Valérie Pécresse, présidente LR de la région Île-de-France, était l’invitée du Face à Face de ce lundi 17 mars. Elle a notamment été interrogée sur la réforme des retraites, la justice des mineurs, son soutien à Bruno Retailleau pour la présidence des LR ou encore sur l'armement de la police municipale.
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00:00Il est 8h32 sur AMC BFM TV. Bonjour Valérie Pécresse.
00:14Bonjour.
00:15Merci d'être dans ce studio pour répondre à mes questions.
00:17Vous êtes la présidente LR de la région Île-de-France.
00:19Vous êtes l'ancienne candidate à la présidentielle.
00:21De très nombreuses questions à vous poser sur la loi contre le narcotrafic,
00:25sur les négociations sur la réforme de retraite.
00:27J'ai bien compris que l'âge n'était plus vraiment négociable.
00:30Mais je voudrais commencer par ces images qui ont tourné en boucle ce week-end.
00:34On peut les voir sur BFM TV et je les décris pour ceux qui nous écoutent.
00:37On y voit un buraliste.
00:38Ça se passe à Savas dans la Drôme.
00:40Vendredi, un buraliste est dans son bureau de tabac.
00:44Un homme entre avec un fusil, tire, tire.
00:48Il m'a braqué, il a tiré.
00:49Par chance, je suis en vie.
00:50Voilà ce que dit le buraliste qui a fini par se protéger avec une table de son bistrot
00:54contre le fusil et a tenté de poursuivre le voleur
00:57qui d'ailleurs, à cette heure, n'a toujours pas été arrêté.
00:59La Fédération des Buralistes dit que ce n'est qu'un de plus.
01:02On a frôlé la catastrophe, il va finir par y avoir un mort.
01:05Voilà ce que dit la présidente de la Fédération des Buralistes.
01:08Cette violence extrême, c'est-à-dire que ce n'est pas juste un vol à l'ancienne.
01:12On dirait presque des images venues des États-Unis.
01:14C'est un vol avec un fusil qui rentre comme ça dans un bureau de tabac.
01:18Comment vous réagissez ?
01:20Ça fait déjà pas mal de temps que je demande un vrai choc d'autorité pour le pays.
01:25Et ce choc d'autorité, pour moi, il ne se fera que dans un continuum de sécurité.
01:30On a besoin aujourd'hui que la justice qui est complètement débordée fonctionne différemment.
01:36On a besoin qu'elle ait des auxiliaires dans la société.
01:40C'est pour ça que je propose par exemple qu'elle se concentre sur les affaires les plus graves
01:46et qu'un certain nombre de délits du quotidien,
01:49ces délits qui d'ailleurs parfois font l'objet de plaintes mais pas forcément de poursuites
01:53parce que la justice est débordée, puissent être confiés au maire.
01:57Que le maire puisse devenir un juge de paix pour ces petits délits du quotidien.
02:01Mais comment ? Les injures, les outrages ?
02:03Vous savez, avant, on avait des juges de paix.
02:06On avait des juges de paix, c'est-à-dire qu'ils siègent comme un tribunal municipal.
02:12Pourquoi je veux ça ? Je veux ça pour pouvoir désengorger la justice.
02:16Parce que la justice aujourd'hui, elle sanctionne trop tardivement.
02:19Elle sanctionne trop tardivement parce qu'elle est débordée.
02:22Et puis par ailleurs...
02:23Mais pardon, je m'arrête là-dessus parce que c'est assez surprenant et intéressant.
02:27C'est-à-dire qu'on a l'impression que c'est aussi Saint-Louis sous son arbre.
02:30Mais ça veut dire que vous estimez que les maires pourraient prendre des sanctions
02:37lorsqu'il y a des litiges ?
02:39Absolument.
02:40Mais des sanctions de quel ordre ?
02:42Par exemple, moi je crois beaucoup...
02:44Vous savez, les maires aujourd'hui, ils peuvent réunir, mais ce n'est pas obligatoire,
02:47un Conseil des droits et devoirs des familles.
02:50Un Conseil des droits et des devoirs des familles pour réunir les familles
02:54quand un jeune se comporte mal.
02:58Que ce soit dans le milieu scolaire, que ce soit dans la rue, que ce soit dans l'espace public.
03:02Vous les invitez à le faire davantage ?
03:03Moi je voudrais que ce Conseil des droits et familles soit obligatoire
03:06dans les villes de plus de 10 000 habitants.
03:08Après 10 000 habitants, on décidera, ça peut même être jusqu'à 5 000 habitants.
03:13Il faut qu'il y ait juste une administration qui puisse suivre le jeune et la famille.
03:18Et je pense qu'il faut pouvoir proposer des sanctions,
03:21des sanctions éducatives pour le jeune immédiatement,
03:24dès qu'il se fait remarquer, dès qu'il commence à mettre le souk,
03:28et puis éventuellement rappeler les parents à leurs responsabilités.
03:32Mais les maires...
03:33Il faut prendre des sanctions vis-à-vis des parents.
03:35Parce que vous savez que la société est très généreuse.
03:40On donne beaucoup d'aides aux familles, des aides aux vacances,
03:43des aides à la culture, des aides de toutes sortes.
03:45Si le jeune est délinquant et que les parents sont défaillants,
03:48il faut aussi pouvoir les sanctionner.
03:49Avec une question derrière cela qui est la question...
03:51C'est le rappel à la loi.
03:52De la capacité ou non de la France à continuer à être généreuse,
03:55comme vous le dites, puisque c'est un peu le débat qui commence à s'installer.
03:57Mais Valérie Pécresse, si je m'arrête quand même un instant sur cette question-là,
04:00les maires ils sont élus et ils sont de toutes étiquettes.
04:03Sur une question par exemple comme faut-il ou non armer la police municipale,
04:07vous le savez bien, y compris par exemple au sein des maires écolos,
04:11il y a celui de Bordeaux qui estime qu'il faut en effet que les policiers soient armés.
04:16Le maire de Grenoble qui, à l'inverse, dit non.
04:18Donc sur des questions comme l'armement ou non des policiers,
04:22comme la justice qu'il faudrait rendre sous telle et telle angle,
04:25comme les sanctions à prendre,
04:26est-ce que vous n'estimez pas qu'en donnant le pouvoir aux maires,
04:28on va avoir une justice éclatée en France ?
04:31Mais on aura déjà une justice.
04:33Parce que le problème c'est qu'il y a toute une série de petits actes
04:36qui ne sont pas du tout aujourd'hui sanctionnés.
04:38Et on aura aussi la prévention de la récidive.
04:41J'ajoute sur les polices municipales, moi je suis catégorique,
04:45aujourd'hui les polices municipales doivent devenir des vraies polices de proximité.
04:50Bruno Retailleau, ministre à l'intérieur,
04:53est en train de faire ce qu'on appelle le bovo des polices municipales.
04:56L'objectif c'est de donner plus de pouvoir à ces polices municipales
04:59pour qu'elles puissent être des vraies auxiliaires de la police nationale.
05:04Que la police nationale puisse se focaliser beaucoup plus sur l'ultra-violence,
05:08les enquêtes, le grand banditisme,
05:10et qu'en proximité vous ayez une police qui maille le terrain,
05:14qui fait de l'îlotage.
05:15Là-dessus je suis catégorique aussi,
05:17il faut rendre obligatoire l'armement des polices municipales dans les très grandes villes.
05:22Ce n'est pas normal qu'à Paris la police municipale ne soit pas armée,
05:25à Grenoble, à Nantes, on voit monter l'insécurité dans ces métropoles.
05:28Et tout repose sur la police nationale.
05:30Or la police nationale n'a plus les effectifs pour aller dans les zones plus rurales,
05:35comme ce village de la Drôme,
05:37qui est peut-être en zone gendarmerie,
05:39mais gendarmerie et police,
05:40on a besoin qu'ils soient sur la grosse délinquance,
05:43la délinquance ultra-violente.
05:45Et on a besoin que les polices municipales, elles,
05:47puissent occuper le terrain de la sécurité de proximité.
05:50À Paris, vous avez vu qu'il y a une recrudescence de couteaux,
05:53d'armes blanches saisies.
05:55Comme partout.
05:56Comme partout en France.
05:58Et pourquoi je parle de Paris ?
06:00C'est parce qu'à Paris, ils ont fait un hashtag
06:03Stop Couteaux.
06:04Je précise pour ceux qui nous écoutent à RMC
06:07que vous faites un visage mi-amusé, mi-ironique.
06:10Ben oui, on ne lutte pas contre des porteurs d'armes blanches
06:14avec des hashtags.
06:16On lutte en armant une police municipale.
06:18Parce que je ne vois pas comment une police municipale non armée
06:21peut lutter contre des délinquants qui ont des armes.
06:24Et en Ile-de-France, on a deux policiers municipaux,
06:27policières municipales, qui ont trouvé la mort.
06:29Mais c'est notamment aussi des armes de la jeunesse.
06:33On a notamment un projet d'attentat qui a été déjoué
06:37la semaine dernière avec un jeune de 17 ans
06:39qui a été arrêté.
06:41Ce jeune-là, il a été arrêté parce qu'il était en possession
06:44d'un couteau.
06:45Vous, vous êtes à la tête d'une présidence de région.
06:47La question de la vérification ou non des sacs,
06:50des collégiens, des lycéens,
06:52est-ce que vous estimez qu'il faut carrément le systématiser ?
06:56Non, je ne crois pas qu'il faille le systématiser
06:58parce que la vérité, c'est que dans un lycée ou dans un collège,
07:01on peut très bien aller mettre un couteau sous une grille
07:03et aller le récupérer après.
07:05Ce que je crois, c'est qu'il est indispensable
07:10pour les mineurs délinquants, qui sont de plus en plus jeunes
07:13et de plus en plus violents.
07:15C'est ça la réalité.
07:16Je préside la région la plus criminogène de France,
07:19c'est l'Ile-de-France.
07:20Je vois monter ces phénomènes de rixes, de bandes.
07:23Vous savez que j'étais obligée de créer
07:24des brigades régionales de sécurité dans les lycées.
07:27Ce sont 100 personnes qui aujourd'hui se déploient
07:30en brigades de 5 et qui ramènent le calme
07:32quand il y a des attaquants, des professeurs,
07:34des intrusions, des rixes, du deal, du racket.
07:39Ce que je veux dire, c'est qu'on voit monter
07:41cette délinquance juvénile.
07:43Pour la contrer, je le dis,
07:45il faut des sanctions immédiates pour les mineurs délinquants.
07:48Le vrai problème que nous avons,
07:49c'est que notre justice fait une césure aujourd'hui.
07:55La justice des mineurs.
07:57La justice des mineurs fait une césure.
07:59Ça veut dire qu'un jeune qui est pris la main dans le sac,
08:02il peut être aujourd'hui condamné.
08:06Pas encore en comparution immédiate,
08:08mais avec la loi Attal, on avance.
08:10Donc il peut être condamné,
08:12mais quand il sera condamné,
08:13il y a une césure entre le moment
08:15où on déclare qu'il est coupable
08:16et le moment où il va faire une peine.
08:18Il faut revenir à une justice des mineurs
08:20qui se donne en une seule fois ?
08:22Elle n'existe pas aujourd'hui.
08:23La condamnation et la peine ?
08:24Elle n'existe pas.
08:25Il faut changer profondément la justice des mineurs
08:27en acceptant la comparution immédiate des mineurs
08:29et la sanction immédiate.
08:31Ça va complètement contre toute la tradition
08:34qui est de dire qu'il faut faire une enquête sociale.
08:36L'enquête sociale va durer des mois.
08:38Le temps qu'on fasse cette enquête sociale,
08:40il n'y a pas de sanctions.
08:41Il ne faut plus d'enquête sociale ?
08:42Il faut de l'enquête sociale,
08:43mais le sujet, ce n'est pas ça.
08:44Il faut prévenir la récidive.
08:46Le problème, c'est quand on met huit mois
08:48entre le prononcé de la sanction et son exécution,
08:51on ne permet pas de stopper la spirale de la délinquance.
08:54Le gamin a volé un œuf,
08:57il finira par voler un bœuf.
08:59Tout ça parce que la société n'aura pas réagi assez vite.
09:02Je suis pour les courtes peines de prison.
09:04Appliquées tout de suite,
09:05comme le font nos voisins hollandais ?
09:07Exactement.
09:08Qui vont complètement à l'encontre
09:10de ce qu'on fait depuis des années.
09:11On considère que la prison,
09:13on doit repousser l'échéance
09:15à deux ans de condamnation ferme.
09:17Ce n'est plus possible.
09:18On aménage trop les peines.
09:20Aujourd'hui, une peine très courte de prison,
09:22d'une semaine, de deux semaines,
09:23c'est ce que font nos voisins
09:26pour stopper l'ultra-violence.
09:28Et ça marche.
09:29Mais il faut des prisons spécialisées
09:31pour les primo-condamnés.
09:32Des prisons spécialisées pour les primo-condamnés,
09:34des prisons spécialisées pour les narcotrafiquants.
09:37Absolument.
09:38Ça fait beaucoup, mais là-dessus,
09:39vous soutenez la loi sur le narcotrafic
09:40qui arrive aujourd'hui à l'Assemblée ?
09:42Non seulement je la soutiens,
09:44mais je dis que c'est un impératif national.
09:48Il faut se rendre compte.
09:49Et c'est en tant que présidente de la région
09:51où il y a le plus de narcotrafics.
09:54En France, que je parle,
09:56aujourd'hui, le narcotrafic,
09:57c'est un État mafieux dans l'État.
10:00Un État mafieux qui veut déstabiliser l'État.
10:02Alors, oui, le narcotrafic, il tue.
10:05Il plonge des familles dans des grandes détresses.
10:08Mais en plus de ça,
10:09il déstabilise la société française en entier.
10:12Parce qu'il y a des quartiers
10:13dans lesquels on gagne beaucoup plus en dealant
10:15qu'en allant faire des études.
10:17C'est ça qui est complètement déstructurant.
10:19Valérie Pécresse, pourquoi Bruno Retailleau
10:20n'est pas le renvoqué ?
10:23Pour plusieurs raisons.
10:24D'abord, parce que j'ai une dette d'honneur
10:26vis-à-vis de Bruno Retailleau.
10:28Et cette dette d'honneur, je veux...
10:30C'est quoi ?
10:31Qu'est-ce qu'il a fait pour vous,
10:32pour que vous en soyez...
10:34Une dette d'honneur de reconnaissance,
10:35parce que, je ne sais pas si dans votre vie,
10:38vous avez vécu des périodes
10:39où vous étiez vraiment face à une épreuve
10:43et vraiment seule.
10:45Si vous avez vécu ces périodes-là,
10:47vous savez qu'on n'oublie pas
10:48ceux qui vous tendent la main
10:50et qui sont présents
10:51et qui vous portent à ce moment-là.
10:53Je me sens presque émue là-dessus.
10:54Oui, Bruno Retailleau, en 2022,
10:56il a fait partie du très, très petit nombre
11:00de personnes qui m'ont aidée
11:02du début jusqu'à la fin.
11:03On a fait ensemble mon projet sur l'immigration.
11:06On a fait ensemble les 100 premiers jours
11:08d'une présidence pécresse
11:09qui n'a jamais eu lieu,
11:10qui n'a pas trouvé son public, on va dire.
11:12Mais il a été là.
11:13Il a été d'une loyauté sans faille.
11:15Et moi, je pense que c'est important dans la vie
11:17de savoir dire merci.
11:19C'est carrément une question humaine.
11:21Oui, c'est humain.
11:22C'est entre lui et moi.
11:23Mais au-delà de ça,
11:24il y a aussi un choix politique.
11:26Et ce choix politique, il n'est pas négligeable.
11:29Je pense aujourd'hui que Bruno Retailleau
11:32est l'homme de la situation
11:33pour relever la droite.
11:34Je pense qu'il l'est,
11:35parce que je pense que les Français,
11:37ils cherchent de la force,
11:40de la sincérité,
11:41ils cherchent des résultats aussi.
11:43Et c'est les principales critiques
11:45qu'on fait aux politiques.
11:46Mais sur la question des résultats,
11:47on en parlait à l'instant.
11:48La situation vous-même, vous le décriviez
11:50sur le plan notamment de la délinquance
11:52ou du narcotrafic.
11:53On ne peut pas dire franchement
11:54que les choses aillent très bien.
11:56Valérie Pécresse,
11:57sur la question du dossier algérien,
11:59le rapport avec l'Algérie,
12:01le fait que l'Algérie refuse pour l'heure
12:03de récupérer un certain nombre
12:05de ses ressortissants les plus dangereux.
12:07La liste a été donnée par Bruno Retailleau.
12:09Il menace de démissionner
12:10s'il n'est pas suivi
12:12sur le bras de fer avec l'Algérie.
12:14Est-ce que vous estimez
12:15qu'il faudrait dans ce cas
12:16qu'il démissionne vraiment ?
12:17Est-ce que c'est ça
12:18ce qu'il faut pour la France ?
12:19Il y a plusieurs questions dans la question.
12:20D'abord, sur les résultats,
12:21je note que la loi sur le narcotrafic
12:24est d'origine sénatoriale.
12:25C'est Bruno Retailleau
12:26qui l'a initiée quand il était sénateur.
12:28Aujourd'hui, il la porte au Parlement.
12:30Je m'y arrête une seconde.
12:31Je le dis, dévitaliser cette loi,
12:33ce serait une faute morale et politique.
12:35Je demande vraiment aux députés
12:37de se mobiliser pour cette loi
12:39aux côtés de Bruno Retailleau.
12:41Je précise les choses
12:42pour ceux qui nous écoutent.
12:43Il y a aussi une double lecture.
12:44Qui est le patron
12:45des députés LR à l'Assemblée ?
12:47C'est Laurent Wauquiez.
12:48Est-ce que vous pensez
12:49que la concurrence entre Laurent Wauquiez
12:50et Bruno Retailleau
12:51au niveau de LR
12:52pourrait fragiliser la loi elle-même ?
12:54Je ne l'imagine pas à un seul instant.
12:56Je ne l'imagine pas à un seul instant.
12:58En revanche, je vois que
12:59le bloc central, ça vacille.
13:01Je vois aussi que
13:03le rapporteur est socialiste de la loi.
13:05On n'a pas de majorité
13:06dans cette chambre introuvable.
13:08Le sujet, c'est que
13:10tout le monde doit être sur le pont.
13:12Ça, c'est sur le narcotrafic.
13:14Mais je n'élude pas votre question
13:16sur l'Algérie.
13:17Sur l'Algérie,
13:18je suis extrêmement heureuse
13:20que la position de fermeté
13:22qu'a défendue Bruno Retailleau
13:23soit majoritaire aujourd'hui
13:25au gouvernement.
13:27Je pense en plus que
13:29la façon dont les choses se présentent,
13:31c'est plutôt une main tendue
13:33au gouvernement algérien.
13:35Quelle est la situation ?
13:37On la connaît.
13:38Nous avons des accords
13:39qui sont très favorables
13:41aux ressortissants algériens en France.
13:43C'est le fruit de l'histoire.
13:45Mais en contrepartie de ces accords,
13:47le gouvernement algérien s'est engagé
13:49là encore, c'est des accords,
13:51s'est engagé en contrepartie
13:53à reprendre ces ressortissants
13:55sans aucune autorisation
13:57s'ils ont des papiers en règle
13:59et qu'ils sont dangereux.
14:01Mais s'il n'y a pas de bilan
14:02à la fois sur la question
14:03de la délinquance, du narcotrafic
14:05et peut-être de l'Algérie,
14:07puisque pour l'instant, en tout cas,
14:09il n'y a pas...
14:10Vous dites une main tendue,
14:11mais elle n'est pas saisie
14:12pour l'instant par l'Algérie.
14:13Est-ce que Bruno Retailleau
14:14ne sera pas défait
14:16par son bilan, en quelque sorte ?
14:18Bruno Retailleau,
14:19c'est un homme de conviction.
14:20Je vais vous raconter une anecdote
14:22que je n'ai encore jamais racontée,
14:24mais il y a quelques mois,
14:26vous savez, quand François Bayrou
14:28a fait son gouvernement
14:30pour ne pas avoir de censure,
14:32à un moment, il y a eu la tentation
14:35de revenir sur la réforme des retraites.
14:38Et pendant 2-3 jours,
14:40on n'a pas très bien su
14:42qu'elle allait être la solution.
14:43Puis finalement, ça a été le conclave.
14:45Le fameux conclave.
14:46On en parlera peut-être.
14:47Oui, on y viendra dans un instant.
14:48On en parlera peut-être.
14:49Mais il y a eu quand même la tentation
14:51ou le risque que la réforme
14:54des retraites soit totalement détricotée.
14:56Et à ce moment-là, j'avais pris la parole
14:58et j'avais dit,
14:59si le gouvernement Bayrou
15:01détricote la réforme des retraites,
15:03nous ne pourrons plus
15:04continuer à le soutenir,
15:05nous ne pourrons plus rester
15:06dans ce gouvernement.
15:07Et j'avais appelé à l'époque
15:08Bruno Retailleau pour lui dire
15:09que j'allais le dire.
15:11Je ne voulais pas le fragiliser,
15:13le mettre en situation
15:15compliquée.
15:17Je lui avais dit,
15:18je pense qu'on ne pourra pas rester
15:20et je vais le dire.
15:22Et il m'avait répondu,
15:23mais je partage ton opinion.
15:25C'est-à-dire que Bruno Retailleau
15:27n'est pas un homme qui...
15:30Vous voulez dire qu'il n'est pas accroché,
15:32c'est-à-dire qu'il était prêt
15:33à ne pas rentrer dans ce cas-là
15:34dans le gouvernement ?
15:35C'est un homme qui met
15:37ses opinions, ses convictions
15:39avant ses ambitions.
15:41Sur la réforme, justement, à 62 ans,
15:44qui était une perspective
15:46que certains dans le conclave
15:48voulaient pouvoir aborder.
15:50Il n'y avait, soit disant,
15:51ni tabou ni totem.
15:52Désormais, on l'a compris,
15:53François Bayrou dit,
15:54le contexte ne le permet pas.
15:56Est-ce que c'est vraiment le contexte
15:57qui ne le permet pas ?
15:58Et est-ce qu'au fond,
15:59ce conclave a encore un sens ?
16:01Si j'étais un peu sincère,
16:03je vous dirais que le contexte
16:04ne l'a jamais permis.
16:05Le contexte ne l'a jamais permis.
16:07Mais alors pourquoi leur avoir fait croire
16:10qu'ils allaient pouvoir débattre
16:11en toute liberté ?
16:14Parce que, alors,
16:15il peut y avoir une interprétation
16:18qui est très positive,
16:19c'est de dire aux partenaires sociaux
16:20« Écoutez, moi, je vous demande
16:21de débattre en toute liberté,
16:23mais dans un cadre financier contraint.
16:25C'est-à-dire, je vous demande
16:26de débattre, mais sans que ça me coûte
16:28un euro de plus. »
16:29Mais il peut y avoir aussi
16:30une interprétation moins positive,
16:31si je peux me permettre,
16:32c'est-à-dire un peu plus filoute.
16:34Non, ce n'est pas filoute,
16:35c'est de mettre enfin
16:36les partenaires sociaux
16:37en responsabilité,
16:38de leur dire « Écoutez,
16:39voilà les amis,
16:40vous nous dites qu'on peut faire
16:41autrement avec le même argent,
16:43montrez-nous comment on peut faire
16:44autrement avec le même argent. »
16:46La vérité, c'est qu'on ne peut pas
16:47faire autrement.
16:48On ne peut pas faire autrement
16:49que de repousser
16:50l'âge de départ à la retraite.
16:51C'est la seule réforme.
16:52Le repousser, c'est-à-dire
16:53que ce n'est pas juste
16:54rester à 64 ans,
16:55c'est le repousser.
16:56Non, non, c'est 64 ans.
16:57Pas davantage.
16:58On ne peut pas faire autrement
16:59que d'aller à 64 ans.
17:00On ne peut pas revenir en arrière,
17:02parce que si on revenait en arrière,
17:04ce seraient des dizaines
17:05de milliards d'euros
17:06qu'il faudrait trouver.
17:07Mais je vous propose la question,
17:08est-ce que le conclament
17:09en fera sens dans ce cas ?
17:10Non, à mon avis,
17:11en tout cas,
17:12il est quasiment caduque,
17:13parce que la vérité,
17:14c'est que je pense
17:15que certains partenaires sociaux
17:18ont cru qu'ils pourraient
17:19obtenir le retour à 62 ans.
17:21Or, ça, c'était évidemment
17:22pas possible.
17:23Oui, mais est-ce qu'on ne l'aurait
17:24pas fait croire ?
17:25C'était ma question
17:26quand je vous disais Philou.
17:27Ça, c'est au Premier ministre
17:28de nous le dire.
17:29La vérité, moi,
17:30je l'ai toujours dite
17:31aux Français,
17:32toujours, depuis le début,
17:34on ne peut pas,
17:35quand on vit plus longtemps,
17:37ne pas travailler plus longtemps.
17:38Sinon, on met nos retraites
17:40en faillite.
17:41Et moi, ce que je propose,
17:43je propose autre chose,
17:44parce que finalement,
17:45il faut changer.
17:46C'est comme pour la justice.
17:47Qu'est-ce qu'on peut faire ?
17:48Il faut changer de paradigme.
17:49Il faut indexer.
17:51Indexer automatiquement
17:53l'âge de départ
17:54avec l'augmentation
17:55de l'espérance de vie.
17:56Parce qu'on se fait un psychodrame
17:58tous les deux ans,
17:59là où une partie
18:00de nos voisins, en fait,
18:02ils ont mis en place
18:03un système qui est juste,
18:04qui est de dire,
18:05si on vit jusqu'à 80 ans,
18:08eh bien, c'est 64 ans.
18:10Mais si on vit jusqu'à 85 ans...
18:11Mais l'espérance de vie
18:12de manière générale
18:13ou l'espérance de vie par filière,
18:14si je puis me permettre ?
18:15Parce qu'il y a quand même
18:16une espérance de vie
18:17beaucoup plus longue
18:18suivant que vous avez passé
18:19votre vie derrière un écran
18:20dans un bureau
18:21ou si vous avez été,
18:22effectivement, à l'usine.
18:23C'est tout à fait justifié
18:24comme remarque.
18:25Moi, je crois qu'il faut
18:26que ce soit l'espérance de vie
18:27générale,
18:28mais je pense qu'en revanche,
18:29il faut accepter
18:30que la pénibilité des métiers
18:31soit discutée
18:32en fonction des manches.
18:33Parce que c'est évident
18:35qu'on ne fera pas travailler
18:36un ouvrier du bâtiment
18:37aussi longtemps,
18:38effectivement,
18:39qu'un cadre dans une entreprise.
18:40Valérie Pécresse,
18:41le voile dans le sport,
18:42est-ce que vous estimez
18:43que c'est de l'antrisme ou non ?
18:44La loi adoptée par le Sénat
18:46veut interdiction du voile
18:47dans les fédérations sportives.
18:48La ministre des Sports, elle,
18:50estime que le port du voile
18:51n'est pas de l'antrisme.
18:52Et vous ?
18:53Moi, je crois qu'il faut
18:54une règle claire.
18:55C'est comme pour le voile
18:56à l'école.
18:57Il faut que le Parlement
18:59se prononce
19:00et il faut que le Parlement
19:01dise le droit.
19:02Pourquoi je dis ça ?
19:03Parce que j'ai
19:04beaucoup de compétitions sportives
19:05qui se déroulent aujourd'hui.
19:06Puisque l'idée,
19:07ce serait d'interdire le voile
19:08dans les compétitions sportives.
19:10C'est assez logique
19:11parce que l'équipe de France
19:13n'est pas voilée.
19:14Donc, je ne comprends pas
19:15pourquoi on dit
19:16l'équipe de France
19:17ne doit pas être voilée
19:18et qu'on dit
19:19dans les compétitions sportives,
19:20les autres équipes ont le droit.
19:21Moi, j'aime cette idée
19:22de neutralité du sport.
19:24J'aime l'idée
19:25que les jeunes filles
19:26qui pratiquent du sport,
19:27on ne les stigmatise pas
19:29en disant
19:30tiens, il y en a une
19:31qui est musulmane.
19:32Je suis pour la neutralité.
19:33Mais, je pense surtout
19:35qu'il faut,
19:36quelle que soit la décision,
19:37il faut lui dire le droit.
19:39Parce que j'ai des arbitres
19:40qui ont parfois
19:4116 ans, 17 ans,
19:42qui se retrouvent
19:43en train d'arbitrer
19:44des compétitions
19:45de U12, U14
19:47de jeunes filles.
19:48Et c'est à elles,
19:50les arbitres,
19:51de faire la police
19:52dans une compétition
19:53qui se déroule
19:54ici ou là.
19:55Ça n'est pas possible.
19:56Vous comprenez bien
19:57qu'on ne peut pas laisser
19:58les arbitres décider
19:59toutes seules.
20:00Donc, c'est les fédérations
20:02certaines ont pris
20:03leurs responsabilités.
20:04La fédération de foot,
20:05la fédération de basket,
20:06elles ont érigé
20:07des règles claires.
20:08Mais vous estimez que la règle
20:09elle doit être la même
20:10pour tout le monde.
20:11Mais oui, moi je crois
20:12qu'il faut une règle
20:13pour tous.
20:14Je pense que le Parlement
20:15ne doit pas se décharger
20:16de ses responsabilités
20:17sur des clubs sportifs
20:19qui sont eux
20:20complètement démunis
20:21pour le faire.
20:22Et des jeunes femmes
20:23qui sont arbitres
20:24qui ne sont même peut-être pas majeures.
20:25Merci Valérie Pécresse
20:26d'avoir répondu à mes questions
20:27présidentielles
20:28de la région Île-de-France.