Actuellement sur la scène de l’Opéra Garnier dans « Oneguine ».
Hugo a également créé en 2022 l’association « Hugo Marchand pour la Danse ». L’objectif est d’offrir des spectacles de danse classique et contemporaine dans des lieux d’exception accessibles à tous, avec des ballets menés par les étoiles et premiers danseurs de l’Opéra de Paris pour un tarif unique de 13 euros.
Retrouvez « Le 15 minutes de plus » présenté par Ali Baddou sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/15-de-plus
Hugo a également créé en 2022 l’association « Hugo Marchand pour la Danse ». L’objectif est d’offrir des spectacles de danse classique et contemporaine dans des lieux d’exception accessibles à tous, avec des ballets menés par les étoiles et premiers danseurs de l’Opéra de Paris pour un tarif unique de 13 euros.
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00:00Et dans 15 minutes de plus, ce vendredi matin, j'ai le bonheur et l'honneur de recevoir
00:05l'un des plus grands danseurs d'aujourd'hui, nommé danseur étoile de l'Opéra de Paris
00:10en 2017.
00:11Il a dansé les plus beaux ballets des classiques aux contemporains, Casse-Noisette, Roméo
00:16et Juliette, Gisèle et il était très récemment sur la scène de l'Opéra Garnier pour Onéguine
00:23de John Cranco.
00:24Bonjour Hugo Marchand !
00:25Bonjour Ali Baddou !
00:26Et bienvenue, ravi de vous recevoir le spectacle, il était magique, magique de vous voir sur
00:32scène, magique de voir cette mise en scène, cette chorégraphie, cette histoire aussi
00:37d'Onéguine qui a été imaginée d'abord par Pushkin, qui a été mise en musique par
00:43Tchaïkovski et qui a été mise en ballet par John Cranco.
00:47Vous êtes Eugène Onéguine, c'est un dandy, c'est un dandy qui est un peu blasé, qui
00:53est amoureux mais qui néglige une femme, Tatiana, jusqu'à ce qu'il soit trop tard.
00:59Ça c'est la musique du 3ème pas de 2, effectivement, ça fait 10 ans qu'Onéguine n'a pas vu Tatiana
01:13et qu'il a le regret de cet amour qu'il n'a jamais vécu avec elle.
01:17Il est parti en voyage.
01:18Il l'a abandonné, il l'a laissé en pensant que ce n'était pas forcément intéressant,
01:23c'était déjà très blasé, très mélancolique, un spleen baudelairien à la Russe en fait.
01:28Ici, il lui prend la main, il la fait tourner, après c'est lui qui tourne.
01:32Vous, vous êtes donc debout, avec le regard très loin, comme si on essayait de voir ce
01:40qu'on n'avait pas vécu.
01:41On ne se regarde pas dans les yeux d'ailleurs, puisqu'on a une grande pudeur et puis une
01:48timidité presque, comme quand ça fait très longtemps qu'on n'a pas vu quelqu'un qu'on
01:51aime très fort.
01:52Une gêne aussi.
01:53Là, elle fait un relevé arabesque et ce pas de deux est difficile puisque c'est un pas
01:59de deux où l'homme force un petit peu la femme.
02:02C'est un pas de deux où Néguine va utiliser tous ses atouts de charme, son charisme, son
02:11élégance, sa vieillesse aussi, sa vulnérabilité pour la retrouver, pour la rattraper.
02:17Physique.
02:18Physique.
02:19Là, par exemple, il s'assoit par terre, il lui demande une fois, il lui demande deux
02:24fois.
02:25Décrivez-nous d'ailleurs la manière dont il s'assoit.
02:26Il arrive au sol en tournant, il lui tend la main, une fois, deux fois, trois fois,
02:31de manière beaucoup plus insistante, il la retire encore une fois et tout à coup elle
02:35accepte.
02:36Et tout à coup le piège va se refermer sur elle, puisqu'elle a craqué.
02:40Son amour est trop grand en fait, son amour de jeune femme revient.
02:43Et en fait, ce qui est très beau dans ce pas de deux, c'est que c'est l'amour des
02:47vingt ans, quand on croit au grand amour, face au temps qui est passé sur les âmes
02:52et sur les corps, avec peut-être une forme de cynisme sur l'amour qui est arrivé aussi,
02:58de ne plus croire au grand amour quand on a quarante ans, cinquante ans ou plus.
03:01Comment est-ce qu'on exprime justement ces tourments, ces situations amoureuses, compliquées,
03:09douloureuses parfois, en dansant Hugo Marchand ?
03:12On les exprime parce qu'on est des hommes et des femmes dans la vraie vie, parce qu'on
03:17les vit certaines fois dans nos vies personnelles.
03:19Je crois que je comprends ces rôles aussi parce que certaines fois, j'ai la sensation
03:24d'avoir vécu avant cette vie, c'est un peu bizarre de dire ça, mais il y a comme une
03:30mélancolie en moi, même depuis l'enfance qui est là, qui me fait sentir toutes ces
03:35émotions que finalement je n'ai pas vraiment vécues dans cette vie-là, mais qui me rapprochent
03:40de ces personnages.
03:42Onéguine, c'est un personnage qui m'intéresse énormément parce que c'est un personnage
03:44qui est très gris.
03:45Ce n'est pas un prince de ballet lisse et poli, ce n'est pas un prince d'ailleurs, c'est
03:51un dandy.
03:52Il a cette grisaille, ce côté très très humain, il n'est ni bon ni mauvais.
03:59Il est blasé, il s'intéresse moyennement à cette Tatiana qui elle est folle amoureuse
04:04de lui.
04:05Et par ennui, il va aller jusqu'à foutre quand même le bazar à son anniversaire et
04:09provoquer un duel avec Lenski, son meilleur ami, un jeune poète, et le tuer en duel.
04:15Il y a une scène qui est très impressionnante où Lenski jette son gant par terre pour défier
04:21parce qu'au 19e siècle, lancer un gant par terre, c'était une proposition de défi.
04:25Et Onéguine va jusqu'à le tuer sans vraiment réaliser ce qu'il est en train de faire.
04:29C'est vraiment un personnage qui est un peu sans conséquence.
04:33Il se laisse porter par la vie avec une forme de grande lâcheté et au final, il regrette
04:38tout ce qu'il a fait.
04:39Mais c'est spectaculaire de vous voir danser parce que vous êtes danseur et comédien.
04:43Là, on vous entend et on a l'impression que vous jouez, on vous voit amoureux, contrariés,
04:50en colère.
04:51La danse, c'est un langage universel mais est-ce que vous, vous avez en tête à ce
04:57moment-là ce que vous devez compter ? Vous dire les pas que vous devez faire, les positions
05:02que vous devez tenir ou est-ce que ce sont les mouvements, chaque geste, chaque pas que
05:08vous devez faire ou est-ce que c'est comme intégré à votre schéma corporel ? Est-ce
05:13que vous comptez un, deux, trois par exemple dans votre tête ?
05:16Non, je ne compte plus.
05:17Je ne compte plus parce qu'Onéguine, c'est un ballet que j'ai dansé plusieurs fois.
05:20Aujourd'hui, je le danse avec Dorothée Gilbert qui est une partenaire avec qui j'ai l'habitude
05:23de beaucoup danser.
05:24Qui est Tatiana, donc cette jeune femme.
05:26Exactement.
05:27Et surtout, j'ai envie de me détacher de cette technique et de tout ce vocabulaire
05:32puisqu'aujourd'hui, ce qui m'importe le plus, c'est vraiment de raconter les histoires,
05:36de pouvoir toucher les gens puisqu'aujourd'hui, j'estime qu'un danseur, les gens ne viennent
05:38pas nous voir nous, ils viennent se voir eux.
05:40On est le miroir de leurs émotions et le miroir de leur propre vie.
05:43Donc j'ai envie que les gens puissent se reconnaître dans cette histoire et qu'ils puissent revivre
05:47des parties de leur vie à eux.
05:48On n'est pas là pour nous mettre en scène et être des égos surdimensionnés sur la
05:54scène de l'opéra.
05:55On est là vraiment pour mettre en lumière la vie des gens, je trouve, à travers tous
05:59ces personnages.
06:00Et pourtant, vous êtes danseur étoile et pourtant vous avez une présence invraisemblable
06:04sur scène.
06:05Quelque chose qui relève du charisme, du magnétisme qui est quasiment indéfinissable.
06:10Ça, vous le savez, vous en jouez ou pas ?
06:11Je ne sais pas si je le sais, en tout cas, je n'ai pas envie d'en jouer.
06:15Je pense que moi, on le sait, mieux on se porte et plus c'est authentique.
06:22Je n'ai pas vraiment envie de réfléchir à ça.
06:24Je réfléchis à mes personnages, je réfléchis au processus de travail puisque tout ça,
06:29c'est un processus sans fin.
06:30On progresse jusqu'au bout, jusqu'à la fin.
06:32Et c'est la seule chose qui m'importe aujourd'hui.
06:35Une fois que j'ai délivré ce que je pouvais délivrer le jour du spectacle, avec ma fatigue,
06:40avec mon énergie, mon inspiration ou justement ma tristesse, ça ne m'appartient plus.
06:46Parce que je vous pose la question, ça ne vous appartient plus, ça nous appartient
06:49peut-être un peu.
06:50Ça appartient aux spectateurs.
06:51Mais ce qui est assez frappant, c'est qu'il y a une grammaire qui est figée, codifiée,
06:55extrêmement stricte.
06:56D'ailleurs, dans les ballets classiques ou néoclassiques, comme ça n'existe plus
07:00tellement dans le monde, mais dans des écrins, dans des temples comme Garnier, c'est toujours
07:05là.
07:06C'est une grammaire qui est ancienne, qui parle français.
07:10La danse parle français.
07:11Mais vous, vous l'avez maîtrisée au point qu'aujourd'hui vous êtes dans le lâcher-prise ?
07:17C'est un cadre qui égage de liberté.
07:20De manière générale, je pense que le cadre égage de liberté.
07:24Et aujourd'hui, dans la danse classique, on a un cadre qui est assez rigoureux, défini.
07:30Une fois qu'on arrive à maîtriser ce cadre, on a beaucoup d'espace pour s'exprimer,
07:35beaucoup d'espace pour devenir singulier aussi à travers ces personnages.
07:38Ce qui n'est pas évident, c'est que ces personnages ont été dansés par des dizaines,
07:42des centaines, des milliers de danseurs avant nous.
07:44Et il faut se réinventer.
07:47Certains essayent de le réinventer.
07:49Si on pense à Nourayef par exemple, qui est le grand nom qui a dépoussiéré, réinventé
07:54ces formes extrêmement classiques de ballet.
07:56Il faut en fait essayer de le faire moderne, c'est-à-dire aujourd'hui parler à des gens
08:00en 2025.
08:01Onéguine, c'est un ballet des années 60-70.
08:05Comment faire aujourd'hui pour que ça parle à des gens 50 ans plus tard, 60 ans plus
08:09tard et réussir à les intégrer dans leur vie à eux ?
08:13Moi, c'est ça mon défi aujourd'hui.
08:14C'est faire en sorte que ces ballets qu'on peut considérer comme poussiéreux ne le
08:18soient pas du tout.
08:19Parce qu'en fait, ils parlent des grandes thématiques de la vie.
08:20L'amour, la mort, le désir, le regret, la mélancolie.
08:25Donc c'est des émotions qui sont toutes humaines et qui sont universelles, qui dureront jusqu'à
08:28la fin des temps.
08:29Qu'est-ce que ça veut dire danser pour vous ? Danser, c'était le titre d'une autobiographie
08:33alors que vous êtes encore tout jeune, mais que vous aviez publiée il y a maintenant
08:36quatre ans.
08:37Exactement.
08:38Danser, c'est l'intention du mouvement.
08:40C'est donner une intention particulière dans un geste.
08:43Donc la danse commence très tôt, à partir du moment où on conscientise un geste vers
08:48quelqu'un ou vers soi.
08:49Ça s'écrit, ça se lit, il y a les conseils aussi de ceux qui vous accompagnent.
08:55La danse, elle s'est imposée à vous comme une évidence, ce que vous dites parfois, mais
08:59sans savoir exactement pourquoi.
09:01Elle est venue très tôt en l'occurrence, c'était une lecture Martine Petira de l'Opéra ?
09:07C'est sans doute un petit peu influencé mon enfance, mais je crois être née avec
09:14beaucoup de chance, puisque j'avais ce désir de danse qui était comme une graine au fond
09:18de moi et que ça a germé avec la découverte d'un cours de danse, tout simplement.
09:23J'ai compris que ça allait me plaire à l'âge de neuf ans et c'est le moteur de ma vie depuis.
09:28Et pour ça, je suis très chanceux puisque je ne me suis jamais posé la question de
09:31savoir ce que je voulais faire plus tard et la vie prend du sens grâce à ça.
09:35Je pense qu'on a tous un désir, une passion au fond de soi et certains le découvrent
09:40plus tôt, à mon âge par exemple, ou plus tard et certains le découvrent jamais malheureusement.
09:45Vous vous sentez davantage à l'aise pour raconter les histoires dans le registre classique
09:50ou contemporain ? Est-ce que c'est deux formes, deux exercices extrêmement différents ?
09:54Dans le ballet contemporain, on raconte moins d'histoires, on raconte pas forcément des
09:59choses aussi comme des contes ou comme tous ces livrets sur lesquels on s'inspire pour
10:04les ballets classiques, on raconte des émotions, c'est des choses beaucoup plus abstraites.
10:08La danse, elle est multiple, à partir du moment où elle a du sens, ça m'intéresse
10:12énormément.
10:13La danse pour de la danse, quand c'est un peu gratuit, quand on ne sait plus trop ce
10:16qu'on fait et pourquoi on le fait, ça perd pour moi beaucoup d'intensité.
10:20À partir du moment où je sais que je vais délivrer un message ou proposer une vision
10:24ou simplement mettre en lumière mon imaginaire, puisque certaines fois la danse c'est très
10:28très libre et on arrive simplement avec tout ce qu'on a construit dans sa tête, avec
10:31son monde personnel, ça, ça m'intéresse beaucoup.
10:34C'est pour ça que vous tenez à cette institution qui est plusieurs fois centenaire, qui est
10:39l'Opéra Garnier.
10:40Vous y avez grandi, vous y avez vécu maintenant depuis combien de temps ?
10:44J'ai 31 ans, je suis rentré à l'école de danse à 13 ans et j'ai été engagé à 17
10:50ans dans la compagnie, donc ça va faire plus de 15 ans, presque 20 ans que je suis à l'Opéra de Paris.
10:5415 ou 20 ans que vous vivez avec les mêmes personnes ? Ou quasiment ?
10:57Quasiment, avec des gens qu'on aime et des gens qu'on aime un peu moins, c'est la vie.
11:01Mais à quoi ça ressemble justement la société du ballet de l'Opéra de Paris ?
11:05C'est une famille.
11:06C'est une famille avec des gens avec qui on a de super relations et d'autres avec qui
11:09on n'est plus distant.
11:10Après, c'est aussi une entreprise, il ne faut pas penser que l'Opéra de Paris c'est
11:15un endroit un peu cocon où on n'est qu'entre nous, c'est une entreprise, comme on peut
11:19travailler dans une entreprise en France avec des gens, avec des collègues et avec des règles.
11:23Donc je pense aussi que c'est important de se rendre compte que l'Opéra de Paris est
11:26aussi une entreprise parce qu'on est aussi dans une logique de produire des spectacles,
11:30de proposer des spectacles au maximum à tout public.
11:33Alors malheureusement, à mon goût, on n'est pas à tout public, mais c'est pour moi quand
11:38même dans une logique aussi d'institution française où on doit proposer la culture.
11:43C'est d'ailleurs pour ça que vous avez créé une association pour démocratiser notamment
11:47la danse et l'accès à la danse.
11:48Hugo Marchand pour la danse, vous dansez dans des lieux emblématiques pour un prix très
11:53modique.
11:54C'est véritablement amener la danse à ceux qui n'ont pas forcément la chance ou l'opportunité
11:59de la découvrir par eux-mêmes.
12:01Exactement.
12:02Moi j'ai la chance d'être un enfant de la République, puisque j'ai grandi à Nantes,
12:07j'ai intégré le conservatoire de Nantes, qui est une école publique, puis j'ai intégré
12:10l'école de danse de l'Opéra de Paris, une école publique, gratuite.
12:12Et j'ai intégré une institution française où mon salaire est payé par les impôts
12:16des gens.
12:17Donc aujourd'hui, j'avais la grande frustration.
12:19Vous passez des concours ? Vous n'arrêtez pas toute votre vie de passer des concours
12:23jusqu'à devenir étoile ? Il faut le raconter parce que c'est quelque chose qu'on a du
12:26mal à mesurer.
12:27On est d'abord quadrille, on passe beaucoup de concours, c'est une hiérarchie, comme
12:32à l'armée.
12:33Sujet, premier danseur, danseur étoile.
12:35Et on devient danseur étoile.
12:36Comment ça se passe d'ailleurs ? Parce que vous êtes devenu danseur étoile, c'était
12:40un soir de représentation à l'autre bout du monde, à Tokyo.
12:42Exactement, j'ai été nommé danseur étoile à Tokyo.
12:45Et aussi je rebondis sur ça parce que cette responsabilité de danseur étoile, pour moi
12:48elle ne s'arrête pas au simple fait de danser des rôles.
12:50Et j'ai envie de m'engager, et c'est pour ça que je me suis engagé avec cette association.
12:53J'ai envie d'organiser ces spectacles à 13 euros, en région, dans les territoires,
12:57pour des gens qui n'ont pas l'habitude de voir de la danse, et de le proposer dans
13:00des lieux du patrimoine, puisque ça s'appelle les étoiles au château.
13:03C'est une manière de rendre à ma manière, à ma façon, ce que l'État m'a donné,
13:09et l'État m'a formé aujourd'hui pour avoir cette expertise de la danse.
13:12Et j'ai envie de le proposer, puisque je suis persuadé que la danse est un outil pour
13:16se réapproprier son corps, reprendre confiance en soi, et apprendre à vivre avec le collectif.
13:20Quand on apprend à danser, une des premières choses que l'on fait, c'est faire la ronde,
13:23c'est prendre les mains des gens qu'on ne connaît pas, et donc c'est appréhender
13:27son espace, appréhender l'espace de l'autre, appréhender son corps, et le corps de l'autre.
13:31Et je pense que si aujourd'hui on apprenait à tous les enfants à danser à l'école,
13:36la société se porterait un petit peu mieux.
13:37Et c'est ce qu'on a vu justement dans ce magnifique ballet Onegin, vous avez cette
13:41phrase étonnante dans votre livre, vous écriviez à propos de Crystal Pite, elle veut travailler
13:45avec un corps très grand, très large, on va dire qu'il ressemble au vôtre, avec
13:49cette envergure et ces bras, je suis une feuille blanche, qu'est-ce que ça veut dire
13:54être une feuille blanche quand on est danseur ?
13:56Ça veut dire qu'on est disponible, ça veut dire qu'on se rend disponible pour le chorégraphe,
14:01pour aider son inspiration, pour proposer son corps comme une pâte à modeler pour
14:07la création, et être aussi co-créateur, on n'est pas simplement là pour se laisser
14:10faire, on est là pour aussi aider le chorégraphe à accoucher de son oeuvre.
14:16La morale de l'histoire, c'est par là qu'on termine, la morale de l'histoire, Hugo Marchand,
14:21on peut citer Paul Valéry, la danse est un art déduit de la vie même, c'est ce qu'il
14:26écrit dans sa philosophie de la danse, vous êtes d'accord avec lui ?
14:29Je suis d'accord avec lui, puisque depuis des millénaires, les hommes préhistoriques,
14:33après avoir trouvé où dormir et quoi manger, ils ont fait de la musique et ils ont dansé,
14:38et donc c'est pour ça que la danse c'est quelque chose d'universel, c'est pour tout
14:41le monde, c'est pour tous les genres, être un homme qui danse c'est pas un problème,
14:44d'ailleurs tout le monde danse en boîte et tout le monde a besoin de danser, donc
14:47la danse c'est quelque chose qui est pour tous.
14:49C'est une magnifique conclusion, merci infiniment Hugo Marchand d'avoir été l'invité des
14:5415 minutes de plus, très bonne journée.