La comédienne Louise Duhamel, créatrice de la chaîne YouTube Selfie’storique, incarne pour Arte des héroïnes de la littérature en mode influenceuses.
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00:00Bonjour Louise Duhamel ! Encore un projet très original d'Arte, mais ce n'est pas l'idée de la chaîne, c'est la vôtre, ce format, vous l'avez lancé sur votre chaîne YouTube
00:09Selfie Story, dans laquelle vous campez des personnages féminins de l'histoire et vous les imaginez à l'heure des réseaux sociaux.
00:15Alors voyons ce que ça donne sur Arte, et on en parle après.
00:20Mais votre père n'a jamais accepté ce mariage, vraiment ?
00:22Jamais, jamais.
00:23Et vous savez pourquoi ?
00:24En fait, il n'était pas au courant qu'on était amoureux avec Otello.
00:27Du coup, tout s'est fait en douce, une nuit je me suis faufilée jusqu'à chez Otello, et puis on s'est mariés.
00:33Story time de mon histoire d'amour avec Tristan.
00:36Spoiler alerte, ça part dans tous les sens !
00:39En fait, j'ai épousé le prince de Clèves.
00:41Ah, vous êtes la princesse de Clèves, ok !
00:44Oui, c'est moi.
00:45Ok, donc vous avez eu un mari qui vous aimait plutôt pas mal.
00:48Oui, ça oui, mais ça ne résout pas tout.
00:57J'ai épousé, puis m'a laissé planter.
01:01Alors on a Desdemone sur un plateau télé, Iseult qui fait une story, la princesse de Clèves interviewée dans la rue,
01:07Elvire qu'on entend qui chante dans sa voiture.
01:09Vous sortez ces héroïnes de leurs romans pour leur donner vie au XXIe siècle.
01:13Elles racontent leur véritable histoire, celle de la littérature, mais façon tiktokeuse, c'est ça ?
01:18Exactement, oui c'est ça.
01:20En fait, à la base, je fais ce principe-là mais avec des personnages historiques.
01:25L'idée c'était de déplacer le concept avec une autre thématique de vulgarisation,
01:30de passer de l'histoire à la littérature.
01:32Et donc il y a 10 héroïnes de la littérature plus ou moins connues.
01:37C'est vrai qu'il y en avait que je connaissais moins bien.
01:39Moi-même aussi, j'en ai découvert pour l'écriture.
01:42L'idée c'est de raconter plus ou moins leur histoire, d'essayer de plus ou moins donner d'informations sur ce qu'elles vivent.
01:49Parce que ce sont de courtes vidéos.
01:51Donc soit on donne un petit aperçu de ce qui va leur arriver et j'espère du coup susciter l'intérêt des personnes qui ne connaissent pas l'œuvre
01:59pour aller les lire ou sinon les relire peut-être éventuellement.
02:02Ou bien on peut aussi aller un petit peu plus loin dans l'histoire et donner plus d'informations sur elle.
02:08L'idée c'est en tout cas de donner envie de lire.
02:10Ce qui est drôle, c'est l'anachronisme.
02:12Elles sont dans la vie moderne, dans une voiture, à la télé, mais en costume d'époque.
02:17C'est ce décalage en fait qui est vraiment réussi aussi.
02:20Elles sortent de l'œuvre et elles arrivent en 2025 et elles utilisent TikTok.
02:25Vous empruntez donc les codes des réseaux sociaux avec, j'ai remarqué, des coupes sauvages.
02:30Ça j'imagine que c'est fait exprès ?
02:32Oui.
02:33C'est pas un manque de talent de votre part ?
02:35C'est vraiment utiliser tout ce qui fait les réseaux sociaux, les codes, les langages, que ce soit verbal ou visuel, des applications des réseaux sociaux.
02:46Surtout TikTok, c'était vraiment l'idée de reprendre tout ce qui faisait l'essence de TikTok, les trends.
02:51Que ce soit les micro-trottoirs, les story time, les get ready with me, les choses comme ça.
02:56Et de les utiliser, d'utiliser le format pour raconter quelque chose.
03:00C'est un prétexte, on va dire, le format.
03:01Alors, erreur verbale, vous venez de le dire.
03:03Vous reprenez une faute de français, comme on en entend souvent chez les influenceurs et influenceuses de télé-réalité.
03:09Écoutez.
03:10Déjà, il faut sacher que Tristan, c'est le neveu du Roi Marc.
03:13Bon, ça c'est pas une erreur de votre part, on est d'accord ?
03:15On est d'accord.
03:16Il faut sacher qu'il y a un peu un mème qui, moi, me faisait beaucoup rire de reprendre.
03:22Quelqu'un l'a vraiment dit ?
03:23Oui, oui.
03:24On ne dira pas qui, bien sûr.
03:26Comment vous avez eu l'idée de libérer ces femmes ?
03:29Moi, déjà, je mets en lumière des femmes sur ma chaîne.
03:37L'idée, c'est de vraiment donner de la place à ces figures, du coup, fictives ou non, que ce soit sur YouTube ou pour Arte.
03:43Parce qu'en fait, on ne donne pas assez de place, je pense, aux femmes.
03:47Et voilà, l'idée, c'était de les mettre en lumière.
03:51Vous, vous êtes comédienne, Louise Duhamel, avec aucune formation d'historienne du tout.
03:56Donc, comment vous faites vos recherches ? Comment vous documentez ?
03:59Alors, du coup, j'essaie de compenser au maximum en utilisant plusieurs sources.
04:03Je recoupe et je vais surtout d'abord aller voir les biographies d'historien ou d'historienne.
04:11J'essaie d'en lire le plus possible.
04:13Quand ça s'y prête, des fois, malheureusement, les sources sont...
04:16Il y en a des fois un peu plus ou un peu moins, ça dépend des thématiques.
04:20Et après, j'essaie d'aller vers les biographies qui sont les plus fiables, les plus objectives, évidemment.
04:25Et je recoupe.
04:27Et il y a vraiment un gros travail de recherche pour compenser parce qu'il y a un petit peu le syndrome d'imposteur qui est derrière.
04:33Ça prend combien de temps de faire un seul personnage ?
04:36Alors, ça dépend si c'est une saison entière où il y a environ 10, 12 épisodes,
04:40où là, du coup, je brasse la vie, le plus d'informations, on va dire, sur la femme.
04:47Donc là, j'essaie d'aller le plus loin possible.
04:49Donc là, ça prend plus de temps.
04:51Dans ces cas-là, c'était le moins de temps que j'ai passé.
04:55C'était parce qu'il y avait neuf épisodes, c'était pour Cléopâtre.
04:57J'ai passé deux mois de recherche.
04:59Et ensuite, il y a l'écriture.
05:01Après, quand c'est juste un hors-série, là, je suis obligée de me concentrer sur une thématique concernant une personne.
05:08Par exemple, Christine de Pizan, je me suis concentrée sur la publication d'un de ses livres uniquement.
05:12Je n'ai pas pu parler de sa vie privée, disons.
05:16Et donc, dans ce cas-là, je vais, entre guillemets, un peu plus vite.
05:19Mais là, c'est un mois, donc ça dépend.
05:22C'est Arte qui est venue vous chercher ?
05:23Oui.
05:24Comment ça s'est passé ? Racontez-nous.
05:25En fait, j'avais donc pour ma chaîne YouTube un projet qui a eu une bourse.
05:34C'est pas une bourse.
05:35Un prix ?
05:36Un prix Savoir et Culture.
05:37Enfin, une aide à la production.
05:39Pardon, je vais y arriver.
05:41Et du coup, ils ont vu ce projet-là avec Savoir et Culture.
05:45Et ça leur a donné envie, du coup, de venir travailler avec moi.
05:48Donc, ils m'ont demandé de venir avec plusieurs idées, ce que j'ai fait.
05:51Et ils ont choisi parmi les idées que j'ai apportées, Les Influentes.
05:54C'est un projet spécifique que vous faites pour Arte.
05:57On ne le retrouve pas sur votre chaîne YouTube.
05:59Absolument, c'est ça.
06:00Est-ce qu'il y a des contraintes quand on travaille pour un média traditionnel et qu'on n'a pas sur ses propres réseaux ?
06:06Forcément, du coup, il y a des choix qui ne sont pas que de mon ressort.
06:13Il faut évidemment s'adapter à ça.
06:16C'est un travail à plusieurs.
06:17Exactement.
06:18Et c'est vrai que du coup, pour moi, ça me change parce que quand je suis toute seule sur ma chaîne, c'est moi qui décide de tout.
06:22Vous écrivez, vous réalisez, vous montez, vous jouez.
06:25Oui, multicasquette.
06:27Et du coup, il faut forcément s'adapter un petit peu parce qu'il y a aussi les envies de la chaîne que je dois prendre en compte, même si c'est mon idée initiale.
06:38Qui vous suit sur les réseaux ?
06:40Vous ne savez pas ?
06:41Je ne sais pas.
06:42Vous ne connaissez pas le profil de vos abonnés ?
06:44C'est assez variable, j'ai l'impression.
06:46Beaucoup de femmes.
06:48J'ai une majorité de femmes en pourcentage sur tous les réseaux.
06:52Et sinon, après, en termes d'âge, ça va de collège en majorité.
06:59Parce qu'évidemment, sinon, ça brasse tous les âges.
07:01Mais en majorité, ça va de collège à quarantenaire.
07:05Ah oui ? C'est assez large ?
07:06Oui, quand même.
07:07Est-ce que pour Arte, vous comptez élargir votre palette de personnages ?
07:11Là, on est juste sur des héroïnes de la littérature.
07:13Alors que sur votre chaîne Self History, il y a Cléopâtre, Marie Curie, Marie-Antoinette.
07:18Oui.
07:19Ça, c'est un projet ?
07:20Du coup, pour ma chaîne, j'ai des projets de parler d'autres femmes.
07:25Du coup, mérovingiennes.
07:27Il y a aussi, dans la Renaissance, je ne peux pas encore donner des noms très précis.
07:32Mais voilà, parce que c'est un projet, ça arrive.
07:34Et après, pour Arte, s'il y a une saison 2 qui est possible, il y a plein d'inspirations qui sont possibles aussi.
07:40Et interpréter des hommes, vous n'en avez pas envie ?
07:43Je pense vraiment qu'ils ont pas mal de place, déjà.
07:46C'est pour ça que je veux d'abord me concentrer sur les femmes.
07:48Il y a tellement à dire et à défendre avec ces figures, fictives ou non, féminines.
07:53Je pense qu'il y a de la marge avant de manquer d'inspiration pour ça.
07:57Quel regard portez-vous, Louise Duhamel, sur les passerelles qui se font de plus en plus
08:01entre les créateurs de contenus et les médias traditionnels ?
08:04On voit Hugo Descript sur France 2, Gaspard G sur France Inter.
08:07Il faut que ces deux mondes collaborent davantage ?
08:13En tout cas, je ne saurais pas dire.
08:16Je pense que c'est une bonne chose qu'il y ait une passerelle, parce que ça permet plein de nouvelles choses.
08:23Je n'ai pas un avis très tranché sur la question, mais je pense que c'est bien.
08:28Ça permet de donner plus de visibilité aux créateurs et aux chaînes d'ouvrir aussi un nouveau public.
08:37Et peut-être aussi montrer au grand public que sur les réseaux sociaux,
08:41il n'y a pas que des garçons et des filles qui filment leur quotidien sans intérêt.
08:45Il y a aussi de la vraie info, un vrai travail de recherche, un vrai travail tout court.
08:50C'est important pour vous de montrer ça ?
08:52Oui, c'est un vrai domaine de création.
08:57Merci beaucoup d'être venue nous voir Louise Duhamel.
08:59Merci à vous.
09:00On vous souhaite une saison 2 parce que c'est vraiment très bien.
09:02Merci beaucoup.