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00:00On parle du marché locatif, un sujet que vous connaissez très bien, Naïg Le Meur.
00:03La FNIM, la Fédération Nationale de l'Immobilier, nous a dit en début d'année
00:08qu'elle avait vu le nombre des mandats de gestion locative de ses adhérents
00:12chuter de 30% en 2024 par rapport à 2023.
00:17Le réseau d'agences immobilières Foncia a vu le nombre de ses clients propriétaires bailleurs
00:22fondre de 25% sur la même période.
00:26C'est vrai qu'entre l'encadrement des loyers, l'explosion de la taxe foncière,
00:33l'interdiction progressive de mise en location des passoires thermiques,
00:37ce n'est pas évident aujourd'hui d'être propriétaire bailleur.
00:41Et pourtant, Dieu sait qu'on en a besoin des propriétaires bailleurs pour loger les gens.
00:44Le marché locatif s'est réduit comme peau de chagrin ces dernières années.
00:49C'est d'ailleurs l'intention du Premier ministre de relancer l'investissement locatif.
00:54Mais pour l'instant, il est resté assez discret sur les moyens d'y parvenir.
00:59Est-ce que vous, qui aviez justement remis un rapport sur la fiscalité locative au gouvernement
01:05en juillet dernier, est-ce que vous avez des solutions
01:08pour essayer de relancer l'investissement locatif en France ?
01:11Alors des solutions immédiates, ça demande quand même un peu plus de réflexion.
01:15Bien sûr. Cependant, effectivement, le constat, il est là.
01:18Il y a quand même une baisse parce qu'il y a un manque de confiance aussi
01:21de la part des propriétaires que de confier son bien.
01:24Seulement, on est quand même avec des professionnels en face
01:26qui vous permettent de garantir notamment tout ce qui est loyens payés
01:29et qui reste quand même l'une des plus grosses angoisses du propriétaire
01:33qui est de confier son bien et de risquer d'avoir un bien dégradé ou de ne pas le récupérer.
01:38Donc ça, c'est quand même la première angoisse qui est au-delà même de se dire
01:41est-ce qu'on investit, est-ce qu'on n'investit pas ?
01:43On est déjà propriétaire. Mais qu'est-ce qu'on fait de notre bien ?
01:46Avec la complexité que vous avez aussi nommée,
01:49maintenant de normes et de réglementations qui sont venues se surajouter,
01:52qui rend moins aisé ou moins perceptible la possibilité de mettre son bien en location.
01:58Donc il y a quelque chose de clair.
01:59C'est vrai qu'il est beaucoup plus aisé de passer par un professionnel maintenant pour louer son bien.
02:04Il faudrait qu'on retourne dans cette dynamique-là pour assurer aussi les propriétaires.
02:09Maintenant, effectivement, il y a cette nécessité d'amener à avoir trouvé encore des investisseurs
02:15parce qu'effectivement, la rentabilité n'est plus la même,
02:18notamment sur l'immobilier, vu les coûts des matériaux, le coût du foncier et le coût des taux d'empreintes.
02:24Donc effectivement, tout ça fait que ce n'est plus aussi rentable que d'investir.
02:30Nous, ce que l'on souhaite, c'est booster cet investissement.
02:33Donc il va falloir trouver un moyen fiscal parce que c'est souvent la fiscalité
02:37qui permet quand même d'être un booster pour le faire, mais sur un bon outil, sur un bon usage.
02:42C'est-à-dire que le bien qui va être peut-être soumis à ces critères d'investissement,
02:47il faut qu'il soit un usage d'intérêts communs, intérêts collectifs, intérêts sociétals.
02:52Donc peut-être mettre des critères liés justement à une économie locale, à une réindustrialisation d'un territoire,
02:57et bien là, on va peut-être inciter plus que sur un autre, faire des contractualisations avec les communes.
03:02Ça permettrait peut-être d'avoir justement cet avantage fiscal pour permettre l'investissement
03:08où, je continue mon raisonnement, par exemple, on a besoin de logements,
03:12notamment pour les étudiants, saisonniers, personnes âgées, vu la démographie vieillissante.
03:17Là, j'envisage de faire, c'est prévu dans quelques semaines, justement un rapport sur ce sujet
03:23avec la Commission des affaires économiques pour justement aller dans...
03:27pour qu'on retrouve des investisseurs dans ces objets-là.
03:30Parce qu'il faut quand même avoir un objet politique sur l'investissement
03:32et qu'on ne dise pas, vous êtes investisseur, vous faites où vous voulez, comme vous voulez.
03:36Il y a un moment où on a une nécessité que l'investissement se fasse dans le bon objet.
03:41C'est-à-dire que si, dans un territoire, je loue mon logement à quelqu'un,
03:47enfin à un saisonnier peut-être, là, j'ai un avantage fiscal ?
03:51Enfin, ce serait aussi précis que ça ?
03:54Moi, c'est ce que j'aimerais.
03:55Oui, d'accord.
03:56Moi, personnellement, je me dis qu'au bout d'un moment,
03:59il faudrait vraiment qu'on arrive à amener à un usage particulier.
04:02C'est-à-dire que l'investisseur...
04:04Alors, on va revenir un peu sur les travaux que j'ai pu mener.
04:07C'est vrai que pendant des années, il y a eu des investisseurs qui sont allés
04:09plus vers de l'allocation de courte durée pour plein de raisons qui étaient tout à fait légitimes.
04:13Effectivement, il y avait beaucoup plus d'avantages et moins de risques.
04:17Maintenant, on se dit qu'il faut inverser un petit peu ce critère d'investissement
04:20et le ramener vers quelque chose d'utile pour les territoires
04:23qui sont notamment liés au travail, mais liés aussi aux études,
04:27mais aussi en lien avec une démographie vieillissante.
04:30Quand on dit qu'il faut bien vieillir chez soi, il y a un moment où on se pose la question
04:33mais qui va investir, comment faire et donc comment accompagner ces investissements ?
04:37L'investissement, il ne peut pas être uniquement public,
04:40il faut trouver des investisseurs aussi privés pour accompagner justement ces modèles.
04:44Si je loue à ces publics-là, étudiants, saisonniers, actifs, près du lieu où ils travaillent,
04:52je pourrais éventuellement avoir un avantage fiscal dans ces cas précis ?
04:56C'est ce que moi, je le souhaite et faire aussi que cet investissement
04:59soit par contre sous des critères de loyer abordable
05:02parce que c'était aussi l'une des notions du rapport sur la fiscalité
05:06que j'ai pu remettre à Gabriel Attal et à Elisabeth Borne,
05:09c'était justement que si ce loyer soit abordable.
05:13Donc cet accompagnement, il doit être aussi gagnant-gagnant,
05:15c'est-à-dire gagnant pour l'investisseur, mais gagnant aussi pour l'occupant.
05:18Alors gagnant pour l'investisseur, ce n'est pas exactement le cas aujourd'hui
05:21puisque les investisseurs désinvestissent.
05:23C'est dramatique puisqu'effectivement, ils ont subi une inflation,
05:28mais ça vous le savez déjà, une inflation normative sans précédent
05:32avec un empilement de contraintes qui sont parfois même des injonctions
05:37contradictoires et qui sont délétères pour le logement des Français
05:40qui peinent à se loger puisque la précarité au logement s'est accrue
05:43de manière exponentielle dans les trois dernières années.
05:46On a vu doubler dans les dix dernières années le nombre de SDF.
05:48Le rapport qui a été publié le 1er février par la Fondation Abbé Pierre,
05:53maintenant la Fondation pour le logement, est assez critique.
05:59Ce n'est pas une opposition politique du style on fait tout pour casser
06:04finalement la machine de l'investissement.
06:06Mais avouez quand même qu'il y a une espèce de conjonction
06:10d'événements successifs qui ont non seulement provoqué un désinvestissement
06:14majeur, mais même poussé les propriétaires carrément à ne plus mettre
06:18leur bien sur le marché locatif, le conserver.
06:22Donc les appartements vacants, c'est un sujet extrêmement important.
06:27Comment on fait quand on voit la difficulté pour obtenir effectivement
06:31le budget ? Bien sûr, on a compris que c'était un problème de majorité
06:34et que les risques politiques étaient évidents, mais avouez quand même
06:38que dans le projet qui a été retenu, à part l'élargissement du PTZ,
06:43qui était d'ailleurs qu'un retour au PTZ de 2023, je précise,
06:47qu'on va faire une énième commission sur le statut du bailleur privé
06:52pour bis répétita alors qu'en réalité, on est prêt d'ailleurs à travailler
06:56sur un vrai projet de loi que d'ailleurs, vous avez été l'une des seules députés
07:00à défendre bec et ongle le rééquilibrage fiscal.
07:03Il faut le dire, ce que vous avez fait, c'est remarquable parce que vous avez
07:06permis le rééquilibrage qui était quand même incroyable entre la location
07:09meublée saisonnière et la location meublée dite classique et longue.
07:14Alors, je sais que vous faites partie de la majorité présidentielle.
07:20Donc, je ne vais pas vous demander de critique, mais quand même le constat
07:23aujourd'hui, quand on voit les chiffres à Naïg, ils sont quand même assez sidérant,
07:26voire dramatique. Les chiffres sont dramatiques, ça, le constat, on est tous d'accord.
07:30Pourquoi on va attendre? Pourquoi? Pourquoi il faut attendre?
07:33Pourquoi on crée encore une commission sur le statut du bailleur privé?
07:36Pourquoi on ne le fait pas tout de suite? Pourquoi on ne dit pas maintenant?
07:38Voilà, OK, on va essayer de faire une loi d'exception, une loi, une dérogation.
07:43On va dire aux propriétaires, vous allez amortir votre bien et on va
07:46sanctuariser l'amortissement juste pour loger les Français.
07:49Vous voyez ce que je veux dire? Je comprends tout ce que vous demandez
07:51aux propriétaires de baisser leur loyer. OK, mais en même temps,
07:54on voulait taper fiscalement. Donc, à un moment donné, les mecs,
07:57ils sont débordés. Je caricature un peu, mais oui, c'est un petit peu
08:01caricaturé, mais le statut de bailleur, en fait, ça a été un engagement
08:05aussi de la ministre Valérie Letart que de mettre en place.
08:10Effectivement, peut être un énième, on peut le dire, groupe de travail.
08:13Mais moi, au vu des discussions que j'ai pu avoir, ça et là,
08:17tout le monde n'est pas d'accord non plus sur qu'est ce que c'est qu'un statut de bailleur privé?
08:21Donc, il va falloir se mettre aussi en cohérence.
08:23Ce n'est pas uniquement un statut fiscal.
08:26Un mobilier neuf, visiblement, tout le monde n'est pas sur la longueur d'onde pour ce statut fiscal du bailleur privé.
08:31Mais si déjà on l'avait sur le statut du bailleur privé pour l'ancien,
08:37par exemple, un peu dans la mouture de ce qu'avait pensé à l'époque
08:40Julien Denormandie pour aller au bout de l'idée.
08:43Ce serait déjà pas mal puisque quand on compare aujourd'hui le logement neuf
08:46et le logement du bâtiment ancien, le bâtiment ancien loge les deux tiers des Français.
08:51Dans le rapport que j'avais remis, justement, j'avais signifié qu'il fallait revenir sur la notion de Denormandie
08:56et qu'il fallait peut être aller au delà, le rendre plus pérenne,
08:59lui donner beaucoup plus de poids et de pouvoir.
09:02Je pense que l'objet était déjà existant, ça ne sert à rien de refaire une énième dans l'ancien.
09:08Voilà, le reconsidérer, le remettre à sa juste place parce qu'il n'a pas été pour moi,
09:13il n'a pas eu un succès fou, donc il va falloir peut être le retravailler
09:17pour permettre de repartir sur cette base là.
09:19Effectivement, je pense qu'il est utile, indispensable parce que pour nos coeurs de ville,
09:23moi, je suis d'une ville moyenne.
09:24On a réellement besoin, c'est vraiment un besoin.
09:28Maintenant, il va falloir qu'on se mette aussi en concorde que ce n'est pas uniquement
09:32la recherche encore d'une énième niche fiscale au profit des gens.
09:37Il n'y en a plus de niche fiscale, mais l'objectif n'est pas là.
09:40L'objectif est d'accompagner fiscalement, mais il n'y aura pas que du fiscal.
09:44Pour moi, je considère qu'il y a aussi cette notion d'assurance,
09:47d'assurer le lien entre le propriétaire et le locataire, de rééquilibrer ce lien.
09:53Il y a peut être une réflexion aussi à faire sur les baux,
09:56il y a des réflexions à aller au-delà même de ce statut.
09:59Sur le rééquilibrage du lien entre locataire et propriétaire ?
10:03Ce que veut le propriétaire, c'est toucher son loyer.
10:06Voilà, le propriétaire veut toucher son loyer,
10:08donc du coup, il va être garanti de ça et de retrouver son bien.
10:11Et des fois, on a des retours qui sont un petit peu dans le sens,
10:14oui, mais le locataire en place, il a tout pouvoir.
10:18Ce qui n'est pas vrai, parce qu'il y a un bail qui est conclu et qui est déjà signé.
10:21Peut-être que ce bail doit être aussi revisité pour le rendre des fois plus souple,
10:25pour pouvoir récupérer son bien, peut-être dans un terme plus bref.
10:29Ça se discute, c'est un bail, c'est un contrat synagmatique.
10:33Chacun donne et signe en bas de la feuille en disant, moi, je suis d'accord.
10:37Vous êtes d'accord que le bail est très protecteur pour le consommateur ?
10:40Il n'est plus protecteur, mais ce qui permet aussi aux gens de se projeter
10:44dans une vie active à un endroit, à un lieu, ça sécurise aussi le locataire.
10:48Maintenant, effectivement, on sent que de plus en plus, en fait,
10:51il y a de la mobilité aussi professionnelle qui se crée.
10:53Il faudra peut-être s'adapter à cette mobilité, à ce changement de vie,
10:56avec des mots peut-être plus courts à établir.
10:59Mais c'est quelque chose à réfléchir.
11:01Je ne dis pas qu'il faut le faire là immédiatement,
11:04mais il y a une demande dans ces sujets là.
11:07Il y a un autre sujet, moi, qui m'alarme beaucoup.
11:09C'est dans des villes, effectivement, des villes moyennes.
11:11J'étais l'autre jour à Chinon, le maire m'en a parlé aussi.
11:14C'est la conquête des hauts d'immeubles qui sont soumis à un bail commercial
11:18et qui, en fait, sont désignés en réserve alors qu'on pourrait très bien faire du logement.
11:21Donc, il y a peut-être une volonté aussi que d'aller améliorer cet habitat de coeur de ville
11:26là où il y a les mobilités, il y a les services, etc.
11:29On va creuser cette question, si vous voulez bien.
11:31Merci de vous prêter à l'exercice.