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00:00Crise du logement, incertitude politique, finances publiques dans le rouge,
00:03les opérateurs du logement social ne sont pas forcément à la fête au Pays Basque comme ailleurs.
00:07Alors quelles sont les perspectives pour cette année ?
00:09Puis on pose la question ce matin à Ahmed Robana, il est le directeur du COL,
00:12c'est le comité ouvrier du logement qui est votre invité, Yves Tussaud.
00:15Ahmed Robana, bonjour.
00:17Bonjour.
00:17Merci d'avoir accepté notre invitation.
00:19La situation du logement social est aussi compliquée que cela ?
00:23Elle est assez difficile.
00:26Malheureusement, aujourd'hui, les demandes de logements sont extrêmement importantes sur notre territoire.
00:31On a plus de 15 000 demandes de logements aujourd'hui qui ne sont pas satisfaites.
00:34C'est l'équivalent de la ville de Saint-Jean-de-Luz, 15 000 logements pour qu'on ait un ordre d'idée.
00:38Absolument.
00:39Et ces demandes ne sont pas satisfaites et elles risquent d'attendre encore un certain temps
00:44parce que la production de logements est quand même quasiment à l'arrêt, non ?
00:48Pas complètement à l'arrêt, mais disons qu'aujourd'hui, le gros problème, c'est le locatif social
00:53qui aujourd'hui, le modèle ne tourne plus.
00:55Vous savez qu'il a fallu, pour compenser la baisse des APL de 5 euros,
01:00l'État a ponctionné à peu près 1,3 milliard dans les comptes des organismes HLM,
01:04donc ça les met en difficulté.
01:06Tout ça est lié en plus à une très forte augmentation des coûts de construction,
01:10ce qui explique aujourd'hui que la production de locatifs sociaux est en berne.
01:13Il y a déjà une explication économique.
01:16Il y a un besoin de financement qui n'y est pas pour l'instant.
01:18Exactement.
01:19Le fait que les finances publiques soient dans le rouge, que des demandes d'économie fusent de partout,
01:24l'État, les collectivités territoriales, c'est aussi un point d'inquiétude ?
01:27C'est forcément un point d'inquiétude.
01:29Par contre, ce qui nous surprend toujours,
01:31enfin en tout cas, nous, ce qui nous surprend toujours,
01:33c'est que le logement qui est quand même un bien de première nécessité,
01:37au-delà de l'alimentation, on a besoin quand même d'avoir un logement sur la tête pour pouvoir se construire.
01:41Que ce ne soit pas une priorité au-dessus de toutes les autres priorités,
01:46ça nous semble assez surprenant.
01:48Et donc, je pense qu'il va falloir faire des arbitrages
01:51et faire en sorte que nous ayons les moyens quand même de continuer à produire du locatif social,
01:55qui est un peu le logement aujourd'hui qui manque sur le territoire.
01:58Et là, vous vous adressez aux politiques.
01:59Il n'y a pas de volonté politique de faire du logement, de produire le logement nécessaire ?
02:03Non, je ne pense pas que ce soit une volonté politique de ne pas produire.
02:08C'est simplement, comme vous l'avez dit, les finances publiques aujourd'hui sont mises en difficulté.
02:13Et donc, il y a malgré tout un courage politique pour mettre le logement au-dessus de la pile
02:17et faire en sorte que nous produisions les logements qu'il faut, au niveau qu'il faut,
02:21par rapport aux besoins de notre territoire.
02:23Alors, l'économie, on l'a dit, les finances sont dans le rouge.
02:26Le volet politique, dissolution, censure, incertitude qui dure depuis quelques mois,
02:31élections municipales à venir, élections présidentielles à venir,
02:35ne sont pas des périodes propices à la prise de décision en règle générale.
02:38Est-ce que ça, ça peut nourrir l'inquiétude ?
02:41Oui, forcément. Aujourd'hui, toutes ces incertitudes pèsent forcément sur la production de logements
02:48et notamment de logements dans sa grande globalité.
02:51Aujourd'hui, toute la chaîne du logement est complètement à l'arrêt.
02:55Elle est sclérosée ?
02:57Elle est sclérosée parce que c'est une chaîne, le logement.
02:59Quand le privé ne fonctionne plus, aujourd'hui, on n'a jamais eu autant de congestion dans notre parc locatif social.
03:05Il n'y a plus du tout de rotation parce que la chaîne, aujourd'hui, est cassée.
03:09Quand vous dites que le privé ne fonctionne plus, ça veut dire qu'un plus grand nombre de personnes
03:13ne peuvent pas accéder au logement dans le parc privé parce que les prix sont trop importants, j'ai bien compris.
03:19Absolument. Aujourd'hui, on n'a pas un problème de demande.
03:22En fait, la demande est très importante, sauf que malheureusement, ce qu'on offre reste trop cher.
03:28Je parle de règle générale, en fait.
03:30Le logement social est toujours abordable, mais l'offre globale est aujourd'hui encore trop chère.
03:36Il faut que les prix baissent. Ils ont commencé à baisser un petit peu.
03:39Mais je pense qu'avec la baisse des taux, l'année 2025 devrait être l'année qui permettra une légère reprise,
03:46même si les municipales, les présidentielles, etc. vont faire en sorte que ça va se faire de manière très progressive.
03:52Ici P. Basquil, il est 8h20, on parle de crise du logement.
03:55Ce matin, avec le directeur du col, le comité ouvrier du logement, c'est Imède Robana qui est notre invitée.
04:00Oui, parce qu'on sait que certaines municipalités stoppent un peu les chantiers l'année qui précède les élections municipales.
04:06C'est une question de ne pas avoir trop de grues dans le paysage.
04:09Et ça peut compter.
04:11Vous avez été précurseur en matière de bail réel solidaire, ce qui peut être une solution pour limiter les coûts.
04:17Le bail réel solidaire, c'est que le locataire ou le futur propriétaire ne s'intéresse qu'aux murs
04:22et n'est concerné, entre guillemets, que par la facture des murs. Quasiment.
04:27Alors voilà, une des problématiques de notre territoire, c'est qu'effectivement, les terrains sont rares.
04:33Et aujourd'hui, il faut faire très attention à ne pas trop s'étendre.
04:36Et donc, une des difficultés, pour vous donner un exemple de ce que représente le bail réel solidaire,
04:41un logement qu'on a vendu il y a à peu près 15 ans à Bidart à 150 000 euros, une maison en fait,
04:49grâce à un terrain donné à l'euro symbolique par la mairie et à la TVA réduite
04:55et qui s'est revendue il y a à peu près huit mois à 850 000 euros,
04:59pour être occupée en plus un mois ou deux en résidence secondaire.
05:02Donc aujourd'hui, c'est plus possible de produire des logements sous cette forme-là.
05:06D'où l'importance du bail réel solidaire qui permet à ce que le propriétaire n'achète que les murs,
05:12n'achète pas le foncier, donc ça ouvre le champ des possibles à beaucoup de personnes.
05:17Et surtout, une clause anti-spéculative qui, elle, est illimitée dans le temps.
05:21Ce qui veut dire que l'investissement qui a été fait restera dans le domaine du logement social sur la durée ?
05:27Ça veut dire que ces logements ne sortiront jamais du logement social
05:30puisque les revendes sont plafonnées et doivent s'adresser à des personnes
05:33qui sont elles-mêmes éligibles au logement social.
05:35Et vous êtes favorable à ce que les locataires puissent accéder à la propriété,
05:40même ceux qui sont dans le parc social ?
05:43C'est financièrement réalisable pour ceux qui ont de petits revenus ?
05:47Alors, effectivement, aujourd'hui, l'ascenseur social, malheureusement, est en panne.
05:52Et donc, de permettre à des locataires de devenir propriétaires de leur logement,
05:56comme je vous l'ai dit tout à l'heure, le logement, c'est la première des sécurités.
06:00Et donc, d'être propriétaire de son logement, à un moment donné,
06:03c'est de ne pas, encore une fois, être sous la coupe d'un quelqu'un
06:07qui donne un congé pour vente et se retrouver à l'extérieur.
06:11Donc, on a développé un dispositif qui s'appelle la SIAPP,
06:14Société Civile Immobilière d'Accession Progressive à la Propriété,
06:17et qui est un dispositif extrêmement intéressant pour les personnes.
06:22Alors, on pourra le développer, si vous souhaitez.
06:24Pour pouvoir sécuriser le toit que l'on a sur la tête.
06:29En un mot, Monsieur Robana, à partir de quel moment
06:34on arrivera à résorber cette demande de logement social ?
06:38On parle aujourd'hui de 15 000 demandes.
06:40À partir de quand ça ? Dans 5 ans ? Dans 10 ans ?
06:43Je ne suis pas en mesure de vous faire cette prédiction.
06:46En tout cas, ce qui est certain, c'est qu'il faut vraiment mettre le paquet
06:50pour que les gens qui ont des revenus moyens ou modestes
06:53puissent se loger sur ce territoire qui en a tant besoin.
06:55Merci Robana d'avoir accepté notre invitation.
06:58Bonne journée à vous.
06:59Merci à vous.

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