• il y a 3 jours
Parlement Hebdo c'est le meilleur de la semaine parlementaire. Chaque vendredi, un député et un sénateur analysent les temps forts de la semaine au Sénat et à l'Assemblée nationale.Cette semaine, Kathia Gilder (LCP-AN) et Alexandre Poussart (Public Sénat) reçoivent Aurélie Trouvé, députée « La France Insoumise » de Seine-Saint-Denis et présidente de la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale, et Olivier Cadic, sénateur « Union Centriste » des Français établis hors de France. Au programme : le budget, définitivement adopté par le Parlement, sans que le gouvernement de François Bayrou ne soit censuré, et le projet de loi d’orientation agricole, dont l’examen a débuté au Sénat.Après avoir eu recours au 49.3 sur le budget pour 2025, la motion de censure déposée par la France insoumise n’a pas été adoptée par l’Assemblée nationale le 5 février dernier, grâce notamment au soutien des socialistes. Un acte qui a créé une fissure de plus dans le Nouveau Front Populaire, déjà vacillant. Le projet de loi de souveraineté agricole, adopté en mai 2024 à l’Assemblée nationale, arrive au Sénat, à quelques semaines du Salon de l’Agriculture. Le texte vise à traduire dans la loi les engagements pris par Emmanuel Macron à l’hiver 2024 pour répondre au mal-être des agriculteurs. Année de Production :

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00:00Générique
00:02...
00:09Bonjour à tous. Très heureux de vous retrouver
00:11pour ce nouveau numéro de Parlement Hebdo,
00:13l'émission qui vous fait vivre l'étonfort
00:15de la semaine au Parlement.
00:16Cette semaine, encore une fois, nous vous proposons
00:18un débat entre un député, une députée et un sénateur.
00:22Nous accueillons Aurélie Trouvé, bonjour.
00:24Vous êtes députée de la France insoumise de Seine-Saint-Denis
00:27et présidente de la Commission des affaires économiques
00:29du Rassemblement national face à vous, Olivier Cadic.
00:32Bonjour. Sénateur centriste des Français établis hors de France.
00:35Vous êtes vice-président de la Commission des affaires étrangères
00:38et de la Défense.
00:40Vous reviendrez sur la semaine mouvementée
00:42de François Bayrou, qui a fait adopter le budget 2025
00:44au Parlement sans vote en passant par le 49-3.
00:47Et il a échappé, une nouvelle fois,
00:49à la censure de son gouvernement, puisque les députés socialistes
00:52et du Rassemblement national n'ont pas voté l'émotion de censure
00:55déposée par la France insoumise.
00:57Et puis, on parlera d'agriculture,
00:59puisque le Sénat examine en ce moment
01:01le projet de loi d'orientation agricole.
01:03Ce texte du gouvernement est censé répondre
01:05aux malaises des agriculteurs
01:07et protéger la souveraineté alimentaire française.
01:10Mais d'abord, le fait de la semaine,
01:12la censure évitée pour François Bayrou,
01:14Elzamond Ndangava.
01:19Le jour de sa nomination à Matignon,
01:22François Bayrou parlait d'un Himalaya de difficulté.
01:25Le Premier ministre a franchi cette semaine
01:28un premier sommet avec l'adoption du budget.
01:31Lundi, il déclenche un 49-3.
01:35Nous voici à l'heure de vérité.
01:37Nous voici même à la semaine
01:41de vérité et de responsabilité.
01:44Aucun pays ne peut vivre sans budget.
01:47Et la France...
01:50Et la France, moins que tout autre.
01:54Mercredi, il fait face à une motion de censure
01:57portée par les Insoumis.
01:58Pas de suspense, les socialistes ont décidé de ne pas la voter.
02:03Indignation de la France insoumise,
02:05fracture au sein du nouveau Front populaire.
02:08J'entends une petite voix sur ma gauche
02:10qui me rappelle aux puretés de la vertu,
02:13comme disait Saint-Just.
02:14Le bruit et la fureur fragilisent les combats,
02:19nos combats, ceux de la gauche.
02:21Jeudi, ultime vote au Sénat.
02:24Pour 219,
02:26contre 107,
02:28le projet de loi est donc définitivement adopté.
02:32Ca sort notre pays de cette trop longue période
02:35d'incertitude qui a été mortifère pour l'économie,
02:38pour les Français, les agriculteurs, les chefs d'entreprise.
02:41Sortir de la certitude, c'est une bonne nouvelle.
02:44Après le budget de l'Etat,
02:46celui de la sécurité sociale devrait être adopté,
02:49sauf coup de théâtre, d'ici une dizaine de jours.
02:54Les socialistes n'ont pas voté vos motions de censure,
02:57ils n'ont pas voulu faire tomber le gouvernement.
02:59Est-ce que cette non-censure, pour vous,
03:01acte la fin du nouveau Front populaire ?
03:04Il y a clairement une rupture
03:05de la part de presque tous les députés socialistes,
03:09parce que six quand même l'ont votée,
03:11vis-à-vis du programme du nouveau Front populaire,
03:14puisque l'essence du nouveau Front populaire,
03:17c'est de rompre avec le macronisme,
03:19de proposer autre chose que la politique d'Emmanuel Macron.
03:22Tout ceux qui n'ont pas voté la motion de censure
03:25sont donc responsables d'un budget
03:28qui, à mon avis, est un budget de souffrance,
03:31et justement un budget qui risque
03:33de précipiter encore davantage la crise économique.
03:36Je m'explique.
03:38C'est d'abord la plus forte austérité budgétaire
03:42connue depuis 25 ans en France,
03:44la plus forte baisse de dépenses publiques, très concrètement.
03:47Ca va reposer sur ceux qui ont déjà du mal
03:49à boucler leur fin de mois.
03:51Par exemple, une hausse des taxes sur l'électricité
03:54qui va amener à une forte hausse des prix d'électricité
03:57pour 11 millions de ménages et des centaines de milliers.
04:00Aurélie Trouvé, avant d'aller sur le fond de ce budget,
04:03une réaction sur cette affiche qui a créé la polémique.
04:06La France insoumise a posté un visuel sur les réseaux sociaux
04:09qui associe le PS et le RN
04:11avec ce titre, les Nouvelles Alliances.
04:13Que pensez-vous de ce visuel ?
04:15Ce visuel n'est pas celui de la France insoumise.
04:18Il a été retiré dans la seconde.
04:20C'est une erreur, en réalité.
04:22Il a été retiré dans la seconde.
04:24Je le répète.
04:26Vous voyez, c'est... On l'a dit tout de suite.
04:29Maintenant, arrivons au fait et au fond.
04:31Je le redis, nous avons aujourd'hui un budget
04:33qui est catastrophique, notamment pour l'économie.
04:36C'est ce que j'ai d'ailleurs souligné.
04:39Sur ce visuel, les socialistes demandent des excuses.
04:42Faut-il leur faire des excuses ?
04:43Je peux arriver au fond, s'il vous plaît ?
04:46Il y a des millions de gens qui vont souffrir de ce budget.
04:49Il n'est pas notre visuel, nous l'avons dit depuis le début.
04:52Il a peut-être été quelques secondes sur le site.
04:54Nous en arrivons au principal, qui est ce budget,
04:57avec, par exemple,
04:59une coupe d'un milliard et demi dans l'enseignement supérieur.
05:03La recherche, moi qui étais universitaire
05:05jusqu'à il y a trois ans, c'est catastrophique.
05:08Ca veut dire un réel décrochage scientifique et technologique
05:11de la France à l'heure où il faudrait, au contraire,
05:14comme aux Etats-Unis ou en Chine, porter au plus haut
05:17cette recherche et cet enseignement supérieur.
05:19On va faire réagir Olivier Cadic pour éviter la censure.
05:23François Bayrou a réussi là où Michel Barnier avait échoué.
05:27Souhaitez-vous que les socialistes qui n'ont pas voté la censure
05:31rejoignent le Bloc central ?
05:32Ce qu'ils veulent faire, c'est leur question,
05:36c'est leur problème.
05:37On peut soutenir sans participer à un gouvernement
05:40parce qu'on n'est pas à l'aise
05:42par rapport à certaines décisions ou orientations.
05:44Si ça existe dans d'autres pays, il n'y a pas de problème.
05:47Aujourd'hui, on avait besoin d'un budget.
05:50On n'avait pas de quoi finir, pour les ministères, l'année,
05:54puisqu'il y avait une évolution des coûts
05:57et certains services étaient venus nous voir pour dire
06:00qu'on avait un budget.
06:01Ce budget ne satisfait personne.
06:03Il y a une loi spéciale.
06:04Non, mais ce n'est pas avec ça qu'ils font l'année.
06:07Tous nous l'ont dit, on ne va pas au bout de l'année avec ça.
06:10Donc, il leur fallait un budget.
06:12Ce budget ne satisfait personne, aujourd'hui.
06:15Parce que pour qu'il y ait, que ce budget passe,
06:18il a fallu en passer un peu par des oucas, des socialistes,
06:22pour qu'on mise ça en avant pour pouvoir ne pas voter la censure.
06:26Des oucas ?
06:27Des concessions, mais vous dites oucas.
06:29Oui, mais c'est comme ça que je le comprends.
06:32Je veux dire, c'est...
06:33Mais après tout, finalement, d'autres jouent aussi parfois ce jeu.
06:37Donc, moi, c'est pas un reproche, c'est une constatation
06:40et c'est ce qui fait que ça ne satisfait vraiment personne.
06:43Il faut faire des compromis dans cette assemblée.
06:46Mais c'est ce que nous faisons.
06:48Vous parlez d'oucas, des socialistes.
06:50Le président du groupe centriste de votre groupe dit
06:52qu'il faut faire un contrat avec les socialistes
06:55pour éviter la censure plus durablement.
06:58Quand vous parlez d'oucas,
06:59on a l'impression que ça peut être compliqué.
07:01Mais non, ils ont des points forts,
07:04donc, de position qui leur appartiennent.
07:07Donc, il faut l'accepter. La démocratie, c'est ça.
07:10On ne pense pas tous pareil.
07:12Quand on vote ce budget, aujourd'hui,
07:15c'est pas un budget qui me satisfait, personnellement.
07:18Donc, maintenant, on est avec un environnement,
07:21il faut être responsable.
07:22Donc, il faut accepter que ce soit pas exactement
07:25comme nous, on le pense et on le souhaite.
07:27Ceci étant, il y a des surtaxes qui sont imposées,
07:31par exemple, on l'a vu, sur les entreprises,
07:33qui vont avoir des effets au niveau économique.
07:35Et donc, ça, quand j'entends ça va faire souffrir,
07:38ça va faire souffrir potentiellement tout le monde,
07:41toute l'économie, parce qu'on va perdre en compétitivité.
07:44La France avait besoin d'un budget pour redresser ses comptes,
07:47et aussi parce que les collectivités,
07:48les associations, les entreprises réclament des crédits
07:51qu'ils ne peuvent pas avoir pour l'instant.
07:53Est-ce que vous entendez cet argument ?
07:54Vous l'avez dit vous-même, nous avions voté en décembre
07:57une loi spéciale qui permettait tout à fait
07:59de continuer les dépenses engagées.
08:02En réalité, il y a eu un sabotage par le gouvernement...
08:04Mais pas de générer de nouvelles dépenses.
08:06Il y a eu un sabotage par le gouvernement
08:08de la loi spéciale, d'accord ?
08:10Par exemple, ils ont bloqué sciemment
08:12les passes cultures ou les services civiques pour les jeunes,
08:16alors qu'il était tout à fait possible de faire ces dépenses,
08:19par des circulaires du mois de décembre,
08:23qui ont tout de suite dit qu'on ne pourra pas dépenser
08:25plus de 25 % des dépenses.
08:27Ça, c'est le gouvernement qui a pris cette décision.
08:30Pourquoi ? Eh bien, pour tendre la situation,
08:33pour faire un chantage, quelque part,
08:34et imposer ce budget en faisant croire
08:37que sinon, ça allait être le chaos.
08:39Nous aurions très bien pu reprendre les débats
08:42dans l'Assemblée nationale.
08:43D'ailleurs, je remarque qu'il y a trois mois,
08:46nous avons eu des débats et nous avions voté
08:48à la majorité de l'Assemblée nationale
08:50tout un tas de mesures qui permettaient de récupérer
08:53jusqu'à 75 milliards de recettes,
08:55notamment sur les superprofits des multinationales
08:57ou sur les très gros patrimoines des ultra-riches.
09:01Donc, il était possible de faire un tout autre budget,
09:03beaucoup plus juste, qui mette à contribution
09:05ceux qui ont le plus profité des huit ans de présidence Macron,
09:08à savoir les ultra-riches.
09:10Et justement, sur la fiscalité des plus aisés,
09:13ce budget, il demande un effort exceptionnel
09:16aux plus riches et puis également aux grandes entreprises
09:18qui ont fait des profits.
09:20Et d'ailleurs, il y a une sorte de fronde
09:22de certains grands patrons.
09:23Olivier Cadic, le premier d'entre eux,
09:25c'est Bernard Arnault, le milliardaire et patron d'LVMH,
09:28qui estime que cet effort exceptionnel
09:30demandé aux grandes entreprises,
09:31ça va pousser à la délocalisation.
09:34Est-ce que c'est un manque de patriotisme économique ?
09:36C'est toujours ce qu'on reproche aux gens
09:40qui sont confrontés à la compétition internationale,
09:43qui doivent être concurrents à l'international.
09:45Ces entreprises ont des actionnaires.
09:47Ces actionnaires, pour pouvoir investir dans l'entreprise,
09:50demandent une rétribution.
09:52Je vous rappelle que c'est la même chose pour la France.
09:54La France n'est pas capable de faire son budget elle seule.
09:58Elle doit aller chercher l'argent à l'étranger
10:00et donc à l'empreinte de plus en plus chère.
10:02Si on ne fait pas le budget,
10:03si on ne rassure pas les investisseurs
10:05pour qu'ils achètent la dette française,
10:07ça va nous coûter de plus en plus cher.
10:08C'est la même chose pour M. Arnault,
10:10comme pour le ministre du Budget.
10:11Il a les mêmes problématiques à l'international
10:14et il doit défendre le budget.
10:15Aujourd'hui, on a un vrai sujet,
10:17c'est qu'on a augmenté de 7,8 milliards d'euros
10:20pour ces grandes entreprises.
10:21C'est comme ça qu'on présente les choses.
10:23C'est exceptionnel.
10:24Oui, c'est exceptionnel.
10:25LVMH, ça va lui coûter à peu près 800-900 millions d'euros.
10:28C'est une paille,
10:29puisque pour ceux qui n'en regardent pas,
10:31l'autre peut toujours payer l'autre.
10:33Donc, effectivement,
10:34lui défend ses intérêts et les intérêts de son entreprise.
10:37Il en parle.
10:38Il ne faut pas oublier que le luxe,
10:41c'est 50 milliards d'euros en exportation pour la France.
10:46Toute l'agriculture réunie, c'est 18 milliards.
10:48Vous voyez le rapport.
10:50Aurélie Trouvé, est-ce que c'est le moment de taxer
10:51les grandes entreprises,
10:53alors que les plans sociaux se multiplient,
10:55que l'activité se ralentit ?
10:56D'abord, vous voyez bien que Bernard Arnault
10:58ne représente absolument pas les patrons français,
11:02puisque 95 % des patrons français
11:05sont des patrons de très petites et petites entreprises.
11:08Bernard Arnault, je le rappelle,
11:10c'est la cinquième fortune du monde,
11:12233 milliards d'euros.
11:14En l'occurrence, on a un problème en France.
11:15C'est que les très petites entreprises
11:17sont plus fortement taxées
11:19que les très, très grandes entreprises.
11:21Or, ce budget, justement,
11:23ne va pas davantage mettre à contribution
11:25ces multinationales.
11:26Et notamment les dividendes des actionnaires,
11:29alors même que les très petites entreprises
11:31vont être davantage taxées et chargées,
11:36ne serait-ce que par l'augmentation
11:38des prix de l'électricité.
11:40Donc, pour résumer,
11:41les petits, aujourd'hui,
11:43payent plus d'impôts que les gros,
11:45mais vont être davantage mis à contribution,
11:47alors que les très gros payent moins d'impôts
11:49et ne vont pas être mis davantage à contribution.
11:52C'est donc très injuste,
11:53mais surtout, c'est très mauvais pour notre économie réelle,
11:55parce que l'économie réelle du pays,
11:57ce sont ces très petites entreprises.
11:59Ce ne sont pas ces multinationales
12:00qui, de plus en plus, versent leurs bénéfices
12:02vers les dividendes.
12:04Alors, le gouvernement a passé l'étape de ce budget 2025,
12:07mais qu'est-ce qui va se passer après,
12:09avec cette question,
12:10est-ce que la prochaine priorité du gouvernement,
12:11est-ce que ça va être l'immigration ?
12:13En tout cas, le Premier ministre, François Bayrou,
12:15a estimé, je cite, qu'il voulait
12:17un débat large sur l'immigration,
12:19plus large que la simple question du droit du sol.
12:21Il voulait, je cite, un débat sur la question
12:23qu'est-ce qu'être français, Olivier Kadic ?
12:25Est-ce qu'il faut aller sur ce débat, sur cette question ?
12:29C'est le Premier ministre qui donne l'orientation.
12:31S'il a envie d'aller vers ça, pourquoi pas ?
12:33Moi, je veux bien débattre de tous les sujets.
12:36Il vient de le dire.
12:37La question, pour moi,
12:41c'est plutôt comment on exécute le budget,
12:43puisqu'on l'a décidé,
12:44ce n'est pas parce qu'on a voté un budget,
12:46ce qui est important, c'est de l'exécuter.
12:48Nous, à la dernière minute, on a appris
12:49qu'on retirait 50 millions d'euros
12:51sur l'action extérieure de l'État.
12:52Moi, ce que j'aimerais savoir, c'est comment on va faire
12:54et comment on va accomplir nos missions.
12:56Votre réaction à cette proposition de François Bayrou,
13:00qui souhaite un débat plus large que le droit du sol à Mayotte
13:02sur le fait de savoir qu'est-ce qu'être français,
13:05vous en pensez quoi ?
13:07Eh bien, qu'effectivement,
13:09le fait d'avoir laissé ce gouvernement
13:13agir en refusant de voter la motion de censure,
13:17ce qui est le cas de la plupart des socialistes,
13:18eh bien, ça va offrir un boulevard à ce gouvernement
13:23pour aller petit à petit vers les idées,
13:26tout simplement, de l'extrême droite,
13:27du Rassemblement national,
13:28puisque M. Retailleau est clairement l'homme clé,
13:31l'homme fort de ce gouvernement.
13:32D'ailleurs, je remarque que le Premier ministre
13:34a parlé de submersion migratoire,
13:36ce qui est clairement une reprise des termes
13:39employés historiquement par le Rassemblement national.
13:41Et le problème, je finis sur cette question des migrations,
13:44c'est qu'en fait, c'est une réponse totalement fausse
13:48à la réalité.
13:49Je m'explique.
13:51Aujourd'hui, les migrations et les migrants
13:53sont une richesse pour la France.
13:55Justement, le Parti socialiste va déposer une motion
13:57pour défendre les valeurs républicaines
13:59en réaction, justement, à ces propos de François Bayrou,
14:02qui évoque la submersion migratoire Mayotte.
14:04Vous, vous la votez sans état d'âme,
14:06cette motion sur les valeurs républicaines ?
14:07On la votera certainement,
14:08mais le problème, c'est que cette motion de censure
14:10ne sert à rien.
14:11Pourquoi ?
14:12Parce qu'on sait très bien que...
14:13Et d'ailleurs, elle va être rédigée comme telle.
14:15On sait très bien qu'elle ne sera pas majoritaire,
14:19qu'elle ne pourra pas renverser ce gouvernement.
14:20La motion de censure qui permet de renverser le gouvernement,
14:24c'est celle qui aura encore lieu lundi.
14:27Ca sera la quatrième motion de censure.
14:29C'est celle qui pourra être décisive.
14:31Donc, charge notamment à l'ensemble des socialistes de la voter.
14:36Je finis en disant... Je vous ai parlé de quatre motions.
14:38Sur le budget de la Sécurité sociale.
14:40En tout, maintenant, on en est à 27.
14:4249-3 sous la présidence Macron.
14:44Je dis que c'est un naufrage de la démocratie parlementaire.
14:48Olivier Cadic, ce choix de François Bayrou,
14:49au fond, d'aller sur un débat sur l'identité nationale,
14:52sur l'immigration,
14:53est-ce que ça correspond à un mouvement international
14:55de durcissement du discours sur l'immigration
14:58qu'on voit en Europe, qu'on voit aux Etats-Unis,
15:00et qui favorise les partis d'extrême droite ?
15:02Je pense que, souvent, le politique,
15:04quand il n'a pas de solution, il cherche un bouc émissaire.
15:08Pour l'un, ça va être les riches.
15:09Il suffit de leur prendre ce qu'ils ont
15:11et on va régler nos problèmes.
15:12Pour l'autre, c'est l'étranger, c'est l'immigration.
15:14C'est à cause de ça qu'on a plein de problèmes.
15:16Je vis au Royaume-Uni. On a vécu le Brexit.
15:19Eh bien, depuis le Brexit,
15:20soi-disant, pour justement bloquer l'immigration,
15:23ça a pratiquement multiplié par deux le solde migratoire.
15:27Donc, on voit bien que c'est pas comme ça
15:28qu'on va traiter le problème.
15:30On peut se poser la question, à un moment,
15:32de se dire c'est quoi être français ?
15:33C'est effectivement... Moi, je milite
15:35pour que tous les Français parlent français.
15:37Il y a beaucoup de Français qui naissent à l'étranger
15:39qui ne parlent pas français, mais on ne fait rien
15:40pour qu'ils apprennent à parler français.
15:42Donc, c'est un sujet...
15:43D'ailleurs, le budget de l'intégration
15:44et des cours de français baissent dans le budget de 2019.
15:46Vous êtes d'accord ? On peut se poser la question de ce débat.
15:48Je rejoins tout à fait mon collègue.
15:49Je pense que ces attaques,
15:53par exemple, contre les migrants,
15:55on dirait une chasse aux migrants, presque,
15:58en fait, ces attaques vont créer de l'insécurité et du chaos.
16:02Pour créer de la sécurité dans le pays,
16:04il faut accueillir dignement les migrants,
16:06il faut leur permettre de travailler,
16:07et d'ailleurs, ils travaillent déjà.
16:09Et moi, ce qui me choque,
16:12c'est que des gens qui travaillent depuis 20 ou 30 ans,
16:14qui viennent dans ma circonscription me dire
16:16« Mais moi, je suis ouvrier du bâtiment,
16:18je paye mes impôts, je consomme, d'accord ? »
16:21Eh bien, moi, je viens de perdre encore mon titre de séjour
16:25et je n'arrive pas à être régularisée.
16:27Je suis maintenant sans papier
16:28après avoir travaillé depuis 20 ans en France.
16:30Ceci est inadmissible et crée de l'insécurité.
16:33Et en plus, c'est inefficace,
16:35c'est très mauvais sur le plan économique
16:36parce que, oui, nous avons besoin aussi
16:39de sécurité de ces personnes
16:41qui sont régularisées pour travailler.
16:44Aurélie Trouvé, on va parler désormais d'agriculture
16:46puisque le Sénat examine en ce moment
16:47le projet loi d'orientation agricole,
16:49un texte du gouvernement qui est censé répondre
16:51au malaise des agriculteurs et qui a pour objectif
16:54de protéger la souveraineté alimentaire française.
16:57Flora Sauvage.
17:02Bien, nous reprenons donc la séance qui est reprise.
17:06Comment répondre aux attentes d'un monde agricole en crise ?
17:09C'est l'objectif du projet de loi examiné au Sénat
17:11depuis le 4 février.
17:13Promis par Emmanuel Macron,
17:14le texte vise la formation des agriculteurs,
17:17l'installation et la transmission des exploitations.
17:20Profondément remanié, la version du Sénat
17:22inscrit la souveraineté alimentaire
17:24au rang d'intérêt fondamental de la nation,
17:26tout en supprimant l'objectif de 21 %
17:29de surface agricole utile cultivée en bio,
17:31ce que défend la ministre en évoquant la crise du secteur.
17:34On ne peut pas dire aux agriculteurs en bio
17:37que peu importe que votre activité soit équilibrée
17:39sur le plan économique, vous aurez été vertueux.
17:42Il faut évidemment l'adéquation,
17:45la recherche d'adéquation entre l'offre et la demande.
17:48Mais la version du Sénat
17:50entend aussi simplifier plusieurs réglementations
17:52pour les agriculteurs,
17:53comme le fait de ne pas interdire les pesticides
17:55s'il n'existe pas de solution alternative,
17:58au détriment de l'environnement, estiment les écologistes.
18:01On a une vision complètement décliniste de l'agriculture,
18:04et ce qui est pointé derrière, ce sont les normes environnementales.
18:08Dans l'hémicycle, les esprits s'échauffent,
18:10deux visions de l'agriculture diamétralement opposées s'affrontent.
18:14Tout ce que l'on fait dans cette LOA va vers une industrialisation,
18:17et donc la fin, d'ici quelques décennies,
18:20de l'agriculture familiale et paysanne.
18:22Excusez-moi, mais je ne peux pas laisser passer ça.
18:25Dire ce que vous dites en disant que l'agriculture d'aujourd'hui
18:28est une agriculture industrielle,
18:29vous pensez que vous faites plaisir aux paysans
18:31qui ont été obligés de voir augmenter leur rendement
18:34pour arriver à avoir le même revenu ?
18:35Mais vous ne pensez pas qu'à un moment donné,
18:37ce principe de toujours être dans des dogmes
18:39ne finira pas par emporter l'agriculture française ?
18:42Parmi ces autres dispositions moins polémiques,
18:44le projet de loi prévoit la création d'un bachelor agro.
18:47Les sénateurs proposent aussi de créer un volontariat agricole
18:50dans le cadre du service civique,
18:52et la création d'un guichet unique départemental,
18:55censé favoriser les installations et les transmissions d'exploitation.
18:59Le Sénat prévoit d'examiner le texte jusqu'au 18 février,
19:02ce qui laisse peu de chances d'aboutir à un compromis
19:05avant l'ouverture du Salon de l'agriculture, le 22 février.
19:09Olivier Cadic, est-ce que l'objectif de la majorité de droite sénatoriale
19:12est de faire primer la compétitivité de l'agriculture française
19:15sur l'écologie ?
19:16Je ne pense pas qu'on puisse le présenter
19:19de façon aussi caricaturale.
19:20Je crois que chacun cherche à trouver une solution
19:23pour un métier qui est en difficulté.
19:26L'Union européenne a perdu un quart de ses exploitations agricoles
19:30lors de ces 30 dernières années.
19:31Donc, on sent bien qu'il y a une contraction.
19:34On était à 1,5 million d'agriculteurs
19:37quand j'ai commencé ma vie professionnelle en 82.
19:40On est à moins de 500 000 aujourd'hui.
19:42On a perdu les deux tiers et on sait par la Cour des comptes
19:44qu'on va perdre encore un tiers des exploitations d'ici 10-15 ans.
19:48Donc, on peut imaginer pour ceux qui sont dans l'agriculture
19:51qu'ils sont en mode survie.
19:52Je parle pour les petits agriculteurs,
19:54mais ils sont aussi confrontés à un client
19:58qui pousse son chariot au supermarché
20:00et qui vend un produit le plus accessible possible.
20:02C'est la faute des normes environnementales ?
20:04Certaines normes créent du surcoût ou des rigidités
20:09qui aggravent la situation des agriculteurs.
20:12Et je crois que là, ce qu'on voit dans l'hémicycle,
20:14et on le sent bien, il y a une vraie volonté,
20:17je crois, de nos sénateurs qui défendent le monde agricole
20:20de trouver des solutions pour les aider
20:22à surmonter ces difficultés actuelles.
20:23Aurélie Trouvé, vous connaissez très bien ces questions.
20:26Est-ce qu'on peut vous mettre d'accord
20:28sur le constat du sénateur sur ce problème ?
20:31Sur le constat, tout à fait.
20:32On perd 10 000 fermes chaque année, encore,
20:35et on est à moins de 400 000 aujourd'hui.
20:37Donc, je le dis, l'agriculture familiale
20:39est en danger aujourd'hui.
20:41Joue sa survie, d'accord ?
20:43Ensuite, qu'est-ce qu'il faut faire ?
20:45Le problème, c'est que la loi d'orientation agricole
20:47ne répond absolument pas au problème principal,
20:50qui est celui des revenus des agriculteurs.
20:52Pourquoi les fermes disparaissent ?
20:54Parce que les agriculteurs ne gagnent pas assez,
20:56pour la plupart, d'accord ?
20:58Et les revenus agricoles ont encore diminué de 7 %
21:01l'année dernière.
21:02Pourquoi ? Parce qu'ils ont des prix
21:04qui sont pressurés au maximum.
21:06Vous voulez des prix planchers, une économie administrée...
21:09Pourquoi ils sont pressurés au maximum ?
21:11Vous avez 80 000 producteurs de lait
21:13qui font face à une multinationale lactalis,
21:16qui a un oligopole,
21:17qui fait une grosse partie de la collecte,
21:20parce qu'il y a des grands distributeurs
21:22qui poussent vers le bas les prix.
21:23Donc, il faut les protéger.
21:24Et pour les protéger,
21:26il faut des prix rémunérateurs garantis,
21:28des prix planchers, ce que nous, nous avons voté
21:30à la majorité de l'Assemblée nationale,
21:32il y a un an, mais pour l'instant,
21:33il y a silence radio du gouvernement.
21:35Olivier Cadic, sur ces prix planchers,
21:36est-ce qu'il faut aller vers une agriculture
21:38encore plus administrée, encadrée par la puissance publique ?
21:41Je pense qu'on a vu le résultat,
21:44en essayant de trop le faire,
21:46c'est qu'on fait un peu les apprentis sorciers,
21:48on n'a pas forcément le résultat que l'on souhaitait.
21:51Donc, je crois qu'aujourd'hui,
21:53il faut peut-être se reposer
21:55vraiment la question de quelle agriculture voulons-nous.
21:58On voit, par exemple, avec l'élevage,
22:02les problématiques que cela pose.
22:05Un kilo de bœuf, c'est un coût en eau
22:08qui n'a pas d'équivalent
22:10avec un kilo de produits de légumineux.
22:13Donc, il y a des vraies questions
22:16qui se posent pour le long terme, en termes de vision.
22:19Et effectivement, il y a un métier qui souffre
22:21parce qu'il n'a pas la possibilité
22:24de travailler comme il le souhaite,
22:26parce qu'il y a un environnement qui est là, concurrentiel.
22:29Il faut en tenir compte.
22:30Encore une fois, le client, c'est celui qui pousse son chariot.
22:33Et lui, il veut des prix les plus bas possibles
22:36parce qu'il a des arbitrages à faire sur son budget.
22:39Une autre question, Aurélie de Trouvé.
22:41La droite sénatoriale a ajouté à cette loi agricole
22:44un principe, pas d'interdiction de pesticides sans solution,
22:48si on ne trouve pas une alternative viable.
22:52Qu'en pensez-vous ?
22:53Est-ce une mesure de bon sens ?
22:55J'y réponds tout de suite.
22:56Je voudrais dire que je vois aux apprentis sorciers.
22:59Quand on dérégule, on libéralise tout.
23:01Et finalement, on confronte les agriculteurs
23:04à la concurrence internationale des loyales.
23:06Jusque dans les années 90,
23:08on a régulé les prix en France et en Europe.
23:11Toutes les grandes puissances économiques du monde
23:14rérégulent leurs marchés.
23:15On reste enfermés dans notre logique néolibérale,
23:19et c'est terrible.
23:20Ensuite, sur la question de la transition agroécologique.
23:23D'abord, ce n'est pas une option, c'est une nécessité.
23:26Il faut en donner les moyens aux agriculteurs.
23:29Les agriculteurs veulent faire la transition agroécologique.
23:32Ils disent qu'il faut nous protéger
23:34contre la concurrence des loyales,
23:36donc pas d'importation de produits qui ne respectent pas les normes.
23:40On arrête de signer à tour de bras des accords de libre-échange.
23:43Je rappelle qu'on devrait avoir la signature de l'accord
23:46avec le Mercosur, qui va être une catastrophe.
23:49Jamais le président Macron n'a quitté les négociations en huit ans,
23:54et c'est une catastrophe, on va en avoir les résultats.
23:57Il faut donner les moyens avec un budget.
24:02Le problème, il est que pour le budget 2025,
24:05on a diminué les aides agricoles de 600 millions d'euros,
24:08celles qui permettaient aux agriculteurs
24:10de faire la transition.
24:12Olivier Cadic, une réaction ?
24:13Est-ce que c'est le libre-échange avec certains accords
24:16qui mettent en colère les agriculteurs,
24:18le libre-échange contre le Mercosur ?
24:20Pas tous les agriculteurs.
24:22Est-ce que c'est cette ouverture aux marchés internationaux
24:25qui fragilise notre agriculture française ?
24:27Encore une fois, on mélange tout et on part d'un tout petit principe.
24:31L'agriculture, c'est 3 % de nos exportations en France.
24:34Un accord de libre-échange, c'est pour tout, c'est pour l'ensemble.
24:38Donc, on est en train de parler de 3 %, on bloque sur 3 %,
24:41et dans ces 3 %, même tout le monde n'est pas perdant.
24:45Il y a, par exemple, les viticulteurs.
24:46Le jour où on a signé l'accord de libre-échange avec le Japon,
24:50les vins français sont passés, le trimestre qui a suivi,
24:53sont passés en tête des ventes devant les vins chiliens.
24:56Il y a des produits indésirables, qui ne respectent pas les normes,
24:59qui sont pourtant imposés aux agriculteurs.
25:02C'est de ça dont on doit parler.
25:03Il faut que la compétition soit loyale,
25:06mais il faut voir les choses de l'autre côté.
25:08Il faut voir les choses de l'autre côté.
25:10Les autres pays voient ça comme des mesures protectionnistes.
25:14J'étais en Inde avec Sophie Prima au mois de novembre.
25:17Qu'est-ce que nous a dit le ministre du Commerce indien ?
25:20Il lui a dit que c'est insupportable, vos normes européennes.
25:23C'est pour nous empêcher de vendre nos produits.
25:26Il faut écouter ce qu'il se dit de l'autre côté.
25:28Le libre-échange, c'est permettre à tout le monde
25:31de pouvoir se développer.
25:32Ce sera le mot de la fin.
25:34Merci à tous les deux d'avoir participé à ce débat.
25:37On se retrouve la semaine prochaine.
25:39Ciao, ciao.
25:40SOUS-TITRAGE ST' 501
25:46Générique
25:49...

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