"Quand on entre dans le métier, on sait qu'il va y avoir des agressions."
Luc est surveillant pénitentiaire. Et son quotidien en prison, c'est ça.
Luc est surveillant pénitentiaire. Et son quotidien en prison, c'est ça.
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00:00C'est ces derniers moments en cellule. Vous êtes contents au moins ?
00:05Ouais normal. Ils sont toujours stressés. Quand ils arrivent là, ils perdent tout. Et du coup,
00:14quand ils sont libres, ils ont tout à refaire, tout à recommencer. C'est le moment le plus
00:23stressant. C'est pour ça qu'il y en a aussi, ils retournent en prison, c'est plus ça.
00:27On ne vous revoit plus quoi ? Ok bon, au revoir.
00:39Salut Brut, moi c'est Luc et je suis surveillant pénitentiaire. Je vais te montrer mon quotidien
00:50dans une maison d'arrêt en prison.
00:52On fait mal au niveau des procédures pour les collègues qui sont faits mal ou qui viennent
01:08porter plainte parce que c'est de pire en pire. Il y a un problème au genou, il faut qu'il aille
01:13à droite chercher un patron, à gauche aller chercher un autre, etc. C'est pas normal.
01:17Quand on entre dans le métier, forcément, on sait qu'il va y avoir des agressions,
01:20des soucis, des engueulades avec des détenus. J'aime bien dire, c'est un peu comme une
01:26téléréalité. Parce qu'on est H24 avec les détenus et les surveillants. Et des fois,
01:32on s'engueule avec les détenus, le lendemain c'est oublié, on s'engueule avec un autre détenu,
01:36etc.
01:37Ouverture 1-EMA, merci.
01:40Il a fait un moment stressant ?
01:47Ouais, enfin stressant, vigilant. Il y a eu plus de risques pour l'instant.
01:55De se faire sauter dessus, agresser. C'est pour ça qu'on fait plusieurs.
02:01Bonjour.
02:02C'est quoi, c'est à mettre dans la poubelle, ça ? Voilà, merci.
02:10Bonjour, en bas.
02:18Avant ça, je travaillais dans le fast-food. Et après, j'ai changé pour travailler dans la
02:33grande distribution. Et c'est là que ça m'a permis de rentrer dans la pénitentiaire,
02:37parce que du coup, j'ai pris un caractère.
02:40Il y a quelqu'un qui vient ?
02:41C'est qui qui vient ?
02:42Je ne sais pas.
02:43Pas encore.
02:44C'est pas vous qui décidez ?
02:49Si, il y en a qui décident ici. Moi, non, je ne décide pas.
02:53Moi, je vous jure que si.
02:54Vous pensez que c'est des cellules ?
02:56Oui, il y en a qui décident.
02:57Il reste à l'étage tout le temps, comme ils veulent.
03:00Moi, une semaine, je ne crois rien. C'est juste une semaine, il me reste.
03:03Mais de toute façon, c'est le chef qui décide.
03:04Je sais ça, je ne suis pas en train de vous le dire. J'affirme que je veux ça.
03:08On essaie d'adapter les gens ensemble.
03:09Non, non, c'est pas ça. Vous m'avez mis avec un gars qui a 13 ans, surveillant.
03:14Et alors ?
03:15Il me restait un mois.
03:16C'est vrai ?
03:17Et après ?
03:18Non, laissez tomber, monsieur.
03:19Je lui explique qu'on ne peut pas faire ce qu'on veut, c'est le chef qui décide.
03:24Et que les mutations, ça se fait, c'est comme ça, c'est tout.
03:28Après, ils refrontent un mot s'ils veulent être ensemble et si c'est possible.
03:32Mais on ne peut pas faire tout ce qu'on veut, on n'a déjà pas de place.
03:36Alors ?
03:42Ok !
03:46Le téléphone de chargeur.
03:48Et en plus, ça commence.
03:50Tout ça, c'est interdit ?
03:51Oui.
03:53Il le s'en remet.
03:55Il est confisqué.
03:57Ils étaient où ?
03:58Eh bien, celui qu'on a levé en bas, là.
04:01Il l'avait mis derrière lui, au fond du lit, là.
04:03Il remettait des draps dessus.
04:05Et l'autre, il était sous le matelas, à l'opposé, vers le mur.
04:07Le chargeur, il était du côté de la fenêtre.
04:09Il y a même les chargeurs et tout, c'est beau, ça.
04:11Ah ouais, là, là, c'est franchement ça.
04:12Et puis alors, celui-là, dès qu'il est pris, tout, tout, Snapchat.
04:19Le principe de surveillant référent, c'est de prendre en audience des détenus.
04:23Donc isolés entre quatre murs, comme ça, ils peuvent parler de tout.
04:27Alors, comment ça se passe en détention ?
04:29Pour moi, ça part très bien.
04:31Ça se passe très bien.
04:32OK.
04:33Il y avait beaucoup de détenus, c'est-à-dire qu'il n'y avait pas de problème.
04:36Moi, j'étais à ma maison, j'ai mon travail.
04:38Non, j'ai pas peur de la personne.
04:40OK.
04:41Parce qu'ils vous ont gardés quand même au travail ?
04:42Oui, ils m'ont envoyé en détention, ils me gardaient.
04:45OK. Et c'est quoi comme travail ?
04:47Je travaille sur l'autoroute, ce qui est facile.
04:49Ah !
04:50Je pose des missiles en devant des placements.
04:52Mais non, c'est vrai ?
04:53Oui, c'est vrai.
04:54Il faut assumer ses erreurs, et puis voilà, il faut assumer, c'est tout.
04:57On fait des erreurs, on assume tout.
04:59C'est bien ça, parce qu'il y en a qui sont dans le déni.
05:01Parce qu'on assume pas la solution.
05:02Si tu veux pas faire la prison, fais pas de bêtises, c'est tout.
05:04En France, il y a la prévention, on te prévient.
05:06Au parrain de la loi, c'est un tir en prison.
05:08Si tu vois un autre en prison, assume.
05:10Fin.
05:11Ouais.
05:14C'est une façon pour moi de servir à ma façon.
05:17C'est vrai, c'est mon pays.
05:19Moi, j'aime bien ce que je fais.
05:21Je représente, même si on nous aime pas trop,
05:24je représente l'État, je représente la France.
05:26Donc voilà.
05:27Donc t'en es fier ?
05:28Ouais.
05:29Ouais.
05:30C'est vrai.
05:31J'en suis fier.
05:32Je le dis pas à tout le monde, mais j'en suis fier.