L'éditorialiste politique Joseph Thouvenel était l’invité de 100% Politique Week-End ce dimanche 9 février sur CNEWS. Il s’est exprimé au sujet de la vidéo diffusée par Emmanuel Macron pour promouvoir le salon de l'IA, laquelle a reçu un accueil plutôt frileux : «Emmanuel Macron n'a pas conscience qu'il est chef de l'Etat»
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00:00Je crois qu'il n'a pas conscience qu'il est chef de l'État, c'est quand même un petit sujet.
00:03Parce qu'on peut se permettre des choses à certains postes, beaucoup moins quand on est le chef de l'État.
00:09Parce qu'on n'est pas regardé que par les Français, on est regardé quasiment par le monde entier.
00:14Et je peux vous dire que les retours sur les faits sécis d'Emmanuel Macron,
00:18quand on va à l'étranger, moi de par mes fonctions européennes, je me déplace beaucoup,
00:23c'est pas grandiose.
00:25– Ah oui, effectivement.
00:27– Mais sur ce qu'on appelle l'intelligence artificielle, déjà, il y a une tromperie dès le départ.
00:32Ce n'est pas une intelligence, c'est une inintelligence,
00:36c'est une puissance de calcul extraordinaire, formidable,
00:39qui va calculer et faire des choses bien plus rapidement que le cerveau humain,
00:43mais ce n'est pas une intelligence.
00:45Si on prend comme définition, comme intelligence, la faculté de comprendre.
00:49La faculté de comprendre, dans la compréhension, il y a la compréhension relationnelle, émotionnelle,
00:55ce que n'a certainement pas la machine et ce que n'aura pas la machine.
00:59La machine est au service de celui qui fait les algorithmes,
01:02avec les biais qui peuvent être mis volontairement ou involontairement,
01:05et c'est un des sujets qu'il va falloir traiter, mais ce n'est pas une intelligence.
01:11Et là où le débat doit être mis sur la table, c'est justement ce qu'est l'être humain.
01:17Tout à l'heure, je parlais de compassion, mais la machine n'est pas capable de compassion.
01:22La machine n'est pas capable d'amour.
01:24Et je ne connais pas un être humain qui ne peut vivre sans aimer et sans être aimé.
01:29Et donc, ne nous faisons pas le fantasme de cette machine hyper puissante dans ses modes de calcul
01:34et qui peut rendre de grands services, mais ce n'est qu'un objet.
01:37Et comme tout objet, c'est la façon dont on s'en sert qui pourra être positif ou négatif.
01:42Et c'est là où est tout l'enjeu.
01:43Et pour l'emploi, c'est comment on va faire changer, accompagner,
01:48Mais dans le même temps, on se rend compte que l'automatisation,
01:51le manque de présence humaine, relationnelle, vraie, devient un manque.
01:56Et dans des endroits où on avait supprimé, on a rétabli la présence humaine.
02:01Donc voilà, il faut accompagner ces changements, il faut les organiser.
02:04Et par exemple, dans le domaine militaire, sans doute qu'il faudra changer les lois internationales,
02:09puisque aujourd'hui, maintenant, avec l'intelligence artificielle,
02:12vous avez des armes qui vont se conduire elles-mêmes.
02:15Ce n'est même pas un être humain, elles sont en volier.
02:17Ça va être des guerres de robots.
02:19À mon sens, là-dessus, il va falloir qu'on fasse comme l'interdiction des armes chimiques,
02:25parce que la présence humaine, c'est la présence qui peut, à un moment donné,
02:29même si la guerre, c'est toujours quelque chose de terrible,
02:32garder dans la guerre certaines règles de l'humanité.
02:35Donc là, c'est des vrais sujets sur lesquels il faut se pencher.
02:37Et puis enfin, je vais terminer, Emmanuel Macron, il est gentil,
02:39il nous annonce 109 milliards, mais ce n'est pas lui qui les donne.
02:45Sous-titrage Société Radio-Canada