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00:00Merci Robert Bénard d'être avec nous, maire de Béziers, écoutez nous l'émission s'appelle On marche sur la tête sur Europe 1.
00:05On disait depuis tout à l'heure que cette histoire, pour nous, elle colle tout à fait au titre de l'émission.
00:11Elle incarne exactement une situation ubuesque.
00:15Je vais être condamné parce que je vais être condamné, puisque j'ai enfreint la loi,
00:20puisqu'aujourd'hui vous n'avez aucune raison d'empêcher un mariage.
00:25Je vais donc être condamné pour m'être retrouvé avec quelqu'un à la mairie qui avait l'obligation de quitter le territoire,
00:33et moi, on me répond, mais vous, vous aviez l'obligation de le marier.
00:37Est-ce que vous entendez cette folie ? C'est le contraire du bon sens.
00:42Ce garçon, sa seule place où il est maintenant, grâce au préfet de l'époque, c'est de retourner en son pays.
00:49Il était en situation illégale en France.
00:52En plus, vous savez, comme on dit, défavorablement connu des services de police, vous voyez ce que ça veut dire ?
00:57Et c'est moi qui vais être condamné ?
00:59Tant qu'on y est, je ne sais pas, peut-être qu'on va lui demander des indemnités,
01:04comme cet influenceur qui a touché 1200 euros de l'État français.
01:10Comment vous voulez que les gens ne désespèrent pas ce genre de situation ?
01:16On a fini la semaine dernière avec cet influenceur à qui on a donné 1200 euros et à qui on a retiré son OQTF.
01:24Cette semaine, on démarre la semaine avec vous, Robert Ménard,
01:28qui aillait être, comme vous le dites, peut-être condamné par la justice le 18 février prochain pour avoir refusé de marier un homme sous OQTF.
01:36Comment, je pose la question aux auditeurs d'Europe, comment voulez-vous qu'on ait encore confiance dans notre pays ?
01:43Ça devient n'importe quoi !
01:45Mais comment se fait-il qu'on arrive à des situations pareilles ?
01:48Robert Ménard, quand vous avez appris que vous alliez être jugé le 18 février, comment vous avez réagi ?
01:55Moi, j'étais absolument positivement scandalisé, d'autant que le problème, c'est que je ne suis pas le premier maire qui est confronté à cette situation.
02:04Moi, j'ai des copains qui sont élus dans des différentes mairies et qui ont été face à cette situation.
02:10La différence qu'il y a, c'est que finalement, ils ont tous cédé, parce que, vous l'avez dit, la menace est tellement grave.
02:16Vous voyez, 5 ans de prison, ça n'arrivera pas, mais théoriquement, vous pouvez prendre 5 ans de prison, 75 000 euros d'amende et être inéligible.
02:25Il y a plein de maires de mes copains, moi, qui m'ont dit « Ouais, mais tu comprends, quand on m'a dit ça, moi, j'ai changé d'avis.
02:31Alors, je ne l'ai pas marié, mais je l'ai fait marier par quelqu'un d'autre, un adjoint, en l'occurrence à la mairie.
02:37Moi, quand on m'a proposé ça, qu'est-ce que vous auriez fait si j'avais dit ça à ma gueule ? »
02:41C'est-à-dire que « Ah oui, moi, je ne vais pas le faire, mais je vais refiler le bébé au type d'à côté, puis il va se démerder. »
02:47Non, je ne veux pas. Donc, la seule différence, elle est là.
02:51Mais j'espère qu'aujourd'hui, un certain nombre de maires vont dire « Je ne me prête pas à cette mascarade ».
02:57J'étais content d'entendre la prise de position de M. Darmanin qui dit « On va voter une loi et tout ».
03:04Moi, j'ai répondu hier à des confrères de chez vous, d'à côté de chez vous, d'autres médias.
03:09Ils m'ont posé la question, j'ai dit « Mais je suis très très content, bravo et tout ça. »
03:12Et en attendant, qu'est-ce qui se passe en attendant la loi ?
03:15Je vais être congagné au nom d'une loi dont tout le monde se dit qu'il faut absolument la changer.
03:20Mais ça aussi, c'est fou furieux.
03:22Qu'est-ce qu'ils vont faire ? Qu'est-ce que vont faire les magistrats ?
03:26Et en plus, attendez, je prie le bon Dieu de ne pas tomber sur les magistrats du syndicat de la magistrature.
03:30Parce qu'alors là, ce serait le con, ce serait le con.
03:32Moi, j'ai été sur le mur des cons, vous savez, ce mur où tout est allé genre.
03:36Vous vous dites « C'est la loterie, si je tombe sur un d'entre eux, bonjour les dégâts. »
03:40Mais c'est fou.
03:41Alors, elle a dit, la plaignante, à déclarer à propos de vous, Robert Ménard,
03:45« Je me sens enfin respirer depuis le 7 juillet 2023.
03:48Notre qualité de victime est enfin reconnue.
03:50Le cauchemar que l'on a vécu aussi.
03:52Monsieur Ménard va enfin devoir répondre de ses actes,
03:55à savoir piétiner nos droits, nous ublier le jour de notre mariage et diffamer à notre sujet. »
04:00Voilà, c'est ce qu'elle a évoqué.
04:02Je vais vous dire, je l'ai vue avant l'heure où je vais normalement les marier.
04:08Je l'ai reçue dans mon bureau de maire, évidemment.
04:12Et je me suis dit, je vais être troublé.
04:14Vous savez, comme vous l'auriez été vous, Cyril,
04:16si elle m'avait dit, j'en sais rien, c'est une histoire d'amour,
04:20vous vous rendez pas compte ce que vous faites, ça brise mon cœur et tout.
04:23Honnêtement, j'aurais été un peu emmerdé quand même.
04:25Parce qu'à part d'être un salaud, ça te touche que quelqu'un te dise rien.
04:29Je n'ai pas eu un mot là-dessus.
04:31C'est pour ça que ça m'a encore conforté dans ce que je pense sur cette affaire.
04:35Non, j'ai eu affaire à moi, en face de moi,
04:38une militante qui m'expliquait, article par article,
04:41qu'est-ce que j'avais pas le droit de faire, ce que j'avais le droit de faire.
04:43Vous avez compris, c'est une démarche de militant.
04:46C'est pas une histoire d'amour.
04:47Et en plus, pardon, je précise, elle a retrouvé plusieurs fois,
04:52dit-elle, son chéri en Algérie.
04:55Mais pourquoi donc elle s'est pas mariée en Algérie ?
04:58Attendez, ça vous empêche pas,
05:01ce que j'ai fait, le refus ici, ne vous empêche pas d'aller,
05:04ou même, poussons le bouchon un peu plus loin,
05:06il y a un certain nombre de mairies de gauche qui n'auraient pas hésité à les marier,
05:09qui n'auraient pas fait une histoire.
05:11Donc, c'est pas ça, c'est une volonté affichée
05:16de faire de son histoire de mariage,
05:19une espèce de combat,
05:20de combat toujours pour le même, en disant,
05:23le droit c'est bien, essayons de l'utiliser au maximum contre le bon sens.
05:27Et j'en ai marre de ça, j'en ai marre, mais pas que moi,
05:29il y a 70% ou 80% des Français qui en ont marre.
05:32Si vous saviez le nombre de messages que je reçois en disant,
05:35ne faites pas ça, les gens peuvent même pas imaginer
05:38qu'un maire se retrouve dans une situation pareille.
05:40Bien sûr, mais c'est incroyable.
05:42Son avocate, elle se positionne sur le droit, justement, c'est ce qu'elle dit.
05:44Elle dit, ce combat n'est ni politique ni idéologique,
05:46c'est un combat pour la justice, pour le droit,
05:48pour ce qui fait de la France un grand pays.
05:50Elle se fout du monde, tu vois, juste une minute.
05:54C'est absolument incroyable, excusez-moi.
05:57Moi, quand je lis ça, franchement, quand j'entends ce genre de choses,
06:00vous vous rendez compte ?
06:00Je vous dis, on a fini la semaine avec notre ancien président de la République,
06:04avec un bracelet électronique,
06:05avec un influenceur algérien au QTF qui perd son QTF
06:10et à qui la France va donner 1200 euros.
06:12Et on démarre avec un maire d'une grande ville, Béziers,
06:16qui va aller devant les tribunaux et qui risque d'être condamné
06:19parce qu'il a refusé de marier un au QTF.
06:20Donc, à un moment, ça va s'arrêter où, en fait, la folie dans ce pays ?
06:24Ça ne s'arrête jamais ?
06:26C'est quoi, Gauthier Lebré ?
06:28Robert Ménard risque plus que l'influenceur qui est sorti de cras
06:32avec 1200 euros dans sa poche
06:34et qui est, à l'heure où je vous parle, en situation régulière sur le sol de France.
06:38Donc, quand on est Nicolas Sarkozy,
06:39on risque d'avoir un bracelet au pied quand on vous écoute avec votre avocat
06:43et qu'on vous condamne sur une intention.
06:45Et quand on est Robert Ménard, on risque 5 ans de prison,
06:4875 000 euros d'amende et peut-être qu'au mois de mars,
06:52Robert Ménard ne sera plus maire de Béziers.
06:54On va peut-être lui enlever son mandat de maire.
06:56Oui, mais je peux vous dire que les habitants de Béziers,
06:58ils vont monter au credo, je pense aussi,
07:01parce que je crois savoir que Robert Ménard...
07:04Voilà, les habitants de Béziers, je pense qu'ils aiment bien Robert Ménard.
07:07Mais comme le dit Robert Ménard, s'il tombe sur un magistrat rouge
07:11du syndicat de la magistrature
07:14ou qui pense la même chose que le syndicat de la magistrature
07:18mais qui n'est pas forcément affilié à ce syndicat,
07:20l'idéologie, à mon avis, ne restera pas à la porte du tribunal.
07:25Oui, c'est sûr.
07:25Est-ce que je peux ajouter un mot, Cyril,
07:28ce que je voulais vous dire ?
07:29Ce n'est pas un combat de droite ou de gauche, en l'occurrence.
07:33Moi, je suis de droite, tout le monde le sait,
07:34donc ce n'est pas le problème, mais ce n'est pas ça.
07:36C'est un combat du bon sens, Cyril Hanouna, du bon sens.
07:40Comment vous voulez que ça ne désespère pas les gens
07:43des situations comme ça ?
07:45Mais même, ça met tout le monde dans une situation impossible
07:49parce qu'on se dit, moi, je n'ai rien contre l'État de droit,
07:52je n'ai rien contre, évidemment, le respect des conventions internationales
07:56que la France a signées.
07:57J'étais le patron pendant 25 ans de Reportage Frontière,
07:59j'ai utilisé les textes internationaux pour défendre des journalistes.
08:05Mais là, on a l'impression que le droit, l'utilisation du droit
08:09se fait à l'encontre de toute évidence, de tout bon sens.
08:15Ce que vous disiez, et vous le disiez à la juste raison,
08:17on marche sur la tête, on est fou furieux dans cette histoire-là.
08:21Et je pense que ça, ça fragilise même la démocratie
08:25parce qu'il y a des gens qui disent, si c'est ça la démocratie,
08:27ils ont tort de le penser.
08:28Si c'est ça la démocratie, qu'ils aillent se faire voir.
08:30Moi, je ne veux pas de ça, et donc être condamné, honnêtement,
08:33je le vivrai pas seulement comme une injustice à mon égard,
08:36mais ça, c'est secondaire.
08:38Je le dirais comme une folie, une folie dont ce pays est capable.