Revivez l'année 1972 à travers la musique, le cinéma, la culture... et bien sûr, le basket ! De la domination des Lakers à la finale controversée URSS-USA lors des Jeux Olympiques marqués par la tragédie de Munich, replongez au cœur d'une époque qui a marqué l'histoire du sport et du monde.
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00:00:00Musique
00:00:29Aïe is back sur Sport en France, on vous l'a dit on revient chaque mois pour parler un petit peu de basket et
00:00:34même de la culture basket en général. Bonne année d'ailleurs parce qu'on l'applaudit, on rentre
00:00:39aussi dans une nouvelle année 2025 donc santé à vous et nous on va par contre rétro pédaler
00:00:45parce qu'on va parler de l'année 1972, il s'est passé pas mal de choses en 72 quand on parle de
00:00:50basket et mais avant d'en parler vraiment on va accueillir toute l'équipe et notamment un homme
00:00:56qui a passé des bonnes fêtes, ça va très bien et c'est vrai que ça fait longtemps qu'on s'est pas
00:01:02vu, toujours un plaisir. Bonne année. Bonne année à tout le monde. On va parler des Lakers,
00:01:07on espère qu'ils passent une bonne année. Comme toujours, on verra, réponse dans quelques mois.
00:01:11Carrière de musicien en 2025 ou pas du tout ? Ah oui oui plus que jamais j'espère,
00:01:18j'espère, je cherche un guitariste, avis aux amateurs. Bonne année et merci d'être là.
00:01:24Merci à toi Sylvain. Pas mal de choses à se dire en plus, je crois que tu as bien préparé cette
00:01:27émission. Bonne année, bonne santé, on verra si l'année 2025 sera meilleure pour les Lakers
00:01:31que 72, on a préparé pas mal de trucs. Beaucoup de choses en 72 on l'a dit, bien sûr pour le
00:01:37basket mais aussi extra basket, on aura une grosse grosse discussion, on n'en a pas l'habitude un
00:01:41petit peu plus sur les géopolitiques, revenir un peu sur les faits marquants de cette année,
00:01:44sur le plan historique et pour nous accompagner, on a la chance messieurs d'avoir une légende du
00:01:50basket féminin, élue meilleure joueuse de basket du 20e siècle. 189 sélections en équipe de France
00:01:58si je m'abuse, il y a plusieurs types de championnes de France d'ailleurs dans les années 60, fin des
00:02:05années 60 et jusqu'en 76 donc toute l'année 70 est concernée et quand on parle de légende et
00:02:12ben on accueille tout de suite Jacquie Chazalon. Bonjour Jacquie. Bonjour. Merci beaucoup d'être
00:02:19là, vous allez bien ? Oui très bien merci. On est ravis de vous avoir, on ne vous entend pas trop dans
00:02:26les médias, on ne vous voit pas non plus excessivement et on va prendre le temps et on va permettre aussi
00:02:31à tous ceux qui suivent le basket d'aujourd'hui et d'avant de réouvrir un petit peu
00:02:35les pans de l'histoire quand on parle des années 70 parce que vous y êtes vraiment
00:02:39vraiment implanté à travers Clermont notamment et bien sûr l'équipe de France. Non loin de vous,
00:02:46enfin à quelques kilomètres quand même, on sait que vous vous connaissez puisque vous avez
00:02:50organisé et produit des camps de basket ensemble. Un homme qui est passé par l'ABC Nantes en 1972,
00:02:58il fait partie même des meilleurs scoreurs du championnat de France à l'époque appelé
00:03:02National 1. Il est passé également par Chaland, il est devenu un petit peu plus tard coach universitaire
00:03:08pour Saint-Jean. On l'accueille tout de suite, Carmine Calzonetti. Bonjour Carmine. Bonjour, comment ça va ?
00:03:16Ça va et vous ? On est content de vous avoir. Pour certains qui ne situent pas votre nom, vous faites
00:03:23quand même partie de l'histoire du basket français au travers de performances que vous avez pu avoir.
00:03:27On va en parler bien sûr ensemble dans quelques minutes. On aura aussi d'autres discussions et
00:03:33d'autres invités autour de cette émission, ne vous inquiétez pas, on vous présentera un petit
00:03:36peu tout ça. Ne bougez pas Carmine et Jackie, on va donner la parole à Paul puisqu'on va
00:03:42d'abord poser le contexte un petit peu de cette année 1972 pour revenir un peu sur les faits
00:03:46marquants, peut-être pas à basket d'ailleurs, on y viendra peut-être un petit peu plus tard.
00:03:51Paul, quand on parle de 72, on sait que tu n'étais pas né, mais ça évoque quoi ? C'est vrai que je n'étais pas
00:03:55encore né, alors ça évoque beaucoup de choses et moi j'ai envie de vous parler de cinéma, encore une fois.
00:04:00Une grande année pour le cinéma, il y a eu beaucoup de films marquants. On pourrait citer Un flic de Melville
00:04:07avec Delon et Deneuve côté français, L'aventure c'est l'aventure de Lelouch avec un certain Jean-Philippe
00:04:12Smith évidemment, mais on va plutôt se tourner vers les Etats-Unis, pas vers Orange Mécanique, ni vers
00:04:19French Connection, il y a quand même beaucoup de choses, le choix était difficile, et non pas non plus
00:04:24vers Superfly, un des films iconiques de la Blaxploitation avec une bande-son exceptionnelle
00:04:31signée Curtis Mayfield. Mais en parlant de bande-son exceptionnelle, on va vous faire écouter un petit
00:04:36extrait qui va peut-être sûrement même rappeler des souvenirs à Jackie et Carmine.
00:04:42Jackie et Carmine, qu'est-ce que ça vous rappelle comme souvenirs cette chanson?
00:05:00Moi pas grand-chose, pas grand-chose.
00:05:04Peut-être Carmine alors?
00:05:06Je connais la chanson, mais le nom ça m'échappe.
00:05:13Alors en fait c'est une chanson de Nino Rota qui est dans la bande originale mythique du
00:05:20Parrain, un des plus grands films, si ce n'est le meilleur film de cette année 1972, une histoire
00:05:26bien célèbre sur la mafia italo-américaine, un véritable carton comme la musique, et il y a
00:05:34énormément d'anecdotes autour de ce film, dont on va voir un petit extrait d'ailleurs tout de suite
00:05:40maintenant avec une séquence culte.
00:06:04Le producteur d'Hollywood te prendra pour le rôle.
00:06:07C'est trop tard, ils vont tourner dans une semaine alors.
00:06:10Je vais lui faire une offre qu'il ne refusera pas.
00:06:13Retourne avec les autres et amuse-toi.
00:06:19Ne t'inquiète pas pour cette histoire.
00:06:22Je m'en occupe personnellement.
00:06:26Merci.
00:06:35Alors voilà une scène mythique qu'on connaît tous par cœur.
00:06:40Et notamment cette phrase, je vais lui faire une proposition qu'il ne pourra pas refuser.
00:06:45On sait qu'il y a des moyens de pression derrière, il y a une histoire de cheval avec la tête coupée.
00:06:51Pour ceux qui ne connaissent pas, on vous invite à revoir le film, même s'il dure presque trois heures.
00:06:56C'est une trilogie formidable, dont le premier opus est sorti en 1972.
00:07:02Et il y a un lien avec le basket, parce qu'un certain Lebron James se dit fan absolu du parrain,
00:07:08à tel point que pendant les finales 2016, il avait déclaré qu'il avait regardé six fois le film
00:07:15lors de cette fameuse remontée, pendant tous les playoffs.
00:07:19Et justement, il en parlait régulièrement et à un moment, un journaliste lui demande
00:07:25« Qu'est-ce que vous pouvez nous citer comme phrase, comme citation, comme scène qui vous a marqué ? »
00:07:31Vu qu'il l'a vu une bonne dizaine de fois en tour, il devrait pouvoir répondre.
00:07:35Sauf que, je vous laisse regarder la réponse de notre ami Lebron en vidéo.
00:07:55Il y a trop de lignes différentes dans ce film pour catégoriser l'un.
00:08:02Mais qui est celui qui vous inspire, qui vous représente le plus ?
00:08:07Je veux dire, chaque film a 9 heures de durée. Qu'est-ce que vous voulez que je fasse ?
00:08:12Je veux dire, il y en a tellement. Je ne sais pas, je vous laisse choisir l'un.
00:08:16C'est une trilogie formidable.
00:08:18Est-ce que vous, vous avez, Carmine, une scène culte du parrain, une citation,
00:08:24quelque chose dont vous vous souvenez de ce film mythique ?
00:08:32En réalité, je n'ai jamais vu « The Godfather ».
00:08:37J'habite à New York et « The Godfather » a tourné pas loin de chez moi,
00:08:42mais je n'ai pas regardé le film.
00:08:45La musique, je connais l'histoire, mais je connais la vraie histoire de « The Godfather ».
00:08:50Pas les films comme les Italiens à New York.
00:08:53Bon, vous n'êtes pas le seul en tout cas, Carmine.
00:08:56Oui, oui, j'ai vu les vrais « Godfathers ».
00:09:00Ah oui, ça, c'est inégalable.
00:09:03Est-ce qu'il y a encore un point à évoquer, Paul ?
00:09:05Non, je voulais juste dire que, en fait, dans ce film qui est consacré à la mafia,
00:09:09jamais le mot « mafia » ou « Cosa Nostra » n'est cité.
00:09:13Donc, il se dirait qu'il y aurait eu des pressions faites sur le réalisateur,
00:09:19la justice Fort Coppola et les producteurs, justement,
00:09:21pour que les termes de « mafia » ne soient pas utilisés dans le film.
00:09:24Donc, c'est la famille, voilà.
00:09:26D'accord, ok.
00:09:27Si, si, la famille, comme le dit assez régulièrement…
00:09:29Les pressions pour la mafia, c'est assez commun, finalement.
00:09:32Je pense.
00:09:33Thomas, qu'est-ce qui t'a marqué, toi, en 72 ?
00:09:36Si on passe à la musique ?
00:09:37On peut passer à la musique.
00:09:38La musique, 72, attention, il faut s'accrocher.
00:09:40C'est une des plus belles années du XXe siècle.
00:09:42Alors, du coup, tu ne m'en veux pas, j'ai préparé une liste.
00:09:44Trop de choses, trop de choses.
00:09:46En France, déjà, posons le décor, c'est clos-clos.
00:09:48C'est Claude François.
00:09:50Le lundi au soleil.
00:09:51Quelque chose qu'on n'aura jamais.
00:09:52Oui, on l'attend.
00:09:53En 72, comme en 2025, rien n'a changé.
00:09:56Ok.
00:09:57En France, qu'est-ce qu'on a ?
00:09:58On passera à l'international après, mais c'est l'avènement de Véronique Sanson, par exemple, aussi.
00:10:02Déjà, Mike Brandt, qui saura…
00:10:05Qui saura Paul Lachambe, généralement, très bien.
00:10:07Mais bon, on est un peu pris par le temps.
00:10:09Michel Polnareff montre ses fesses.
00:10:11Et ça, c'est un scandale.
00:10:13C'est un des plus grands scandales en France.
00:10:16Ça fait parler.
00:10:17Les affiches.
00:10:18T'es condamné pour ça.
00:10:19On ira tous au paradis.
00:10:21C'est une de ses musiques iconiques de 72.
00:10:24Holidays aussi, donc on est au firmament de la carrière de Polnareff.
00:10:28Jacques Brel, son album Ne me quitte pas.
00:10:31Georges Brassens, son album Fernande, dont je ne prononcerai pas forcément les paroles ici.
00:10:36Vous connaissez, quand je pense à Fernande, vous connaissez probablement la suite.
00:10:42Sinon, je vous invite à aller l'écouter.
00:10:44C'est aussi le décès de Bobby Lapointe, par exemple.
00:10:46Enfin voilà, on est donc dans des périodes aussi d'avant-guerre qui résonnent encore.
00:10:51Takati, Takité, voilà.
00:10:53Donc là, on est vraiment pour le paysage français.
00:10:56Si on passe à l'international, attention, c'est du très, très lourd aussi.
00:10:59Exemple.
00:11:00Bowie, Ziggy Stardust, Starman.
00:11:02Forcément.
00:11:03Là, on arrive.
00:11:04L'album Ziggy Stardust, David Bowie.
00:11:07Le personnage de Ziggy Stardust, le personnage iconique de Bowie qui arrive, avec notamment la chanson Starman.
00:11:13Stevie Wonder, aussi l'album de Stevie Wonder.
00:11:15Talking Book, qui sort cette année-là, avec Superstition dessus.
00:11:18Et Also Sunshine of My Life.
00:11:20Par exemple.
00:11:21Neil Young, Harvest, icône folk canadienne très engagée, avec Heart of Gold, Old Man ou Alabama dessus.
00:11:28Voilà, c'est aussi 1972.
00:11:31Deep Purple, les deux albums mythiques de Deep Purple.
00:11:34Machine Head, avec Smoke on the Water.
00:11:39Ça vous dit quelque chose, forcément.
00:11:41Et Made in Japan, deux albums la même année.
00:11:44Simon & Garfunkel, Greatest Hits.
00:11:46Le best-of, on l'a ici.
00:11:48Vous l'avez peut-être déjà vu depuis le début de l'émission, il est là.
00:11:51C'est les archives personnelles, ça ou pas ?
00:11:52Oui, complètement.
00:11:53C'est personnel, c'est transmis de génération en génération.
00:11:57Plusieurs fois par jour.
00:11:59Et Carmine parlait de New York, évidemment, Simon & Garfunkel.
00:12:03Les icônes de New York.
00:12:05Et là, on les voit posées pour le best-of.
00:12:08Avec The Boxer en fond, évidemment.
00:12:10Hop, le vinyle qui ne se barre pas.
00:12:12Et Central Park, sur le lac, adossé au lac de Central Park.
00:12:18Voilà, évidemment.
00:12:19Donc c'est le best-of de Simon & Garfunkel.
00:12:21Pourtant, c'est une des années où ils sont déjà séparés.
00:12:24Mais le best-of cartonne.
00:12:26Celui-ci, précisément, sort en 1972.
00:12:28Ça cartonne, disque de platine, même en France, je crois.
00:12:33Qu'est-ce qu'on a d'autre ? Elton John.
00:12:35Elton John qui vient enregistrer un de ses albums iconiques en France,
00:12:38dans le Val d'Oise, pas très loin de Paris, à Érouville.
00:12:41Château d'Érouville.
00:12:42Est-ce qu'en sport, il y a des choses qui t'ont marqué ?
00:12:44En sport ? 72 ?
00:12:45Oui.
00:12:4672, c'est...
00:12:47Jackie, notamment, au niveau français, va peut-être confirmer,
00:12:50mais c'est Eddy Merckx.
00:12:51C'est pas forcément la folie, Eddy Merckx,
00:12:53parce que c'est un des personnages les plus détestés de France,
00:12:56aussi, à cette époque-là, puisqu'il surdomine le tour de France.
00:13:01C'est le Lance Armstrong de l'époque.
00:13:02Non, parce qu'il a quand même, évidemment, une crédibilité tout autre.
00:13:06Ça reste le meilleur coureur de l'histoire.
00:13:08Doublé tour de France, tour d'Italie, en 72.
00:13:10Un de ses trois doublés avec 70 et 74.
00:13:13Donc, on est en plein milieu.
00:13:14Il gagne Liège-Bastogne-Liège.
00:13:16Il gagne Milan-Sanremo.
00:13:18Est-ce que Jackie se souvient qui est, cette année-là,
00:13:21son adversaire français principal sur le tour de France ?
00:13:24Parce que c'est pas Poulidor, cette année-là.
00:13:26Poulidor gagne Paris-Nice devant Merckx,
00:13:29donc c'est un bel exploit du début d'année.
00:13:30Mais le tour de France, à la base, son adversaire français principal en 72 ?
00:13:35Moi, je ne sais pas.
00:13:37Je ne sais pas.
00:13:38Parce que moi, je me suis intéressée à l'époque de Jacques Anctil,
00:13:41qui était mon idole, et c'était avant.
00:13:44C'était un petit peu avant.
00:13:45Il y avait encore Poulidor, donc évidemment, le rival historique d'Anctil,
00:13:49mais qu'il est encore resté un petit peu après contre Eddy Merckx.
00:13:52Et donc, c'était Cyril Guimard.
00:13:54Cyril Guimard était attendu, cette année-là, en 72,
00:13:58comme le favori français du tour de France.
00:14:01Il finit très, très loin de Merckx.
00:14:02Il a gagné avec plus de 10 minutes d'avance, je crois, peut-être sur Hocken.
00:14:06Quel passionné de vélo, on te sent complètement dedans.
00:14:09Eddy Merckx, 72.
00:14:11Il n'y avait pas beaucoup de foot encore à l'époque.
00:14:13Donc, la France, dans les années 70,
00:14:15je pense que Jackie peut confirmer, le tour de France,
00:14:17c'était vraiment très important.
00:14:20Oui, mais ça a toujours été le plus grand événement sportif.
00:14:25Moi, j'ai adoré le vélo.
00:14:27Et si j'avais pu être coureur cycliste, j'aurais aimé.
00:14:32Je fais toujours du vélo et j'adore ça.
00:14:35Ah, bravo.
00:14:36Toujours en activité, Jackie.
00:14:39Voilà.
00:14:40Autant que possible.
00:14:41Pour les jeunes qui nous écoutent.
00:14:43Jamais trop tard pour changer de spécialité.
00:14:45Est-ce qu'il y a autre chose ?
00:14:47Parlez du foot.
00:14:48Saint-Etienne n'est pas encore arrivé à l'échelle française,
00:14:51mais j'ai fait l'effort quand même pour l'émission.
00:14:55Vous le connaissez, celui-là, le numéro 14.
00:14:57Yohann Cruyff.
00:14:58Voilà, Yohann Cruyff.
00:14:59Là, on est aussi au…
00:15:01Bon, même si ça a été bien plus tard après avec les Pays-Bas,
00:15:04mais sa carrière de l'Ajax, 72,
00:15:06là, on est vraiment en plein milieu.
00:15:07C'est la deuxième ligue des champions remportée du triplé de 72.
00:15:1171, 72, 73.
00:15:13Il bat l'Inter 2-0.
00:15:15Qui met les deux buts ?
00:15:17Yohann Cruyff, évidemment.
00:15:19La légende.
00:15:20Et qui jouait avec ?
00:15:21Enfin, qui était le pendant de…
00:15:24Nous sommes une émission de basket,
00:15:26donc on ne va pas répondre à toutes les questions foot.
00:15:28Yohann Niskenz, décédé en mois d'octobre.
00:15:30On s'en souvient encore.
00:15:31Voilà.
00:15:32Voilà pour la rétro.
00:15:33Et bravo, monsieur.
00:15:34Un gros boulot.
00:15:35La rétro globale de ce qui vous a marqué, vous,
00:15:37quand on fouille un petit peu dans les années 70.
00:15:40Mais maintenant, on va parler basket
00:15:43avec nos deux invités dans Back to the Hype.
00:15:47Vous le savez aussi, ce qui nous intéresse, c'est le basket français,
00:15:49mais aussi le basket aux Etats-Unis.
00:15:52Et ça tombe bien, puisqu'on a une légende du basket français
00:15:55et un joueur, Carmine Calzonetti,
00:15:58qui est passé par le championnat de France,
00:15:59mais qui a coaché aussi aux Etats-Unis,
00:16:01qui connaît bien la culture du basket américaine
00:16:04dans les années 70 et même maintenant.
00:16:06Donc, on va avoir cette double discussion ensemble.
00:16:09Posons déjà un peu le contexte du basket aux USA,
00:16:12puisque ça reste quand même un peu le cas.
00:16:14Quand on parle dans les années 70 et même avant,
00:16:16et on va en reparler un petit peu plus tard,
00:16:18jusqu'en 2024, puisque Team USA,
00:16:22chez les hommes et chez les femmes, sont champions olympiques.
00:16:26Revenons sur les années 70 avec vous, Carmine,
00:16:30et peut-être nous parler un peu de cette période
00:16:34où, dans la ligue NBA et aussi notre ligue,
00:16:38à base de joueurs américains,
00:16:41dans la ligue NBA et aussi notre ligue ABA,
00:16:44mais dans cette ligue-là,
00:16:46on parle quand même des Lakers,
00:16:47on parle quand même de Wicham Berlin,
00:16:50je vais y arriver,
00:16:51et d'un certain logo Jerry West.
00:16:54OK.
00:16:56À cette époque-là,
00:16:58comme vous avez dit,
00:17:01il y avait deux grandes ligues aux Etats-Unis
00:17:03avec l'NBA et l'ABA.
00:17:05L'ABA a signé des joueurs comme Julius Erving
00:17:08et d'autres joueurs qui sont devenus des grandes vedettes de l'NBA.
00:17:12Pourtant, à peu près au même temps,
00:17:15les portes ont été ouvertes en France,
00:17:21en Angleterre, en Pays-Bas,
00:17:25en Italie, en Espagne,
00:17:27et les entraîneurs sont venus chercher des Américains
00:17:31pour renforcer les équipes.
00:17:33Je faisais partie des premiers groupes des Américains
00:17:37qui ont joué avec les équipes français à cette époque.
00:17:42C'était un énorme changement pour moi
00:17:46et aussi pour les joueurs français
00:17:48parce que mes coéquipiers en Nantes,
00:17:54dès le départ,
00:17:55tout le monde travaillait 40 heures, 50 heures par semaine,
00:18:00et après leur travail,
00:18:02ils sont allés à la serre pour s'entraîner.
00:18:06Ce n'était pas un basket professionnel.
00:18:09Pourtant, vous avez vu qu'ils avaient un grand amour pour le basket.
00:18:16Grâce au recrutement des Américains,
00:18:24beaucoup d'Américains comme moi n'étaient pas seulement des joueurs.
00:18:30On était des entraîneurs des équipes de Menim,
00:18:35des cadets et des cadettes.
00:18:37On a commencé à former des joueurs dans le style américain du basket.
00:18:46Jackie Chazalon et moi,
00:18:50on a parlé de ça.
00:18:52Jackie a décidé de lancer son premier stage de basket en France.
00:19:01Comme stagiaire, on avait Vincent Collet,
00:19:04qui était l'entraîneur de France.
00:19:08Il a joué là-bas à notre stage lorsqu'il avait 13 ans.
00:19:14À cette époque-là,
00:19:15l'équipe de Féminine des Coups
00:19:19était considérée comme le meilleur joueur de basket,
00:19:23homme et garçon en France.
00:19:27C'était un autre monde.
00:19:31C'était très différent.
00:19:33Juste, on va revenir sur le basket français un peu plus tard
00:19:36et même sur votre carrière en France.
00:19:38Puisqu'on l'a dit en introduction,
00:19:40vous avez joué à Chaland et également à Nantes.
00:19:43Je voudrais avec Paul,
00:19:45qui est très fan des Lakers,
00:19:49revenir un peu sur Jerry West,
00:19:52qui est devenu le logo de la NBA cette année-là.
00:19:55Jerry West, la légende des Lakers.
00:19:58Oui.
00:19:59C'est en 1969 qu'on s'inspire d'une photo de Jerry West
00:20:06pour créer le logo,
00:20:07même si ce n'est pas dit à l'époque,
00:20:09pour éventuellement confirmer.
00:20:11La NBA n'a jamais dit officiellement
00:20:13que c'était Jerry West sur le logo.
00:20:15Cette année-là, 72,
00:20:16c'est le premier titre des Lakers
00:20:18depuis leur déménagement à Los Angeles.
00:20:20C'est aussi l'unique titre de la carrière de Jerry West,
00:20:24qui est pour certains considéré comme un perdant magnifique.
00:20:27Il a quand même huit défaites en finale,
00:20:30d'entre six contre une franchise qu'on ne nommera pas.
00:20:33Les Boston Celtics d'un certain Bill Russell.
00:20:36En vrai, par exemple.
00:20:38Je voulais savoir,
00:20:39Carmine, comment vous voyez sa carrière à Jerry West ?
00:20:44Est-ce que vous l'avez côtoyé à l'époque ?
00:20:46Est-ce que vous pouvez nous dire sur lui ?
00:20:49Jerry West venait d'un tout petit village dans l'état de West Virginia,
00:20:56Cabin Creek.
00:20:57Ils avaient peut-être 4000 habitants dans son village natal.
00:21:02Pourtant, il était doué.
00:21:05Il avait des bras très très longs
00:21:07et il avait une adresse extraordinaire.
00:21:10Une chose très importante,
00:21:13Jerry West a rarement dribblé avec sa main gauche.
00:21:19Il était toujours vers les doigts tout le temps,
00:21:22mais quand même, il a marqué.
00:21:24Donc, c'est quand même un trait comme un joueur avec des habiletés extraordinaires.
00:21:35Jerry West, je crois, si je ne me trompe pas,
00:21:40il a marqué à peu près, je crois, 35 pierres dans les dernières secondes
00:21:46pour gagner un match pendant sa carrière.
00:21:49Ça, c'est quelque chose d'extraordinaire.
00:21:53On ne se rend pas compte pour l'époque.
00:21:55Effectivement, le chiffre est incroyable.
00:21:58Il y a une autre légende.
00:21:59Il y en a plusieurs, des légendes, quand on parle des Lakers, forcément,
00:22:02mais qui s'arrête en 72, il me semble.
00:22:05Il a dominé l'NBA pendant des années statistiquement.
00:22:10C'est un homme qui a marqué 100 points dans un match NBA.
00:22:13On parle de Wilt Chamberlain.
00:22:15Qu'est-ce que vous pouvez nous en dire également de Wilt Chamberlain ?
00:22:23Puissant, puissant, il peut courir, il peut sauter.
00:22:30Je crois qu'il avait en moyenne une année de 50 points par match,
00:22:36une autre moyenne de 25 récupérations par match.
00:22:40Il était probablement le joueur le plus doué que j'ai vu,
00:22:46qui était capable de dominer un match.
00:22:51À la fin de sa carrière, il est venu en France avec moi
00:22:56parce qu'il voulait voir du tennis à Roland-Garros.
00:23:02Il est passé une semaine avec moi à Paris.
00:23:06Il adorait le pays, la France, il adorait le tennis
00:23:13et il aimait beaucoup la cuisine française.
00:23:16Vous connaissiez Wilt Chamberlain, c'est ce que vous êtes en train de nous dire.
00:23:20Il est venu en France avec vous voir un match de tennis à Roland-Garros.
00:23:26Oui, c'est étonnant.
00:23:30Cette équipe des Lakers, qui est une équipe record finalement,
00:23:33parce qu'elle a enchaîné 33 victoires consécutives,
00:23:37ce qui, accrochez-vous bien Sylvain, n'a jamais été battu depuis.
00:23:40Incroyable.
00:23:41Je suis accroché.
00:23:42Je crois qu'ils ont perdu 9 matchs dans la saison.
00:23:46C'est ça, c'est 63-9.
00:23:48C'est un record qui a tenu jusqu'à 96 et les Bulls de Jordan
00:23:52avant d'être battus encore après par les Warriors de Curry et Consort.
00:23:57Mais le record des 33 victoires consécutives tient toujours.
00:24:01Seuls les Warriors l'ont un peu approché mais à cheval sur deux saisons.
00:24:04Je crois que c'est 28 et après c'est le hit de 2013 avec 27.
00:24:08Mais 33 victoires consécutives, ça ne bouge pas.
00:24:11Ça ne bouge pas.
00:24:12Une équipe faramineuse, on parlait des légendes.
00:24:14Elgin Baylor est aussi dans cette équipe.
00:24:16Par contre, je crois qu'il n'est pas sacré champion parce qu'Elgin Baylor
00:24:18commence la saison, il est blessé,
00:24:20il arrête sa carrière après quelques matchs en fait.
00:24:23Il est remplacé par Jim McMillian, le fameux.
00:24:26Aucun lien avec Nate mais qui a fait une saison de All-Star.
00:24:30C'est une équipe vieillissante qui finalement a déjoué les pronostics
00:24:35pour battre les Knickerbockers en finale.
00:24:39Qui était une remanche en plus, je crois.
00:24:41Qui les avait battus en 70, je crois.
00:24:44Oui, il y a quelque chose comme ça, on vérifiera.
00:24:48Jackie, vous êtes en activité à ce moment-là.
00:24:51On parle de 72.
00:24:52Vous êtes une joueuse du championnat de France
00:24:54et de l'équipe de France également.
00:24:56Est-ce qu'on s'intéresse au basket américain ou pas du tout ?
00:25:00Moi, personnellement, je m'intéressais surtout au basket américain.
00:25:05Carmine peut le confirmer.
00:25:09En dehors de l'admiration que j'avais déjà pour Carmine Calzonetti
00:25:14parce qu'il avait une main gauche extraordinaire.
00:25:19Il est arrivé en France.
00:25:20C'était un shooter formidable.
00:25:22Puis, il s'est révélé un entraîneur.
00:25:24Il s'est révélé un formateur pour les jeunes.
00:25:29Mais moi, personnellement, je me suis inspirée du basket américain,
00:25:34des garçons, pour évoluer dans le basket féminin français.
00:25:39Quand on parle de Carmine, vous le mettiez en avant.
00:25:42Lors de la saison 71-72, Carmine, vous êtes un joueur de Nantes
00:25:48et vous marquez 26,7 points par match.
00:25:52Vous êtes troisième meilleur marqueur du championnat de National 1 à l'époque,
00:25:57juste derrière Jean-Claude Bonato et Elsi Bowen.
00:26:01Donc, Jean-Claude Bonato qui jouait à Antibes et Elsi Bowen qui jouait à Tours.
00:26:06Pour resituer un petit peu quand même les performances de Carmine.
00:26:10Je crois savoir que vous avez même joué un match pieds nus.
00:26:12En tout cas, vous vous êtes retrouvé pieds nus sur un terrain de basket avec Nantes.
00:26:17On vous demandera peut-être de nous expliquer tout ça plus tard.
00:26:20Passons à vous, Jackie.
00:26:22Je sais que Thomas a beaucoup de questions à vous poser.
00:26:25Et on aurait aimé justement prendre le temps de discuter un petit peu de vous,
00:26:29de votre carrière, de l'impact aussi de votre passage dans le championnat de France
00:26:34et en équipe de France sur les futures générations.
00:26:36Et nous parler aussi un petit peu du statut de femme athlète de l'époque
00:26:41parce qu'on sait que les choses étaient un petit peu différentes.
00:26:45Oui, pardon Sylvain.
00:26:47Jackie, on peut revenir sur l'introduction que tu as faite au départ.
00:26:51C'était ça, une des premières légendes du basket français tout simplement.
00:26:54On peut le dire clairement.
00:26:55Multiple championne de France, 189 sélections tu l'as dit en équipe de France.
00:26:58Multiple championne d'Europe.
00:26:59Après, si on reprend chronologiquement, Jackie.
00:27:01Forcément, ça nous amène un petit peu avant 72.
00:27:04Mais est-ce que vous pouvez peut-être nous raconter les débuts qui vous repèrent ?
00:27:07Comment vous avez été formée dans le contexte ?
00:27:09Alors, probablement, on va arriver dans les années plutôt 60, j'imagine.
00:27:14Oui, moi j'ai commencé à jouer en National 1 en 1963.
00:27:20J'avais 17 ans.
00:27:23Alors, il faut dire que l'équipe de Clermont-Ferrand était déjà la meilleure équipe de France
00:27:28avec Édith Tavert en particulier, Ginette Mazel.
00:27:33Et nous avons formé le CUC en 64.
00:27:40Il y a eu une histoire avec l'AS Montferrand.
00:27:46On a perdu le titre de championne de France parce qu'on avait quitté le club de l'AS Montferrand pour faire le CUC.
00:27:53Et là, Joé Jaunet, qui était l'entraîneur de l'équipe de France,
00:27:58a souhaité rassembler toutes les joueuses à Clermont-Ferrand.
00:28:03Et donc, on a fait l'équipe de France à Clermont-Ferrand.
00:28:08Fin des années 60, dans les années 70, les Demoiselles de Clermont, c'est le surnom qui vous est resté.
00:28:15Pourquoi les Demoiselles ?
00:28:19Alors, Joé Jaunet nous avait dit, si vous vous mariez, vous ne ferez plus partie de l'équipe.
00:28:24Alors, comme il avait trouvé des joueuses motivées pour essayer d'être au meilleur niveau européen et mondial,
00:28:36il faut dire qu'à l'époque, le basket féminin mondial était en Europe.
00:28:44C'était les Russes, c'était les Tchèques, les Yougoslaves, c'était tout ce monde-là.
00:28:51Et on a accepté de s'entraîner tous les jours, alors que précédemment, c'était plutôt du basket loisir.
00:29:00Mais n'empêche qu'Edith Tavert a dû avoir une médaille au championnat du monde, je crois.
00:29:06Et nous, on a eu la première médaille.
00:29:09Alors, on est parti de la dernière place en Europe.
00:29:12Et on a eu la médaille d'argent en 1970 à Rotterdam,
00:29:17contre les Russes qui étaient tout à fait inaccessibles.
00:29:22– Justement, ça me ramène, je voulais peut-être en parler, parlons-en maintenant.
00:29:27Quand on évoque votre nom avec les contemporains de l'époque,
00:29:32notamment mon père, pour ne pas le citer, il a très vite pensé à vous.
00:29:36Une des stars même du basket de l'époque, masculin ou féminin, peu importe.
00:29:41Et le deuxième nom qui arrive, c'est Semenova.
00:29:44Parce que Semenova, alors voilà, ça va être le moment peut-être
00:29:49de voir un petit peu quelle était la cartographie du basket,
00:29:52notamment féminin à l'époque.
00:29:54Semenova, 2m15, 2m20, star de l'URSS.
00:29:59Vous l'avez affrontée plusieurs fois, en club comme en sélection.
00:30:03– Oui, pour vous situer, moi quand j'avais 17 ans,
00:30:08j'étais la plus grande de mon équipe avec mon mètre 72.
00:30:10Et à 30 ans, quand j'arrête de jouer, je suis la plus petite.
00:30:16Et ça a été l'époque, les années 70, ça a été l'époque
00:30:20où on voulait des grandes tailles.
00:30:23Et donc les Russes avaient déjà des grandes joueuses,
00:30:26mais elles ne jouaient pas très bien au basket.
00:30:29Et Semenova est une fille formidable, qui est très à droite,
00:30:36elle était très à droite, très intelligente, gentille.
00:30:41Et la pauvre, on l'a un peu massacrée dans les journaux,
00:30:44ce qui était terrible, parce qu'en fait c'était une grande joueuse,
00:30:48en plus d'une grande taille.
00:30:50Elle annonce 2m11, mais nous on pense qu'elle ne faisait pas loin de 2m20.
00:30:55– Et c'est vrai que c'était quand on regardait le basket féminin,
00:31:00forcément une image qui marquait énormément.
00:31:03– Oui, parce qu'elle jouait intelligemment,
00:31:07c'est-à-dire que les Russes étaient très fortes aussi.
00:31:11Il faut savoir qu'il n'y avait pas que Semenova,
00:31:14mais cette fille a fait qu'on n'a pas pu gagner une seule finale de Coupe d'Europe.
00:31:20– Est-ce que vous avez eu le sentiment un peu que c'était parfois mal relayé,
00:31:25un petit peu comme vous avez dit, il y avait ce côté justement,
00:31:28tellement grand, voilà le basket féminin,
00:31:30donc ça donnait un petit peu, aujourd'hui on a évidemment beaucoup plus…
00:31:33un petit peu bête de foire, c'est un petit peu l'image en tout cas
00:31:36qui en était donnée à l'époque.
00:31:38– Malheureusement pour elle, elle a été un peu considérée comme ça,
00:31:42bête de foire, c'était un peu tragique,
00:31:45mais aujourd'hui les joueuses de grande taille sont un peu comme Wanban-Yama,
00:31:51c'est-à-dire qu'elles ont toutes les qualités physiques
00:31:54et les vraies qualités de basketteuse,
00:31:57ce qui n'était pas le cas dans les années 70.
00:32:00– Une question, justement on parle de l'actualité du basket féminin,
00:32:04les filles étaient donc en finaliste des Jeux à Paris,
00:32:08quel est votre avis ?
00:32:10Est-ce que vous suivez d'ailleurs toujours l'actualité du basket féminin
00:32:13et qu'est-ce que vous pensez de l'évolution de ce jeu,
00:32:16à la fois dans les morphotypes comme peut-être dans la vitesse
00:32:20et dans les aptitudes athlétiques de manière globale ?
00:32:24– J'ai un peu de mal à avoir un avis là-dessus,
00:32:28notre équipe de France a été formidable aux Jeux Olympiques,
00:32:32elles ont failli battre les Américaines, ce qui est exceptionnel, exceptionnel.
00:32:37Maintenant, est-ce que les Américaines avaient la meilleure équipe ?
00:32:42C'est une question qu'on peut se poser,
00:32:44mais en tout cas, avoir cette médaille d'argent, c'est fabuleux.
00:32:49– Thomas ?
00:32:51– Désolé Paul, mais clairement c'était un peu les Celtics de Bill Russell,
00:32:54finalement à l'époque.
00:32:57Donc comment ça s'organise ?
00:32:59Du coup, je vous lance Jackie sur comment s'organisait le championnat de France
00:33:02à cette période, racontez-nous un peu.
00:33:04– Oui, donc ça n'avait rien à voir avec aujourd'hui,
00:33:08c'est-à-dire que nous, on pouvait gagner 120 à 20,
00:33:13on pouvait gagner 90 à 30,
00:33:15c'est-à-dire qu'il n'y avait pas vraiment de compétition pour nous en France.
00:33:20Si on voulait atteindre le niveau européen,
00:33:22il fallait jouer contre des garçons.
00:33:25Donc on a commencé beaucoup de matchs contre les juniors,
00:33:31pour avoir de la résistance et avoir de la compétitivité.
00:33:38– En équipe de France, si je ne me trompe pas,
00:33:41vous faites partie de la première équipe de France féminine
00:33:43à se qualifier pour des Jeux Olympiques.
00:33:45– Alors, ce n'est pas tout à fait ça.
00:33:48– Corrigez-moi.
00:33:49Par contre, il faut en parler,
00:33:52parce que les Jeux Olympiques pour le basket féminin, c'était 1976.
00:33:57– À Montréal.
00:33:59– À Montréal, c'était l'année où moi, je souhaitais arrêter ma carrière.
00:34:03Et l'équipe de France a été aux qualifications,
00:34:07c'est-à-dire, il y avait seulement deux places à gagner,
00:34:13mais il n'y avait que six équipes.
00:34:16Je crois que c'est ça qu'il faut mettre en…
00:34:20On était dans les six meilleures équipes du monde,
00:34:22et il a fallu un poil, un panier, trois fois rien,
00:34:27et on n'a pas été qualifiés.
00:34:29Donc on n'a pas fait les Jeux Olympiques,
00:34:32mais on a fait les qualifications,
00:34:34et puis voilà, c'était la première fois,
00:34:38il n'y avait que six équipes, c'était délicat.
00:34:41– Si on élargit à la place de la femme dans le sport,
00:34:48à l'époque, dans la société,
00:34:50ça je pense que vous allez pouvoir aussi nous en parler très bien.
00:34:54– Alors Nicolas De Viryeux a fait un très beau film
00:34:58qui est sorti en novembre,
00:35:00sur un documentaire sur notre équipe,
00:35:03et ce qu'on a représenté dans les années 70,
00:35:06c'est-à-dire que c'était l'époque où on passait à la télé,
00:35:09énormément, sur les chaînes gratuites,
00:35:13et donc toute la France nous connaissait,
00:35:15et tous nos matchs de Coupe d'Europe passaient à 9h du soir,
00:35:21donc on avait une notoriété exceptionnelle,
00:35:24et c'était la première fois, je pense,
00:35:29qu'une équipe de sport collectif avait des résultats,
00:35:33que ce soit les garçons ou les filles.
00:35:36On a été celle qui était toujours numéro 2 derrière les Russes,
00:35:42malheureusement on n'a pas de médaille,
00:35:46enfin on a eu celle de Rotterdam quand même,
00:35:49deuxième en Europe c'était bien,
00:35:51et on a représenté quoi ?
00:35:55C'est vrai qu'il a fallu résister un peu aux habitudes,
00:36:00à 24 ans il fallait être marié, avoir des enfants,
00:36:03c'était pas ce que nous voulions nous,
00:36:08nous, nous voulions nous réaliser dans le basket.
00:36:11Quand on dit que vous avez été une vraie pionnière,
00:36:15le mot n'est évidemment pas trop fort.
00:36:20Oui, il y a toujours des générations où il y a des pionniers ou des pionnières,
00:36:25oui, je pense que du fait de nos résultats,
00:36:29on a été pionnière, oui.
00:36:32Jackie Chazalon, légende du basket français,
00:36:37on pourrait parler des heures avec vous de votre carrière
00:36:39et de tout ce que vous avez fait,
00:36:41après notamment des camps de basket, on va en parler,
00:36:43je voulais simplement rappeler votre palmarès immense,
00:36:46on a parlé de 189 sélections en équipe de France,
00:36:48il y a 9 titres de championne de France entre 68 et 76,
00:36:53et il y a, je compte, 4 titres de vice-championne d'Europe,
00:36:5671, 73, 74 et 76, et en 99,
00:37:02donc un conglomérat de journalistes et les meilleurs,
00:37:06bien évidemment, vous élise,
00:37:08légende et meilleure basketteuse du 20ème siècle.
00:37:12J'ai entendu parler de Vincent Collet,
00:37:14de vos camps de basket, il y a quelques minutes,
00:37:16je voudrais qu'on reprenne un petit peu le fil de cette discussion,
00:37:19Vincent Collet, ancien entraîneur, sélectionneur de l'équipe de France,
00:37:23multimédaillé, on ne va pas représenter Vincent Collet,
00:37:26ici, une très grande carrière de joueur et d'entraîneur,
00:37:29il est passé par vos camps de basket, c'est ça ?
00:37:33Oui, je vais commencer, puis Carmine continuera,
00:37:38en fait, Carmine m'a beaucoup motivée pour monter ses camps de basket,
00:37:43grâce à lui, j'ai eu l'occasion d'aller en Amérique,
00:37:48voir comment ça se passait,
00:37:50donc j'étais complètement éblouie par les camps américains,
00:37:53où il y avait toujours un champion et des jeunes,
00:37:57et des bons coachs,
00:37:59et donc on a parlé avec Carmine,
00:38:04et il m'a beaucoup motivée pour créer les premiers camps de basket en France.
00:38:10Vincent Collet, il participe,
00:38:12je ne sais pas si vous avez encore ses souvenirs,
00:38:15mais quel jeune homme vous avez en face de vous à ce moment-là ?
00:38:19Carmine va le dire, est-ce que tu veux parler, Carmine ?
00:38:23Oui, oui, oui,
00:38:25on a commencé ce stage dans le midi,
00:38:32et on était si actifs sur le basket,
00:38:37on a oublié qu'il faisait très très chaud là-bas,
00:38:40après la première journée du stage,
00:38:43tous les stagiaires étaient peut-être presque morts,
00:38:47on a dû complètement changer notre emploi de temps,
00:38:51on a tout arrêté pour 45 minutes pour de l'eau,
00:38:57mais quand même les joueurs, les premiers stagiaires,
00:39:01je crois que Vincent était parmi les premiers à aller,
00:39:06il était même élu les meilleurs joueurs de 13 ans dans ce stage,
00:39:11et on a parlé avec Jackie,
00:39:14et on a trouvé quelque chose d'extraordinaire,
00:39:17que les joueurs, malgré la chaleur,
00:39:24ils voulaient quand même continuer de s'entraîner
00:39:27sur les fondamentaux du basket,
00:39:31et chaque année, on a presque doublé le nombre des stagiaires,
00:39:37on a fait venir des entraîneurs américains,
00:39:40et aussi des grandes vedettes françaises comme Alain Gilles,
00:39:44et d'autres,
00:39:47et le stage est devenu le plus important stage de basket,
00:39:52Tony Parker est venu aussi dans le stage,
00:39:56donc il y avait plein de joueurs, plein d'entraîneurs,
00:39:59et c'était maintenant, je crois,
00:40:03le niveau que tout le monde souhaite lorsqu'il veut lancer un stage de basket.
00:40:09Donc pionnier aussi dans l'organisation de camps et de stages de basket,
00:40:14c'est vrai que ça se faisait très peu à l'époque,
00:40:17dans un précédent numéro, on avait reçu aussi Jean-Michel Sénégal
00:40:22qui organisait aussi des camps de basket en France,
00:40:26c'est vrai que vous faites partie de cette génération
00:40:28qui a permis aux jeunes aujourd'hui, ça se fait tout le temps,
00:40:31de pouvoir avoir, pendant les vacances scolaires,
00:40:34des camps, avoir aussi l'opportunité de discuter avec des joueurs pros,
00:40:38donc c'est aussi grâce à vous que certains jeunes profitent maintenant
00:40:42de ce type de contenu.
00:40:44On va continuer à parler basket un petit peu plus tard ensemble,
00:40:47Carmine, on va revenir vers vous pour discuter un petit peu de cette finale,
00:40:51parce que quand on parle de 1972, on parle forcément des Jeux de Munich,
00:40:56et on parle aussi de cette finale entre USA et URSS,
00:40:59on reviendra avec vous sur ce sujet un petit peu plus tard,
00:41:02on va garder avec nous Jackie pour parler des Jeux de Munich,
00:41:08si vous n'y étiez pas, mais j'aimerais quand même avoir
00:41:10votre sentiment sur ce qui a pu se passer,
00:41:12on lance la chronique ensemble ?
00:41:14Allez, Hype Stories tout de suite, et on continue à discuter.
00:41:231972, c'est également les Jeux Olympiques de Munich,
00:41:26tristement célèbre, cette quinzaine du côté de l'Allemagne,
00:41:30on va faire un petit point sur tout ce qui s'est passé
00:41:33sur le plan géopolitique et également sur le plan sportif,
00:41:35ne vous inquiétez pas, parce qu'il y a beaucoup de choses à dire,
00:41:38avec Éric Champel, ancien journaliste de l'équipe et auteur du livre
00:41:42Les fantômes de Munich, bonjour Éric.
00:41:46Bonjour.
00:41:48Éric, merci beaucoup de prendre votre temps,
00:41:50on voit la couverture de votre livre à l'antenne,
00:41:54j'aimerais déjà revenir un petit peu sur ce livre
00:41:57qui est disponible un petit peu partout, vous en êtes l'auteur,
00:42:01d'où a-t-il pris sa source et pourquoi c'était important pour vous
00:42:05de revenir sur ce pan de l'histoire ?
00:42:10D'abord pour des raisons personnelles, mais surtout parce que
00:42:14Munich 72, d'abord c'est un colcail,
00:42:17on ne sait toujours pas ce qui s'est réellement passé,
00:42:20puisqu'il y a une commission d'historiens qui est chargée
00:42:24de faire toute la lumière là-dessus,
00:42:27et puis l'idée c'était de le mettre en perspective
00:42:31par rapport à Paris 2024, puisqu'on n'a jamais autant parlé
00:42:35de terrorisme qu'avant les Jeux de Paris 2024,
00:42:38il y a eu les attentats du 7 octobre 2023
00:42:43qui sont quelque part une espèce de malheureuse copiée collée
00:42:48de ce qui s'était passé à Munich en 72,
00:42:51et puis aussi on n'a jamais autant parlé de dérives fascistes
00:42:55que ces derniers temps, donc forcément je pense
00:42:58qu'il y avait Munich et Paris,
00:43:01il y avait quelque chose à mettre en perspective.
00:43:02– Les fantômes de Munich disponibles aux éditions Solar,
00:43:06revenons un petit peu en 1972 et le contexte de ces Jeux de Munich,
00:43:12ce n'est pas la première fois que les Jeux ont lieu en Allemagne,
00:43:15la fois précédente plutôt c'était en 1936,
00:43:19dans une époque très particulière,
00:43:22on souhaite quand on accueille les Jeux de Munich en 1972
00:43:26que ces Jeux puissent être les Jeux de la joie et de l'allégresse,
00:43:29remettez-nous un petit peu en contexte justement
00:43:32au niveau de ce souhait, de cette opportunité
00:43:37justement que possèdent Munich et l'Allemagne.
00:43:40– Déjà il faut replacer dans son contexte
00:43:43qui est celui d'une guerre froide, on est au cœur de la guerre froide,
00:43:47vous en parlerez tout à l'heure au travers du match URSS-USA,
00:43:51et pour les Allemands, il y a eu les Jeux de 1936
00:43:56et puis ces 27 ans après la fin de la Deuxième Guerre mondiale,
00:43:59donc pour les Allemands c'est un enjeu très important
00:44:03de montrer une image d'un peuple allemand beaucoup plus positif,
00:44:08il y a eu l'idée de pardon, de réconciliation
00:44:11par rapport à l'opinion publique internationale,
00:44:15par rapport à ce que l'Allemagne est devenue,
00:44:18ou ce qu'elle croit qu'elle est devenue,
00:44:20c'est ce qui explique pourquoi les Allemands, les organisateurs,
00:44:23la police et tous les gens qui ont été impliqués dans les Jeux
00:44:26n'ont pas voulu voir la triste réalité,
00:44:29c'est-à-dire qu'il y avait déjà eu des attentats terroristes
00:44:33de par le monde, il y avait déjà eu des alertes,
00:44:36et il y avait des mesures qui nécessitaient d'être prises
00:44:39au niveau de la sécurité qui ne l'ont pas été,
00:44:42donc les Allemands ont été obnubilés par l'idée de présenter
00:44:46des Jeux qui soient joyeux, fraternels,
00:44:49et ont complètement oublié de se soucier de la sécurité
00:44:53et des menaces dont les services secrets avaient eu vent.
00:44:59– Et arrive cette journée tristement célèbre du 5 septembre 1972,
00:45:06est-ce qu'on peut avec vous, Eric, se remettre un petit peu
00:45:10justement toute la chronologie des événements ?
00:45:14– C'est que tôt le matin, 4h30, il y a 8 terroristes palestiniens
00:45:20du groupe Septembre Noir qui sont en survêtement
00:45:24avec des sacs de sport dans lesquels ils ont des kalachnikovs
00:45:27et qui s'en produisent sans aucun problème dans le village olympique
00:45:32et qui vont, bon après quelques péripéties,
00:45:35mais qui vont dans les appartements occupés par la délégation israélienne,
00:45:40ils tuent deux membres de la délégation lorsqu'ils rentrent dans l'appartement,
00:45:45ils en prennent neuf autres en otage et menacent d'en tuer un,
00:45:50toutes les heures, si leurs revendications ne sont pas satisfaites,
00:45:54à savoir la libération de 234 prisonniers palestiniens
00:45:59détenus dans les prisons israéliennes,
00:46:02évidemment le gouvernement israélien n'acceptera jamais
00:46:06et donc il y aura toute une longue journée de négociations,
00:46:10d'ajustements, de demandes renouvelées, de nouvelles exigences
00:46:17pour qu'au final les terroristes avec les otages
00:46:21acceptent de se rendre à l'aéroport militaire
00:46:25qui est situé à 25 kilomètres de Munich
00:46:30et où là l'assaut désordonné est donné par la police allemande,
00:46:35donc tous les otages, les neuf otages restants sont tous tués,
00:46:40cinq terroristes sont tués ainsi qu'un policier allemand,
00:46:43c'est un effroyable massacre qui, une fois encore,
00:46:49n'est toujours pas complètement éclairci,
00:46:52mais c'est la journée la plus noire de l'olepisme
00:46:55puisque si les Jeux s'arrêtent, sont entre parenthèses pendant 36 heures,
00:47:00après une cérémonie de recueillement au stade,
00:47:03Avery Brundage, qui est le président du CIO,
00:47:06annonce que the games must go on, les Jeux doivent continuer
00:47:09et donc malgré le deuil, malgré tout ce qui s'est passé,
00:47:13les Jeux continuent et vont à leur terme.
00:47:16– Les Jeux vont à leur terme et donc ça donne effectivement
00:47:21un sentiment assez mitigé, assez partagé de la part
00:47:25de toutes les personnes présentes, que ce soit les entraîneurs
00:47:29et bien sûr les athlètes, on se rappelle aussi qu'en 1972
00:47:33on est dans un autre temps quand il s'agit de faire de l'information
00:47:36et de donner de l'information.
00:47:39Deux, voire même plusieurs journalistes, mais on en a retenu deux ici,
00:47:43Pierre Salviac et Charles Bietri étaient des jeunes journalistes
00:47:47à l'époque en charge de couvrir les événements sportifs
00:47:51et ils se retrouvent confrontés justement à cette situation.
00:47:55On a isolé quelques-uns de leurs témoignages a posteriori
00:48:00de la manière dont ils ont vécu justement ces événements
00:48:03et dont ils ont été finalement les premiers responsables
00:48:07dans l'idée de donner de l'information en France.
00:48:10On les écoute et puis on commente ça ensemble Éric.
00:48:13– Oui, je suis en train de réveiller toute l'équipe de France Inter.
00:48:17J'étais à cette époque-là avec Brouchon, avec Mille Toulouse,
00:48:21avec Etienne Roland.
00:48:23On est réveillés en sursaut par Paris,
00:48:25parce que l'information elle nous vient de Paris en fait.
00:48:27– Un Israélien aurait été tué, un autre enlevé
00:48:30et l'on ignore encore s'il y a eu des blessés.
00:48:33– Il y en a un presque à Paris qui a été le premier informé de ça.
00:48:37Et nous on arrive sur place à 7h du matin.
00:48:41Quand je dis on arrive sur place, c'est que autour du village
00:48:44il y avait un promontoire et nous étions séparés
00:48:47de l'endroit où les Israéliens étaient tenus en otage que par un grillage.
00:48:52– Je me réveille, il doit être midi et je sors tranquillement
00:48:56pour aller au bureau et là je sens quelque chose de différent.
00:49:00Il y avait des gens un petit peu qui couraient,
00:49:01les gens ne se parlaient pas,
00:49:04il y avait comme une atmosphère d'orage sur la ville
00:49:07et je sens quelque chose.
00:49:09Je ne devine évidemment pas de quoi il peut s'agir,
00:49:12mais je me souviens que je commence à marcher doucement vers le bureau,
00:49:15puis à accélérer, puis à courir, puis à sprinter,
00:49:17puis à courir comme un fou vers le bureau.
00:49:19Et je rentre dans le bureau, je dis qu'est-ce qu'il y a, qu'est-ce qu'il y a ?
00:49:21Il y a quelque chose ? Elle me dit oui, tu as raison, tu pouvais dormir.
00:49:24Il y a une prise d'otage.
00:49:26– Éric, vous étiez journaliste, on imagine qu'en 1972,
00:49:30le travail d'investigation et d'information est compliqué à réaliser.
00:49:34– Oui, alors je n'étais pas encore journaliste,
00:49:38j'étais un jeune adolescent.
00:49:40Ce qu'il faut savoir par rapport à Munich 72
00:49:46et à l'information et à la manière dont elle a circulé,
00:49:49c'est un, c'est la première fake news de l'histoire de la presse
00:49:52puisqu'il y a un soi-disant porte-parole du comité olympique
00:49:57qui annonce à la presse que tous les otages sont sains et saufs.
00:50:02Donc il y a des journaux allemands qui ont fait leur une
00:50:06en annonçant que les otages sont sains et saufs.
00:50:09Puisque vous parlez de Charlie, pour qui on a une amicale pensée,
00:50:13puisque tout le monde a eu vent de ses problèmes de santé.
00:50:18Donc Charlie, Charles Biettri, qui est à l'AFP à l'époque,
00:50:22se retrouve, ce que je raconte dans le livre,
00:50:25à une des sorties de l'aéroport militaire de Fürstenfeldbruck.
00:50:32Et il est avec Robert Fiss qui est un reporter à l'Express
00:50:36et qui a été mandaté par sa rédaction pour vite venir couvrir les événements
00:50:41parce qu'il est germanophone.
00:50:43Et à un moment donné, ils ont entendu évidemment des détonations,
00:50:45ils ont entendu des coups de feu pendant plusieurs heures.
00:50:50Et à un moment donné, sort une Mercedes noire par cette porte
00:50:55et sort de là le maire de Munich que Robert Fiss a interviewé
00:51:00quelques mois plus tôt.
00:51:02Et donc il le connaît et il lui demande en allemand
00:51:05mais qu'est-ce qui se passe ?
00:51:07Et c'est là que le maire de Munich lui dit qu'ils sont tous morts.
00:51:12Après, Charles Biettri trouve une voiture
00:51:15et comme il est à l'AFP, lui, il donne l'information au Desc à Paris
00:51:20qui la valide et donc le scoop de l'annonce du fait
00:51:27que tous les otages ont été exécutés reviendra à l'AFP
00:51:32et au scoop de Charles Biettri avec l'aide évidemment de Robert Fiss
00:51:36qui lui, malheureusement, comme il travaillait pour un hebdomadaire
00:51:39et il n'y avait pas du tout Internet ni les réseaux sociaux à l'époque,
00:51:41était complètement démuni pour annoncer la mort des otages.
00:51:46C'est du moins comme ça qu'il me l'a raconté.
00:51:49– Du coup, l'info est diffusée mondialement,
00:51:53elle arrive bien évidemment en France.
00:51:55Jackie, est-ce que vous vous souvenez de ce jour précisément
00:51:59et de la manière dont vous avez appris les événements tristes du côté de Munich ?
00:52:05– Non, je n'ai pas beaucoup de souvenirs mais bien sûr,
00:52:08j'imagine qu'on était tous catastrophés,
00:52:13que ça puisse se passer dans les Jeux Olympiques et nous paraissait irréel,
00:52:19mais je n'ai pas de grands souvenirs,
00:52:22si ce n'est que bien sûr, c'est gravé dans nos mémoires.
00:52:26– Vous l'avez mentionné Éric, les Jeux ont rompris quelques heures après,
00:52:31je crois, 36 heures après, merci de la précision.
00:52:35Est-ce qu'il fallait reprendre ces Jeux ?
00:52:39On ne sait pas, mais justement, vous le racontez dans ce livre,
00:52:43est-ce que ça a été une décision facile ou difficile à prendre
00:52:48de la part justement des officiels ?
00:52:51– Apparemment non, tel que c'est relaté et on ne peut que le déplorer.
00:52:58Il faut quand même insister sur un point,
00:53:01on parle là de l'histoire du monde quand même,
00:53:04c'est-à-dire qu'on a célébré il y a quelques jours
00:53:10la libération du camp de Birkenau, je crois.
00:53:17– Oui, en Israël, oui.
00:53:23– Il ne faut pas oublier que 27 ans après la fin de la Shoah,
00:53:28du sang juif, du sang israélien a coulé sur le sol allemand.
00:53:32Je veux dire, on est là dans une noire répétition de l'histoire du monde
00:53:40et évidemment qu'il fallait arrêter les Jeux en signe de deuil
00:53:48et surtout, je crois, c'était une forme de compassion obligée
00:53:56vis-à-vis de la symbolique de cet attentat terroriste.
00:54:00Et puis il faut ajouter que 72, c'est véritablement une bascule pour les Jeux
00:54:10puisque d'abord la violence rentre dans l'enceinte olympique,
00:54:16la trêve olympique est brisée,
00:54:19et puis il ne faut pas oublier que ça marque aussi une bascule.
00:54:22En 76, il y a le boycott des pays africains à Montréal,
00:54:26en 80, c'est les Américains qui ne vont pas à Moscou
00:54:30et en 84, les Russes qui ne vont pas à Los Angeles.
00:54:35Donc je crois que dans l'histoire des Jeux, à plusieurs niveaux,
00:54:39ce qui s'est passé à Munich est un point de bascule.
00:54:44Thomas, une question pour Éric ?
00:54:46Oui, c'est ça Éric, pour prolonger ce que vous venez de dire,
00:54:50la politisation du sport.
00:54:53On parlait de 36 Berlin, c'était sans doute la première politisation du sport bien sûr
00:54:58et là, peut-être la politisation du sport de l'ère moderne
00:55:02qui a commencé à Munich 72, malheureusement.
00:55:05Oui, je pense qu'il y a pas mal de niveaux,
00:55:08c'est effectivement d'une certaine manière,
00:55:11c'est le sport business qui l'emporte,
00:55:14c'est-à-dire que The Games Must Go On, ça dit bien ce que ça veut dire.
00:55:20Après, il faut savoir par qui ça a été dit, Avery Brundage,
00:55:23vous parlez de 36, Avery Brundage était quand même président
00:55:26du comité olympique américain en 36,
00:55:30c'est quand même lui qui avait poussé pour que les Américains participent à ces Jeux,
00:55:38n'oublions pas c'est les Jeux du triomphe de Jesse Owens,
00:55:43donc Avery Brundage ne s'est jamais caché de ses sympathies nazies,
00:55:50il a d'ailleurs terminé sa vie à Garmisch-Partenkirchen,
00:55:54il a épousé d'ailleurs une princesse allemande.
00:55:57Mais oui, 72 c'est une bascule,
00:56:00parce que c'est effectivement pour moi le début de l'avènement du sport business,
00:56:05de l'exigence des télés, il fallait continuer à montrer du spectacle,
00:56:10le spectacle du sport, et depuis, ça n'a fait qu'empirer,
00:56:16alors que la raison commandée d'arrêter les Jeux, c'était la moindre des choses.
00:56:21– Mais dans l'autre sens aussi, la prise de l'évènement par des terroristes,
00:56:28justement pour profiter de l'évènement, pour faire passer aussi les messages,
00:56:33malheureusement dans les deux sens du coup.
00:56:35– Oui tout à fait, mais on était déjà, il y avait déjà eu des attentats terroristes,
00:56:39n'oublions pas qu'il y a eu des mouvements terroristes un peu partout en Europe,
00:56:45en Allemagne c'était la bande à badeurs,
00:56:47d'ailleurs les historiens sont à peu près d'accord pour dire
00:56:53qu'Ulrich Maynhoff avait été rajouté à la main sur la liste des prisonniers à libérer,
00:56:59c'était les demandes des preneurs d'otages et des terroristes de septembre-noir,
00:57:04il y avait aussi les brigades rouges en Italie,
00:57:07donc c'était vraiment le début, oui il y avait une vraie montée du terrorisme en Europe,
00:57:12et le sport pour la première fois est au cœur de ça,
00:57:17ce qu'on retrouvera là aussi des années plus tard,
00:57:21il ne faut pas oublier que les premiers morts ou les premières victimes
00:57:27des attentats de novembre 2015, c'est aux abords du Stade de France
00:57:31et c'est le soir de France-Allemagne.
00:57:33– Bien sûr, le sport justement a quand même cité lors de ses Jeux Olympiques,
00:57:39puisque c'est les Jeux Olympiques de Mark Spitz quand même l'Américain,
00:57:42les sept médailles d'or,
00:57:44traditionnellement la natation débute toujours aux Jeux Olympiques,
00:57:49donc les sept médailles d'or étaient acquises quand le 5 septembre est arrivé,
00:57:54d'ailleurs Mark Spitz a été très vite exfiltré pour ne pas faire partie
00:57:59de potentiels otages et donc victimes.
00:58:02On peut aussi mentionner Guy Druth, qu'on connaît bien ici,
00:58:06qui atteint quand même la finale du 110 m é,
00:58:08qui se classe deuxième de cette finale olympique,
00:58:12lors de ses premières Olympiades.
00:58:16On va vous remercier Eric, merci beaucoup pour tout cet éclairage historique,
00:58:21c'était important quand même de le mentionner,
00:58:23pour tous ceux qui seraient fans de cette thématique des Jeux Olympiques de Munich,
00:58:28il y a beaucoup de contenu dans le livre d'Eric
00:58:32qu'on peut reciter les fantômes de Munich aux éditions Solar
00:58:36et puis il y a pas mal aussi de podcasts,
00:58:38il y a un extrait d'un podcast de Radio France,
00:58:41donc je vous invite bien sûr à vous documenter sur cette période.
00:58:45Merci beaucoup Eric.
00:58:47Avec plaisir.
00:58:49Très bonne soirée, nous on va continuer,
00:58:51on va remercier également Jacquie Chazalon,
00:58:54légende du basket français d'avoir été avec nous dans Alpes.
00:58:58Quelle est l'actualité actuellement Jacquie ?
00:59:01Pardon ?
00:59:03Quelle est votre actualité, vous êtes proche du basket ou non ?
00:59:05Non, moi je suis une retraitée,
00:59:08je prends du plaisir tous les jours,
00:59:11je ne travaille pas beaucoup.
00:59:13C'est déjà pas mal, j'aimerais être comme vous dans quelques années,
00:59:16même voir maintenant.
00:59:18Merci beaucoup d'être passé dans Alpes.
00:59:20Merci à vous, bonne soirée.
00:59:22Merci également.
00:59:24Salut Carmine.
00:59:26Salut.
00:59:28Et l'autre grande histoire de 1972,
00:59:30on a repris les Jeux après les attentats,
00:59:32on en a parlé longuement avec Eric Champel,
00:59:33c'est ce fameux match URSS USA,
00:59:38qui reste encore dans les mémoires pour le basket américain
00:59:42et même le basket de manière globale.
00:59:44On va parler bien sûr de ce match et de cet événement,
00:59:47mais on va aussi se remettre un petit peu en contexte historique et géopolitique.
00:59:51Et pour cela, on va accueillir François Doppler-Speranza.
00:59:55Bonjour François.
00:59:57Bonjour.
00:59:59Merci beaucoup d'être dans Alpes,
01:00:00d'être maître de conférence en histoire et culture des Etats-Unis
01:00:03à l'université de Lorraine à Nancy
01:00:06et également enseignant à Syracuse University.
01:00:10On voudrait justement profiter un petit peu de vos travaux
01:00:13sur la thématique justement de la géopolitique et du sport aux Etats-Unis
01:00:18et aussi en Europe,
01:00:20pour remettre un petit peu en contexte, quand on est en 1972,
01:00:23deux places fortes du sport et de la géopolitique,
01:00:26donc la Russie et les Etats-Unis.
01:00:30Enfin, l'URSS et les Etats-Unis.
01:00:32Oui, c'est l'URSS et pas la Russie, vraiment.
01:00:35Mais ce qui est assez intéressant,
01:00:37c'est qu'il faut commencer par l'année 1972 en elle-même.
01:00:40C'est vraiment une année charnière aux Etats-Unis.
01:00:42Nixon est sur le point d'être réélu, il est président,
01:00:44donc on connaît son destin.
01:00:46Mais c'est vraiment une suite d'événements stratégiques
01:00:52qui redéfinissent les rapports de force sur le plan mondial.
01:00:58Alors, on est en période de guerre froide,
01:01:00elle commence, je pense, surtout en 1957,
01:01:04pour cette question-là, pour cette montée des tensions,
01:01:08parce que les Russes, enfin les Soviétiques,
01:01:10ont mis en orbite Spoutnik.
01:01:14Et ça, ça a été un gros choc pour les Etats-Unis.
01:01:18On s'est rendu compte subitement qu'aux Etats-Unis,
01:01:20on avait des manques au niveau de l'éducation,
01:01:23on n'avait pas mis les moyens dans la recherche technologique.
01:01:25C'est de là que viendra la NASA.
01:01:27On aura beaucoup plus d'intérêt pour l'investissement
01:01:33dans les technologies qui nous permettraient
01:01:35de revenir dans la course face à l'URSS.
01:01:38Alors ça, c'est 1957, on a la fin de la présidence Eisenhower.
01:01:44Et ensuite, au début des années 1960,
01:01:47on a la décennie qui commence et qui s'ouvre avec Kennedy.
01:01:50Mais Kennedy, la présidence de Kennedy,
01:01:53elle est assez connue, surtout parce qu'il a été assassiné en 1963.
01:01:57Mais on a la crise des missiles de Cuba en 1962
01:02:01qui déjà montre qu'on a vraiment envie d'en découdre.
01:02:04Donc ça, ça fait partie de ces éléments-là.
01:02:07On a une course vraiment à l'armement,
01:02:09une course vers l'espace qui va perdurer
01:02:13jusque dans les années 1970.
01:02:15Alors ça, c'est au niveau géopolitique.
01:02:19Maintenant, sur le plan intérieur,
01:02:21les Etats-Unis sont aussi extrêmement contestés.
01:02:23On est en pleine guerre du Vietnam
01:02:24qui a démarré dans les années 1960.
01:02:28D'ailleurs, qui a démarré à cause de la France,
01:02:31il ne faut pas l'oublier.
01:02:33Mais cette guerre du Vietnam,
01:02:36elle a amené pas mal de mouvements de contre-culture.
01:02:38Alors on a cité tout à l'heure, en début d'émission,
01:02:40certains artistes.
01:02:42Ils sont tous le produit finalement
01:02:44de cette opposition au système en place.
01:02:47C'est une jeunesse surtout qui a vu l'assassinat d'un président,
01:02:51qui a vu ensuite l'assassinat de Martin Luther King,
01:02:54qui a vu l'assassinat de Robert Kennedy,
01:02:57qui était un grand espoir quand même,
01:02:59notamment pour les droits civiques,
01:03:02et des changements par des lois
01:03:05pour reconnaître le droit de vote
01:03:08des minorités afro-américaines,
01:03:10pour reconnaître et pour mettre fin
01:03:12de manière officielle à la ségrégation,
01:03:14mais qui sont en fait une reconnaissance officielle
01:03:17de ce que les Etats-Unis ont pratiqué
01:03:19depuis si longtemps.
01:03:21En revanche, ce n'est pas parce que,
01:03:22officiellement, on a voté des lois
01:03:25que les choses se traduisent immédiatement
01:03:27par des résultats concrets,
01:03:29et on le sait d'ailleurs à travers le sport.
01:03:33Donc on a cette opposition,
01:03:36ce mouvement d'opposition à la guerre du Vietnam.
01:03:39On a ensuite, en 68,
01:03:42on n'en a pas beaucoup parlé,
01:03:44mais ce point levé de Thomas Smith et John Carlos,
01:03:47c'est assez amusant,
01:03:49parce qu'on parlait tout à l'heure de médiatisation
01:03:50et de visibilité,
01:03:52ce qu'on peut voir justement dans les médias.
01:03:55Là, c'est vraiment une image forte, très forte.
01:03:58C'est la première fois qu'on voit ça,
01:04:00même si on savait que ça allait se produire.
01:04:02Ce n'est pas une surprise.
01:04:04On sait que dans les vestiaires,
01:04:06Jesse Owens était présent
01:04:08et a essayé de les empêcher
01:04:10de faire ce mouvement-là.
01:04:12Mais ils ont décidé justement
01:04:14de montrer au monde entier
01:04:16quelles étaient leurs conditions à la maison
01:04:18en essayant d'expliquer
01:04:20que quand ils rentrent à la maison,
01:04:22eux n'ont pas d'emploi,
01:04:24contrairement à d'autres individus.
01:04:26Donc c'est vraiment une période
01:04:28de grand tumulte à l'intérieur des États-Unis.
01:04:32On peut aussi citer en 1969
01:04:34les révoltes de Stonewall,
01:04:36parce qu'il y a aussi forcément,
01:04:38quand il y a des mouvements de contestation,
01:04:40il y a une répression policière.
01:04:42Et la répression des premiers mouvements
01:04:44qu'on appelle aujourd'hui LGBT
01:04:46se sont passés en 69.
01:04:48C'est toute cette accumulation
01:04:50de crises, d'émeutes
01:04:53qui bouleversent les États-Unis.
01:04:56Et comme les États-Unis sont un pays
01:04:58qui aime bien se mettre en scène,
01:05:00quelque part, et qui se montre
01:05:02justement aux yeux du monde entier
01:05:04à travers une politique culturelle,
01:05:06à travers des images
01:05:08qui sont retransmises dans le monde entier,
01:05:10à travers une presse aussi.
01:05:12On a très peu parlé du rôle de la presse
01:05:14et notamment de la presse sportive.
01:05:16Sports Illustrated, c'est initialement
01:05:18un journal qui a été financé
01:05:20par la CIA pour montrer,
01:05:22pour donner une image des États-Unis
01:05:24à travers le monde.
01:05:26Donc toutes ces choses-là,
01:05:28finalement, le monde entier le voit.
01:05:30Et la conséquence, c'est qu'on a
01:05:32des pays de l'Europe de l'Ouest
01:05:34qui sont un petit peu entre…
01:05:36voilà, ils basculent,
01:05:38parfois ils sont plutôt atlantistes,
01:05:40parfois ils se disent
01:05:42revenons dans une position
01:05:44de neutralité.
01:05:46Et ce qui est intéressant,
01:05:48c'est qu'il y a eu
01:05:50un dégradé des États-Unis
01:05:52à travers le monde.
01:05:54Dernier point,
01:05:56juste pour 72,
01:05:58on en parle très peu,
01:06:00le point levé
01:06:02des deux athlètes
01:06:04à Mexico City
01:06:06a été reproduit
01:06:08à Munich.
01:06:10Et ça, on en parle très peu,
01:06:12c'est assez amusant,
01:06:14mais parce que justement
01:06:16le CIO avait tout verrouillé.
01:06:18Son petit surnom,
01:06:20c'était quand même
01:06:22Slavery Avery.
01:06:24Donc on n'a pas forcément
01:06:26quelqu'un de très sympathique
01:06:28en face de soi.
01:06:30Et sa réaction,
01:06:32le fait de ne pas pouvoir
01:06:34faire de deuil
01:06:36lors de ces Jeux en 72,
01:06:38montre bien qu'il y a
01:06:40une orientation et une orientation
01:06:42unique, c'est celle de développer,
01:06:44de continuer à développer
01:06:46le mouvement olympique
01:06:48très complet.
01:06:50Et c'est justement dans ce contexte-là
01:06:52que les États-Unis
01:06:54et donc l'URSS
01:06:56s'affrontent en finale
01:06:58olympique.
01:07:00J'ai envie de vous poser
01:07:02quand même cette question
01:07:04sur l'importance de ce match
01:07:06et donc de cette victoire potentielle
01:07:08de l'une ou de l'autre équipe,
01:07:10on connaît l'histoire,
01:07:12avant même que le match ait lieu.
01:07:14En quoi le contexte géopolitique
01:07:16s'invite en fait
01:07:18à la rouge de devenir
01:07:20champion olympique 1972 ?
01:07:22Les États-Unis sont
01:07:24à ce moment-là,
01:07:26ont un besoin,
01:07:28c'est de ne pas donner
01:07:30l'image d'une nation déclinante,
01:07:32d'une nation qui commence
01:07:34à perdre de plus en plus.
01:07:36En fait, ce match-là,
01:07:38quand on arrive,
01:07:40il y a d'abord eu une domination
01:07:42soviétique je crois,
01:07:44puis une domination américaine
01:07:46du match,
01:07:48puis l'Union soviétique
01:07:50qui n'avait pour l'instant
01:07:52pas gagné de finale olympique
01:07:54face aux États-Unis,
01:07:56c'était la nation dominante.
01:07:58Donc subitement,
01:08:00si on devient une nation
01:08:02qui est déjà en déclin
01:08:04et qui donne l'image
01:08:06d'être en déclin
01:08:08et qui va perdre ce match,
01:08:10à ce moment-là,
01:08:12les conséquences seront
01:08:14très importantes.
01:08:16Il y a un autre élément
01:08:18entre le basket FIBA d'une part
01:08:20et le basket NBA d'autre part.
01:08:22J'étais assez surpris d'entendre
01:08:24que dans les années 50-60,
01:08:26Jackie Chazallon était émerveillé
01:08:28par les basketteurs américains,
01:08:30sachant que la plupart du temps
01:08:32en Europe,
01:08:34on jouait à un basket européen.
01:08:36Et c'est bien là tout le sens
01:08:38justement de cette intervention
01:08:40du président de la FIBA,
01:08:42comment s'appelait-il,
01:08:44R. William Jones je crois,
01:08:46qu'on a accusé d'être
01:08:48en déclin.
01:08:50Mais son intervention,
01:08:52c'était d'essayer de redonner
01:08:54un petit peu de lustre
01:08:56au basket FIBA face
01:08:58à la domination états-unienne.
01:09:00Donc, perdre ce match
01:09:02pour les États-Unis,
01:09:04ça voulait dire d'une part
01:09:06montrer au monde entier
01:09:08qu'on était effectivement
01:09:10sur les déclins.
01:09:12Et puis il y a eu quand même
01:09:14une crise économique assez forte
01:09:16aux États-Unis dans les années 70.
01:09:18Les États-Unis en entier
01:09:20ont fait défaut financièrement.
01:09:22Donc, c'était vraiment un pays
01:09:24qui était sur le déclin
01:09:26mais qui ne pouvait pas
01:09:28non plus l'assumer.
01:09:30De l'autre côté,
01:09:32c'est cette concurrence
01:09:34de modèles entre deux types
01:09:36de basket qui va perdurer.
01:09:38Et d'ailleurs, on le sait,
01:09:40à la fin des années 70,
01:09:42la Yougoslavie s'en mêle
01:09:44et avec les boycotts
01:09:46en 80 et 84,
01:09:48donne une idée
01:09:50de ce qui va se passer
01:09:52dans les années à venir.
01:09:54– Le sportif, maintenant,
01:09:56allons-y tous ensemble.
01:09:58Revenons un petit peu
01:10:00sur la différence d'approche
01:10:02entre l'équipe américaine
01:10:04et l'URSS.
01:10:06Il faut savoir déjà
01:10:08que l'URSS, à ce moment-là,
01:10:10est championne d'Europe.
01:10:12Donc, elle fait partie
01:10:14quand même des meilleures
01:10:16équipes européennes.
01:10:18Elle est issue du Dynamo Moscou
01:10:20ou du CSK Moscou,
01:10:22la division reliée à l'armée
01:10:24et l'autre division
01:10:26reliée à la police
01:10:28quand on parle de l'Union soviétique,
01:10:30là où les Américains
01:10:32sont tous des joueurs amateurs,
01:10:34donc issus du système universitaire
01:10:36sélectionné pour représenter
01:10:38leur pays.
01:10:40Donc, il y a déjà quand même
01:10:42une différence à ce niveau-là.
01:10:44Les Russes arrivent
01:10:46avec une génération
01:10:48de frères Beloff
01:10:50qui sont donc des leaders
01:10:52sur le plan européen,
01:10:54là où les Américains se présentent
01:10:56sans leur meilleur joueur universitaire
01:10:58et je vais en citer deux,
01:11:00Julius Erving,
01:11:02qui est passé pro
01:11:04et qui n'a pas fini
01:11:06sa saison universitaire
01:11:08et qui a rejoint l'ABA
01:11:10pour avancer sa carrière pro
01:11:12et un certain Bill Walton,
01:11:14le meilleur joueur du pays
01:11:16Le regretté.
01:11:18Qui n'a pas souhaité rejoindre
01:11:20la sélection olympique
01:11:22puisqu'il ne s'entendait pas
01:11:24avec le sélectionneur Ibai Ank.
01:11:26Donc voilà un petit peu le contexte
01:11:28quand on parle de ces deux équipes.
01:11:30– Oui, gros différentiel d'expérience.
01:11:32– Exactement.
01:11:34Elles arrivent toutes les deux en finale
01:11:36avec des tournois plutôt réussis.
01:11:38L'URSS bat l'Italie,
01:11:40si je ne dis pas de bêtises,
01:11:42non, le Puerto Rico ou Cuba.
01:11:44Enfin, on va y arriver,
01:11:46je crois que c'est Cuba,
01:11:48très facilement.
01:11:50Donc les deux équipes se rejoignent en finale.
01:11:52On est le 10 septembre 1972,
01:11:54donc on a bien sûr repris les Jeux
01:11:56après cette fameuse journée du 5
01:11:59et donc s'affrontent deux équipes,
01:12:03deux légendes.
01:12:05On va aller tout de suite sur la fin du match
01:12:07où on parle peut-être un petit peu
01:12:09de ce qui s'est passé avant.
01:12:11– Alors là, je vous laisse le choix.
01:12:13– Oui, comme on le disait avant,
01:12:15c'est vrai que c'est d'abord les Russes
01:12:16qui ont dominé
01:12:18et puis après les Américains
01:12:20qui ont décidé finalement
01:12:22de prendre les choses en main
01:12:24en respectant moins les consignes
01:12:26et en faisant un peu du jeu un contre tous.
01:12:28– C'est ça.
01:12:30– Et ça paye, ça paye,
01:12:32ils recollent,
01:12:34il manque même de l'emporter avant ce dénouement
01:12:36dont on se souvient tous,
01:12:38même si on n'était pas encore vivants à l'époque.
01:12:40– Un match très physique, très âpre,
01:12:42il y a des joueurs qui sont expulsés.
01:12:44C'est vrai que l'URSS mène à la mi-temps
01:12:46ensuite, comme tu l'as dit,
01:12:48les joueurs prennent un petit peu leur destin en main
01:12:50et puis recollent, recollent, recollent
01:12:52jusqu'à ce qu'une grosse faute soit faite
01:12:54sur certains dog collins
01:12:56qui arrivent donc dans les dernières secondes du match
01:12:59avec deux lancers francs.
01:13:01Il y a moins un, il me semble, pour les États-Unis.
01:13:05Les deux lancers francs sont réussis
01:13:07mais c'est là où l'histoire a plusieurs versions.
01:13:11L'URSS aurait demandé tant mort…
01:13:14– Avant les deux lancers.
01:13:16– Avant justement les deux lancers francs
01:13:18pris et réussis par dog collins
01:13:20et c'est là où on s'en suit tout un pâté qu'est-ce
01:13:23avec des décisions prises, non prises,
01:13:25les arbitres qui sembleraient être influencés
01:13:29par les officiels de Jeux Olympiques
01:13:31et donc de la FIBA,
01:13:33on a cité le nom du président de la FIBA tout à l'heure.
01:13:35Et tout simplement,
01:13:37on décide non seulement d'accorder un temps mort
01:13:41mais on décide aussi de changer les joueurs
01:13:44alors qu'on n'avait pas le droit, etc.
01:13:46de décision un petit peu louche.
01:13:48On est en fin de match, il reste trois secondes,
01:13:50remise en jeu et problème de chrono intervient.
01:13:54Donc deuxième remise en jeu
01:13:57et sur cette deuxième remise en jeu,
01:13:59passe longue dans les mains de Belov d'ailleurs
01:14:02qui réussit à marquer un panier au buzzer
01:14:04et donc fait gagner les États-Unis…
01:14:07– Les soviétiques.
01:14:09– Les soviétiques, pardon, de cette manière.
01:14:11Voilà un petit peu le contenu un petit peu résumé,
01:14:14ça fait beaucoup, beaucoup, beaucoup parler
01:14:16et une réclamation sera posée dans la nuit
01:14:19mais elle n'aura jamais été validée.
01:14:22L'arbitre d'ailleurs même de ce match
01:14:24ne signe même pas la feuille
01:14:26parce qu'il n'est pas OK avec le scénario
01:14:28et l'histoire raconte que les Américains
01:14:31n'ont jamais récupéré, déjà n'ont pas été sur le podium
01:14:34et n'ont pas récupéré leur médaille d'argent
01:14:37puisque pas OK avec le scénario du match.
01:14:40Voilà, l'un des matchs les plus controversés de l'histoire.
01:14:44François, vous qui êtes proche encore de la culture américaine,
01:14:49est-ce que c'est un match dont on parle encore
01:14:52et qui quand même meurtrit un petit peu
01:14:55le cœur des fans de basket aux États-Unis ?
01:14:58– Alors tout à fait.
01:15:00Déjà sur la question de la médaille qui n'a pas été récupérée,
01:15:03ce n'est pas l'histoire qui le raconte,
01:15:05c'est vrai qu'ils n'ont pas récupéré leur médaille
01:15:08mais ça fait aussi partie de ce narratif de protestation
01:15:11donc c'était nécessaire aussi pour eux de ne pas aller la récupérer
01:15:15sinon quelque part aller récupérer leur médaille d'argent
01:15:18ou valider le résultat en lui-même.
01:15:21Et dans un moment de contestation,
01:15:25comme les années 70 on peut le voir,
01:15:28de fragilité des États-Unis,
01:15:30c'était important de ne pas aller récupérer cette médaille.
01:15:34Aux États-Unis, on l'a perçue vraiment comme un acte de trahison
01:15:38de la part du CIO.
01:15:41Le CIO a reçu des centaines de lettres
01:15:45de la part de spectateurs
01:15:49et d'ailleurs pas forcément de fans de basket.
01:15:52C'est simplement l'idée que ces organisations internationales
01:15:55dont fait partie le CIO
01:15:57ne seraient plus finalement favorables
01:16:00ou n'écouteraient plus,
01:16:02les États-Unis n'auraient plus l'oreille de ces organisations internationales.
01:16:05C'est quand même assez particulier
01:16:08quand on pense que les Soviétiques de l'autre côté
01:16:11envoyaient des joueurs
01:16:14dont les caractéristiques étaient plutôt louches.
01:16:17Il n'y a pas seulement le problème du professionnalisme,
01:16:20il y a aussi le problème du dopage qui commence à apparaître à ce moment-là.
01:16:23Mais aux États-Unis, ça a créé vraiment une onde de choc.
01:16:26Mais on a quand même beaucoup plus parlé
01:16:29des attaques terroristes
01:16:32que de ça au final.
01:16:35Et encore moins d'ailleurs de l'acte de protestation
01:16:38de Wayne Corlett et Evans Matthews sur le podium
01:16:41après le 400 mètres, je crois, dans le stade olympique.
01:16:45Donc voilà, ça a quand même remué un petit peu les consciences.
01:16:48Mais il ne faut pas oublier non plus
01:16:50que c'est une période où l'olympisme finalement
01:16:52était en perte de vitesse également.
01:16:541976, c'est un peu les Jeux dont personne ne voulait vraiment.
01:16:58Il y a un super bouquin qui s'appelle
01:17:01« Les Jeux qui ne se sont jamais tenus ».
01:17:02Ça fait un petit peu référence.
01:17:05Ça évoque clairement la manière
01:17:09dont était perdue l'olympisme à l'époque.
01:17:11Et ensuite avec les années 80
01:17:14qui nous permettent d'embrayer vraiment sur une autre période
01:17:17de l'histoire à la fois du sport
01:17:20et de l'histoire des relations internationales, très clairement.
01:17:22François, une dernière question avec vous.
01:17:24Est-ce que c'est cet événement qui nous a permis
01:17:27d'apprécier et de voir la Dream Team
01:17:29de Magic Johnson et finalement Michael Jordan ?
01:17:34Alors, pas vraiment.
01:17:37Je pense qu'en fait, l'autorisation
01:17:41de faire concourir des athlètes professionnels aux JO,
01:17:48c'est une demande de la FIBA en 86.
01:17:51Boris Lavsankovitch qui a demandé justement
01:17:54parce qu'en fait les deux boycotts de 80 et 84
01:17:57ont asséché les fédérations.
01:18:01Parce qu'il ne faut pas oublier qu'en fait,
01:18:03ça coûte des sous pour les fédérations.
01:18:05Ça coûte des sous d'envoyer des athlètes
01:18:08et ne pas les envoyer.
01:18:10Ça veut dire une grosse perte de revenus.
01:18:12Donc les fédérations étaient financièrement très impactées
01:18:14par ces deux boycotts.
01:18:16Donc en 88, on a vu des derniers jeux.
01:18:19C'est un peu un concours de circonstances
01:18:21que la guerre froide se termine à ce moment-là.
01:18:23Et c'est là où les États-Unis sont extrêmement forts.
01:18:24C'est d'entrer justement,
01:18:26d'accompagner ce narratif du triomphalisme
01:18:29et de ce capitalisme triomphant à la fin de la guerre froide.
01:18:33C'est les années 80,
01:18:35même si 72 a vraiment marqué
01:18:38le moment où on a pris conscience
01:18:42que l'olympisme était en perte de vitesse
01:18:44et avait besoin de se régénérer d'une manière ou d'une autre.
01:18:47Après on a eu effectivement Dream Team en 92.
01:18:51Voilà, ça c'est encore une autre histoire.
01:18:54Et je pense que ça fait partie des histoires mal connues
01:18:59parce que mal racontées.
01:19:01On prendra le temps de le faire nous,
01:19:03Dream Team 92, c'est forcément fondateur
01:19:06de beaucoup de passions pour nos générations
01:19:08et celles d'après.
01:19:10Merci beaucoup François Doppler-Speranza
01:19:12d'avoir été avec nous.
01:19:14On rappelle que vous êtes maître de conférence
01:19:16en histoire et culture des États-Unis
01:19:18à l'université de Lorraine à Nancy
01:19:20et également enseignant à Syracuse University.
01:19:22Merci beaucoup.
01:19:24Merci à vous.
01:19:26Merci les gars, on a fait long
01:19:28mais c'était très important de se reposer un petit peu
01:19:30le contexte géopolitique du sport
01:19:32et de parler du basket.
01:19:34C'est très très rare dans Hype,
01:19:36on verra si on le fera de nouveau sur un prochain numéro.
01:19:38Merci, merci.
01:19:40Voilà Thomas, merci beaucoup.
01:19:42On va remercier Jacquie, on va remercier Carmine
01:19:44d'avoir été avec nous, Eric Champel également
01:19:46et nous on se retrouve le mois prochain
01:19:48pour un nouveau numéro.
01:19:50Ciao.
01:19:52Ciao.