que vous avez des infos,
37:14qu'est-ce qu'il y a du succès, pardon,
37:16dans ce domaine-là, chez les jeunes ?
37:18– Il suffit de lire le rapport d'activité
37:21de l'Agence française de lutte contre le dopage,
37:23et effectivement, c'est les anabolisants qui arrivent en tête
37:27des résultats d'analyse anormaux, donc à 24 %,
37:31et puis après, on aura les stimulants,
37:33exemple, le PO, vous l'avez cité tout à l'heure, à 18 %,
37:38et puis après, on aura tout ce qui est produits masquants,
37:40diurétiques et les glucocorticoïdes.
37:42– Parlez d'OPO chez les jeunes ?
37:44– Là, il n'y a pas de distinguo, en fait,
37:46dans les chiffres de l'Agence française de lutte contre le dopage,
37:49mais il y a assez eu de reportages,
37:52et notamment dans des sports collectifs,
37:54où ils disaient que pour prendre la masse musculaire
37:57et pour espérer un jour rentrer dans ce centre de formation,
38:01il fallait, ils n'avaient pas le choix
38:02que de prendre de la masse musculaire.
38:04Donc, prendre de la masse musculaire rapidement,
38:06c'est les anabolisants.
38:07Donc, ça, c'est la pression pour arriver à intégrer des structures
38:11dans lesquelles vous pourrez rêver de devenir un jour sportif de haut niveau.
38:14– Ça existe, oui.
38:16– Est-ce qu'on peut changer quelque chose, là, soyons concrets ?
38:18Est-ce que, je me souviens, dans le football,
38:21à un moment, il fallait faire 1m82 à 17 ans,
38:24il fallait faire plus de 78 kg,
38:27il fallait avoir telle masse musculaire,
38:28ils se sont aperçus plus tard, c'est trop tard d'ailleurs,
38:31je pense à une époque, le football français en apathie,
38:34que c'était une bêtise, puisque aujourd'hui,
38:36les stars du football sont souvent des petits gringalets
38:39qui vont créer du jeu.
38:40Est-ce que la mentalité a changé un peu ?
38:43– Je ne sais pas, en tout cas, moi, quand je vois des profils de joueurs,
38:49je n'ai pas envie de citer la discipline,
38:50mais c'est quand même assez étonnant les changements morphologiques
38:55qu'on a vus sur certaines disciplines.
38:57Et du coup, les jeunes, ils n'ont pas tant le choix que ça.
39:00S'ils veulent performer au niveau, être remarqués à un moment donné,
39:03il faut une carrure, un poids.
39:05– On ne voulait pas citer le rugby.
39:07Donc, parlons quand même,
39:09il y a une chose qui m'intéresse, c'est la pédagogie.
39:13Les jeunes, alors, tout à l'heure, vous m'avez répondu assez directement,
39:16et j'ai bien entendu qu'un jeune, vous pouvez lui expliquer
39:19qu'il risque d'avoir un cancer à 40 ans, ça n'a rien changé du tout.
39:23Mais quand on dit quand même que les stéroïdes
39:26peuvent avoir des conséquences sur la santé des adolescents,
39:28alors je ne parle pas des boutons, mais les problèmes d'érection,
39:31les risques cardiaques, avec l'hypertrophie du cœur,
39:34la dépression, parce que ce sont aussi les produits
39:36qui vont jouer évidemment sur le mental,
39:39les risques d'AVC, les cancers du foie.
39:42Est-ce que ça, ça peut marcher, la peur ?
39:46C'est au départ, on l'est ou on ne l'est pas.
39:48Vous avez des gens, ils sont incapables de prendre un cachet,
39:50j'en fais un peu partie, parce qu'ils sont un peu parano et…
39:55– J'ai l'impression que les adolescents n'ont pas du tout les mêmes peurs que nous,
39:58et en tout cas, pour avoir travaillé notamment sur cette prévention
40:02de la consommation de tabac chiquier avec un tabacologue,
40:06il avait énormément d'expérience sur le tabac fumé, dans un premier temps,
40:10et il disait que ça ne marchait absolument pas avec les jeunes, la peur,
40:12parce que comme je vous le disais tout à l'heure,
40:14ce n'est pas grave, s'il y a 40 ans, je meurs d'un cancer,
40:16de toute façon, au moins, je ne deviendrai pas aussi bête que mes parents.
40:21Non, par contre, ce sur quoi on peut jouer avec les jeunes,
40:24c'est qu'ils n'aiment pas ne pas être libres,
40:28et or, on peut leur démontrer très rapidement
40:31que quand on est addict, on n'est pas libres du tout.
40:34Voilà, ça, ça peut les… ça peut coincer, ça.
40:37– La liberté, c'est une belle valeur.
40:40Et vous, votre expérience ?
40:42– C'est vrai que nous, enfin, moi, je reviens souvent aux compléments alimentaires.
40:45– On va rappeler quand même que vous êtes cadre technique
40:46dans la Ligue d'Aviron de Normandie.
40:48– Voilà, je gère un groupe, le Pôle Espoir, où on a des jeunes,
40:51alors soit des jeunes du Pôle Espoir, soit d'autres, des fois en discutant,
40:54on voit des gamins qui ont acheté des compléments tout seuls sur Internet,
40:58où ils ne sont pas guidés d'abord par le côté santé,
41:00mais par le côté du prix, le prix au kilo, et c'est là où c'est problématique.
41:04Alors, moi, je sais que nous, notre fédération a édicté une…
41:08pas une règle, mais un document, en tout cas,
41:09qui déjà précise que s'il y a des compléments alimentaires,
41:11lesquels respectent les normes AFNOR, notamment,
41:15déjà, où il n'y a pas de traces de produits soit dopants,
41:17soit dangereux pour la santé.
41:18Mais ça, c'est quand on a accès, donc nous, dans les structures,
41:22on a accès à ça, mais c'est vrai que les éducateurs de club,
41:25qui sont peut-être un peu démunis, qui ont des gamins qui font ça,
41:28ils n'ont pas accès, forcément, ou connaissance de toutes ces normes.
41:32Et je pense vraiment que le jeune, pour l'instant, il n'a pas peur, à 16 ans,
41:36de ce qu'il aura à 50 ans, en fait.
41:37Lui, il va voir, en achetant sur Internet, quel est le moins cher.
41:40Est-ce qu'on forme les gens dans les clubs à ça ?
41:42Est-ce qu'il y a des formations spécifiques
41:44pour être capables d'être pédagogiques avec ses enfants, avec ses adolescents ?
41:48Oui, oui, dans les formations de cadre de futur éducateur sportif,
41:52c'est des thématiques qui sont abordées.
41:54Après, c'est effectivement de la pédagogie qu'on a avec les jeunes,
41:57régulièrement, parce qu'il y a ça, il y a tous les compléments alimentaires,
42:00et il y a aussi tout ce qui est automédication,
42:02où les jeunes, on insiste beaucoup là-dessus,
42:05parce que dans notre discipline, je pense que c'est le principal danger.
42:08On n'a pas une discipline avec une grosse pression sociale
42:10pour réussir à gagner des milliers d'euros plus tard.
42:12Donc, on est peut-être un petit peu plus à l'abri.
42:16Par contre, le jeune qui va aller prendre n'importe quel tube de médicaments
42:20dans la pharmacie de ses parents, juste parce qu'il est moins bien un jour,
42:24c'est là où on essaie de leur faire comprendre
42:25que ce ne sont pas des gens normaux, en fait, les sportifs.
42:29Ils ont un parcours différent, donc il faut qu'ils fassent attention.
42:32Et effectivement, ils sont une population où forcément,
42:35il y a plus de contrôle, comme on disait tout à l'heure,
42:36dans les facs de médecine ou peut-être les boutiques,
42:38parce que vu qu'on cherche, on trouve.
42:40Donc, on essaie de leur faire comprendre
42:42que certains médicaments grand public ne le sont pas pour eux.
42:45Donc, c'est un peu de la pédagogie où on se sert aussi de la FLD,
42:49du site où on leur dit à chaque fois que tu prends un médicament,
42:51tu vas taper sur le moteur de recherche et tu regardes.
42:53Donc, on essaie de leur faire un petit peu de pédagogie là-dessus.
42:56François Chapuis, professeur de médecine,
42:58si vous avez des jeunes face à vous,
43:00qu'est-ce que vous leur dites en premier pour un jeune de 14, 15 ans
43:04qui ne sait pas trop où il en est, qui aimerait intégrer un peu l'espoir
43:07et qui sent qu'il manque un petit truc et qui a envie de passer de France sur le pas ?
43:12Il faut le rassurer.
43:13Le jeune, il faut le rassurer.
43:15S'il est inquiet, il va chercher à se rassurer.
43:17Il va chercher à aller dans le monde de la magie,
43:20aller chercher quelque chose qu'il n'a pas,
43:22qu'il va croire être utile pour lui et qu'il ne le sera pas.
43:25Mais votre émission pose une excellente question
43:27parce que le dopage chez le jeune, chez l'adolescent,
43:30c'est une question nouvelle.
43:32C'est une question nouvelle.
43:33On l'a dit tout à l'heure, l'accélération, l'accès-facilité
43:37font probablement que l'adolescent va être plus en mesure d'aller trouver des produits
43:42qu'il n'aurait probablement pas cherché et certainement pas trouvé il y a d'autres temps.
43:47Et si on dit nouvelle question, il faut probablement avoir une nouvelle approche
43:51parce que l'adolescent, ce n'est pas un adulte en modèle miniature.
43:55Et les techniques que nous avons pour lutter contre le dopage chez les adultes,
43:58connues jusqu'à maintenant, doivent probablement évoluer
44:01pour prévenir ce même dopage, mais chez l'adolescent cette fois-là.
44:05Alors, quelle piste pour l'adolescent qui n'a pas un mode de réflexion comparable à un adulte, évidemment ?
44:11Les pistes principales, le rassurer, je veux bien.
44:14L'accompagner, éviter la sanction.
44:17L'adolescent, vous lui interdisez quelque chose, il va transgresser pour se réaliser.
44:20Donc, éviter la sanction, accompagner, comprendre, ne pas le lâcher.
44:24Je crois que ce qui est fait dans les pôles d'espoir, c'est accompagner, expliquer, former,
44:30former les formateurs et puis accompagner l'adolescent.
44:36Mais ça commence même avant l'adolescent, ça commence très tôt.
44:40Si un a commencé à six ans, à six ans,
44:43il pouvait être tenté d'avoir une approche de la performance qui soit un peu artificielle.
44:50D'une façon ou d'une autre.
44:52Steve, qu'est-ce que tu dirais, toi, à ces adolescents ?
44:57Tu les as face à toi, ce que tu as vu pendant ta carrière ?
45:01Moi, j'aime bien l'approche de François Chapuis,
45:07parce que j'aime bien cette notion d'accompagnement,
45:10parce que c'est vrai que cette émission, on parle des jeunes, on parle des adolescents.
45:16Il est interdit d'interdire aux adolescents.
45:18Qu'est-ce qu'on va leur interdire ?
45:21On va fermer la porte, ils vont sortir par la fenêtre et c'est comme ça qu'ils se construisent, d'ailleurs.
45:25Donc, qu'est-ce qu'on leur dit, Steve, à ces adolescents ?
45:27Déjà, effectivement, je suis assez d'accord avec les intervenants.
45:32Sauf que là, on parle quand même d'une nouvelle génération.
45:34Je pense que vous êtes d'une génération où si vous faisiez une connerie,
45:37vous preniez une baffe dans la tronche par l'instit et aussi une baffe par vos parents.
45:40Aujourd'hui, il faut les accompagner, il faut les chouchouter, il faut leur expliquer, etc.
45:46On parlait d'interdit.
45:47Moi, je n'ai jamais fumé de ma vie parce que ma mère m'a fait une telle pression,
45:51parce que c'était une ancienne fumeuse, que je savais que si un jour je sentais la clope,
45:54j'avais la peur de la sanction.
45:55Aujourd'hui, on n'a plus peur de la sanction.
45:57Donc, c'est un vaste sujet, un vaste débat.
46:01Aujourd'hui, on va peut-être passer plus de temps à accompagner quelqu'un
46:04qui a une attitude un peu bizarre, etc. pour ne pas qu'il flanche.
46:08Alors qu'il y a 20 ans, on lui aurait dit, tu sais quoi, mec, tu prends tes clics et tes claques,
46:12tu dégages, on ne s'occupe pas de toi, on va s'occuper des gens sérieux.
46:15Ça ne changera pas. L'évolution de la société, elle est là.
46:18Ça ne changera pas. Il faut s'adapter à cette évolution de la société.
46:22Justement, alors moi, j'ai eu une équipe.
46:24J'ai essayé d'entreprendre et de faire une équipe avec que des gamins,
46:28justement, des 17-20 ans.
46:30Aujourd'hui, j'ai arrêté.
46:31Aujourd'hui, j'ai arrêté, j'ai jeté l'affaire.
46:34Aujourd'hui, ces gamins regrettent parce que je les mettais dans un cocon
46:37peut-être un peu trop doré, avec le meilleur matériel,
46:40avec des très beaux déplacements.
46:42On essayait justement d'aller dans le sens de les accompagner au mieux
46:45pour la performance.
46:47Et pour le coup, aujourd'hui, moi, je suis incapable de le faire
46:50comme vous êtes en train de le faire sur le plateau.
46:52Et d'ailleurs, je vous tire mon chapeau parce qu'aujourd'hui,
46:54malheureusement, la jeune génération, elle n'en a rien à foutre,
46:57rien à carrer. C'est très compliqué.
46:59C'est là où, justement, je pense qu'il y a quelque chose à faire avec les éducateurs,
47:04de ne pas craquer, de ne pas avoir envie de leur mettre une grande claque
47:06derrière la tête pour qu'ils réagissent.
47:08Parce que quand on parle justement d'une dizaine, d'une quinzaine d'athlètes à gérer,
47:13il suffit d'avoir deux brigues bigaleuses pour que derrière, ça suive.
47:16Donc, non, non, chapeau si vous arrivez à aller dans le sens de les accompagner
47:21pour quelqu'un qui a décidé, un jeune de 14 ans qui a décidé
47:24de faire ce qu'il a envie. C'est extrêmement compliqué.
47:28Bon, maintenant, on se tire à cinq minutes.
47:29Je n'ai jamais vu une émission qui est passée aussi vite.
47:32Non, alors là, je comprends. Il s'est trompé, je crois. Il s'est trompé.
47:36Qu'est-ce que... J'aime beaucoup ce que vient de dire Steve.
47:38C'est assez courageux parce que c'est un peu...
47:40Ce n'est pas mainstream, comme on dit, mais c'est bien d'assumer ça.
47:45Il a laissé tomber parce que ces jeunes n'étaient pas... Voilà.
47:49Il faut trouver des solutions, là. Il faut trouver des solutions.
47:52Répondez à Steve, donnez-lui le moral. Remotivez-le pour qu'il s'occupe des jeunes.
47:57Moi, je ne serais pas aussi négative que Steve,
47:59mais bon, je n'ai certainement pas vécu les mêmes choses.
48:02Mais moi, je pense qu'il y a beaucoup d'espoir quand même dans l'éducation.
48:06L'éducation par le personnel d'encadrement, donc les éducateurs.
48:09On en a parlé tout à l'heure.
48:11Mais aussi par les pères, parce que je crois que si on donne des responsabilités aux jeunes,
48:15ils sont capables de les prendre et de réfléchir à...
48:19Alors, peut-être pas dans nos manières de réfléchir à nous,
48:22mais de réfléchir comment on peut faire sans. Voilà.
48:26Et moi, j'ai pas mal d'espoir en la jeunesse, au contraire de Steve.
48:32Je pense qu'il y a vraiment des choses à faire avec les jeunes, oui.
48:35Alors, il y a des champions français qui ont été des jeunes très prometteurs,
48:40puis qui, d'un seul coup, se sont fait dépasser,
48:42qui auraient pu avoir des palmarès pas possibles.
48:43Je pense à Diagana, par exemple,
48:45qui s'est contenté de quelques performances mondiales,
48:48mais qui, sans l'adversité d'OP, auraient eu des résultats bien meilleurs.
48:55Moi, je pose une autre question à Steve, parce que pardon,
48:57mais il est tellement provocateur que ça m'intéresse.
48:59Et après, on conclura ensemble.
49:00Mais Steve, un jeune, au milieu des années 90,
49:05auparavant, on avait quand même, alors je dis peut-être des bêtises,
49:08mais je les assume, on avait Antil, Merckx, Hinault,
49:13j'en reviens au vélo, finions, c'étaient les meilleurs.
49:17Ça prenait un peu d'enfaite, sans doute,
49:18ça prenait un peu de produit, comme ci, comme ça.
49:21Le meilleur était toujours le meilleur.
49:23En 96, Bjarne Rist, modeste équipier, devient vainqueur du tour,
49:29parce qu'on en a fait un homme bionique.
49:31Lorsqu'on est adolescent et qu'on se dit, Bjarne Rist,
49:34d'un seul coup, je revois encore cette scène,
49:36où il remonte les cinq échappés, il regarde Indurain,
49:39et hop, il s'en va tout seul.
49:40Je dis, mais qu'est-ce qui se passe ?
49:41Quand vous commentez, c'est vachement pratique.
49:42Vous savez que le gars, il est moyen, et d'un seul coup, c'est Superman.
49:46Qu'est-ce qu'on dit aux jeunes, alors que ça marche ?
49:49Alors aujourd'hui, évidemment, tout le monde sait qu'il était d'OP,
49:51il est mis au banc des accusés,
49:52ça ne l'empêche pas d'être directeur sportif,
49:55et peut-être de garder les mêmes habitudes, je ne sais pas,
49:58je n'ai pas d'informations.
49:59Mais qu'est-ce qu'on répond aux jeunes ?
50:01Et c'est là où le découragement, je pense qu'il peut être là aussi,
50:04c'est cette exemplarité de la tricherie.
50:06Parce qu'après, on va enlever, dix ans après, un titre à quelqu'un,
50:09mais celui qui n'était pas sur le podium, il s'est fait une dépression,
50:11il a perdu son sponsor, il a perdu de l'argent.
50:14C'est ça, moi, qui m'inquiète et qui me rend pessimiste.
50:17Oui, c'est vrai.
50:18Alors après, on m'a toujours quand même vendu le fait
50:20qu'on ne faisait pas d'un âne à un cheval de course,
50:22mais là où je suis d'accord avec toi, Patrick,
50:23effectivement, des biarneristes qui étaient des cinq équipiers
50:26et qui deviennent vainqueurs du Tour de France,
50:27ça devient très bizarre.
50:32Qu'est-ce qu'on dit aux jeunes ?
50:33Moi, contrairement, effectivement, à ce que je disais tout à l'heure,
50:36moi, je leur rentrais dans la gueule.
50:37Je leur disais qu'à un moment donné, si vous voulez marcher,
50:40la première chose à faire, c'est s'entraîner.
50:41Arrêtez de regarder à droite, à gauche, sur Internet,
50:45d'aller trouver un complément alimentaire,
50:46parce que de toute façon, si vous êtes des nannes,
50:48vous resterez des ânes.
50:50Donc, je pense que quand on a des prédispositions au départ,
50:54quand on s'entraîne correctement, qu'on mange correctement,
50:56qu'on a une mentalité pour aller au bout de ses rêves,
51:01à un moment donné, on y arrive.
51:02Moi, sincèrement, je leur disais,
51:05je n'étais pas fait pour faire le vélo.
51:07J'avais un gros caractère, l'envie de m'entraîner,
51:09de faire au mieux, de me donner au maximum.
51:11J'ai été très loin dans la douleur pour réussir à aller chercher.
51:15Je n'ai jamais fait le tour, mais j'ai fait six fois Paris-Roubaix, etc.
51:18Moi, j'ai essayé d'avoir un discours clair
51:21et leur dire qu'à un moment donné,
51:22il faut mettre aussi votre talent face à vous-même
51:26et leur dire la vérité et ne pas les caresser dans le sens du poil,
51:29à dire, ne t'inquiète pas mon coco,
51:30dans quatre ans, tu seras peut-être aux Jeux olympiques, etc.
51:33Et pour ne pas les inciter, finalement,
51:34à aller chercher des microsecondes à droite, à gauche,
51:37qui honnêtement, je leur disais,
51:38tu pisses dans un violon, ça fait le même effet.
51:41Réflexion.
51:42C'est vrai qu'au quotidien,
51:44on essaye de passer des messages assez clairs.
51:46C'est l'entraînement en général qui paye.
51:48Ce n'est pas tout ce qu'il y a autour.
51:49C'est bien s'entraîner.
51:50C'est ce que vous disiez tout à l'heure,
51:51bien dormir, faire attention à la récupération, l'hydratation.
51:54Je pense quand même que chez des jeunes,
51:55en tout cas, dont nous, on a la charge,
51:57s'ils respectent déjà l'entraînement,
51:58la récupération, l'hydratation, la nutrition,
52:01ils auront fait déjà une grande partie du boulot
52:04et ils ne seront pas obligés d'aller chercher le petit biais
52:07pour essayer de franchir un cap.
52:08Je suis d'accord avec vous.
52:09Il faut simplement que ce que vous dites, Antoine,
52:13il faut que la structure du sport en France
52:16soit capable de leur apporter ça.
52:18L'accompagnement, est-ce qu'aujourd'hui, on est prêt ?
52:20Est-ce qu'aujourd'hui, parce que c'est parfois aussi
52:22une carence de l'accompagnement, de la structure
52:25qui va faire que le gamin va se trouver libre à lui-même.
52:27Est-ce qu'on n'a pas fait de gros efforts ?
52:29Évidemment, on a des résultats maintenant.
52:31– Si, il y a des gros efforts qui ont été faits,
52:32notamment il y a des moyens qui ont été mis
52:35au niveau de l'Agence française de lutte contre le dopage
52:37qui a fait tout un programme de formation d'éducateurs
52:40qui a aidé les fédérations à mettre en place
52:42leur plan de prévention du dopage.
52:44Donc ça, je pense que c'est à souligner quand même.
52:46On n'a peut-être pas assez de moyens.
52:48De toute façon, les Français, on râle toujours,
52:49on n'a jamais assez de moyens.
52:51Mais moi, je trouve qu'il y a déjà des belles choses
52:52qui ont été mises en place.
52:53Et puis maintenant, il faut attendre aussi.
52:57Les choses, elles ne se font pas comme ça en cinq minutes.
53:00– François Chapuis, les accompagnés, sans les cajoler, comme disait Steve.
53:05– Mais les accompagnés, ça ne veut pas dire les cajoler.
53:08Les accompagnés, c'est leur dire
53:09ne cherche pas quelque chose de très compliqué.
53:13Je vais t'aider à donner le meilleur de toi-même.
53:15C'est ça l'accompagné à un athlète, aussi jeune soit-il.
53:18Et tout le monde n'a pas les mêmes performances.
53:20– Et puis les parents.
53:21– Notre rôle, c'est de l'accompagner.
53:23Et vous savez, pour les Jeux, vous citiez les Jeux Paris 2024,
53:27tous les accompagnateurs qui avaient un rôle officiel
53:30ont été tenus de remplir leurs obligations de formation
53:35à la prévention du dopage, tous.
53:37Ça commence par là.
53:38Alors, c'est assez contraignant.
53:39Et pourquoi pas contraindre un éducateur
53:42pour maintenir son brevet à valider une formation antidopage.
53:47La formation des formateurs, c'est indispensable.
53:49Dissocier performance et dopage, c'est indispensable.
53:52Accompagner, mais à donner le meilleur de soi-même
53:55plutôt qu'à tricher.
53:56On parlait des valeurs en France.
53:58Liberté, égalité, fraternité.
54:00L'égalité est rompue avec le dopage.
54:04Bon, donc, on ne discute pas.
54:06– Moi, j'aimerais faire une dernière déclaration aux parents.
54:10Steve, ce qu'il a dit, c'est très fort.
54:12Moi, je suis papa de nombreux enfants.
54:14Mais quand ma fille fait dixième au championnat départemental de cross-country,
54:18je la félicite, t'as fait le meilleur que tu pouvais.
54:21Et puis, comment t'as géré ta course ?
54:23Oui, je suis parti pas trop vite, puis après, j'en ai doublé plein.
54:25Bravo, t'as fait ce qu'il fallait.
54:27Et après, tu joues les régionaux et tu fais 26e, c'est formidable.
54:31Mais c'est pas, voilà...
54:33Ayez conscience que tout le monde ne sera pas champion olympique.
54:35Et valorisez la performance de vos enfants,
54:38mais valorisez-la sans leur dire,
54:39oui, tu pourrais faire mieux si tu travaillais plus, si tu faisais...
54:42Non, c'est comme à l'école, quoi, laissez-les vivre, OK ?
54:45– On a 600 000 enfants qui naissent par an en France,
54:48ça fait 600 000 adultes, ça ne fera pas 600 000 champions olympiques.
54:52– J'aime cette phrase de fin.
54:53Merci Steve, garde ton enthousiasme.
54:57Et bon, il ne faut pas trop taper derrière la tête des jeunes.
55:01– J'ai 80 ans, donc crois-moi, c'est vrai que chacun est différent.
55:05Je fais partie de ceux qui veulent accompagner mes enfants,
55:09mais je ne veux pas leur jeter de la poudre aux yeux.
55:11Et c'est malheureusement, je trouve,
55:13dans beaucoup de cas, on jette de la poudre aux yeux aux jeunes.
55:16Je l'ai déjà vu, en tout cas, dans le milieu du vélo.
55:18Et je pense qu'à un moment donné, il faut aussi leur expliquer
55:21qu'ils font du sport, c'est aussi pour se défouler,
55:23c'est pour se sentir bien.
55:24Ce n'est pas forcément pour aller chercher un maillot jaune,
55:26parce qu'il n'y en a qu'un par an.
55:28Et effectivement, il y a de quoi faire.
55:30Et juste dernière petite chose.
55:33J'ai téléphoné quand même ce matin
55:35au service médical de la Fédération française du cyclisme.
55:38Effectivement, il y a beaucoup de choses qui sont mises en place
55:40par notre fédération pour justement essayer de prévenir,
55:43de former les éducateurs pour que justement tous nos jeunes
55:47ne partent pas dans certaines dérives, que ce soit le jeu cycling, etc.
55:51Enfin voilà, je voulais venir cet après-midi avec de la matière.
55:54On n'a pas eu trop le temps d'en parler, mais c'est intéressant
55:56et je pense qu'on va dans le bon sens pour protéger nos jeunes.
55:59– Merci beaucoup. Et puisqu'on est sur le thème de la performance,
56:02je termine avec une victoire sur Siv, puisque je mène 5 enfants à 4.
56:07Et je vous souhaite à tous une bonne journée.
56:10Et je suis toujours très content de vous retrouver sur Sports en France.
56:12À bientôt, merci à vous tous.
56:14Et je remercie Anthony Drevet qui m'a aidé à préparer cette émission
56:17et François Caudal, notre réalisateur,
56:19Paul Lebret au son et Lisa Provins au maquillage.
56:23À très bientôt.
56:24Moi, j'adore Sports en France, on y est bien, je trouve.
56:25À très vite.
56:26– Sous-titrage Société Radio-Canada

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