Le professeur Jacques Levraut est actuellement président de la commission médicale d’établissement du CHU de Nice. En 2020, il était le chef du département de médecine d’urgence. Et le jour de l’attentat de la basilique Notre-Dame à Nice, le médecin de garde au Samu. Il raconte cette intervention difficile au cours de laquelle il a longuement tenté, avec son équipe, de sauver l’une des victimes du terroriste..
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00:00C'était un jeudi matin, je me rappelle, peu avant 9h.
00:02On a été déclenché sur une plaie par arme blanche dans le quartier de Notre-Dame.
00:06On ne savait pas sur quoi on partait.
00:08On pensait partir sur une Rix, malheureusement habituelle parfois dans ces quartiers-là.
00:12Et en arrivant sur la rue Notre-Dame, on est tombé nez à nez avec un véhicule de pompiers qui barrait la route.
00:18Et donc on est sorti, j'ai vu un policier armé au point qui se cachait derrière sa portière de voiture.
00:22Donc on a tout de suite compris qu'il y avait un problème.
00:24Et donc on a été très vite informé qu'on était face à un attentat terroriste.
00:27Et de ce fait, on nous a demandé de ne pas bouger en attendant la sécurisation de la zone
00:30parce qu'on n'était pas certain qu'il n'y ait pas plusieurs terroristes.
00:32Au bout de quelques minutes, dès qu'on a su que la zone était sécurisée,
00:36on nous a conduit vers une victime côté de la basilique, de l'autre côté de la rue adjacente à la basilique.
00:41Et donc on s'est occupé de cette victime qui était malheureusement lardée de coups de couteau.
00:46On n'a pas pu la ramener vivante à l'hôpital.
00:48En fait, on est focus sur la victime.
00:50Et c'est vrai que tant qu'on est en intervention, pendant l'heure de prise en charge de la victime,
00:53on ne pense pas, on essaie juste de sauver la vie de notre patiente.
00:56On est quatre sur l'intervention, un interne, une infirmière, un conducteur ambulancier.
01:01Et tous les quatre, on essaie de prodiguer les meilleurs soins à notre victime.
01:03Après, on débriefe un peu parce que ce n'est pas toujours facile de gérer ce genre de situation.
01:08On le vit assez mal parce que c'est une violence gratuite qui s'est passée en plus dans un lieu de culte,
01:13qui est quand même, en dehors de toute religion, un lieu sanctuarisé, en principe plutôt un lieu de paix.
01:18Et donc c'est vrai que c'est pour nous extrêmement choquant.
01:20Le président Macron s'était déplacé quelques heures après pour remercier les équipes de secours.
01:25Et donc on a eu l'occasion, à cette occasion-là, de médicaliser le cortège présidentiel avec l'ambulance du SMUR,
01:31ce qui nous paraissait important dans les suites de ces attentats, pour être présents du début à la fin.
01:35On est confrontés, quand on fait du SMUR à des urgences, à des situations souvent difficiles.
01:40Il y en a qui vous marquent plus que d'autres.
01:42Bien sûr, on a toutes et tous été extrêmement marqués par l'attentat du 14 juillet 2016.
01:46On espère tous ne jamais plus vivre ça.
01:49Et puis il y a eu cet attentat qui était un peu une réminiscence de cette ambiance terroriste,
01:54qui effectivement est extrêmement choquante pour l'ensemble des équipes soignantes.