Béatrice Brugère : «Ce que je regrette, c'est que la justice n'investisse pas davantage ce sujet-là pour avoir des réponses. On traite les drames les uns après les autres, sans avoir les réponses. [...] La violence n'est pas un sujet d'étude comme il devrait l'être.»
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00:00En fait, on est sur la question quasiment humaine, de la psychologie humaine, et il y a un sociologue qui est là, un éminent sociologue qui a sans doute une analyse plus pertinente.
00:10Moi, ce que je regrette, en fait, parce que ces sujets reviennent régulièrement, en fait, sur ces plateaux télé, c'est que la justice, en fait, n'investisse pas davantage ce sujet-là pour avoir des réponses.
00:23Parce qu'en fait, on traite un peu les sujets qui sont des drames comme ça, les uns après les autres, et on pose toujours les mêmes questions, on a rarement les réponses.
00:32Or, on peut avoir quand même un début de réponse. Je pense que d'ailleurs le monde médical, le monde de la psychiatrie, le monde de l'univers des sciences sociales doivent pouvoir nous aider à comprendre aussi certaines choses pour mieux les prévenir.
00:51Alors, évidemment, c'est peut-être pas pour ce dossier-là, mais la violence en tant que telle n'est pas un sujet d'étude comme il devrait l'être dans nos sociétés.
01:01Or, tout le monde est d'accord pour voir qu'elle ne cesse d'augmenter. Là, si j'ai bien compris, c'était un jeune qui était addict au jeu vidéo violent.
01:09On a quand même déjà des signaux forts qui montrent comment ces jeux vidéo, mais ça peut être la pornographie sur d'autres choses, ça peut être des addictions, ça peut être des écosystèmes qui montrent, évidemment, qu'on est en train de fabriquer des générations de violents.
01:25Et donc, si on veut répondre à votre question, déjà, faut-il encore avoir une approche sérieuse, objective, de recherche, d'analyse, même de statistique, pourquoi pas, pour comprendre si on est sur des phénomènes marginaux, sur des phénomènes de masse, des faits de société.
01:41Et donc, si on est sur des faits des sociétés ou des phénomènes de cet ordre-là, il faut pouvoir avoir des réponses à la hauteur de ces enjeux.
01:49Mais c'est aussi, là, j'entendais la chronique de madame, des choix politiques. Pourquoi ? Parce qu'il n'y a pas d'investissement non plus budgétaire, c'est-à-dire que le politique fait des choix aussi, des arbitrages budgétaires.
02:01Aujourd'hui, on en reparlera peut-être après, mais on a quand même tout le secteur social qui est effondré, tout le secteur de la psychiatrie qui est effondré.
02:09Si dans ce dossier, je ne sais pas encore, il y avait des signaux d'alerte d'un profil qui est déjà dérangé, violent, etc., je crois que c'est un peu le cas.
02:18On ne met pas les moyens, en vrai. En tout cas, on ne met pas les moyens là-dessus, on les met ailleurs.
02:24Or, la politique, c'est de choisir, c'est d'arbitrer. Si je veux mettre de l'argent, si je veux relever un secteur médico-social, mettre en place, justement, des mesures beaucoup plus fortes, beaucoup plus de prévention ou d'accompagnement,
02:38tout ça sont des choix politiques et aujourd'hui, on en reviendra, ces choix-là ne sont pas faits.
02:44On a, sur le secteur médico-social et notamment sur la psychiatrie, des signaux d'alerte et d'alarme incessants qui montrent que quand même il y a des alertes, en fait, il n'y a pas les moyens de la prise en charge.
02:58Et donc, on est tous là à faire des commentaires en disant « mais c'est incroyable, ça n'a pas été fait ».
03:03Oui, mais ça n'a pas été fait parce qu'on n'a pas fait en sorte que ça soit fait.
03:08Sous-titrage Société Radio-Canada