Ce jour-là - Au sommet.

  • il y a 3 mois
Le 7 août 2021, l'équipe de France renaissante retrouve son grand rival danois en finale des Jeux Olympiques.

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00:00C'est un moment qui est particulier, une journée qui est particulière.
00:13Des finales olympiques, on n'en joue pas tous les jours.
00:18C'est vrai qu'il y avait un petit peu de stress, beaucoup d'envie, aussi de la pression
00:25parce qu'on avait à cœur de gagner notre finale face au Danemark, étant donné qu'on
00:29avait également perdu cinq années plus tôt à Rio.
00:32Le destin nous offre une seconde chance contre la même équipe de prendre notre revanche
00:41donc dès la fin de la demi-finale, j'y ai pensé.
00:46Quasiment dès la finale perdue à Rio, j'étais complètement assommé.
00:55Je me le répétais assez fréquemment, d'absolument vouloir poursuivre ce rêve-là et de tout
01:04mettre en œuvre pour pouvoir l'atteindre.
01:06Depuis Rio, j'ai prié tous les jours pour revivre des Jeux olympiques déjà.
01:13C'est vrai que j'ai eu du mal à regarder la finale que l'on a perdue cinq ans plus
01:19tôt à Rio.
01:20Quand tu joues et que tu ne gagnes pas, tu te sens responsable.
01:26À Rio, j'avais 20 ans, j'étais tout jeune, je ne jouais pas beaucoup.
01:31Pour moi, c'était déjà grandiose et c'était un élément un peu déclencheur et moteur
01:36aussi pour les années à venir.
01:38Tu te dis que c'est une chance déjà de pouvoir vivre deux finales d'affilée.
01:44Et en même temps, tu te dis que cette fois-ci, je n'ai pas envie de la laisser passer.
01:49C'est une équipe qui est très compliquée à jouer, forcément.
01:56Mais tout de suite, dans ma tête, je me suis dit qu'on allait gagner.
02:01Cette fois-ci, c'est pour nous.
02:03Bizarrement, je n'avais aucun doute.
02:04Ce match-là, il est pour moi, il est pour nous.
02:12Et je sais ce que je dois faire.
02:16Il faut mettre beaucoup d'intensité, beaucoup d'agressivité, peut-être parfois dépasser
02:22un peu la limite.
02:23C'est un match super, super rugueux.
02:27Franchement, c'était l'un des matchs les plus durs, je pense, qu'on ait fait.
02:31C'est du duel un contre un et tu sais que si le premier duel, tu le perds, généralement,
02:40ça offre des décalages et des solutions à l'adversaire.
02:42C'est vrai qu'on a été très forts dans les duels, on a été très compacts, beaucoup
02:48en entraide.
02:49À la mi-temps, on sort avec quatre buts d'avance.
02:57Je me souviens même qu'à ce moment-là, il y avait les stats qui étaient sur l'écran
03:00géant et on avait eu beaucoup plus d'occasion que les Danois de scorer.
03:04Alors forcément, on a eu plus de déchets aussi, mais ça montrait aussi l'intensité
03:09qu'on avait mise dans ce match-là et que justement, les Danois qui ont tendance à
03:13passer la barre des 30 buts par match, ils avaient du mal sur cette première mi-temps.
03:18Cette finale, pour moi, elle est assez compliquée, c'est paradoxal parce que je suis spectateur
03:28pendant la première mi-temps, je sens qu'on est bien dans le match, l'assaut est en train
03:32de bien monter.
03:33Au début de deuxième mi-temps, j'ai un ballon qui arrive très vite, qui n'est pas facile
03:37parce que je suis un peu gêné et je marque de suite, donc franchement, ça me met en
03:41totale confiance.
03:42Une minute trente après, j'ai une action, la consigne, c'était je ne veux pas que tu
03:46lâches le ballon, il ne faut pas que je lâche le ballon, je vais percuter, je les enfonce
03:49et je passe.
03:50Au moment du shoot, je sens que ça craque complètement au niveau des côtes et je me
03:54fais une double déchirure au niveau des obliques et là, je sens de suite que c'est fini,
04:01la douleur est vraiment vive.
04:03Au moment où je sors, je regarde, on doit être à plus cinq, je pense, mais inconsciemment
04:10je me dis bon, ça va, ça va, on est dans une bonne dynamique même si je sors.
04:13Et je vis la deuxième mi-temps mais comme spectateur blessé, c'est horrible, surtout
04:26qu'ils remontent, ils sont en train de remonter et remonter.
04:34On a un moment un petit peu de baisse de régime puisque la compétition était longue, elle
04:39était éprouvante.
04:40Physiquement, c'était très dur de tenir la cadence et moi je me retrouve avec ma poche
04:43de glace comme ça à dire que ce n'est pas possible, ça ne va pas, il ne va pas se passer
04:48ce qu'il est en train de se passer, on ne va pas perdre alors qu'on a le match en main
04:52et moi je me suis blessé, je ne peux rien faire, je suis là en train de subir.
04:55Et c'est vrai que sur cette dernière attaque, on perd la balle et on se dit bon, tout va
05:06se jouer sur la dernière défense, on est devant, on est en position de force entre
05:10guillemets.
05:11A nous de bien défendre et on sera champion olympique.
05:17Et c'est vrai que je me rappelle, il y a un temps mort, les Danois décident de jouer
05:22à 7.
05:23Ils n'ont pas de gardien dans leur but.
05:28Et là, tu te dis que ce n'est même pas la défense du match, c'est la défense de
05:35ta vie.
05:36Là, il n'y a plus de consignes, dès qu'il y a un joueur devant, il faut se mettre en
05:41opposition, faire la faute ou récupérer la balle, essayer de faire une interception.
05:44Je me rappelle qu'à un moment, c'est Guitzel, l'arrière droit danois, qui je crois vient
05:49au contact et là, il est bien secoué.
05:52Lucas intercepte la balle, elle m'arrive sous le nez.
05:56Mais à ce moment-là, c'est vrai que j'ai vu la cage très, très, très, très loin.
06:04Pour moi, elle était à 80 mètres.
06:08C'est vrai qu'avec le stress et l'émotion.
06:10Mais au final, c'est une dernière action qui est significative, je pense, de toute
06:18l'intensité qu'on a pu mettre sur ces Jeux Olympiques.
06:25Tout de suite, tu réalises, c'est vraiment indescriptible.
06:28C'est le Graal, en fait, le Graal pour nous, sportifs.
06:34Il reste vraiment une joie immense qu'on partagera toute notre vie avec cette équipe
06:41qui a vécu ça.
06:45Ce jour-là, il n'a rien changé dans notre quotidien.
06:47On est restés les mêmes, on est restés les mêmes personnes, on est restés les mêmes
06:51joueurs.
06:52On travaille autant, on a toujours de l'immunité, on a toujours l'envie de vivre la compétition
06:57d'après et de remporter de nouveaux titres et de nouvelles médailles pour l'équipe
07:02de France.
07:03Parce que si on est là aujourd'hui, c'est pour l'équipe de France.
07:05On est au service de cette fédération et tout ce qu'on veut, c'est qu'elle brille,
07:09que les gamins jouent en balle et que tout le monde parle en balle, respire en balle
07:14et m'ose en balle.

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