Deux hommes sont toujours en garde à vue ce jeudi 20 février dans l'affaire Bétharram, suspectés de "viols aggravés, agressions sexuelles aggravées et/ou violences aggravées" au sein de l'établissement catholique Notre-Dame-de-Bétharram entre 1957 et 2004. L'enquête sur les faits de violences commis dans le collège-lycée a débuté il y a plus d'un an.
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00:00Violence physique, des attouchements, des tabassages systématiques,
00:05on ne peut pas vraiment expliquer ce qui nous a...
00:07On essaye de mettre encore aujourd'hui des mots sur ce qui nous est arrivé,
00:12la parole se dévie, mais c'est quelque chose encore aujourd'hui,
00:16j'en parle beaucoup, parce que je veux qu'on soit entendus,
00:19mais ça reste difficile des fois de l'évoquer.
00:21D'accord. Pardon, je vais être un peu insistant,
00:25ces violences physiques, quels étaient-elles ?
00:28Ces attouchements, quels étaient-ils ? Et qui s'y a donné ?
00:34Alors moi, en nom à donner sur le corps des prêtres, je n'ai pas de nom.
00:40J'avais eu des attouchements, des caresses, des frottements.
00:46Le geste le plus loin que j'ai eu, ça a été une main dans le pantalon
00:50pour soi-disant me remettre une étiquette de pantalon dans mon jean,
00:56sauf que je n'avais pas d'étiquette et c'était plus un...
00:58Enfin, on m'avait agrippé la fesse.
01:00Donc j'étais interviewé auprès du directeur, je me suis dit,
01:03voilà, il m'est arrivé ça. Déjà, probablement, le directeur n'y croit pas.
01:06Et une autre des choses qui m'est arrivée, c'était qu'un des surveillants
01:10de l'époque était M. Martin.
01:12Il faut se rendre compte de ce que c'était Bétarame
01:14et ce que c'était aussi l'école dans ces années-là.
01:17Je veux dire, Internet n'était pas partout,
01:20on n'avait pas de téléphone portable, on n'avait pas de smartphone.
01:22Et M. Martin avait un ordinateur portable
01:25sur lequel il jouait à un jeu qui s'appelait Rome Total War.
01:28Donc étant intéressé par cette partie de l'histoire et étant un peu joueur aussi,
01:32je me suis dit, tiens, monsieur, est-ce que je peux jouer ?
01:35Et qu'est-ce qu'il m'a dit ? Il m'a dit, bah oui, viens,
01:38passe derrière le comptoir, je vais te montrer comment on joue.
01:41Et là, ça a été un des moments les plus difficiles sur l'instant T,
01:47parce qu'il s'est collé à moi, a mis sa main sur ma main, sur la souris.
01:50Il m'a dit, voilà, tu cliques comme ça, mais...
01:53Je ne suis pas stupide, je savais comment cliquer sur une souris.
01:56Les souris existaient déjà depuis un moment.
01:57Et j'ai fait une partie et très rapidement, je me suis fait tétaniser,
02:00je suis parti, je me suis enfui et je suis resté le plus loin possible
02:04après de ce monsieur.
02:06C'était compliqué parce qu'il était quand même surveillant à l'école.
02:09Et les violences physiques, c'était quoi ?
02:11Oui. Les violences physiques, ça dépendait.
02:14Ça pouvait être une petite baffe, une grosse baffe, ça pouvait être des cocos.
02:19J'ai eu le droit, la deuxième semaine où j'étais,
02:22je crois que c'est la première semaine, j'arrivais à mes tables,
02:24j'avais répondu à un des surveillants.
02:26Il m'a mis un livre en chaque main,
02:29il m'a mis à genoux sur une marge du perron.
02:32Il m'a dit, maintenant, tu tiens 15 minutes et si un seul bouquin tombe,
02:35tu reprends 15 minutes et ainsi de suite.
02:37Et c'est une enseignante qui a vu ce qui se passait,
02:39qui a intervenu et qui m'a dit, qu'est-ce que vous faites ?
02:41Je lui ai dit, oui, il a été impertinent, il a été insolent.
02:44Elle m'a dit, je le prends, je vais le punir, je vais lui donner un cours.
02:47J'ai fait, je prends un cours de français avec cette dame juste après.