Analyse des enjeux de production avec Pascal Guillaume de la maison de production Ki m'aime me suive, dont plusieurs pièces sont à l’actualité théâtrale en ce moment.
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00:00Bonjour, Pascal Guillaume de la Maison de production, qui même me suivent pour la pièce de théâtre Orgueil et Préjugé ou presque.
00:11Bonjour. Bonjour et merci d'être là parmi nous.
00:15Quels ont été les principaux défis financiers pour monter ce spectacle ?
00:19Des défis financiers, on n'a pas eu vraiment parce que c'est habituel dans notre métier de produire.
00:24Il suffit de trouver un coproducteur ou deux coproducteurs, en l'occurrence un théâtre quand c'est à Paris.
00:31Et voilà quoi.
00:34Et c'est parti.
00:35Et c'est parti.
00:36Et c'est parti.
00:37Il faut séduire un théâtre, mais là en l'occurrence c'est un de mes théâtres, donc c'est un peu plus facile.
00:40Ah ben en effet.
00:41Juste que je séduise un peu mes associés quoi.
00:44Et pourquoi avoir choisi de produire cette pièce en particulier ?
00:49Alors c'est, des fois ça ne tient à pas grand chose.
00:52Mon fils et son amoureuse qui sont revenus il y a quatre ans d'Angleterre.
00:59Je ne suis même pas sûr que c'était à Londres.
01:00Et qui me disent on a vu un truc génial et tout, c'est Orgueil et Préjugé qui a adapté sur scène et tout ça.
01:04Tu devrais t'y intéresser.
01:06Ce que je n'ai pas fait.
01:08Et deux ans après ou un an et demi après, ils sont revenus d'Edimbourg.
01:12On est retournés voir Orgueil et Préjugé à Edimbourg.
01:14Mais pourquoi tu ne montes pas ça en France ?
01:17Et c'est là où je me suis intéressé à regarder si les droits étaient disponibles.
01:20Et c'est parti comme ça.
01:21D'accord.
01:22Et vous avez contacté Isabelle MacArthur, c'est ça ?
01:25Voilà.
01:26Et c'est parti.
01:27Ah oui d'accord.
01:28Et j'ai proposé à Virginie Hoek, que je produis aussi, le projet en disant tiens,
01:34est-ce que ça t'amuserait de faire l'adaptation ?
01:36Et c'est parti comme ça en fait.
01:38Ah oui génial.
01:39Ça tient un peu de chose parfois.
01:40Oui.
01:41Oui complètement.
01:42Et comment se finance un tel projet ?
01:44Est-ce qu'il y a des subventions du mécénat ?
01:46Alors on a la chance en France d'avoir un fonds de soutien du théâtre privé qui s'appelle la STP,
01:53qui vous aide, c'est pour ça qu'il faut s'associer avec un théâtre en général,
01:57parce que le théâtre détient lui le compte à STP.
02:00Donc il peut obtenir ce fonds de soutien.
02:03Il a droit à trois dossiers par an.
02:05C'est-à-dire qu'un dossier vous permet, si vous n'avez vraiment pas de chance,
02:09de financer jusqu'à 40% de votre déficit.
02:12En effet.
02:13C'est un peu comme au cinéma, c'est un peu comme le CNC ou le CNM pour la musique et tout ça.
02:17Donc déjà quand vous avez cette garantie éventuellement d'être soutenu à 40% du déficit,
02:24c'est déjà pas mal.
02:25Ça aide à se lancer.
02:27Et plus, là on a la chance sur cette pièce, parce qu'il y a six artistes sur scène,
02:32d'avoir le crédit d'impôt.
02:34D'accord.
02:35Ah oui, à partir d'un certain nombre de comédiens sur scène, c'est ça ?
02:38Oui, c'est assez bizarre, on n'a jamais compris pourquoi.
02:41Quand le crédit d'impôt théâtre a été voté à l'Assemblée nationale,
02:45en plein Covid, au moment où on ne le demandait plus d'ailleurs,
02:48parce qu'on se doutait bien que ce n'était pas le bon moment.
02:51Et un matin on nous dit, bah tiens, cette nuit ils ont voté le crédit d'impôt théâtre.
02:54Ah bon ?
02:55Et sans consulter quasiment personne.
02:57Et ils nous ont mis des critères qui sont assez compliqués à respecter des fois,
03:00dont celui d'avoir six personnes au moins sur scène au plateau.
03:04Ce qui est assez bizarre, parce qu'en humour par exemple,
03:08vous pouvez avoir du crédit d'impôt sur un humoriste seul au plateau.
03:11Ah oui, d'accord.
03:13Donc il y a des critères variables.
03:15On ne sait pas pourquoi.
03:16Aléatoires.
03:17Donc on a effectivement sur ce genre de pièces,
03:19et le crédit d'impôt, et le fonds de soutien du théâtre privé.
03:23D'accord.
03:24Donc ça, ça aide beaucoup.
03:25Et le théâtre est parfois un secteur incertain, difficile, économiquement.
03:30Comment vous assurez la rentabilité d'une production comme ça ?
03:34Quand vous avez de la chance, c'est comme beaucoup d'activités,
03:38c'est-à-dire qu'il faut avoir la chance de faire des succès de temps en temps.
03:41Oui.
03:42C'est les succès qui financent les pertes, on va dire,
03:44les spectacles qui ne fonctionnent pas.
03:46Et là, comme...
03:48Moi j'ai un peu de chance depuis quelques années,
03:50parce que j'ai enchaîné
03:52« Dernier coup de ciseau » à une époque,
03:54« Les faux british »,
03:56« Les gros patinent bien ».
03:58Oui.
03:59Donc c'est des pièces qui restent longtemps à l'affiche,
04:01à Paris, et qui en plus partent en tournée.
04:04Après d'autres pièces aussi avec des gens plus connus.
04:07Mais ces pièces-là, en tout cas,
04:09qui peuvent rester 3, 4, 5, 10 ans à l'affiche à Paris,
04:12en jouant presque 10 ou 12 mois par an,
04:16ça aide bien.
04:17Ça aide bien.
04:18Oui, c'est comme dans l'édition,
04:20le livre qui gagne un prix,
04:22les aide à vivre aussi.
04:24Oui, d'accord, je vois bien.
04:26Et quels sont les objectifs en termes de diffusion et de tournée derrière ?
04:29Comment ça se joue, en fait ?
04:31Alors, là, dans un premier temps,
04:33c'est surtout de faire un succès parisien.
04:35Le succès parisien définira déjà
04:38si vous allez rester longtemps à Paris ou pas.
04:41Et si vous avez la chance de rester très longtemps à Paris,
04:45vous montez une deuxième équipe
04:47qui part en tournée.
04:49C'est ce qu'on a fait avec « Les faux british »
04:51ou « Les gros patinent bien » en ce moment.
04:53C'est-à-dire qu'en général, vous avez une équipe
04:55qui joue à Paris et une équipe qui est en tournée.
04:57D'accord, d'accord, d'accord.
04:58Et c'est pas mal parce qu'en même temps,
05:00l'activité, la médiatisation de l'équipe parisienne
05:04sert à la promotion de la tournée.
05:07Mais aussi, le public qui voit le spectacle en tournée,
05:10des fois, en parle à ses amis parisiens
05:13ou à leur famille en disant
05:15« Tiens, on avait un truc super, ça joue aussi à Paris. »
05:17Oui, l'un entraîne l'autre.
05:19Et c'est la maison de production
05:21qui finance absolument tout,
05:24les tournées en province aussi ?
05:26Alors, on a encore la chance dans ce pays
05:28d'avoir des collectivités qui achètent des spectacles,
05:31ce qui n'est pas le cas en Angleterre, par exemple.
05:33Donc, quand vous avez la chance
05:35de faire un beau succès parisien,
05:37vous avez les programmateurs des théâtres de ville,
05:39surtout, en priorité,
05:41qui viennent pour acheter votre spectacle.
05:43D'accord.
05:44C'est comme ça que ça part plus facilement.
05:46Voilà, sur Orgueil préjugé, je ne sais pas si c'est hier soir,
05:48il y avait quatre programmateurs de théâtre de région
05:51qui étaient là.
05:52Ah oui, d'accord.
05:55Et comment percevez-vous l'évolution du public,
05:58les tendances, les goûts du public
06:01par rapport à ce que vous allez produire ?
06:03Est-ce que vous avez une écoute par rapport à ça particulière
06:05ou pas du tout ?
06:06Moi, j'essaie de privilégier des spectacles
06:08qui touchent au moins trois générations.
06:10Parce que si on veut faire des gros succès populaires,
06:14il faut toucher un public large,
06:16le plus large possible.
06:17Et surtout, d'essayer de faire venir les jeunes au théâtre.
06:21On a la chance à Paris, grâce à la Ville de Paris,
06:25d'avoir ce tarif de moins de 26 ans à 11 euros,
06:29qui est subventionné pour le théâtre.
06:32On ne le sait pas toujours,
06:34mais la Ville de Paris finance 5 euros au théâtre.
06:37Un jeune paye 11 euros,
06:39mais on touche 5 euros de plus par la Ville de Paris.
06:41Ça nous fait finalement des places à 15 ou 16 euros.
06:43D'accord.
06:44Et ça, quand on a la chance d'avoir des spectacles
06:47qui attirent les jeunes,
06:48moi je l'ai sur un autre spectacle en ce moment,
06:50sur Orgueil préjugé,
06:51mais il y a quand même des jeunes dans la salle.
06:53Je l'ai vu hier soir encore.
06:54En ce moment, j'ai un autre spectacle
06:56avec Tristan Bernard qui s'appelle Numéro 2.
06:58Où là, j'ai rarement connu ça,
07:01on a plus de 50% de la salle qui a moins de 26 ans.
07:04Donc ça fait des petites recettes,
07:06mais en même temps, ça lance un bouche à oreille.
07:09Oui, ça c'est génial.
07:11Et par rapport aux autres spectacles,
07:16vous en avez combien en ce moment, par exemple,
07:19en ce début d'année ?
07:21À Paris, on en a une dizaine.
07:23Une dizaine, c'est ça.
07:24Chaque saison, quasiment, vous avez...
07:26Non, ça dépend.
07:27Des saisons, ça peut être quatre ou cinq.
07:29Ça dépend.
07:30D'accord.
07:31Et qu'est-ce que vous avez envie de dire
07:33pour que les spectateurs aillent voir
07:34Orgueil préjugé ou presque ?
07:36Qu'est-ce que vous auriez envie de leur dire ?
07:38Je pense que c'est un des spectacles les plus joyeux
07:40qu'il y a en ce moment dans un théâtre parisien.
07:42Je trouve qu'on ressort,
07:44on a une chanson dans la tête déjà,
07:46quand on ressort, on sifflote.
07:47Oui, exactement.
07:48C'est très joyeux.
07:49C'est vrai, c'est très vrai.
07:50J'en témoigne à 100 %.
07:51Oui.
07:52Oui, complètement.
07:53Et on a besoin de fraîcheur,
07:54on a besoin de rire en ce moment.
07:55Exactement.
07:56Oui, oui, complètement.
07:57C'est un excellent argument.
07:58En tout cas, merci beaucoup, Pascal Guillaume,
08:00d'être venu sur le plateau.
08:02Nous avons exploré ensemble
08:03toutes les facettes de Orgueil préjugé
08:05ou presque, une adaptation libre
08:07de Jane Austen,
08:08qui se joue au Théâtre Saint-Georges,
08:10que je vous invite à aller voir tout de suite,
08:12tellement c'est merveilleux et drôle.
08:14À très bientôt dans Scène en lumière.