Ce mardi 4 février, Volodymyr Zelensky s'est dit prêt à des négociations directes avec Vladimir Poutine pour tenter de trouver une issue à la guerre en Ukraine. Des déclarations qualifiées de "vides de sens" par le Kremlin.
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00:00Le choix d'Elsa Vidal dans ce 20h BFM, on a besoin de vos lumières, on a besoin de vous ce soir pour décrypter ce qui est en train de se passer.
00:06Hier soir, Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, disait « écoutez, je suis prêt à dialoguer avec Vladimir Poutine, à négocier avec lui si c'est la seule solution pour faire la paix entre nos deux pays ».
00:17Le Kremlin a répondu aujourd'hui que c'était vide de sens, etc. Qu'est-ce qu'il faut comprendre ? Est-ce qu'il y a une paix quand même possible entre ces deux-là en 2025 ?
00:25En 2025, je ne le sais pas, mais en revanche, on a trois certitudes dans ce dossier.
00:29La première certitude, c'est que Donald Trump veut ardemment conclure cette paix. Il a dû revoir son horizon, on est passé de 24h à 100 jours, mais il la veut ardemment, j'en veux pour preuve.
00:42Ses déclarations assez récentes, le 22 janvier, il fait entendre qu'il est temps de trouver un accord, qu'il ne cherche pas à faire du mal à la Russie,
00:52qu'il aime le peuple russe et qu'il a toujours eu une très bonne relation avec Vladimir Poutine. Mais il insiste, il dit aussi que si Vladimir Poutine continue cette guerre, alors il passera aux sanctions.
01:03Ça, c'est la première certitude. La deuxième ?
01:05La deuxième certitude, c'est que Kiev a déjà donné des signes de bonne volonté. Hier, vous le rappeliez, Volodymyr Zelensky fait une concession.
01:14Il dit que si c'est exigé par ses alliés et par les diplomates, alors il acceptera d'aller vers Vladimir Poutine et d'aller à la table de celui-ci.
01:25Si c'est la seule configuration dans laquelle nous pouvons apporter la paix aux citoyens de l'Ukraine et ne pas subir de nouvelles pertes, absolument, nous accepterons cette configuration d'une réunion avec quatre participants.
01:50Alors, il veut être accompagné par ses alliés, les États-Unis, l'Europe également. Il ne veut pas se retrouver en face à face. Et il ajoute quelque chose dans le panier de mariage qu'il apporte à cette négociation.
02:01Il fait entendre qu'il est prêt à donner un accès privilégié, en plus de cela, aux États-Unis, aux terres rares de l'Ukraine, 17 substances extrêmement critiques pour la domination économique.
02:13On les estime à 26 000 milliards la valeur de ces terres rares en Ukraine. Et Donald Trump lui-même réagit et fait entendre qu'il est effectivement preneur, il veut des assurances sur ces terres rares pour venir aux côtés de l'Ukraine et poursuivre le soutien à celle-ci.
02:29Et la troisième certitude, c'est que Moscou se fait tirer l'oreille pour venir à la table des négociations.
02:37Non seulement Vladimir Poutine n'est pas prêt à le faire, il questionne la légitimité de Volodymyr Zelensky. Il l'a fait dans une voiture auprès de son interviewer privilégié.
02:50C'est possible d'engager des pourparlers avec tout le monde. Mais comme Zelensky n'est pas légitime, il ne pourra de toute façon rien signer. S'il veut prendre part aux discussions, alors je désignerai des gens pour y prendre part aussi.
03:04Et aujourd'hui, son porte-parole a remis un clou dans le cercueil des négociations en disant que tout ça, c'était plutôt vide de sens, il faudrait une base un peu claire, un peu plus concrète pour pouvoir prendre ça au sérieux.
03:17La réalité de ce questionnement, c'est que Vladimir Poutine ne veut pas voir Volodymyr Zelensky à la table des négociations à côté de lui.
03:25Pas parce que Zelensky aurait dû se faire réélire. La loi ukrainienne permet de ne pas organiser des élections en temps de guerre. Mais parce que Volodymyr Zelensky a, en octobre 2022, fait de Vladimir Poutine un criminel de guerre, exclut des négociations avec lui.
03:43Et que ce tribunal spécial que d'aucuns réclament contre la Russie pour ses crimes commis en Ukraine, il avance plutôt bien.
03:50Et puis, plus fondamentalement, Vladimir Poutine veut négocier en tête à tête avec le président des États-Unis pour redevenir congestionnaire de l'ordre international.
04:01Et on cède date anniversaire, puisqu'aujourd'hui, nous sommes dans la semaine des 80 ans de la déclaration de Yalta, qui a été cette grande conférence au cours de laquelle l'ordre mondial et celui de l'Europe ont été redessinés entre les vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale.
04:17C'est la fin de la Seconde Guerre mondiale, et en fonction du rapport de force militaire, les trois grands pays, la Grande-Bretagne, l'Union soviétique et les États-Unis se partagent le monde.
04:25Vladimir Poutine gagne en Ukraine, il veut qu'en fonction du rapport de force militaire, on lui donne une influence sur cette zone.
04:34La ligne de partage de Yalta, elle a coupé l'Allemagne en deux pendant 44 ans. Le prochain Yalta, ça ne se passera pas à Yalta qui est en Crimée, mais ailleurs, coupera l'Ukraine en deux.
04:43Pour un temps indéterminé, jusqu'à la fin de Poutine, jusqu'au moment où les phases diplomatiques permettront la réunification de l'Ukraine.
04:49On vit avec une Corée coupée en deux depuis 1953, on vit avec Chypre coupée en deux, nous vivrons avec l'Ukraine coupée en deux.
04:55Ça, Zelensky peut l'accepter ?
04:57À l'heure actuelle, probablement pas, mais il compte surtout sur ses alliés européens pour faire valoir qu'on a déjà, par trois fois, fait ce genre de calcul et de compromis avec la Russie, et qu'à chaque fois, une nouvelle guerre a été lancée.
05:10Amélie ?
05:11Il existe une animosité personnelle entre ces deux-là, Zelensky et Poutine. Je me pose simplement la question très rapidement, est-ce qu'il pourrait envoyer des représentants, des émissaires ? C'est une possibilité pour Vladimir Poutine ?
05:24Oui, ça a d'ailleurs été évoqué par Vladimir Poutine et ça pourrait être une très bonne option pour commencer un rang de négociation.
05:30C'est-à-dire qu'il fait une question de principe de ne pas être côte à côte, face à face, physiquement, dans la même salle que Zelensky.
05:38Ça, c'est inadmissible pour lui ?
05:40À l'heure actuelle, ça l'est, et en plus de quoi, aujourd'hui, Vladimir Poutine pense qu'il peut gagner. Et tant qu'on pense qu'on peut gagner, on ne négocie pas.