Sophie Primas, porte-parole du gouvernement était l’invitée de Face à BFM ce mercredi 5 février sur BFMTV.
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00:00Bonsoir Sophie Primat, merci beaucoup d'être là en direct ce soir face à BFM avec cette question.
00:08Bayrou, François Bayrou, peut-il réformer ? On va revenir évidemment sur les réformes.
00:11Sur ce que vous dit à l'instant Boris Vallaud, apaisé, calmons les choses, plus de justice fiscale, plus d'écologie, etc.
00:19Qu'est-ce que vous lui répondez ? Vous lui répondez, enfin je vais dire oui, parce qu'à la limite, pour le coup ses exigences sont plutôt en ligne avec ce que vous avez en tête.
00:27Écoutez, d'abord je vais lui répondre merci. Merci de ne pas avoir voté la censure et d'avoir permis d'apaiser le pays.
00:35Un pays, il l'a montré tout à l'heure, qui est fait de Français qui sont inquiets, qui se posent des questions maintenant depuis des mois sur la stabilité politique, la stabilité budgétaire.
00:45Et vous savez, on a un indicateur très simple de l'inquiétude des Français qui est le taux d'épargne.
00:50Quand les Français épargnent beaucoup, ça veut dire qu'ils sont très inquiets de ce qui va se passer dans les prochains mois.
00:54On a des taux d'épargne en ce moment qui sont très élevés, qui prouvent l'inquiétude des Français.
00:59Et puis il n'y a pas que le taux d'épargne, il suffit d'aller se promener sur les marchés, comme on le fait chacun, tout un chacun, sur les marchés dans les entreprises,
01:08pour discuter avec les Français et voir qu'ils sont très inquiets de cette situation budgétaire.
01:12Vous vous dites ce soir, pardon, on a eu chaud, vous êtes soulagée ?
01:15On n'est pas soulagée, on est heureux que la méthode qui a été voulue par François Bayrou, qui est une méthode d'écoute, de dialogue,
01:22qui est une méthode de prise de responsabilité aussi quand il le faut, ait fonctionné et nous permette de passer cette étape du budget.
01:28Mais nous sommes conscients que ce n'est qu'une étape et nous le faisons avec humilité.
01:34Sophie Primault, socialiste, à qui vous dites merci ?
01:37Vous dites merci comme des opposants que vous ne voyez pas venir à votre secours ou comme d'éventuels alliés à venir ?
01:44On a posé la question à Boris Vallaud de, est-ce qu'il pouvait intégrer un gouvernement ?
01:48Non, mais de fait, il ouvre beaucoup de portes pour dialoguer.
01:52Est-ce que vous vous dites, ça peut être un allié ?
01:55Vous savez, on est dans une situation politique qui est tout à fait inédite.
01:58Personne n'est habitué à cette situation politique.
02:01Les Français ne sont pas habitués, le gouvernement n'est pas habitué, l'Assemblée elle-même n'est pas habituée.
02:06Et je dirais même, puisque je viens du Sénat, que le Sénat n'est pas non plus habitué à cette situation.
02:09C'est-à-dire que les bons vous manquent pour qualifier votre relation avec le PS ?
02:11Cet apprentissage de cette nouvelle formation politique, cette nouvelle façon de travailler,
02:16elle ouvre des portes et des combinaisons différentes.
02:18Et celle que vous mentionnez, elle est aussi possible.
02:21C'est-à-dire d'avoir un groupe qui n'est pas au gouvernement,
02:24qui est un groupe qui est résolument dans l'opposition.
02:26Et d'ailleurs, vous avez parlé des motions de censure que peut-être le Parti socialiste va déposer.
02:31C'est un acte d'opposition qui est réalisé,
02:33mais qui en même temps s'assoit à la table des négociations et des discussions
02:38au moment où les projets sont très importants.
02:41Sophie Prima, est-ce que c'est aujourd'hui ?
02:43Est-ce que les socialistes sont vos principaux partenaires ?
02:46Est-ce qu'ils sont vos principaux interlocuteurs ?
02:48Nous n'écartons aucun interlocuteur.
02:50Je vous le redis, même le Bélau, c'est une écoute.
02:54On écoute les préoccupations des Français.
02:56Et le Rassemblement national, je ne sais pas ce qu'ils...
02:58Enfin, ils n'ont pas voté la censure, donc par conséquent,
03:02ils laissent ce budget perdurer et le gouvernement perdurer
03:05pour passer à la phase d'action et de réforme.
03:09Nous écoutons, nous avons écouté ce qu'ils nous ont dit également.
03:12Vous leur dites merci aussi, comme vous dites merci aux socialistes ?
03:13Vous dites merci aux RN ce soir ?
03:15Merci d'avoir permis au budget de passer, bien entendu,
03:18et d'avoir pris leur responsabilité.
03:20Vous savez, il suffisait d'être dans l'hémicycle cet après-midi
03:23pour s'apercevoir que ce ne sont pas nos alliés politiques,
03:26qu'ils sont en opposition avec nous.
03:28Mais vous dites merci aux députés du Rassemblement national.
03:29Merci à tous les députés qui n'ont pas voté la censure
03:32et qui ont permis à ce budget et à la France d'avoir un budget
03:35et aux Français d'être un peu rassurés sur leur trajectoire.
03:38Comment le gouvernement dit merci aux députés du RN ?
03:41Ils n'ont pas voté la censure, donc ils ont permis,
03:44aujourd'hui, avec le Parti socialiste et avec, bien sûr,
03:47tous les députés du socle commun en priorité,
03:50de passer cet obstacle qui est l'obstacle du budget
03:52et qui, encore une fois, est majeur pour le pays.
03:54Il y a quelque chose qui est étonnant quand on écoutait François Bayrou
03:57cet après-midi et quand on vous écoute aussi là,
03:58c'est que vous êtes les premiers responsables politiques
04:00à vous féliciter de l'adoption d'un budget
04:02qui ne correspond pas à ce que vous vouliez.
04:04Et on a, depuis le début de cette émission,
04:06un certain nombre d'éléments que, peut-être d'ailleurs,
04:09les Français découvrent à l'occasion de cette non-censure.
04:12Des augmentations d'impôts, des augmentations de taxes.
04:16Par exemple, dernièrement, Maxime en parlait tout à l'heure,
04:18le relèvement d'un seuil de TVA de la taxe sur la valeur ajoutée
04:22pour les micro-entrepreneurs, ce qui veut dire que plus de 200 000
04:24artisans indépendants vont devoir payer la TVA
04:28alors qu'ils ne la payaient pas auparavant.
04:30Vous dites bravo et merci, malgré tout, collectivement,
04:33alors même que ce budget implique ce type d'augmentation de fiscalité ?
04:37Je crois que la courbe d'apprentissage sur la nouvelle formation politique
04:40et sur la nouvelle vie politique doit être aussi un apprentissage
04:44des journalistes, car, pardon de vous renvoyer la question,
04:48mais évidemment que ce n'est un budget qui ne correspond pas
04:52à une alternance droite-gauche qu'on aurait connue auparavant.
04:56Nous sommes obligés de faire un budget qui est un budget d'ouverture
04:59sur lequel nous faisons des avancées, des avancées,
05:02des préoccupations des Français qui sont portées par tel et tel rôle.
05:05Je n'ai entendu personne parmi les formations politiques
05:07défendre l'idée que les indépendants et artisans payent la TVA
05:10là où ils ne la payaient pas auparavant.
05:11Qui défendait dans les négociations cette mesure ?
05:13Premièrement, cette mesure, juste un petit peu d'histoire,
05:16elle est dans le budget depuis novembre.
05:19Elle a été votée au Sénat, elle a été confirmée par les parlementaires,
05:23confirmée lors de la commission Mixparité.
05:25Ce n'est donc pas du tout une nouveauté.
05:27Je vous indique juste au passage qu'elle a été très fortement
05:32travaillée avec l'ensemble des petites sociétés, des petites PME
05:36qui se trouvent en concurrence tout à fait déloyale avec les auto-entrepreneurs.
05:40Ce n'est pas ce que disent les organisations patronales.
05:42Ce n'est pas ce qu'elles disent, mais ce qu'elles ont négocié.
05:44Et ce n'est pas ce que dit notamment la CPME si j'ai bien lu leur réaction.
05:46Bon, écoutez, je leur laisse à leur dire.
05:52Ça a été négocié au Sénat en novembre, donc ce n'est pas une découverte.
05:57On ne fait pas une découverte en février d'une disposition
06:00qui a été mise dans le budget en novembre.
06:02Donc les hausses d'impôts, vous les assumez toutes.
06:04Mais on assume tout.
06:05Vous, femme de droite, j'avais cru que la droite assumait,
06:08préférait privilégier les baisses de dépenses aux augmentations d'impôts.
06:11Ce n'est pas le choix que vous avez fait à l'occasion de ce budget.
06:13On assume tout dans ce budget qui n'est pas un budget de droite,
06:16qui n'est pas un budget de gauche, qui est un budget d'ouverture
06:19et de passage pour permettre aux Français de disposer aujourd'hui
06:23d'un budget et des moyens de faire une politique qui va d'ailleurs
06:27maintenant se tourner vers une politique de 2026.
06:30C'est un budget de 2026.
06:31Sophie Primat, on entend très peu de triomphalisme
06:34du côté de vos collègues du gouvernement, dans le discours de François Bayrou.
06:40Pourquoi ? C'est parce que vous vivez ce vote où ça est passé
06:43comme un sursis, mais pas davantage ?
06:46Non, ce n'est pas ça.
06:46Pas de triomphalisme, parce qu'il faut avoir l'humilité
06:49de dire ce que je viens de dire à Benjamin Duhamel,
06:51c'est-à-dire que ce n'est pas un budget qui reprend l'ensemble
06:55de nos orientations politiques.
06:57Vous avez d'ailleurs à moitié dit que ça salue une méthode,
07:01la réussite d'une méthode, mais après, sans davantage en faire,
07:05et en disant que c'est avant tout la responsabilité des oppositions,
07:07vous pourriez un peu plus vous féliciter de réussir à passer cette aigle.
07:10On est très contents d'avoir passé cette aigle.
07:12On a d'autres devant nous et surtout, il y a un énorme chantier,
07:15qui est le chantier qu'on entame maintenant avec le Premier ministre,
07:18autour du Premier ministre, qui est l'après, la réforme.
07:22Comment on va rentrer dans cette réforme pour préparer le budget ?
07:24Est-ce que vous vivez comme une ministre en sursis ?
07:27Mais on est tous en sursis, tout le temps.
07:29On est tout le temps en sursis.
07:30Ce n'est pas une raison pour ne pas travailler.
07:31Donc moi, je suis matin, midi et soir, en train de me poser la question
07:35de comment on travaille dans cette nouvelle configuration politique avec…
07:40Vous vous projetez jusqu'à l'été, jusqu'à décembre ?
07:42Non, on ne se projette pas, on se projette dans le travail
07:44et dans la réforme de l'État.
07:45Très concrètement, Sophie Prima, le titre, c'est « Bayrou peut-il réformer ? »
07:49Quand on voit une assemblée qui est autant parcellisée,
07:52morceler les difficultés à faire adopter, effectivement,
07:55par exemple, ce budget, très concrètement,
07:57quelles vont être vos priorités pour les prochains mois ?
08:00Est-ce que vous n'allez pas être totalement paralysée
08:02et ne plus rien pouvoir faire ?
08:03Il y en a comme Édouard Philippe qui disent
08:04de toute façon, il ne va plus rien se passer jusqu'en 2027.
08:06Eh bien, c'est un point de désaccord avec Édouard Philippe.
08:09Vraiment, c'est un point de désaccord.
08:10Vous savez, nous sommes rentrés maintenant dans une phase
08:12qui est la phase de travail sur la réforme de l'État.
08:15Ça, c'est un des premiers chantiers que nous avons.
08:18Nous voulons baisser la dépense, la rendre plus efficiente, en fait.
08:22Donc, on a un gros travail qui est en ce moment réalisé,
08:25qui a été demandé à chacun des ministres en fonction
08:27de réaliser ce travail de l'efficience de l'argent public,
08:31travail de simplification également pour les Français.
08:34Mais nous avons aussi des objectifs comme, par exemple,
08:36rétablir l'ordre.
08:38C'est une demande très, très importante de la part des Français.
08:41Et voyez, en ce moment, il y a un texte au Sénat
08:44sur le narcotrafic et la lutte contre le narcotrafic.
08:47Il a été voté à l'unanimité du Sénat.
08:50C'est une proposition parlementaire qui vient d'un socialiste et d'un LR
08:55qui a été votée à l'unanimité du Sénat.
08:57Donc, on peut trouver sur des sujets bien particuliers
08:59des majorités qui font avancer la France
09:02et dont les Français ont besoin.
09:04Il y a effectivement des sujets qui peuvent faire l'objet de consensus.
09:08La question de la lutte contre le narcotrafic en est un.
09:10Mais pour ce qui est des grandes transformations économiques et sociales,
09:13des grands choix qui doivent structurer ce que sera ou non
09:18l'économie française de demain, sur la question des baisses de dépenses,
09:20sur la question du rapport à l'impôt,
09:22sur la question, par exemple, de la suppression du nombre de fonctionnaires.
09:25Quand on voit que le fait de supprimer 4 000 postes d'enseignants
09:29dans l'éducation nationale a été un point dur de vos négociations
09:32avec les socialistes, comment imaginer une seule seconde
09:34que vous puissiez avoir les coudées larges et les coudées franches
09:37pour le budget de 2026, pour faire, là précisément,
09:40de grandes réformes et de grandes transformations ?
09:41Vous pensez qu'ils vous suivront, les socialistes,
09:44quand vous déciderez, comme vous venez de le dire,
09:46de baisser la dépense, j'imagine ne pas augmenter les impôts ?
09:50On a un sujet commun, tous ensemble,
09:52sur toutes les travées de l'Assemblée nationale et du Sénat,
09:57qui est le pouvoir d'achat.
09:58Qu'est-ce que c'est, le pouvoir d'achat ?
09:59Le pouvoir d'achat, c'est d'abord, en tout cas c'est notre vision,
10:02c'est régler le problème du pouvoir d'achat par le salaire.
10:05Et d'ailleurs, je note que Boris Vallaud, tout à l'heure, l'a indiqué.
10:08Aujourd'hui, on a un problème de salaire.
10:11On a des trappes à bas salaire,
10:12qui sont, pour que tous les Français comprennent bien,
10:15Vous pourriez augmenter le SMIC au 1er juillet ?
10:18Désolée, des exonérations de charges,
10:19on l'a déjà augmenté au mois de novembre,
10:21des exonérations de charges qui font, pour les bas salaires,
10:25qui font que lorsque un chef d'entreprise veut augmenter quelqu'un qui est au SMIC,
10:30eh bien en fait, il ne le fait pas,
10:31parce que les charges sociales qui vont lui être attribuées,
10:36font que ça fait un différentiel trop important.
10:38Ça, c'est ce qu'on appelle les trappes à bas salaire.
10:41C'est un sujet, c'est un sujet très très important, qu'il faut régler.
10:44Et vous croyez que la gauche vous suivra là-dessus ?
10:46Mais pourquoi pas ?
10:47Ça pose la question du financement de l'ensemble de notre sécurité sociale
10:51et de notre modèle social.
10:53Vous savez qu'aujourd'hui, un euro sur deux dépensé en France,
10:55c'est notre modèle social.
10:56C'est les retraites, la sécurité sociale et les attributions d'allocations sociales.
11:01Est-ce qu'on ne peut pas réfléchir tous ensemble
11:04sur le fait que ça, ça ne doit pas peser uniquement sur le travail ?
11:07Les députés, les syndicats, parce que Boris Vallaud notait précisément
11:10qu'effectivement François Bayrou avait évoqué une concertation sur les salaires,
11:14mais que pour l'instant, on ne sait pas avec qui,
11:16on ne sait pas quand et on ne sait pas pourquoi.
11:18Oui, alors la concertation et la conférence sur les salaires,
11:21et plus généralement d'ailleurs, sur le pouvoir d'achat,
11:23enfin sur les salaires, va être mise en place.
11:26Je n'ai pas de calendrier à vous donner de modalité,
11:29mais l'engagement du Premier ministre est là.
11:31Et la possibilité d'augmenter le SMIC au 1er juillet ?
11:34Ce qui m'intéresse, c'est d'augmenter ce qu'il y a en bas de page,
11:37en bas de fiches de paye de l'ensemble des salariés de France.
11:41Oui, c'est-à-dire le salaire net et de réduire la différence entre le vote et le ladon,
11:45mais donc pas d'augmentation du SMIC.
11:47L'augmentation du SMIC aura lieu avec les modalités habituelles,
11:50voilà, mécaniques, habituelles.
11:52Pour l'instant, il faut qu'on réfléchisse tous ensemble
11:55à comment on fait évoluer le bas de page.
11:56Encore un mot, Sophie Prima, sur les sujets de fonds
11:59qui vont vous occuper dans les semaines à venir.
12:01Ce qu'a dit Boris Vallaud aussi, qui était intéressant,
12:03quant à la possibilité de vous faire chuter ou non vous au gouvernement,
12:07il dit si, à l'issue de la négociation sur la réforme des retraites,
12:12c'est un retour à la réforme borne,
12:15à ce moment-là, on a la possibilité de censurer.
12:18Moi, je suis toujours étonnée quand quelqu'un pour lequel j'ai beaucoup de respect,
12:22Boris Vallaud, socialiste dans l'âme, avec des convictions bien ancrées,
12:27ne fait pas confiance aux partenaires sociaux.
12:30C'est compliqué, la réforme des retraites.
12:32Pardonnez-moi, mais je crois que c'est peut-être à votre propos
12:33qu'il n'en doute pas les partenaires sociaux, si je peux me permettre.
12:36Non, mais vous savez quel est l'engagement du Premier ministre.
12:39L'engagement du Premier ministre, c'est de dire
12:41s'il y a un accord partiel ou s'il y a un accord total,
12:43on remet la réforme des retraites à l'Assemblée nationale
12:46et devant les parlementaires.
12:48Donc voilà, ayant confiance en eux, il y aura probablement des propositions
12:52soit partielles, soit totales.
12:53Mais il n'y aura pas de retour en 62 ans.
12:56Laissons les partenaires sociaux travailler.
12:58Mais vous, à titre personnel, vous avez un avis.
13:00Vous êtes sénatrice, vous êtes élue, vous avez des convictions.
13:02Mais je suis là comme porte-parole du gouvernement.
13:04Vous, votre conviction, c'est qu'on peut revenir sur les 64 ans, oui ou non ?
13:09J'ai un avis là-dessus, mais qui est mon avis personnel.
13:11Dites-nous.
13:13Je suis ici pour représenter le gouvernement.
13:15C'est tout l'honneur d'une femme et d'un homme politique,
13:17c'est d'avoir des convictions.
13:17Bien sûr que j'ai des convictions.
13:18J'ai voté pour la réforme des retraites, je ne vais pas vous dire que je suis contre.
13:21J'ai voté par la réforme des retraites,
13:23mais je pense que cette réforme des retraites, elle n'est pas aboutie.
13:26Mais revenir sur les 64 ans, à vos yeux, ce serait une erreur.
13:28Oui, bien sûr, ça serait une erreur.
13:29Vous savez, ce matin, le Danemark, c'est incroyable.
13:32Le Danemark n'est pas connu comme étant une démocratie horrible.
13:37Le Danemark est en train de réfléchir pour financer sa défense à une retraite à 70 ans.
13:43Alors, je ne suis pas du tout pour la retraite à 70 ans.
13:45Et d'ailleurs, je pense qu'il ne faut pas aller au-delà d'aujourd'hui.
13:48On a entendu des exclamations derrière nous.
13:49Bien sûr, mais même moi, je n'ai pas du tout envie de travailler jusqu'à 70 ans.
13:53Donc, je n'ai pas de sujet là-dessus.
13:55Mais je veux dire que ce temps de travail aujourd'hui,
13:58vous savez qu'il y a des critères qui sont des critères paramétriques,
14:01qui sont le fait qu'aujourd'hui, on a quatre...
14:04On avait, il y a une vingtaine d'années, quatre salariés qui finançaient une retraite.
14:08Aujourd'hui, il y a 1,7 salariés qui financent une retraite.
14:11Donc, on a des critères qui sont des critères démographiques, paramétriques.
14:16On vit plus longtemps et c'est tant mieux.
14:17Il faut financer les retraites plus longtemps.
14:19Donc, il faut retravailler.
14:20On est sur le même sujet que tout à l'heure sur les retraites.
14:23Il faut que l'ensemble de nos prestations sociales
14:25ne soient pas financées uniquement par ceux qui travaillent.
14:28– Sophie Primat, il se trouve qu'on s'est vu,
14:30on se voit ce soir pour la deuxième fois en quelques semaines
14:32parce que vous aviez accepté de participer au forum
14:34il y a quelques semaines sur ce même plateau.
14:37Vous disiez exactement la même chose que ce soir.
14:39– Oui, c'est une certaine cohérence.
14:41– Mais que ce soit sur les retraites, que ce soit sur les salaires,
14:44pour réduire la différence entre le brut et le net,
14:47je n'ai toujours pas compris ce que vous souhaitiez faire.
14:50Concrètement, comment est-ce qu'on rapproche le brut du net ?
14:53Qu'est-ce qu'on fait sur la retraite, etc. ?
14:54Je n'ai toujours pas compris, concrètement, quelles mesures vous proposiez.
14:57– Eh bien, je pense qu'on travaille sur notre modèle social
15:00et on travaille d'une part à l'efficience de notre modèle social,
15:03ce que l'on peut faire sur l'État.
15:04Vous savez, les dépenses et les baisses de dépense
15:07qui sont faites dans le budget, elles portent essentiellement là
15:10sur le fonctionnement de l'État.
15:12Le fonctionnement de l'État, ça veut dire l'ensemble du budget.
15:14Donc j'entends M. Vallaud qui se plaint parce que tel budget et tel budget baissent,
15:18mais c'est parce que le fonctionnement de l'État,
15:20et on a choisi de faire baisser les dépenses de l'État.
15:23Donc, on est en pleine cohérence.
15:25Donc là, il faut regarder aussi, c'est dans notre système social,
15:28comment on peut améliorer l'efficience de l'action de l'État
15:32sur la sécurité sociale, sur les hôpitaux, sur la santé, etc.
15:36– Et ensuite, on pourra réduire l'écart entre le brut et le net.
15:39– Mais bien sûr, quand on baissera les dépenses sociales
15:41par une meilleure efficience de l'argent sur la partie sociale,
15:45on pourra baisser les charges.
15:46– Sophie Primard, toujours avec cette question,
15:48François Bayrou peut-il réformer ?
15:50Quelques questions très concrètes sur ce qu'il fera l'agenda du gouvernement,
15:54est-ce qu'il pourra soutenir ou non ?
15:56Il y a une personne dont on parle beaucoup au sein du gouvernement,
15:58c'est le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau,
16:01qui, si on prend quelques sujets en vrac,
16:04souhaite le rétablissement du délit de séjour irrégulier.
16:08Est-ce que le gouvernement, la porte-parole du gouvernement que vous êtes,
16:11soutient cette initiative de Bruno Retailleau,
16:14le fait de passer par, sans doute, une proposition de loi
16:16et de rétablir le délit de séjour irrégulier ?
16:18– Je soutiens le fait que ça doit aller devant le Parlement, en effet,
16:20et que ça doit être discuté devant le Parlement.
16:22Tout à l'heure, encore une fois, Boris Vallaud disait
16:24c'est le retour de la puissance de l'Assemblée nationale.
16:27Très bien, moi je suis très favorable à ça,
16:29on aura une position qui sera probablement favorable.
16:33– Donc probablement favorable au délit de séjour irrégulier
16:36comme le porte-parole de Bruno Retailleau.
16:38– Avec des modalités qui devront être discutées devant le Parlement,
16:41mais il y a d'autres lois et d'autres propositions de loi
16:43qui arrivent sur ces sujets.
16:44– Autre point très précis sur l'immigration,
16:46vous êtes sénatrice, la loi immigration était passée par le Sénat
16:49avant d'arriver à l'Assemblée,
16:50avant d'être censurée partiellement par le Conseil constitutionnel.
16:53Ce qui était au cœur du débat, c'était le fait de conditionner
16:56la perception de certaines prestations sociales
16:58à la durée de résidence sur le territoire français.
17:02Bruno Retailleau souhaite rétablir cet élément-là.
17:07Est-ce que le gouvernement soutiendra le fait de conditionner
17:10certaines prestations sociales à la durée de résidence
17:12sur le territoire français ?
17:13– Alors vous savez que Mathieu Darnot,
17:14qui est le président du groupe Les Républicains au Sénat,
17:17vient de déposer en début de semaine une proposition de loi,
17:20elle sera donc examinée.
17:22Moi je n'en connais pas encore exactement les modalités.
17:25– Mais sur le principe ?
17:26– Mais sur le principe, je pense que c'est une réforme
17:28qui est souhaitée par une grande partie des Français.
17:31– Donc le fait d'instaurer une forme de préférence
17:35entre les étrangers en situation légale et les Français
17:39quand il s'agit de ce type de prestations sociales ?
17:41– Ce sont des allocations non-contributives,
17:47c'est-à-dire par exemple les APL ou les allocations familiales,
17:53et c'est pour une durée sur le territoire d'au moins deux ans,
17:58aujourd'hui il y a quelques mois.
17:59– Donc le gouvernement soutient également cette idée-là ?
18:02– Et réfléchir par exemple à la remise en côle
18:05ou à la restriction du droit du sol, y compris en métropole.
18:08Il a dit qu'il fallait ouvrir une réflexion, vous seriez d'accord ?
18:11Le Premier ministre s'est exprimé là-dessus en disant qu'il ne le souhaitait pas.
18:15– Donc ça c'est la ligne Retailleau, ce n'est pas la ligne du gouvernement ?
18:17– C'est la ligne personnelle de M. Retailleau.
18:20– Puisqu'on évoque les textes à venir et sur le droit du sol,
18:23et notamment à Mayotte, il y a un examen demain à l'Assemblée nationale
18:26par la voie d'un texte proposé par les Républicains,
18:29de manière plus large, qui décide de l'ordre dans lequel les textes vont arriver ?
18:34Je vous pose la question avec cette idée sur la réponse,
18:37parce que je vois que d'un côté le gouvernement se réunit pour décider de la suite,
18:42mais que de l'autre les parlementaires vous disent,
18:44écoutez, il va falloir que vous nous laissiez la main sur l'agenda parlementaire.
18:48Sur la priorité des textes à venir,
18:50est-ce que vous êtes prêts à laisser des députés et sénateurs
18:52avoir complètement la main sur l'agenda parlementaire ?
18:54– Alors vous savez que l'agenda parlementaire,
18:56c'est quelque chose qui est décidé par le bureau de chacune des assemblées,
19:00en lien bien sûr avec le gouvernement.
19:02– Et en général, il y a un agenda partagé,
19:05avec des semaines du gouvernement et des semaines des députés et des sénateurs.
19:09Je faisais volontairement l'ingénue, parce que derrière il y a une question politique,
19:11c'est que les députés et les sénateurs ne sont pas forcément d'accord
19:14sur l'ordre dans lequel il va falloir audiencer les textes à venir.
19:17À l'Assemblée Nationale, par exemple, Pierre-Elle Braune-Pivet
19:19souhaite que la loi sur la fin de vie arrive très vite,
19:21que ce soit un seul et même texte,
19:23et non pas deux textes comme le souhaitait François Bayrou.
19:25Là-dessus, qui l'emporte ? Le gouvernement, les députés et sénateurs ?
19:28– Ça dépend, il y a plusieurs façons de faire arriver un texte en examen,
19:33soit c'est un projet de loi et c'est le gouvernement qui le porte
19:36et qui l'inscrit dans ces périodes qui lui sont réservées,
19:39soit c'est des propositions de loi qui sont portées par des parlementaires,
19:42et là elles sont mises soit dans ce qu'on appelle,
19:46pas très joliment, des niches parlementaires,
19:48c'est-à-dire des espaces réservés à chaque groupe politique,
19:50soit elles sont portées par le gouvernement.
19:53Donc c'est une négociation que nous avons avec chacune des chambres
19:56et chacun des bureaux de chacune des chambres.
19:58– Sophie Primat, Jean-Luc Mélenchon en meeting ce soir,
20:00meeting à Angers, déclare ceci, on va voir sa citation apparaître.
20:04– Du Mélenchon in life.
20:05– Il est immoral d'être milliardaire, dit-il,
20:08tout ce qui va aux milliardaires a été retiré à ceux qui produisent.
20:12Qu'est-ce que vous répondez à Jean-Luc Mélenchon ?
20:14– Je ne réponds pas aux outrances de M. Mélenchon,
20:16je crois qu'on disait dans une publicité, tu pousses le bouchon un peu loin,
20:21je trouve que M. Mélenchon aime les outrances,
20:28heureusement qu'il y a certains millionnaires, milliardaires
20:31qui viennent au secours de l'État français pour rebâtir Notre-Dame de Paris.
20:35Je pense qu'il ne faut pas opposer les gens,
20:39ce n'est pas l'intérêt des français aujourd'hui que d'opposer les gens,
20:43il faut qu'on reconstruise tous ensemble.
20:45– Sauf que ce que vous dit Jean-Luc Mélenchon ce soir avec cette déclaration,
20:47c'est que vous auriez pu aller beaucoup plus loin
20:50dans la contribution réclamée aux milliardaires justement,
20:52ou aux ménages les plus aisés en général, que vous ne l'avez fait dans ce budget.
20:56– Il ne nous a pas échappé qu'on peut toujours aller plus loin avec M. Mélenchon,
21:01je pense qu'il ne faut pas encore une fois opposer les français les uns aux autres,
21:05on a besoin de tous, et je vous rappelle que la France est le pays le plus redistributif,
21:09j'entendais tout à l'heure M. Vallaud dire
21:11qu'il y a un écart très très important entre les salaires les plus modestes
21:16dans une entreprise et les salaires les plus élevés,
21:18oui, mais sauf que quand on fait passer l'impôt,
21:20quand on fait passer la redistribution, les écarts sont beaucoup moins élevés
21:23et ça se resserre de la façon la plus forte de tous les pays européens.
21:27– En démarrant cette interview, vous avez dit merci tout à l'heure aux RN, aux PS…
21:31– Aux PS d'abord.
21:32– Oui, aux PS mais aux RN aussi, vous avez dit à tous les députés
21:35qui n'ont pas voté la censure, qu'est-ce que vous dites à Marine Tendelier
21:38qui est juste à votre gauche, dont le parti, les députés,
21:42ont voté la censure cet après-midi ?
21:44– Eh bien je dis que c'est dommage…
21:46allez là, pardon, ne me remerciez pas.
21:49– Non, je ne vous remercie pas, vous ne l'avez pas voté,
21:53je vous remercierais peut-être pour d'autres choses,
21:54on a des combats communs à mener pour l'écologie,
21:58mais je dis à Marine Tendelier que c'est curieux quand on est écologiste
22:02de ne pas voter un budget sur lequel il y a 21 milliards dédiés à l'écologie
22:08et avec des fonds qui ont été préservés,
22:11je pense aux fonds verts pour les collectivités territoriales,
22:14je pense aux fonds barniers qui permettent de résister aux aléas climatiques,
22:19je trouve que c'est dommage de perdre du temps
22:22et de faire perdre du temps à l'écologie.
22:24– Merci Sophie Primat, merci d'avoir été avec nous ce soir.