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00:009 sur Europe 1, Jacques Serey place à l'édito éco. L'édito éco avec Olivier Babaud. Bonjour Olivier. Bonjour Jacques, bonjour Anissa, bonjour à tous.
00:08Olivier, alors que les ventes de voitures électriques fléchissent en France, vous nous dites ce matin que la voiture vit la fin d'une époque, celle de sa démocratisation.
00:18Oui Jacques, le XXe siècle aura été marqué par le développement de ce moyen de transport individuel. La voiture, c'était un formidable symbole d'émancipation mais aussi de statut social, de confort.
00:27Elle est restée l'objet symbole par excellence de la société de consommation triomphante. Disposer d'une automobile, c'était d'abord réservé à une poignée de privilégiés.
00:34Puis son usage s'est démocratisé grâce à la baisse des coûts permis par l'industrialisation introduite par Ford. Et bien cet âge d'or semble prendre fin.
00:42La voiture n'est plus accessible à tous ?
00:44Non, en tout cas de moins en moins. La voiture redevient ce qu'elle était au début, un luxe pour un petit nombre. En 6 ans, le prix moyen d'un véhicule neuf a bondi de 10 000 euros, passant de 26 000 euros en 2018 à près de 36 000 euros.
00:56Sur 10 ans, l'augmentation serait même de 70% alors que le niveau de vie réel médian sur la même période n'a progressé lui que de 6%. Concrètement, pour beaucoup de Français, acquérir une voiture neuve est devenu hors de portée.
01:07Alors que font ceux qui n'ont pas les moyens d'acheter ?
01:11Ils gardent plus longtemps leur automobile. Quand ils le peuvent, ils renoncent à en posséder une. Et surtout, ils se tournent vers le second marché, celui de l'occasion.
01:18On assiste à une bipolarisation du marché. Les 20% les plus riches monopolisent 40% des achats de voitures neuves.
01:24A côté de cette population qui peut débourser souvent plus de 40 000 euros pour une voiture neuve, il y a la grande masse de ceux qui se contenteront de voitures de seconde main au kilométrage déjà élevé.
01:34Cette mutation se lie à travers le fort vieillissement de l'âge moyen des acheteurs de voitures neuves. En 2007, l'acheteur moyen de voitures neuves avait 48 ans. Aujourd'hui, il a 54,7 ans.
01:45La voiture est un luxe. Pourtant, dans beaucoup de zones, il est difficile de s'en passer, Olivier.
01:50Oui, c'est le drame. Le plus cruel, c'est que ce sont les ménages les plus aisés qui ont les moyens de vivre en centre-ville qui peuvent se permettre de ne plus avoir de véhicule.
01:57Dès que vous vous éloignez un peu vers les zones pavillonnaires, à fortiori les zones rurales, être motorisé, ce n'est pas une option, c'est une nécessité absolue.
02:04L'entrée en vigueur des ZFE, les zones à faible émission, est un autre coup dur pour l'égalité face à la mobilité.
02:10Les voitures les plus anciennes, donc celles des gens plus modestes qui n'ont pas les moyens d'accéder aux derniers modèles moins polluants, sont exclues des grands centres-villes.
02:18Mais comment vous expliquez cette hausse de prix ?
02:21Beaucoup de choses jouent en ce sens. Le prix des composantes et des matières premières, les problèmes géopolitiques qui créent des tensions commerciales,
02:28la forte demande mondiale, l'arrivée de nouvelles technologies de motorisation hybride ou électrique qui fait gonfler la facture,
02:34le choix délibéré des constructeurs de se concentrer sur le haut de gamme.
02:37Mais un dernier facteur aussi a une importance non négligeable, l'inflation réglementaire en Europe.
02:42La multiplication incessante des nouvelles normes a un fort effet inflationniste sur la voiture neuve.
02:47Autre illustration, s'il en fallait, de l'effet toxique de la surréglementation.

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