Le procès historique de Joël Le Scouarnec s'est ouvert le 24 février à Vannes. L'ex-chirurgien pédocriminel comparait pour viols et agressions sexuelles sur 299 victimes. Parmi elles, Amélie Lévêque-Merle, opérée à Loches, en Indre-et-Loire, en 1991. Elle est la seule à témoigner à visage découvert avant ce procès. Brut l'a rencontrée.
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00:00Je suis victime de Joël Le Squarnek, j'ai été violée en salle de réveil en 1991 à la clinique de la Fontaine de Loche.
00:08Je l'ai découvert en 2019 à la lecture d'un journal où j'ai reconnu mon histoire et j'ai remonté le fil des événements avec mon médecin et mon avocate.
00:19Et donc j'ai eu confirmation que j'étais bien dans les carnets de Joël Le Squarnek.
00:25Ça a été très difficile en 2019 quand j'ai su que j'étais dans les carnets.
00:29Il y a eu aussi une espèce de réponse à des questions, des explications aussi.
00:35Depuis l'opération, puis quatre ans après l'opération, j'ai vraiment découvert que j'avais une phobie des aiguilles, du milieu médical.
00:43Beaucoup de passages un peu dépressifs, beaucoup de problèmes alimentaires, la peur d'être seule.
00:50Et après, il faut digérer la nouvelle, donc grosse dépression.
00:55On ne sait plus trop où on habite ni ce qu'on a à faire là.
00:57Et puis après, on se reconstruit avec une bonne thérapeute et quelques médicaments à valer aussi.
01:04Mais voilà, je m'en sors maintenant.
01:08Ça fait cinq ans que j'ai fait un bon travail sur moi-même et aujourd'hui, je suis là et je suis prête.
01:14J'attends d'être connue en tant que victime.
01:17J'attends que ça s'arrête.
01:19J'attends pas grand-chose de le Squarneck, même s'il nous a fait un petit discours hier.
01:23Il nous a demandé en gros, pardon.
01:26Il nous a fait ses excuses.
01:28Après, voilà, il a bien lu son texte qu'il avait dû apprendre de ses avocats.
01:32Voilà, il a eu le mérite de le faire, ce discours.
01:34Moi, je trouve que c'est bien.
01:35Il change de tactique de défense, pourquoi pas ?
01:38On lui a reproché d'être mutie, qu'aujourd'hui, il ne l'est pas.
01:42Aujourd'hui, témoigne à la barre son ex-femme et ses trois fils.
01:45Qu'est-ce que vous attendez de ces témoignages ?
01:48Alors, de sa femme, j'attends plein de choses.
01:50Après, ses fils, je me mets à leur place.
01:52Je me dis que ça doit être très compliqué pour eux.
01:54Mais sa femme, elle a des choses à nous dire.
01:56Et on attend qu'elle nous dise des choses.
01:58Qu'enfin, elle aussi, elle parle comme son ex-mari.
02:01Ce serait bien.
02:02Elle a caché qu'elle savait.
02:04Ce matin, il y a une lettre qui est sortie dans la presse qui date de 2010 de mémoire.
02:08Et on sait que c'était bien avant qu'elle savait.
02:10Ça aurait pu s'arrêter bien avant.
02:11Après, elle a protégé son mari pour je ne sais quelle raison.
02:14Mais aujourd'hui, il faut que ça s'arrête.
02:16L'Ordre des médecins s'est constitué pour ce procès partie civile.
02:19Qu'est-ce que vous en pensez ?
02:21Ça me met très en colère.
02:23Parce qu'ils n'ont rien à faire là.
02:25Parce qu'eux aussi, ils ont caché des choses.
02:27Ils ont mal fait leur travail.
02:30Et que si toutes ces personnes-là avaient fait leur travail et parlé au moment T,
02:35on aurait pu éviter beaucoup de victimes supplémentaires.
02:39Il y a des silences qu'il faut arrêter.