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00:00Europe 1 Soir, 19h21, Stéphanie Demureux.
00:04Et on est toujours avec Mathieu Boquecôté et Philippe Guybert.
00:08On va aborder le cas de Robert Ménard qui, vous le savez, risque de 2 à 5 ans de prison
00:13pour avoir refusé de marier un homme en situation irrégulière.
00:16Il est d'ailleurs attendu demain dans le bureau du procureur.
00:21Ça vous inspire quoi, Mathieu Boquecôté ?
00:23C'est ce qu'ils appellent l'état de droit, je crois.
00:25On voit à quel point ce qu'on appelle l'état de droit est aujourd'hui une farce ubuesque
00:31qui se retourne à la fois contre le bon sens, qui se retourne contre la puissance publique,
00:36qui se retourne contre notre capacité élémentaire à faire accepter les règles du pays d'accueil à ceux qui arrivent.
00:41Et derrière tout ça, je pense que ça crée un climat général d'intimidation et d'inhibition
00:47pour les différents responsables de l'État qui savent qu'à tout moment,
00:50dans une forme de désinjonction contradictoire, ils peuvent en payer le prix très sérieusement.
00:55Robert Ménard, dans les circonstances, a une conduite assez héroïque, je trouve.
00:58À la fois de simple bon sens, c'est héroïque.
01:00Et je pense que c'est le propre des temps troubles qui sont les nôtres,
01:03c'est lorsque le bon sens devient héroïque.
01:05Normalement, le bon sens, c'est le contraire de l'héroïsme, c'est la sagesse du quotidien.
01:08Quand on est dans cette situation où la personne devait quitter,
01:11déjà, il y a le point de départ, c'est si vous avez un OQTF, si vous devez être expulsé, c'est fini.
01:16Plus rien. On devrait arrêter la conversation à ce moment-là.
01:19Qu'est-ce qu'on voit ? Ça se retombe contre lui, avec cette préférence non seulement étrangère,
01:24mais cette préférence même pour...
01:26Il a quelques soutiens, Bruno Rotaillot notamment.
01:29Monsieur Mathieu, je me permets.
01:31Philippe Guybert.
01:32Ce n'est pas l'État de droit du tout qui est en cause, là.
01:35C'est l'État du droit.
01:37Ce sont des nuances de jésuites.
01:39Non, parce que l'État de droit, c'est un principe de contrôle des pouvoirs.
01:43On ne sait plus ce que ça veut dire aujourd'hui.
01:44C'est un principe de contrôle des pouvoirs et de limitation des pouvoirs par le juge,
01:49là, ce n'est pas du tout ça.
01:51Pardonnez-moi, la loi, c'est la loi qui est en cause en l'occurrence dans l'affaire de Robert Bénard.
01:56Le Sénat va examiner justement une proposition de loi pour interdire un mariage en France
02:02lorsqu'un des futurs époux réside de façon irrégulière sur le territoire.
02:05On en a envie de dire à bon, mais ce n'est pas déjà le cas.
02:07Quand on est obligé de faire des lois pour ça.
02:09Mathieu, j'explique juste.
02:11La loi aujourd'hui, telle qu'elle est, on peut la changer.
02:14La loi explique aujourd'hui que seul le procureur de la République
02:18peut ordonner au maire de ne pas marier telle ou telle personne.
02:22Le maire, quand il marie, il agit en tant qu'agent public.
02:26Et s'il n'a pas l'autorisation ou l'ordre du procureur de ne pas procéder à un mariage,
02:32il est obligé de marier.
02:34On peut changer la loi ?
02:36Non, non, non, Philippe, si je peux me permettre.
02:38L'État de droit, on s'en parle.
02:40L'État de droit comme principe général de référence, on est tous favorables.
02:42Vous calomniez le principe de l'État de droit alors qu'il n'est absolument pas en cause.
02:46Moi, j'appelle ça l'État de droit dévoyé.
02:49Non, non, non, ce sont des nuances jésuitiques.
02:52Ou alors des nuances socialisantes.
02:54Ce ne sont pas des nuances socialisantes.
02:56J'explique.
02:57C'est une définition des mots qu'il n'y a pas d'autre côté.
02:59L'État de droit, normalement, ça devrait être le contrôle, la constitutionnalité,
03:03c'est tout en fonction de l'état social du législateur.
03:05Aujourd'hui, qu'est-ce que...
03:07L'État de droit, c'est le contrôle du juge sur les autorités.
03:10Ce qu'on voit aujourd'hui, c'est qu'on se retrouve, premièrement,
03:13des exigences juridiques contradictoires qui vont souvent contre le bon sens
03:16et à travers lesquelles il y a une prise de pouvoir qui s'est exercée
03:19contre, non seulement les politiques, mais j'y reviens,
03:22contre les principes élémentaires qui commandent notre existence.
03:24On est aujourd'hui en France, mais pas seulement en France, partout en Occident,
03:27devant une question d'immigration massive qui nous déborde de partout
03:31et qui invalide à bien des égards les fondements juridiques
03:34et l'émenée de certaines pratiques sociales élémentaires que nous avions.
03:37Robert Maynard, qu'est-ce qu'il dit là-dedans ?
03:39Je suis le bon sens. À un moment donné, si vous devez quitter, vous quittez.
03:42C'est tout, c'est fini. Et là, qu'est-ce qu'on voit ?
03:44Eh bien, il y a un empidement de normes contradictoires
03:47qui paraissent à la fin du pouvoir public.
03:49Non, elles ne sont pas du tout contradictoires, en l'occurrence.
03:51Vous ne pouvez pas rester en France et donc vous vous mariez,
03:54vous vous y installez directement et avoir l'exigence de quitter.
03:57Mais ce n'est pas ça que dit la loi.
03:59Encore une fois, on peut changer la loi.
04:01C'est le Parlement.
04:03Si le gouvernement et le Parlement sont d'accord...
04:05On ne peut pas souvent la changer.
04:06Le Conseil Constitutionnel se mêle beaucoup de la changer de temps en temps.
04:08D'interdire le changement de temps en temps.
04:10En l'occurrence, les grands principes du droit ne sont pas en cause.
04:13C'est simplement tel qu'il est rédigé.
04:16Aujourd'hui, il se fait vraiment un problème d'état du droit, de la législation.
04:19Et donc, n'allons pas chercher des choses compliquées.
04:22J'espère que Robert Maynard ne sera condamné que de façon symbolique
04:26parce qu'il n'a pas respecté la loi.
04:28Le Sénat va peut-être le sauver avec cette proposition.
04:31Il doit être condamné de façon symbolique
04:34parce qu'on ne peut pas laisser les maires qui sont agents de l'État
04:37sur l'état civil ne pas respecter la loi.
04:40Après, on peut considérer que la loi est très mal écrite,
04:43qu'elle est mal foutue et qu'on fasse évaluer la loi.
04:46Ça n'a rien à voir avec Robert Maynard.
04:48Peut-être que la comparaison est hasardeuse,
04:50mais ça m'a fait penser à ça.
04:51L'influenceur algérien d'OLM dans le viseur des autorités.
04:54Pareil.
04:55Entrée de façon irrégulière.
04:57Il avait eu six condamnations à des peines de prison ferme.
05:01Son obligation de quitter le territoire a été annulée par la justice.
05:05Est-ce que vous feriez la comparaison ?
05:07Il faut juste constater une chose qui me semble élémentaire,
05:10c'est qu'il y a une prise de pouvoir qui s'est exercée.
05:12Ces événements-là, on ne doit les penser qu'en les mettant en lien les uns les autres.
05:16Une prise de pouvoir a eu lieu d'abord, je dirais, symbolique,
05:19d'une forme de droidomisme dévoyé
05:22contre le sens commun sans lequel aucune société ne peut fonctionner.
05:27Par exemple, l'hospitalité,
05:29ça implique que celui qui arrive respecte les règles du pays autre.
05:32Et s'il ne les respecte pas, il dégage.
05:34C'est-à-dire que le droit est là.
05:35Et ça, c'est le phénomène au QTF.
05:36Donc, il y a une prise, une forme de négation idéologique du réel.
05:40Ensuite, une prise de pouvoir déjuge, je crois qu'on en dise,
05:44sur les politiques qui sont à l'origine.
05:46Et on le voit, ça culmine ça.
05:48J'y reviens, c'est l'exemple que je donnais sur la loi immigration il y a quelques mois.
05:51Donc, le Parlement décide de voter des lois.
05:54Et qu'est-ce qu'on fait au final ?
05:55Le conseil consulat dit, vous, législateur, je m'en fous.
05:58Je m'en fous.
05:59Parce qu'en plus, nous, le conseil constitutionnel, au fil du temps,
06:02on a élargi sans cesse notre empire et notre domaine d'exercice du pouvoir
06:08ou du fameux contre-pouvoir.
06:09On s'inquiète toujours des excès de l'État, des excès du pouvoir.
06:12Moi, je m'inquiète beaucoup aujourd'hui des excès du pouvoir juridique.
06:15Et qu'est-ce qu'on voit à travers tout ça ?
06:17C'est que les sociétés deviennent ingouvernables et le commun est mortel.
06:19J'imagine le commun est mortel qui n'est pas familier avec toutes les nuances juridiques.
06:22Il se dit, bon, le type devait créer la France.
06:24Et là, par ailleurs, on va punir le maire qui n'a pas voulu le marier alors qu'il venait d'écraser le pays.
06:29Le commun est mortel, son cerveau se dit, black out.
06:32C'est cocasse.
06:33L'AFP, pardonnez-moi, ça m'a un petit peu interpellé.
06:36Monsieur Ménard, proche de l'extrême droite.
06:39C'est comme ça que le présente l'AFP.
06:41Si je peux me permettre, un petit détail intéressant.
06:44Je donne cet exemplaire.
06:45Ils sont amusants, l'AFP.
06:46Parce que le mot extrême droite, ils l'utilisent tout le temps.
06:48Je me rappelle une fois de notre collègue Charlotte Dornelas.
06:50Charlotte Dornelas, marquée à l'extrême droite.
06:52Alors, j'avais écrit à la journaliste de l'AFP.
06:54Pourrais-je avoir, un, votre définition de l'extrême droite ?
06:57Deux, qui est le marqueur ?
06:58Qui marque à l'extrême droite ?
06:59Je veux savoir, moi, qui a le pouvoir de marquer au fer rouge ?
07:02Monsieur Ménard, proche de l'extrême droite, avait refusé de marier en Algérie.
07:06Pour moi, c'est l'agence française de propagande.
07:08Oui, bon, l'AFP, en l'occurrence, est tout à fait discutable sur les tic-tacs d'extrême droite.
07:15Je serai là-dessus, je vous rejoindrai.
07:17Mais, encore une fois, et ça vaut pour l'expulsion de cet influenceur algérien.
07:23L'application de la loi, sur une radio concurrente,
07:26le magistrat a appelé Bruno Rotailleau, qui était interviewé, et lui a expliqué
07:30nous n'avons fait qu'appliquer le droit,
07:32nous n'avons pas du tout dit qu'il ne fallait pas expulser cet influenceur algérien,
07:36mais que la procédure qui avait été utilisée n'était pas conforme à la loi immigration.
07:42Stéphanie, on ne peut pas demander aux autorités qu'ils soient maires,
07:47dans le cadre Maire Nénard ou Ministres de l'Intérieur,
07:50on ne peut pas leur dire, allez-y, ne respectez pas la loi.
07:53Pour le coup, Mathieu, là, on rentre dans un système où on n'est plus dans l'état de droit.
08:00Le rôle des autorités, c'est de respecter les lois, ou bien de les modifier s'ils estiment que la loi doit être modifiée.
08:08C'est ça qui nous chiffonne, Philippe Guibert, aujourd'hui.
08:11Non, mais on va pouvoir expulser cet influenceur algérien, il faut l'expulser.
08:16Alors, de ça, je ne suis pas sûre, parce que, pardonnez-moi messieurs, j'en reviens à mon autre sujet avant de reparler à Lucrène.
08:21Oui, allez-y vite.
08:22Il faut le faire quand même en respectant les lois.
08:25Les autorités administratives et politiques sont là pour respecter les lois,
08:29ne mettons pas de l'idéologie.
08:31Mais vous avez conscience, cher Philippe, qu'on a une interprétation du droit aujourd'hui par les juges,
08:35qui fait en sorte que les juges sont créateurs d'un droit nouveau, ce sont des super législateurs.
08:41Pas dans les cas dont on parle.