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L’association France Hydrogène a publié en janvier 2025 un baromètre sur le déploiement de l’hydrogène dans l’Hexagone. Il indique qu’une dynamique industrielle sur ce carburant existe dans le pays. Mais de nombreux défis sécuritaires restent à relever. C’est le sujet de ce débat.

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00:00Le débat de ce Smart Impact, on parle de la filière hydrogène avec Christelle Verquin. Bonjour, bienvenue, vous êtes déléguée générale de France Hydrogène.
00:14Céline Leroy, bonjour. Bonjour. La directrice générale de GÉZIP. On va présenter vos associations France Hydrogène. Combien d'entreprises vous représentez ?
00:25Alors, France Hydrogène, ça rassemble 450 adhérents aujourd'hui, dont une majorité d'industriels et d'entreprises, donc environ 330 entreprises pour un tiers des grands groupes,
00:36mais également des ETI, des PME et des startups. Oui, il y a vraiment toute taille d'entreprises qui travaillent à la solution hydrogène aujourd'hui.
00:42Exactement, mais pas seulement, puisqu'on rassemble également des centres de recherche, des laboratoires, des collectivités territoriales, des pôles de compétitivité
00:50et des associations professionnelles partenaires. Et vous publiez, vous venez de publier votre baromètre annuel. On va y revenir dans un instant. GÉZIP, en quelques mots, Céline Leroy.
00:59Alors, GÉZIP, c'est une association industrielle. On est 63 membres, essentiellement des grands groupes membres, qui ont décidé il y a 70 ans de se réunir pour parler de sécurité industrielle
01:12afin d'être plus performants dans le domaine de la sécurité, de l'hygiène et de l'environnement. Donc ça passe par quoi ? Par des formations, notamment ?
01:18Alors ça passe par deux axes. En effet, un axe formation. Et le but, c'est finalement de partager notre savoir-faire, alors spécialement dans le domaine de la lutte contre l'incendie et de la gestion de crise.
01:30Et l'autre partie concerne le domaine technique, dans lequel là, à travers des échanges entre industriels, on va finalement anticiper certaines problématiques qui arrivent
01:42ou évoluer en fonction de la réglementation pour finalement proposer des guides qui permettent de mettre en place des choses opérationnelles sur le terrain.
01:52Alors vous publiez avec France Hydrogène un baromètre annuel. Il vient de sortir, je crois, il y a quelques jours, Christelle Verca. Allez, s'il y a une leçon principale de ce baromètre, c'est quoi ?
02:02Alors ce baromètre, effectivement, c'est l'outil de référence qui nous permet d'évaluer l'état d'avancement de la filière française de l'hydrogène.
02:10Donc on le publie chaque année et on l'a publié lors de notre salon à Evolution, co-organisé avec GL Events. Alors ce baromètre, qu'est-ce qu'il dit ?
02:17Il dit que la dynamique industrielle sur l'hydrogène existe en France, même si l'impulsion de départ qui a été donnée par la stratégie hydrogène de 2020 a permis de lancer beaucoup de projets,
02:30beaucoup d'usines et beaucoup d'ambitions. Et on voit là un petit peu un ralentissement.
02:35C'est un moment de creux ?
02:36Ce n'est pas un moment de creux. C'est un moment où, en attendant que les gros projets émergent, on a besoin de structuration de la chaîne de valeur, de poursuivre l'effort.
02:46Mais la dynamique existe. Par exemple, on a des capacités installées de production d'hydrogène par électrolyse. On a des véhicules de plus en plus nombreux sur les routes.
02:55Par exemple, 1 000 taxis sont en circulation à Paris. C'est 5 % de la flotte des taxis parisiens qui roulent à l'hydrogène.
03:03Il y a eu un effet d'accélérateur avec les Jeux olympiques ?
03:05Absolument. On a aussi des bus qui circulent, des baines à ordures ménagères, quelques camions, des vélos. Et plus largement, dans la dynamique industrielle, l'hydrogène sert à la fois à la décarbonation de l'industrie.
03:19Donc on s'inscrit dans la perspective de transition énergétique.
03:22Elle est quoi ? Elle est encore adolescente ? Elle est à quel âge, la filière hydrogène ? C'est plus un bébé ? C'est une ado ?
03:28C'est plus un bébé, simplement. Il y a eu un engouement pour l'hydrogène. 90 pays dans le monde ont une stratégie d'hydrogène. L'UE a une stratégie d'hydrogène.
03:37La France a été même parmi les pays pionniers sur l'hydrogène. Simplement, on attendrait là, bizarrement, de l'hydrogène en 4 ans, ce que d'autres filières ont mis 20 ans à installer,
03:49si on prend les filières d'énergie renouvelable, etc. Donc il faut un peu de patience. C'est une dynamique qui est quand même très rapide, mais c'est une filière industrielle en amorçage.
03:58Gésipe a signé un partenariat avec France Hydrogène. C'est une loi. Pourquoi ? En quoi consiste ce partenariat ?
04:04On a en effet signé ensemble un partenariat en décembre 2022. Et le but, c'était finalement, nous, de faire profiter notre expertise, finalement historique,
04:15de nos adhérents sur le domaine de l'hydrogène, à France Hydrogène, et aussi capitaliser sur, finalement, les membres de France Hydrogène pour comprendre leurs besoins,
04:25notamment leurs besoins en termes de formation ou leurs besoins en termes d'apprentissage sur des analyses de partage d'expériences, de RECS, de presque-incidents, d'incidents.
04:36Et qu'est-ce qui a été mis en place ? Alors si on peut faire un premier petit bilan après 2 années.
04:41Alors on a finalement participé régulièrement aux journées de France Hydrogène, les journées sécurité notamment de France Hydrogène, pour aider à la coordination parfois de partage d'incidents, de presque-accidents.
04:54On participe à des groupes de travail, et notamment actuellement sur un groupe de travail qui consiste à mettre en place dans le futur la formation de chauffeurs qui transportent de l'hydrogène, des cigares d'hydrogène sur nos routes. Voilà.
05:09Donc c'est un exemple. Et au sein de GÉZIP, finalement, grâce à ce partenariat, on a pu aussi, avec nos membres, s'interroger sur les besoins futurs.
05:18Donc on a par exemple un groupe de travail technique qui est aujourd'hui en place et qui va travailler sur la transformation, enfin l'utilisation, on va dire, des pipes qui transportent aujourd'hui des hydrocarbures et qui demain transporteront peut-être de l'hydrogène.
05:36Oui, parce qu'il n'y a pas forcément besoin de beaucoup les transformer pour mettre autre chose que du pétrole ou du gaz à l'intérieur, c'est ça ?
05:42C'est ce qu'on est en train de regarder. C'est pas si simple.
05:44C'est pas si simple. Oui, évidemment, moi j'arrive et je dis ben voilà, c'est facile.
05:48Non, non, ça demande qu'un certain nombre d'experts se penchent sur le sujet pour voir si finalement on peut le faire avec le même niveau de sécurité que ce qu'on fait aujourd'hui sur le transport d'hydrocarbures.
05:57Donc il y a cette dimension de formation. Ça représente combien de métiers différents ? Je ne me rends pas compte si c'est des dizaines, des centaines de métiers qui déjà aujourd'hui finalement sont concernés par l'hydrogène, par cette filière.
06:10C'est une bonne question. En fait, on s'est penchés dessus. On a édité un guide en 2021 où on a recensé en fait les 80 métiers différents auxquels la filière hydrogène doit faire appel.
06:20Et le travail qu'on a mis en place avec nos partenaires et aussi au sein du groupe de travail, c'est de regarder les compétences requises.
06:28Donc c'est souvent de l'adaptation de compétences pour permettre à l'hydrogène de venir dans les secteurs de l'industrie, des transports, etc.
06:35Et donc il y a un besoin d'adaptation des compétences et il y a aussi quelques nouveaux métiers. Voilà.
06:42– Quels sont les usages de l'hydrogène aujourd'hui, ses principaux ? C'est la mobilité ? C'est plutôt justement dans le secteur industriel ?
06:52– En fait, l'hydrogène, c'est ce qu'on a appelé le chénot manquant de la transition énergétique.
06:56C'est-à-dire que si on se projette sur la neutralité carbone à 2050, il y a une partie des usages dans plusieurs secteurs, je vais y revenir,
07:05qu'on ne pourra pas décarboner si on n'a pas d'hydrogène.
07:08C'est par exemple dans le domaine industriel le raffinage, la chimie, la production d'acier ou les engrais, la production d'engrais,
07:18qui nécessitent de l'hydrogène et si on produit l'hydrogène proprement, on décarbone ces secteurs.
07:22Après, on a aussi l'utilisation de l'hydrogène pour fabriquer des carburants de synthèse qui servent à décarboner par exemple l'aéronautique,
07:30le secteur de l'aviation ou le secteur maritime.
07:33Et puis, on a également le secteur de la mobilité routière sur laquelle on a effectivement, pour des usages intensifs, professionnels,
07:42qui nécessitent soit un temps de recharge très court ou une autonomie ou besoin de transporter des charges lourdes,
07:47l'hydrogène est une meilleure solution probablement que la batterie.
07:49– Alors justement, c'était la question que j'allais vous poser, on parlait des taxis,
07:54est-ce qu'il ne faut pas réserver l'hydrogène à la mobilité lourde, plutôt au poids lourd, aux camions, aux cars, etc. ?
08:04– En fait, il faut regarder en fonction des usages, c'est-à-dire des besoins réels.
08:08Et les besoins, il y a des cas d'usages qui sont identifiés.
08:11Effectivement, quand on a par exemple besoin de livrer, même sur un chargement moyen,
08:17mais de livrer de manière discontinue, sans pouvoir surcharger facilement ou avec un besoin de surcharger rapidement,
08:22l'hydrogène peut jouer un rôle.
08:25Si on est un fourgon ou un camion qui a besoin de secours ou d'intervention par exemple,
08:33peut-être que la batterie ne va pas pouvoir servir cet usage-là.
08:37Donc il faut regarder au cas par cas.
08:38C'est le lourd mais aussi l'intensif comme mobilité.
08:42– Je me souviens d'être allé faire quelques émissions au Grand Prix de Formule 1 en France,
08:48au Castelet, quand il y avait encore un Grand Prix de Formule 1 en France,
08:50et il y avait une voiture de course à propulsion hydrogène qui était testée.
08:55L'un des enjeux, c'était le réservoir.
08:58Et ça rejoint les impératifs de sécurité qui sont les vôtres.
09:02Est-ce que c'est plus compliqué finalement de faire rouler une voiture à l'hydrogène ?
09:05Qu'est-ce qu'il faut changer en matière de sécurité, notamment des réservoirs ?
09:11– Alors je ne suis pas une spécialiste de l'automobile,
09:13alors je ne suis pas sûre que je vais pouvoir répondre à votre question complètement.
09:16– Non mais c'est un vrai enjeu de sécurité.
09:17– Il y a un enjeu de sécurité sur l'hydrogène et ce qu'il va falloir finalement gérer,
09:22notamment, ou être capable d'appréhender, c'est la fuite d'hydrogène.
09:27– Ou la résistance du réservoir en cas d'accident.
09:29– Ou en cas de choc, tout à fait, exactement.
09:32Donc ça, ce sont des enjeux qui sont des enjeux majeurs sur lesquels on travaille.
09:36Finalement, on se disait la même chose sur l'essence il y a 70 ans.
09:42Donc finalement, c'est une question d'éducation, de formation, de prévention.
09:48Et il n'y a pas de raison qu'on n'y arrive pas.
09:50– Et de maturité de la filière, on y revient finalement.
09:54– Je trouve que de ce point de vue-là, ça rejoint un petit peu ce qui a été dit,
09:57c'est-à-dire qu'en termes de technologie, d'objets techniques,
10:01les réservoirs sont testés vraiment avec des amphibes de carbone,
10:06des réservoirs de type 4, enfin c'est très éprouvé.
10:08Et justement, la filière hydrogène s'est attachée à gérer ces enjeux de sécurité, etc.
10:12Avec l'idée sous-jacente de se dire, c'est un vecteur énergétique
10:15qui présente des risques, comme tout vecteur d'énergie.
10:18– Pas plus que les autres ?
10:19C'est un fantasme ça ?
10:21Parce que ça fait partie de la petite musique qu'on entend autour de l'hydrogène.
10:24– Il y a des risques, évidemment.
10:26Et parmi nos adhérents, on a l'école nationale des officiers de sapeurs-pompiers
10:29qui explique très très bien qu'il y a une façon de gérer le risque de l'hydrogène.
10:33L'hydrogène, c'est un gaz qui se libère très facilement, qui est très volatile.
10:37Donc s'il est bien conservé et que le réservoir tient bien, il n'y a pas de problème.
10:41Si on le libère sans confinement, il n'y a aucun problème
10:44et c'est même moins impactant probablement qu'un feu de batterie.
10:48– Pour les industries pétrolières qui sont en train de travailler
10:52à leur transformation, à leur transition,
10:57évidemment c'est encore une part toute petite du chiffre d'affaires des géants du pétrole,
11:02les énergies renouvelables, l'hydrogène c'est encore plus petit ?
11:04C'est-à-dire en termes d'enjeux et de stratégie, qu'est-ce que ça représente ?
11:08– Alors au niveau de l'industrie, c'est surtout que l'industrie utilise de l'hydrogène.
11:12Donc c'est l'utilisation d'hydrogène vert par exemple au lieu d'utiliser de l'hydrogène gris.
11:17Donc voilà, l'enjeu pour l'industrie est essentiellement là.
11:20Donc c'est finalement être en capacité en France éventuellement
11:23de fournir de l'hydrogène vert pour pouvoir l'utiliser dans l'industrie.
11:28L'enjeu il est là, les industriels utilisent finalement de l'hydrogène depuis très longtemps.
11:33Donc ils connaissent les risques, ils savent les maîtriser.
11:36Et donc le but c'est de capitaliser justement sur toute cette connaissance,
11:40toute cette expérience qu'on a autour de la sécurité industrielle
11:44pour le partager avec les nouveaux acteurs.
11:46– Merci beaucoup, merci à toutes les deux et à bientôt sur Be Smart For Change.
11:51On passe tout de suite à notre rubrique Start-up.

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