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François Bayrou a pris la parole ce vendredi 21 février pour évoquer l'insatisfaction des Français par rapport aux services publics, le rapport de la Cour des comptes sur la réforme des retraites, la guerre en Ukraine ou encore l'affaire Bétharram.

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Transcription
00:00C'est une insatisfaction qui s'exprime générale, et cependant nous sommes le pays du monde qui dépense le plus d'argent public, d'impôts et de taxes diverses pour son service public.
00:15Et ça, ça ne peut pas continuer. Vous voyez à quel point on est au bout du chemin là.
00:22Le vote du budget de ce point de vue là a été traumatisant. Et tout le monde voit qu'à la fois on se plaint des impôts et on se plaint qu'il n'y a pas assez de dépenses.
00:42Et ceci montre que nous sommes arrivés au bout d'habitudes qui ne sont plus soutenables. Et donc il va falloir changer. Alors qu'est-ce qu'on va faire ?
00:58La première chose, j'ai demandé à chaque ministère, à chaque direction, à chaque service de chaque ministère de définir quelle est sa mission.
01:09De dire aux Français, en termes compréhensibles par tous, quelle est sa mission. Et cette mission là, lorsqu'elle aura été définie, je communiquerai aux Français la liste de ses missions.
01:26Tout le monde pourra la vérifier. Et après, on fera une évaluation. Tout ça dans un temps limité, en quelques semaines. Les Français pourront dire si cette mission est remplie ou pas.
01:37Et les professionnels et les fonctionnaires. Parce que je compte beaucoup sur ceux qui sont dans l'État pour apporter des idées nouvelles, des analyses nouvelles et des jugements nouveaux.
01:52C'est avec eux qu'on va le faire. Et troisièmement, après, on s'intéressera aux organisations. Pour quelles raisons est-ce qu'on est dans ce genre de blocage et dans ce genre d'impasse ?
02:08Et après, on s'intéressera aux moyens. C'est-à-dire qu'on inverse la question. Au lieu de partir de la question des moyens de laquelle on part depuis des décennies et dont on se tire pas,
02:19on va partir de la question du service à rendre aux Français.
02:22Hier soir, dans le contexte international qu'on connaît, le chef de l'État a laissé entendre que les dépenses militaires pourraient drastiquement augmenter dans les années à venir,
02:29si les États-Unis se retiraient de l'OTAN notamment. Est-ce que le budget de l'État le permet ? On a vu comme ça a été difficile ces dernières semaines.
02:36C'est exactement la même question. Nous avons à faire face à une situation qui est à bien des égards terrifiante, où tout bascule.
02:48On se croyait dans un univers en sécurité. Et tout d'un coup, on est dans un univers où les pires menaces deviennent possibles.
02:58Ce qui était inimaginable jusqu'à hier n'est plus inimaginable. Et on sait une chose, c'est qu'il faudra dégager les moyens pour ça.
03:08Et dégager les moyens, alors on le fera pas tout seul. Ce n'est pas la France toute seule. Pour moi, c'est une question qui se pose à l'échelle européenne.
03:20Et heureusement, une Europe qui jusqu'à maintenant n'imaginait pas du tout qu'elle devrait avoir à faire face à de tels risques,
03:30l'Europe se voyait protégée par les États-Unis pour toujours. Elle imaginait que l'alliance était fiable.
03:41Et aujourd'hui, il y a beaucoup d'interrogations, parce qu'on s'aperçoit tout d'un coup que ce qu'on croyait le plus sûr ne l'est plus.
03:51Et donc ça veut dire en effet qu'on va avoir à se poser des questions inédites sur lesquelles, jusqu'à maintenant, jamais on n'avait réfléchi.
04:02Et ça donne d'autant plus la responsabilité d'un gouvernement qui est à la charge d'un pays comme la France dans un moment aussi grave.
04:15— L'un des points de dépense majeurs, c'est la question des retraites. Avec une part de nos budgets qui est conséquente,
04:22consacrée à ce système par répartition, êtes-vous satisfait des conclusions tirées hier avec le premier rapport du conclave ?
04:27— Ah bah le rapport confirme absolument et au-delà. Au-delà. Les analyses que j'ai développées depuis longtemps,
04:37c'est-à-dire qu'il n'y a d'équilibre du système de retraite, équilibre qui désormais n'est plus atteint, que grâce à une participation très importante de l'État.
04:50Je l'avais chiffré dans des études au plan à 30 milliards. Là, on est plutôt dans le rapport de la Cour des comptes à plus de 40 milliards.
05:02Et c'est une question pour nous tous. Mais il y a d'abord la question du système de retraite privé. Et les partenaires sociaux sont d'abord réunis pour ça.
05:18La question des retraites du public et de la participation du public à l'équilibre du système de retraite en général est une question
05:28que nous devons traiter à part avec les organisations et les responsables de l'action publique.
05:38Deuxième question, c'est de savoir qui financera ce système. On a eu une hausse des taxes sur les entreprises votées hier à la semaine nationale avec l'abondement des Vassas.
05:46Et votre collègue Astrid Panossian s'est exprimée pour que des retraités aisés contribuent davantage à l'effort public.
05:54C'est une déclaration antérieure. Et donc il y aura toute cette réflexion à venir que les partenaires sociaux vont évidemment reprendre,
06:05à la fois représentant des entreprises et au fond, nous tous, représentant des retraités.
06:11Monsieur le Premier ministre, que répondez-vous aux accusations de cette ancienne enseignante de Notre-Dame-des-Bétarams
06:17qui dit que vous avez ignoré ces alertes sur les violences faites au sein de l'établissement
06:23et qui accuse votre femme de ne pas avoir agi pour mettre fin à ces violences ?
06:28Vous voyez bien la mécanique du scandale qu'on cherche. La mécanique du scandale, c'est qu'on dit des choses
06:37toujours plus insupportables les unes que les autres, toujours plus invraisemblables les unes que les autres.
06:45Ces protagonistes, je ne les connais pas, ma femme ne les connaît pas non plus.
06:50Mais n'utilisez pas des mots qui sont faits pour faire monter la tension.
06:56Moi, je dis les choses comme elles sont. Cette mécanique du scandale qui vise à toujours faire monter la tension,
07:04je la connais très bien, c'est la mécanique de l'affaire Baudis. Dominique Baudis a été pris,
07:10alors les accusations ont été plus graves, plus obscènes contre lui. Et puis on s'est aperçu au bout du compte
07:18qu'il n'y avait rien. J'ai fait la preuve que quand j'ai été informé d'une claque, j'ai demandé, j'étais ministre,
07:26j'ai demandé une inspection générale. Après, je n'étais plus ministre. J'ai apporté les documents qui prouvaient
07:34que le gouvernement de l'époque avait été directement informé. Et depuis 25 ans, il n'y a plus eu aucune, hélas, aucune alerte.
07:45Moi, je pense aux victimes. Je les ai rencontrées. C'est la première fois que quelqu'un les a rencontrées.
07:51C'était d'ailleurs la première fois qu'ils se rencontraient entre eux, ce qui est incroyable. Je pense aux victimes
07:59et je pense à la justice. Et je sais très bien que ceux qui montent ces scandales, c'est pas les victimes qui les intéressent.
08:08C'est pas la justice qui les intéresse. Ce qui les intéresse, c'est s'ils pouvaient monter un scandale
08:14qui aurait des répercussions politiques sur le gouvernement et le Premier ministre. C'est ça qu'ils veulent.
08:20Et il n'y a rien de plus infâme que de viser la famille de quelqu'un pour l'atteindre politiquement.
08:30— M. le Premier ministre, vos mots cette semaine à la tribune de l'Assemblée pour réagir à la motion de censure du PS
08:35ont beaucoup fait réagir, ont beaucoup heurté, semble-t-il, les socialistes qui appellent désormais, eux aussi, à votre démission.
08:40Est-ce que vos mots à l'Assemblée ne fragilisent pas votre position à matinée ?
08:44— Je ne crois absolument pas à cette vision des choses. Bon, je suis un peu rugby. Et les déclarations des dirigeants socialistes
08:55dans les jours précédents – je m'en suis expliqué avec quelques-uns d'entre eux – étaient des déclarations très très violentes
09:02pour quelqu'un comme moi. M'accuser de fusion idéologique avec l'extrême-droite, c'était chaud. Bon, on a eu un moment chaud.
09:13Et quand on me cherche, j'ai un tempérament qui fait qu'on me trouve. Mais ça ne signifie pas que je considère que le PS
09:29est devenu hors-champ du travail que nous avons à construire pour la France. Pas du tout.
09:35— L'accord de non-censure n'est pas caduque. — Mais il n'y a jamais eu d'accord de cet ordre-là.
09:40— Non mais sur le budget, c'est autre chose. Il se trouve – je l'ai expliqué longuement à la tribune – que j'ai du respect
09:48pour toutes les forces politiques françaises. Et j'ai la volonté de travailler avec toutes celles qui le souhaiteront.
09:54Et le PS a montré dans la séquence budgétaire qu'il était prêt à participer. Et désormais, tous les textes qui vont venir
10:06sont des textes qui vont appeler à la responsabilité de chaque force politique. Donc les moments un peu chaleureux comme ça
10:20sont des moments qui, au fond, vérifient que nous sommes vivants. Je regrette pas souvent mes propos.
10:27— Juste une question. Vous avez dit tout à l'heure que l'Europe s'inquiète du rapprochement de l'Afrique avec la Russie.
10:32Cet après-midi, c'est Jordan Bardella qui va s'exprimer devant les conservateurs à Washington, les proches de Trump.
10:38Est-ce que ça vous inspire un commentaire, ça ? — Non. Je pense qu'il y a toute une part de l'opinion française depuis très longtemps
10:46qui est fascinée par ce type de vision brutale de l'avenir. Ils ont été fascinés par Poutine. Ils ont été, j'allais dire,
11:03quasiment dans la proximité de Poutine. Ils sont aujourd'hui quasiment dans la proximité de Trump. En vérité, c'est le même mouvement.
11:14C'est la même fascination. Et moi, je suis du côté de la démocratie. Je suis du côté de ceux qui croient que la liberté
11:28et la responsabilité peuvent faire avancer les peuples et qu'on n'a pas besoin de tyrannie, de violence. Je pense pas à ça.
11:40Mais vous voyez bien. Aujourd'hui, c'est planétaire. Si vous prenez tous les pays du monde dans lesquels ces attitudes de « c'est la force qui fait la loi »,
11:54ils sont majoritaires. Et nous, ceux qui croyons que c'est la loi qui doit être la force, on est minoritaires. C'est le moment donc de se battre,
12:06de relever le gant, de dire que ce sont des choses vitales pour nous, vitales, qu'on va pas céder, qu'on va pas s'agenouiller, qu'on va pas se laisser écraser,
12:19ni commercialement, ni du point de vue de la recherche, ni du point de vue militaire. Mais vous voyez à quel point c'est un changement de mentalité.
12:30Les démocraties étaient faibles. Et d'une certaine manière, elles s'accommodaient de leurs faiblesses. Et une de nos fiertés, c'est que la France,
12:38depuis des décennies, et singulièrement la dernière décennie, la France a défendu cette position-là. Que l'Europe se constitue, qu'elle se forme, qu'elle se forge,
12:51et qu'elle parle d'une seule voix, y compris en étant capable de se défendre. Merci.

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