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GÉNÉRATION IMPACT du 5 février 2025

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00:00Alors ce qui m'intéresse c'est de comprendre comment vous êtes organisé en tant que famille
00:08puisque pour nos auditeurs qu'on comprenne bien il y a trois cercles dans toutes les
00:11entreprises familiales, il y a le cercle de l'entreprise où on passe beaucoup de temps
00:14et qui nous anime, il y a aussi un cercle actionnaire et puis un cercle de la famille.
00:19Ces trois cercles peuvent avoir des objectifs différents, parfois en conflit d'intérêts et ce
00:23qui m'intéresse c'est de savoir comment vous vous êtes organisé, comment est organisé
00:27aujourd'hui votre actionnariat et comment sont prises les décisions.
00:29Alors nous en fait on a été longtemps en directoire et conseil de soignance donc j'étais
00:35le président du directoire et mon père qui est décédé il y a quelques semaines, fin
00:402024 était président du conseil de soignance et aujourd'hui je suis PDG puisqu'il n'y a plus de
00:46président du conseil de soignance mais cette structure à double étage était intéressante
00:50parce que mon père n'étant plus opérationnel mais permettait quand même tous les trois mois
00:54de surveiller entre guillemets ce que faisait son fils et notamment l'opérationnel. Mais bon le
01:01travail est fait par le président du directoire avec son directoire donc c'est une structure qu'on
01:05a mis en place depuis pendant 20 ans et qui a très bien fonctionné. Après si vous voulez
01:10vous avez en effet l'entreprise, le patron d'une entreprise peut-être du sérail familial comme
01:16moi mais peut-être aussi nommé par la famille en venant de l'extérieur, ça marche aussi très bien,
01:23il y a eu des cas de figure où des entreprises familiales fonctionnent avec des managers
01:27extérieurs. A partir du moment où il a la confiance de la famille et que je dirais il a
01:33l'ADN des valeurs de la famille, en général ça fonctionne bien. Alors ça peut être temporaire
01:38ou ça peut être durable. Lorsqu'il n'y a pas d'héritiers ou d'héritières qui peuvent prendre
01:43le management, ça peut être temporaire sur 10 ans, sur 20 ans en attendant qu'une troisième ou
01:49quatrième génération prenne le relais. Donc je crois beaucoup à cette souplesse là, il ne faut pas
01:53mettre quelqu'un de la famille qui n'est pas compétent et surtout qui n'a pas la volonté parce
01:57qu'on s'aperçoit qu'il faut l'envie. Le critère principal c'est l'envie de le faire. Si vous n'avez
02:03pas envie ça ne marche pas. Après il y a les compétences, le talent etc bien sûr qui arrivent
02:08mais c'est l'envie. Donc nous, je suis actionnaire avec ma famille si vous voulez,
02:16donc on a 99% je crois des actions familiales. Donc là les deux branches ? Avec les deux branches,
02:21la branche Yvon Gattaz à 60%, la branche Lucien à 40% parce que c'est vrai que j'ai eu des
02:29stock options etc que mon père et mon oncle Lucien m'ont donné pour me motiver surtout pour que ça
02:34marche etc et comme ça a bien fonctionné j'ai pu monter en puissance dans le capital. Donc cette
02:39branche et donc moi-même on est un peu plus gros que la branche Lucien. Mais l'idée c'est que tout
02:45ça fonctionne bien en harmonie donc on a créé depuis pas très longtemps d'ailleurs parce qu'en
02:51fait avec le décès de mon père Yvon qui avait quand même 99 ans et on vieillit tous, j'ai 65 ans
02:56cette année, eh bien il faut préparer la suite. Alors on a mis en place depuis 2-3 ans une charte
03:02familiale et un pacte d'actionnaires avec les cousins, cousines, frères et soeurs. Donc vous
03:07avez la génération 1 c'est Lucien et Yvon, génération 2 on est 5 cousins, cousines mais
03:12on a tous autour de 60 à 70 ans donc on vieillit et puis génération 3 ils sont une quinzaine et
03:18puis il y a 4 elles arrivent. Donc il faut se structurer de la façon à garder je dirais
03:24l'ADN de la boîte et surtout l'affect social-statistique pour que cette oeuvre industrielle
03:28entrepreneuriale perdure. En fait en anglais j'aime beaucoup l'expression built to last, il
03:33faut construire pour durer. Et donc une boîte familiale comme Radial, moi je suis obsédé pour
03:39transmettre, pour que l'oeuvre continue après ma mort et puisqu'on est des passeurs en fait.
03:46Comment vous faites ça avec le reste de la famille, vous nous l'avez décrit, vous êtes
03:51l'ingénieur de la famille mais il y a quelqu'un d'enseignement, il y a un ORL, comment vous arrivez
03:55à les engager, comment ils comprennent bien ce que fait Radial parce qu'en plus c'est quand même
03:59une boîte très techno. C'est assez techno donc en fait ils sont au conseil d'administration pour
04:04on a toujours en fait, on a un conseil d'administration, avant c'était un conseil de
04:08surveillance et en effet mon cousin Bruno ORL est là avec nous depuis 20 ans, ma soeur Roselyne
04:14qui était cadre chez IBM est là avec nous depuis 20 ans donc progressivement on a mis des gens,
04:18des représentants des familles avec nous puis là on a élargi donc mon fils Guillaume est rentré
04:23et administrateur aussi. Il y a mon petit cousin, fils de Bruno qui est un champion de la MNA chez
04:32Doctolib qui est arrivé aussi. Donc vous voyez on commence à mettre des gens qui apprennent,
04:38qui apprennent ce que c'est Radial mais qui arrivent aussi avec des compétences extérieures.
04:41Donc c'est toujours très enrichissant d'avoir des gens de la famille qui font autre chose et qui
04:48apportent dans les réflexions stratégiques de Radial et de la gestion de Radial leurs compétences.
04:54Donc on a mis des administrateurs qui sont familiaux, alors il y a des administrateurs extérieurs bien
05:00évidemment. C'est ce que j'ai demandé, indépendants, des administrateurs indépendants. Très important
05:04parce que la famille ne peut pas tout faire et moi je pense que c'est très important d'avoir des gens
05:07qui viennent aussi avec des expériences, des responsabilités énormes dans d'autres groupes,
05:12des plus gros groupes, des plus petits. Et tout ça c'est le cerveau collectif. Si on est tous
05:17pareil, ingénieur, blanc, au-delà de 50 ans, vous plantez une boîte. Moi je crois beaucoup à la
05:23diversité, beaucoup à la diversité des esprits, des talents, des origines. C'est comme ça que vous
05:31créez l'innovation et c'est comme ça que vous sortez du cadre. Et donc il y a la diversité des
05:35générations aussi. Vous avez précisé la démarche de charte familiale. Combien de temps ça vous a
05:39pris ? Est-ce que tout le monde s'y est impliqué, y compris la génération 3 ? On a commencé à se
05:43réveiller depuis 3 ans, 3-4 ans. Avant on ne parlait pas de radial dans la famille. Donc c'est
05:49assez récent ce qu'on a fait. Mais avec le temps vieillissant et puis les anciens qui partent,
05:54on s'est dit bon il faut qu'on fasse quelque chose. Donc on a organisé une charte familiale
05:59qui est une sorte de règlement intérieur de la famille si vous voulez pour dire voilà comment
06:03on se comporte avec radial, on ne veut pas diluer l'actionnariat, on veut transmettre. Donc une
06:10sorte de règlement intérieur entre nous. Très simple, pas très compliqué. Puis un pacte
06:14d'actionnaire. C'est-à-dire en fait le pacte d'actionnaire permet de savoir comment on achète
06:17et comment on vend. Donc si quelqu'un veut vendre des actions radiales parce qu'il a des besoins,
06:22il doit le vendre non pas à notre pire des concurrents à l'extérieur, mais à l'intérieur
06:27d'un marché intérieur qu'on a développé, une sorte de bourse intérieure. Bourse d'échange.
06:31D'échange qu'on a développé lorsqu'on est sorti de bourse. Lorsqu'on est sorti de bourse,
06:35je dis à ma famille mais il faut absolument qu'on crée une bourse intérieure pour pas que ce soit
06:40une prison dorée. Parce que si vous avez des cousins, des cousines, des frères et sœurs qui
06:44ont je dirais des actions mais qui valent quelque chose et qu'ils ne peuvent rien faire, c'est une
06:51frustration épouvantable. Et donc c'est là où on risque de casser une famille. Est-ce que ça
06:55circule ? Oui ça circule. Si vous voulez, radial va plutôt bien, je touche du bois. Donc en fait,
07:03l'action monte, etc. Et on a fait tous les ans, on fait un audit par un extérieur pour connaître la
07:08valeur de radial. Et donc la valeur d'action radial qui permet d'avoir une référence et de dire cette
07:13année, ça vaut tant. Et on fait deux fois par an, je crois qu'il y a une semaine d'ouverture à
07:18l'automne et au printemps qui permet de dire aux actionnaires familiaux, est-ce que vous voulez
07:22acheter ou vendre des actions ? Donc on organise cette petite bourse interne sur des valeurs tout
07:27à fait précises qui sont certifiées, authentifiées, validées par des commissaires extérieurs aux comptes.
07:34Et ça se passe plutôt bien. Donc voilà. Et on a créé une petite bourse interne, c'est-à-dire on a
07:38créé une petite trésorerie interne qui permet justement de faire ça. Et que lorsque quelqu'un
07:43veut vendre, ils vont à cette bourse interne qui est détenue par la holding familiale qui permet
07:48surtout de ne pas diluer le capital. Parce que le problème des boîtes familiales, c'est de ne pas
07:51passer en dessous de 50%. C'est absolument fondamental. Il y a des cas de figure où des
07:56gens ont perdu leur majorité sans même le savoir. Sans même le savoir. Ils se retrouvent avec un gars
08:01qui leur dit, vous êtes dehors. Ah bon, je suis dehors ? Oui, vous avez 49% et je ne veux plus de
08:05vous. Eh bien vous voyez, vous avez des drames, j'en ai connu, de gens qui se sont trouvés dilués,
08:10dilués parce qu'ils n'ont pas fait attention, parce que voilà, par des banques, des assurances
08:14qui sont venues. Et puis souvent, bourse, ça s'est passé comme ça. Et il faut faire attention. Quand
08:19vous voulez pérenniser une entreprise familiale, il faut conserver, il faut être extrêmement prudent
08:24sur le capital. Je crois que les entreprises familiales, elles ont une triple charge qu'ont pas
08:29d'autres entreprises. Elles doivent, comme les autres, investir pour innover et rester en vie.
08:34Elles doivent payer la fiscalité de leur transmission, qui est plus compliquée en France
08:40que dans d'autres pays. On pourra en parler juste après, si vous voulez. Et puis, elles doivent aussi
08:44protéger la famille, puisque dans le cadre de la transmission, elles ont cet élément-là. Comment
08:48vous vivez cette triple charge ? Moi, je pense que l'entreprise familiale française est mal connue.
08:54Mon père avait créé à l'époque les ETI, le concept d'ETI, l'entreprise de taille intermédiaire. Il a mis
08:59une dizaine d'années pour que ce concept-là soit reconnu, connu et reconnu. Et en fait,
09:04si vous voulez, les entreprises familiales ont beaucoup de mérite. Elles ont
09:08trois immenses mérites. Je crois que, comme elles veulent durer, elles font attention à leurs équipes,
09:13à leurs collaborateurs. Dans les boîtes, si vous voulez, à culture anglo-saxonne, vous restructurez,
09:18vous fermez des usines, vous vendez, ça recommence, etc. C'est un modèle. Je ne critique pas, mais c'est
09:23un modèle. Les boîtes familiales que je connais en France, en Italie du Nord, en Allemagne et en
09:29Suisse, qui font la force de ces pays-là, elles ont été préservées, protégées par la politique,
09:34protégées par une fiscalité propice de succession de transmission, qui fait que c'est extrêmement
09:39important. Vous avez un ADN humain dans une boîte familiale. On ne le dit pas assez, ce n'est pas du
09:43paternalisme, c'est juste, en fait, et mes collaborateurs le savent bien, parce que chaque fois que je les vois,
09:47ils me disent, M. Gattaz, alors la succession, ça se passe bien, on va rester familial, etc. Ils veulent tous rester
09:52familial, parce qu'on protège. Alors, on fait les choses très humainement quand il y a des
09:57problèmes, mais je dirais qu'on fait attention et on respecte nos salariés. C'est très important,
10:01parce qu'on veut qu'ils soient là dans 5, 10, 15 ans pour l'aventure. Deuxièmement, on fait attention à
10:05l'environnement, parce que l'environnement, si vous polluez, ce n'est pas bien. Vous tuez la planète, donc on fait
10:12très attention. D'abord, nos salariés nous le disent, nos jeunes nous le disent encore plus. On ne veut pas
10:17polluer, donc on prend des mesures qui permettent de dire, non, non, mais là, il faut recycler l'eau, il faut
10:21recycler l'or, parce que ça coûte une fortune en plus. Il ne faut pas polluer, donc on ne rejette rien dans les
10:25canivaux, mais ça, ça fait très longtemps qu'on fait ça. Donc, on est très respectueux. Troisièmement, les boîtes
10:29familiales sont souvent industrielles, et donc territoriales. Donc, le drame de la France, si vous voulez, depuis 40 ans,
10:36c'est que, et je vais faire un petit peu de politique, c'est l'ISF. L'ISF, on a dit, c'est super, c'est un impôt sur les
10:43riches, etc. Dès que vous attaquez l'ISF, vous êtes un salopard. Les riches, toujours, ce discours, si vous voulez,
10:49mais insupportable de lutte des classes qui date du 19e siècle en France, et qu'on a encore aujourd'hui. Qu'est-ce
10:55qu'ont compris les Allemands, les Suisses, les Autrichiens et le reste du monde ? C'est que les boîtes familiales, elles sont
11:02souvent territoriales, elles sont souvent industrielles. Elles sont extrêmement importantes pour l'économie du pays.
11:07Le Mittelstand allemand, c'est 12 000 ETI. Nous, en France, on a 5 000 ETI. On a cassé la moitié de nos ETI. On les a fait fuir,
11:15on les a fait vendre. Tous mes concurrents de radial, j'en avais une vingtaine, quand je suis arrivé en 92, ils sont tous partis,
11:21vendus partis. Alors vendus à qui ? À des boîtes américaines, dont le siège est à Dallas, à New York. Donc ils regardent,
11:28ils ont 50 usines dans le monde. Et puis ils regardent dans les crises, à chaque crise. Bon, il faut qu'on baisse la voilure.
11:33Qu'est-ce qui ne marche pas ? Ah oui, la France, c'est emmerdant. Quelle est la charge du travail, le coût du travail ?
11:38Allez, vous me fermez l'usine de Brest, etc. Et c'est comme ça que, si vous voulez, on s'est retrouvé avec la moitié des ETI qu'on devrait avoir.
11:47En Angleterre, ils sont 10 000 ETI. En Italie du Nord, ils sont 10 000 ETI. En Allemagne, 12 500, presque 13 000. Et nous, on est tombés à 5 000.
11:55Donc vous voyez... Et c'est la désindustrialisation qui s'est passée. Donc moi, le problème n°1 que je vois de la France depuis 40 ans,
12:03c'est que nos politiques, ne connaissant très mal l'économie de base, ne venant pas de l'industrie ou de l'entreprise,
12:10sont souvent des professionnels de la politique, souvent des fonctionnaires, des intellectuels hors-sol. Et je suis très sévère quand je dis ça.
12:19Et j'assume. On dit non, non, mais l'ISF, c'est très bien, c'est populaire. Il faut faire payer les riches, mais les riches et les familles riches.
12:26Et jusqu'aux lois Dutray de 2006, il y a eu un dégât considérable qui a été fait entre 1983, la mise en place de l'ISF, de Mitterrand, et 2006,
12:34où des boîtes se sont retrouvées à payer des choses très élevées sur l'outil de travail. On a préservé un peu, etc. Mais si vous voulez, le dégât a été fait.
12:42Et dans la tête des gens, c'est « On ne nous aime pas. On ne nous aime pas ». Et si vous rajoutez un code du travail qui est devenu dingue, hyper complexe,
12:49en France... Vous savez qu'en France, on a quand même 3 800 pages de code du travail. Alors ça, c'est simplifié grâce un peu à moi, avec les lois El Khomri
12:56et les lois Pénicaud des années 2016, 2017, 2018, quand j'étais patron du MEDEF. Mais si vous voulez, le code du travail suisse, c'est 60 pages.
13:04Et en fait, à force de surprotéger tout le temps, d'assister, de protéger en France, vous tuez, vous asphyxiez, vous étouffez les outils de travail.
13:14Et vous démotivez les dirigeants et les actionnaires familiaux qui disent « Bon, on ne nous aime pas en France ». Et cette petite musique, elle est très grave
13:23parce que moi, je l'ai connue en 1981. Je l'ai connue quand j'avais 20 ans. Je l'ai connue avec les 35 heures en 2000, imposées. On leur disait « Mais les gars, vous êtes fous.
13:31Ben non, on y va ». En faisant fi de tout benchmarking, de toute compétition internationale, de toute compétitivité des boîtes. « Non, non, c'est bon pour les salariés.
13:43Mais les gars, c'est bon instantanément peut-être pour les salariés. Mais dans 5 ans ou dans 10 ans, ça va être le bordel ». Donc on est toujours en clientélisme
13:50électoraliste de court terme. Et aujourd'hui, il y a eu François Hollande 2013. Et aujourd'hui, j'ai très peur de ça. Le retour à « On va taxer tout le monde, les riches surtout », etc.
13:59Et alors que du côté américain, Trump, Musk nous disent « On va aller sur Mars, on va faire de l'IA, revenez, on va baisser le taux d'IS pour attirer toutes les entreprises du monde aux États-Unis ».
14:08Bon, alors, ce n'est pas mon modèle, Trump et Musk non plus. Mais s'il vous plaît, ils ont un discours hyper entrepreneurial que nous, c'est quoi ? On va taxer plus et il faut travailler moins.
14:20Alors, qu'est-ce qu'il faudrait faire pour améliorer le pacte du trade qui était quand même un outil qui a permis à cette entreprise géniale de se transmettre très facilement ?
14:26Il est très complexe. Sachez que dans les pays voisins de la France, je crois que c'est l'Italie, je crois qu'en partie en Suisse, je crois qu'en Belgique et en Hollande, en Angleterre,
14:35vous avez 0% de suggestion sur les entreprises. Zéro. Donc là, il faut prouver que les actionnaires familiaux vont garder un pacte d'engagement, des titres, etc.
14:44pendant X années, 5 ans, 6 ans. Ce n'est pas idiot. Ce n'est pas idiot. On le fait. Mais c'est très compliqué. Vous faites des signatures de folie.
14:52Donc je trouve que le pacte du trade est absolument fondamental dans l'ambiance fiscale française. Ça a permis de sauver des boîtes.
14:58Ça a permis d'éviter des hémorragies de boîtes familiales qui partaient, qui se vendaient et partaient à l'extérieur. Donc bravo, loi du trade, formidable.
15:05Il faut sanctuariser ce truc-là. Mais le coup suivant, c'est de regarder ce que font les Italiens, etc. Les Italiens, ils ont compris que les bijoux de la couronne italienne,
15:14c'est les entreprises familiales du nord de l'Italie. C'est eux qui font du commerce extérieur positif. Donc si vous voulez, je ne comprends pas que notre classe politique,
15:22qui sortent quand même des Sciences Po, des Énards, etc., ne regarde pas comme le modèle suisse, ne regarde pas le modèle italien du nord, en disant « Mais bien sûr. Mais bon sang, mais bien sûr.
15:32Mais qu'est-ce qu'on va faire dans le délire ? » Donc c'est vrai, il faut savoir ce qu'on veut. Donc on a toujours tendance à dire « On va donner de l'argent aux pauvres, etc. ».
15:43Et c'est très bien. Ça part d'un très bon principe. Mais non. Mais pour donner de l'argent aux pauvres, il faut qu'ils travaillent. C'est ça. Vous savez, c'est le fameux Lao Tzu qui disait
15:50« Si tu veux nourrir un homme, une journée, tu lui donnes un poisson. Si tu veux le nourrir toute sa vie, tu lui apprends à pêcher. »
15:56– Exactement. – Mais donc nous, on apprend à pêcher à nos hommes. Vous voyez ? Et nos femmes. Pardon, j'étais un peu loin.
16:02– Pas de problème. Je voudrais revenir. On est sur les 3 cercles. Donc on a bien compris ces enjeux de fiscalité, de transmission entre le cercle entreprise et le cercle actionnaire.
16:12Est-ce que, sur la partie familiale, vous pouvez nous décrire un peu comment vous vous êtes organisé ? Est-ce qu'il y a un conseil de famille ?
16:17Comment vous gérez la place des conjoints, par exemple ? Comment vous préparez la nouvelle génération ? C'est quoi la dynamique sur la partie familiale ?
16:24– Là, il y a encore tous les scénarios possibles. Ce qu'on a décidé à Radial, si vous voulez, c'est d'en faire un conseil de famille qui est sous forme de visio
16:31parce qu'ils sont tous un peu éparpillés dans les territoires. Donc ça dure 2 heures. C'est une fois par trimestre. Et là, en effet, c'est la génération 2.
16:38Donc les 5 personnes, la génération 2, qui sont les sages aujourd'hui, les sages familiaux de Radial. Et puis là, on parle de l'évolution de Radial, de la croissance externe,
16:49qu'est-ce qu'on a fait ? – Donc ça, ce n'est pas le conseil d'administration, c'est bien le conseil de famille.
16:52– C'est le conseil de soignance qui permet de cultiver l'affection societatiste. Alors l'affection societatiste, c'est un mot extraordinaire, latin,
16:59qui veut dire l'affection de l'entreprise, si vous voulez, qui, dans un groupe familial, est extrêmement important.
17:06Parce que si vous n'avez pas cette affection societatiste sur les générations précédentes, les gars vont dire j'ai un portefeuille, comme je pourrais avoir de L'Oréal ou de Michelin, etc.
17:14J'achète, je revends, je n'en ai rien à faire, et cette boîte ne m'intéresse pas. Bon, alors que c'est une œuvre collective et familiale. On veut qu'elle perdure dans le temps.
17:21Donc il faut intéresser les jeunes générations. Et donc on a mis en place ce conseil de famille qui permet justement, hors conseil d'administration,
17:28de motiver, de répondre aux questions des cinq premiers, puis de cultiver la fierté. Une entreprise, moi, mes collaborateurs, c'est pareil, mes salariés,
17:37moi, je cultive l'espoir et la fierté tout le temps. L'espoir, c'est que ça va mieux marcher encore. Quand on est en pleine crise, les gars, le bateau est solide,
17:44ne vous inquiétez pas, on va restructurer un peu, mais ça va aller. Dans deux ou trois ans, c'est reparti à fond. Et d'ailleurs, après le Covid, c'est reparti à fond pour nous.
17:51Et la fierté, c'est la fierté. Nous, on célèbre beaucoup de commandes. Chaque fois qu'on a des commandes, on célèbre. J'étais encore avec mes collaborateurs hier à Aubervilliers.
18:01On faisait la galette des rois et la présentation des résultats de 2024. J'ai sorti un petit transceiver électro-optique de ma poche en disant, vous voyez, c'est ce qu'on a fait à l'île d'Abo,
18:10dans notre usine de l'île d'Abo. C'est extraordinaire. Et on est les seuls à faire ça au monde, dans des environnements extrêmement sévères de température.
18:17On transcode des photons en électrons et des électrons en photons. C'est un produit miraculeux. Je le sors. Je l'ai toujours dans ma poche. Il est là.
18:24Et c'est de la fibre optique qui sort en électrique et réciproquement. C'est 10 ans de travail. C'est 10 ans d'investissement. On a les meilleurs ingénieurs du monde français à faire ça.
18:33Donc tout ça, si vous voulez, il faut cultiver cette fierté. Il faut la cultiver au niveau de vos collaborateurs. Espoir, fierté. Et au niveau de la famille. C'est extrêmement important.
18:40Donc moi, je fais des visites tous les ans de mes usines à ma famille. Donc on est 25 ou 30 aujourd'hui. On s'est fait ça il y a 2-3 mois, je ne sais plus où est-ce qu'on était, à l'île d'Abo.
18:50Donc dans mon usine d'optique, ils ont vu la microélectronique de précision, les salles blanches, etc. Et puis tout ce qu'on fait sur l'environnement.
18:58Donc il y a eu 1h30 d'exposés sur tout ce qu'on fait à travers le CSRD imposé par l'Europe un peu fou, mais tous les travaux sur l'environnement qui passionnent les jeunes.
19:08Alors ça, on va en parler juste après, si vous voulez bien.
19:11Donc oui, je fais des conseils, et je fais aussi des réunions une fois par an, au moins, ou une fois tous les 18 mois, avec toute la famille, pour visiter des sites de Radial,
19:19cultiver l'affection zétatiste et la fierté de ce qu'on fait.
19:23Bon justement, je vous propose qu'on passe à la dernière partie de cette émission, qui concerne toute cette capacité à intégrer la NextGen et la projeter peut-être au sein de la direction du groupe Radial,
19:35et puis discuter un petit peu des enjeux RSE. Tout de suite, la NextGen.

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