La ministre chargée des comptes publics était l'invitée de France Inter ce mercredi. Amélie de Montchalin affirme que "l'État fait le plus grand effort de réduction de son [coût de] fonctionnement en 2025 depuis 25 ans". Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-mercredi-05-fevrier-2025-1374126
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00:00Et avec Léa Salamé, nous recevons ce matin dans le Grand Entretien, la ministre chargée
00:05des Comptes Publics, vos questions au 0145 24 7000 et sur l'application de Radio France.
00:12Amélie de Montchalin, bonjour, et bienvenue sur Inter en ce grand jour pour vous qui doit
00:18voir théoriquement l'adoption par 49.3 du budget le plus laborieux à concevoir de ces
00:25dernières années, sauf coup de théâtre, la majorité du PS et le RN ne voteront pas
00:32la censure.
00:33Alors, vous dites quoi ce matin ? Ouf, soulagement, on est passé récraque, mais on est passé…
00:39Je vous dis d'abord qu'il y a eu un long chemin, en fait, depuis six semaines.
00:44Vous savez, on a pris nos fonctions avec Éric Lombard et sous la direction du Premier
00:49ministre le 23 décembre.
00:50Et à ce moment-là, souvenez-vous, il y avait deux choses dans le débat public.
00:53Il y avait d'abord une immense anxiété et inquiétude des Français qui ne comprenaient
00:57pas et à raison où nous allions et qu'on avait l'impression qu'il n'y aurait jamais
01:01de budget dans ces conditions.
01:03Et puis, la deuxième chose, c'est qu'il était dit, notamment au Premier ministre,
01:06que le compromis était impossible.
01:08Donc, avec Éric Lombard, on a pris une méthode, notre bâton de pèlerin, on a pris du temps,
01:14on a écouté tous les groupes politiques et parlementaires qui ont souhaité venir
01:18à Bercy.
01:19On a dialogué et vendredi dernier, il s'est passé quelque chose qui, je crois, est un
01:22acquis démocratique très important pour notre pays.
01:24Il y a eu un compromis entre parlementaires, entre députés et sénateurs, dans une pièce
01:28où le gouvernement n'était pas.
01:30Nous, on a facilité le compromis.
01:32Mais le compromis, il a été acté par les parlementaires.
01:34Et donc, ça permet aujourd'hui, effectivement, que les conditions soient réunies pour qu'il
01:42puisse y avoir un vote, en fait, qui ne censure pas le gouvernement et qui, de facto, accepte
01:46ce budget.
01:47Et demain, il y aura, on espère aussi, un vote au Sénat.
01:49Vous saluez l'attitude des socialistes qui ont hésité jusqu'au bout, qui se font
01:53engueuler sur les marchés en disant « pourquoi est-ce que vous avez sauvé Bayrou ? » et
01:57qui ont voté à ce que vous dites, ils ont agi en responsabilité cette fois-ci.
02:00Vous savez, ce que j'ai vu dans ces salles à Bercy, ces heures de discussion, d'abord,
02:06c'est un personnel politique dans notre pays emprunt de beaucoup de gravité et beaucoup
02:10de responsabilité.
02:11Tous les groupes politiques qui sont venus ne sont pas venus avec des lignes rouges.
02:15Ils sont venus avec des priorités pour les Français.
02:17En disant « la situation ne peut pas être celle du blocage qui se poursuit ». Et les
02:23socialistes, comme tous les autres, je crois, et c'est vraiment à l'honneur de tous
02:27ceux qui ont participé, ne sont pas venus pour des choses pour eux, pas pour le parti
02:32socialiste.
02:33Ils ont poussé des priorités pour les Français.
02:36Et en poussant des priorités pour les Français, je crois qu'aujourd'hui, on a à la fois
02:41un meilleur budget, parce que quand on écoute, on est meilleur, quand on dialogue, on est
02:45meilleur, quand on ne s'enferme pas, on est meilleur.
02:47Eric Coquerel dit qu'il est pire que celui de Michel Barnier.
02:50Eric Coquerel dit quelque chose qui est très intéressant.
02:53Il dit que ce budget, à ses yeux, n'est pas celui qu'il souhaite, puisqu'il y a
02:576 milliards d'impôts en moins que celui de Michel Barnier.
03:00Et il y a 6 milliards d'économies en plus.
03:02Vous savez, moi, si je me dis qu'en 6 semaines, on a réussi à réduire la facture fiscale,
03:07à faire des économies en plus, à réduire le déficit, à ne pas augmenter les impôts
03:11des classes moyennes et des classes populaires, moi je pense que c'est un meilleur budget
03:14dans la contrainte et la situation qui est la nôtre.
03:16Alors, comment le qualifier, ce budget ? C'est un mélange de la copie Barnier, un mélange
03:22de la copie Bayrou, avec des ajouts de la commission mixte paritaire ? C'est quoi,
03:27c'est un budget Frankenstein où il y a une cohérence, une ligne directrice ? Si
03:34oui, d'ailleurs, dites-nous laquelle ? Il y a plusieurs encres dans ce budget.
03:39Et la manière dont on a repris la discussion, c'était de dire, d'abord, il faut réduire
03:42le déficit.
03:43Ce n'est pas une lubie, ce n'est pas un dogme.
03:46Vous savez, il y a un homme de gauche, un grand dirigeant français, Pierre Mendès-France,
03:51il disait que quand on est progressiste, quand on est de gauche, on a le double impératif
03:57de bien gérer les finances publiques parce que sinon, derrière, tous les services publics
04:00et ce pour quoi les progressistes se battent est en danger.
04:03Donc, réduire le déficit, c'était un impératif, sortir du surendettement de notre
04:07pays est un impératif.
04:08Donc, c'est déjà, il y a cette cohérence-là.
04:09La deuxième cohérence, c'est que ce ne sont pas les classes moyennes et les classes
04:12populaires qui vont payer la facture.
04:14J'ai écouté, je crois que c'était lundi, vous aviez Dominique Schellcher à votre
04:18micro qui disait de manière assez, je crois, touchante ce qu'il entend dans les magasins,
04:22ce que les parlementaires entendent dans les permanences, ce qu'on entend tous.
04:25C'est une immense anxiété et inquiétude des Français de classe moyenne qui disent
04:28est-ce que c'est nous qui allons voir la TVA augmenter ? Est-ce que c'est nous qui
04:31allons voir l'impôt sur le revenu augmenter ? Est-ce que c'est nous qui allons voir la
04:34petite épargne que l'on a être mieux, plus taxée ? Ça, on a dit non.
04:37Et du coup, la cohérence…
04:38En revanche, vous avez dit oui aux plus riches et aux chefs d'entreprise, on va y venir.
04:41On n'a pas dit oui.
04:42Vous avez dit oui, vous allez payer plus.
04:44Oui.
04:45On a dit que, exceptionnellement, dans un moment exceptionnel, il y avait un effort
04:49exceptionnel, mais il y a en retour un engagement exceptionnel du gouvernement pour que cette
04:54année soit une année pendant laquelle nous réglons un certain nombre de sujets que les
04:57entreprises ont légitimement le droit de poser sur la table.
05:01Les enjeux de simplification, les enjeux de défense industrielle, les enjeux de compétitivité
05:05face aux Etats-Unis, les enjeux de soutien à l'innovation, les enjeux de soutien au
05:10travail.
05:11Vous avez entendu tous les grands patrons qui se sont exprimés, Bernard Arnon, le patron
05:14de Michelin, le patron de Total, le patron du Medef, Patrick Martin, qui disait hier
05:18« c'est pas un bon budget, 13 milliards d'euros de charges en plus pour les entreprises
05:22françaises qui sont déjà les plus chargées au monde, ça ne va pas encourager l'investissement
05:25». Ils estimaient que les entreprises étaient la variable d'ajustement et qu'en fait,
05:29ils doivent payer là où vous ne faites pas d'économies ailleurs.
05:33C'est pour eux, quoi ! Et puis, ils ne croient pas au côté exceptionnel.
05:36Vous dites « ça ne durera qu'un an », mais qu'est-ce qui leur donne l'assurance
05:40que l'année prochaine, vous n'allez pas venir en disant « pardon, mais on va remettre
05:44la surtaxe ».
05:45Vous savez, ces dirigeants d'entreprises, ils sont dans nos bureaux à Bercy, tous
05:48les jours avec Eric Lombard, on leur parle et on travaille.
05:51Je vais leur répondre trois choses que je leur dis dans mon bureau, donc autant que
05:53les Français le sachent, parce qu'il n'y a pas d'agenda caché.
05:56La première chose, c'est oui, on vous demande un effort exceptionnel, oui, il sera exceptionnel
06:01et oui, on va travailler sur le budget 2026 dès la semaine prochaine pour qu'il soit
06:03construit très différemment.
06:04La deuxième chose qu'on leur dit, c'est tous ces enjeux de simplification, d'engagement
06:08européen, de soutien à l'innovation, ce sont des sujets sur lesquels, dans ce budget
06:13et pour la suite, nous ne voulons pas dévier.
06:14Et puis la troisième chose que je leur dis, c'est que l'État fait le plus grand effort
06:20de réduction de son fonctionnement en 2025 depuis 25 ans.
06:25Nous allons réduire la dépense des ministères de 10 milliards par rapport à 2024, c'est
06:31inédit.
06:32Nous allons dans cette année réduire nos achats de 10%, nous allons réduire la dépense
06:37des opérateurs de 5%, nous réduisons la masse salariale utile de 4% et ça, sans toucher
06:41aux services publics.
06:42Parce que vous savez, j'ai été ministre de l'agent public, j'ai été ministre du
06:45service public.
06:46Ce que nous faisons, c'est un plan d'efficacité du fonctionnement.
06:49Nous n'avons pas sorti la tronçonneuse pour rayer d'un trait de plume une politique publique
06:53et par ailleurs, nous n'avons pas, et ça c'est ma conviction, décidé de supprimer
06:57des fonctionnaires comme on compte les bâtons.
06:58Un service public, c'est quoi ? C'est une politique publique que les Français payent
07:03avec leurs impôts et que nous devons rendre plus efficace.
07:05Et donc quand je vois les patrons aujourd'hui, à votre effort exceptionnel, pour les entreprises,
07:10les 500 groupes qui font plus d'un milliard de chiffres d'affaires dans notre pays.
07:12Vous comprenez leur ras-le-bol, ces groupes-là, exprimés par Bernard Arnault, mais aussi
07:20par le patron de Michelin, le patron de Total, quand ils vous disent « nous on voit ce que
07:24fait un Donald Trump en termes de libéralisation de l'économie, on pourrait avoir envie
07:30de partir ». Est-ce que vous les comprenez et qu'est-ce que vous leur dites ?
07:33D'abord, je les écoute et je leur dis deux choses.
07:36Je leur dis d'abord qu'aux Etats-Unis, il y a plein de choses dont on ne parle pas.
07:40Il y a un déficit à 8% dont personne ne parle parce qu'ils ont le dollar.
07:43Il y a un système de santé où ça dépend de vos moyens financiers et c'est pas ce
07:47qu'on a choisi en France.
07:48C'est un pays aujourd'hui où on nous dit qu'on va supprimer l'équivalent du
07:51ministère de l'éducation.
07:52Donc on n'a pas le même modèle, on n'a pas les mêmes choix politiques et je crois
07:55que beaucoup d'ailleurs de patrons l'entendent.
07:57Mais la deuxième chose que je leur dis, c'est que pendant 7 ans, une partie de la dépense
08:03publique dont on parle, et elle a été faite de manière totalement volontariste et assumée
08:07et très positive, elle a été mise sur la table pour protéger nos entreprises, pour
08:12protéger nos salariés.
08:13Si on rembobine le fil, si on revient depuis 2017, qu'est-ce qui s'est passé ? On a
08:18réformé le marché du travail, on a réformé le marché de l'apprentissage, on a protégé
08:22comme nul autre pays nos entreprises pendant la crise Covid, on a fait un plan de relance
08:26et soutient l'innovation et la décarbonation comme nul autre.
08:28Donc vous dites que ça fait 7 ans qu'on est pro-business, c'est à vous de faire
08:30des efforts, c'est ça que vous leur dites ?
08:32Non, c'est pas ça.
08:33Depuis 7 ans, le pays a fait des efforts pour nous transformer et soutenir les entreprises
08:37et les salariés.
08:38Ça a un coût.
08:39Et à un moment donné, le pays, le même, il doit rembourser la facture.
08:41C'est un effort collectif pour notre économie et je crois qu'assez peu de pays ont protégé
08:46les PME, les entreprises, face à la crise inflationniste comme on l'a fait, mais ça
08:50a un coût.
08:51Et aujourd'hui, collectivement, chacun fait un effort et je les remercie, je les remercie,
08:56ces entreprises, de contribuer à cet effort national.
08:58Amélie de Montchalin, vous dites que l'objectif numéro 1, c'est de réduire les déficits.
09:02Vous prévoyez arriver à 5,4 de déficit à la fin de l'année.
09:06L'ancien rapporteur du budget à l'Assemblée nationale, Jean-René Cazeneuve, qui a été
09:10mentionné hier par Dominique Seudy, entre la croissance qui flanche et les dépenses
09:13qui filent, il faut être passé récemment à lourde pour croire à ces chiffres de réduction
09:17du déficit.
09:18Vous êtes passé par lourde récemment ?
09:19Non, mais on est passé, avec Eric Lombard, avec le Premier ministre, on a décidé, et
09:26ça a été annoncé hier aux différents ministères, que nous allions suivre le déroulé
09:31de l'année 2025, ce qu'on appelle l'exécution budgétaire, de manière, je crois, inédite,
09:37pour que nous mettions assez d'argent de côté si des crises arrivent, mais que nous
09:40soyons en capacité de tenir cette cible de 5,4%.
09:43Parce qu'on tire aussi les leçons de ce qui s'est passé l'année dernière.
09:46L'année dernière, ce qui s'est passé, c'est qu'à un moment donné, les recettes,
09:49les impôts ne rentraient plus parce qu'il y avait de la désinflation et du ralentissement
09:51économique, mais inversement, les dépenses, elles, continuaient.
09:54Et ça, on ne doit pas le permettre une deuxième année de suite.
09:56Donc vous allez mettre une équipe dédiée qui va aller vérifier tous les mois, ministère
10:00par ministère, qui tiennent leurs dépenses ?
10:02Nous allons, avec Eric Lombard, réunir et travailler avec tous nos collègues ministres
10:06pour nous assurer que les chiffres qui sont dans le budget soient les chiffres qui, à
10:09la fin de l'année, auront été les dépenses effectives.
10:10Et je pense que c'est un gage à la fois de confiance et de sérieux vis-à-vis des
10:13Français, de confiance et de sérieux vis-à-vis de ceux qui, justement, payent l'impôt,
10:18et de confiance et de sérieux aussi vis-à-vis de nos partenaires européens.
10:20Et vous l'avez dit, la cible, c'est 5,4% de déficit en 2025.
10:24La vraie cible, c'est quand notre dette arrête d'augmenter.
10:27Et ça, ça veut dire qu'on revient à 3% de déficit, ça c'est la cible 2029, et ça
10:32veut dire qu'aussi tout ce qu'on a mis dans ce budget est aussi pensé pour que ça permette
10:36de commencer une trajectoire durable de sortie du désendettement, du sur-endettement.
10:41Allez, on va passer au Standard Inter, où nous attend Milena, question sur un thème,
10:47nous avons beaucoup, beaucoup de questions sur ce thème.
10:49Bonjour Milena, bienvenue.
10:50Bonjour, merci beaucoup de prendre ma question.
10:52Je vous en prie, et on vous écoute.
10:55C'est un point de la parole pour savoir quelle est la décision que le gouvernement va prendre
11:00pour débloquer le financement des 100 000 services civiques rapidement.
11:03A titre personnel, je viens d'avoir une réponse d'un service civique que j'attends depuis
11:06des mois qui s'occupe des femmes en détresse à Paris, et je suis en colère car tout ce
11:11processus s'arrête.
11:12Je voulais savoir quel est le délai du gouvernement pour débloquer et décider le budget pour
11:16les services civiques en 2025.
11:18Parce que tout s'arrête à partir du 1er février.
11:20Merci Milena.
11:21Amélie de Montchalin vous répond, je le redis, beaucoup de questions sur ce thème-là.
11:26Bonjour Milena, d'abord je veux vous féliciter de vouloir vous engager, parce que le service
11:30civique c'est une magnifique mission que 150 000 jeunes chaque année réalisent au
11:35service de grandes causes ou de sujets d'importance sociale.
11:38D'abord, vous félicitez pour ce projet que vous avez pour notre pays.
11:41Ce qui se passe, très concrètement, c'est que quand on n'a pas de budget, on ne peut
11:46pas lancer de nouveaux contrats.
11:48C'est ce que nous dit la Constitution.
11:49Et donc effectivement, on a mis en pause la signature des contrats.
11:52Dès qu'on a un budget, je pense que c'est une question de 3 semaines, 15 jours, 3 semaines
11:57avant que le Conseil constitutionnel valide ce budget, et bien on pourra évidemment valider
12:01les contrats.
12:02Donc votre contrat pourra probablement commencer au 1er mars.
12:03Mais je veux dire ici un point.
12:04Hier j'étais aux questions au gouvernement, et notamment les insoumis m'ont posé cette
12:08question en me disant « c'est quand même incroyable, vous bloquez la vie du pays ».
12:12Et je leur ai dit « mais vous savez, on ne vit pas dans le même monde ». Le monde
12:15qui est le vôtre, les insoumis, c'est le monde où au fond le blocage, c'est la censure,
12:19c'est une péripétie politique, vous faites de la vie des Français un décor de votre
12:22fiction politique.
12:23Non, on ne peut pas vivre sans budget.
12:25Et non, dans la Constitution qui est la nôtre, dans la loi spéciale qui est la nôtre, dans
12:29ce service minimum qui est imposé par l'absence de budget, malheureusement, comme le service
12:34civique, on a un enjeu.
12:35Mais je tiens à rassurer tous les acteurs, le budget pour le service civique qui a été
12:39décidé par les sénateurs et par les députés, il est de 580 millions d'euros.
12:44C'est-à-dire qu'il permet de financer 150 000 contrats, exactement comme en 2024.
12:48Amélie de Montchalin, beaucoup de questions sur la PIDE Inter des auto-entrepreneurs.
12:53On a plein qui nous posent des questions.
12:55Il y en a un au téléphone.
12:56Je vous lis rapidement.
12:57Stéphane, et la TVA qui passe à 25 000 euros pour les micro-entreprises, ce n'est pas
13:00les classes moyennes qui vont payer.
13:01Annabelle, pourquoi avoir baissé le seuil d'assujettissement de la TVA de 37 500 à
13:0725 000 euros, vous condamnez des milliers d'auto-entrepreneurs à augmenter leurs tarifs
13:11ou à baisser leurs marges déjà faibles ?
13:13Même question de Gérard.
13:14Quel est votre avis sur le changement du seuil de TVA des auto-entrepreneurs qui est passé
13:18pour lui de 85 000 à 25 000 ? Quand des grands groupes font des dividendes, est-il normal
13:22de saigner et de conduire à la rupture les artisans auto-entrepreneurs ? Il y en a des
13:26Kyrielles comme ça !
13:27Et Julien, au standard, bonjour !
13:29Oui, bonjour à tous les trois.
13:32Bonjour Léa, bonjour Nicolas et bonjour Madame la Ministre.
13:34Je voulais absolument rebondir effectivement sur ce point que vous vous apprêtez à faire
13:38passer en silence, parce que personne n'en parle.
13:41Merci à vous ce matin de lever le sujet et qui va avoir un impact sur 200 000 Français.
13:45C'est cet abaissement du taux du plafond de TVA à 25 000 euros pour les micro-entreprises,
13:51ce qui va avoir deux conséquences directes en fait.
13:54Nous allons être contraints de devoir répercuter 20 % sur nos tarifs, ce qui fait qu'on va
13:57perdre en compétitivité par rapport aux grandes entreprises et ça va aussi considérablement
14:04alourdir la gestion et la comptabilité de ces petites structures qui avaient aujourd'hui
14:09cet avantage d'avoir un modèle de fonctionnement simple.
14:11Donc pourquoi aujourd'hui faire payer à tous ces gens-là qui en plus font des petits chiffres
14:16d'affaires et qui travaillent beaucoup à travers ces mesures que vous prenez, évidemment
14:20sans avoir consulté les intéressés ?
14:22Merci à tous les trois.
14:24Merci à vous Julien pour cette question.
14:27Amélie de Montchalin vous répond.
14:28Merci à tous et je crois qu'effectivement il faut qu'on mette les choses à plat parce
14:32qu'il y a depuis quelques jours beaucoup d'informations et je crois beaucoup d'anxiété
14:36qu'il faut qu'on arrive à planir.
14:38Cette mesure est en débat depuis plusieurs mois et ce n'est pas quelque chose qui a
14:41été fait dans le dos des Français, entre les députés et les sénateurs, dans une
14:45pièce où le gouvernement n'était pas.
14:48Aujourd'hui d'ailleurs, les questions le montrent, il y a huit seuils différents de
14:52déclarations de TVA selon votre statut, selon votre secteur et vous savez, on nous demande
14:57souvent de la simplification sans détune.
14:59Après, j'ai deux choses à dire.
15:00Le premier élément, c'est que nous avons un énorme projet de simplification des déclarations.
15:07Il s'appelle la facturation électronique qui est l'équivalent du prélèvement à
15:09la source mais pour les petites entreprises, pour que les déclarations de TVA soient pré-remplies
15:13et que ce que dit votre auditeur à savoir que ça va être encore de la paperasserie,
15:17l'année prochaine ça soit résolu.
15:18Ensuite, il y a un élément de concurrence qui se produisait entre, selon le régime
15:24fiscal, le régime d'entreprise que vous choisissiez, avec les règles qui existaient
15:28jusqu'à il y a quelques temps, vous aviez une forme de concurrence un peu déloyale
15:31entre acteurs.
15:32Ce seuil permet de remettre tout le monde à égalité.
15:34Oui, mais il y en a qui vont trimer.
15:36Reconnaissez qu'il y a des auto-entrepreneurs qui font des marges minimales qui vont devoir
15:40payer beaucoup plus.
15:41Peut-être que certains prix vont augmenter.
15:44Mais j'assume une chose, c'est que dans notre pays, à un moment donné, de la complexité
15:48naît beaucoup de différences entre les acteurs, potentiellement des choses un peu déloyales.
15:52Et surtout, une partie de ce qu'on cherche à faire, c'est qu'on redonne à notre
15:57pays de la lisibilité.
15:58Donc cette mesure, elle n'est pas pensée pour taxer.
16:01Vous seriez auto-entrepreneur aujourd'hui ?
16:03Ça veut peut-être dire que les prix vont augmenter.
16:06Vous voyez les boules.
16:07On l'entend et on le voit.
16:08Ça veut peut-être dire qu'effectivement, certains vont devoir changer leur manière
16:11de fonctionner.
16:12Mais ce que j'entends aussi, c'est que dans notre pays, à un moment donné, il faut faire
16:16des choses qui soient lisibles.
16:17Et je crois qu'avec huit taux de TVA et de déclarations différentes, c'était plus
16:20lisible.
16:21Et je crois que l'effort que nous faisons pour que ces déclarations TVA soient pré-remplies
16:24et qu'elles puissent être faites de manière quasi-automatique dans les prochaines années,
16:28c'est un engagement que je prends aussi vis-à-vis de ces acteurs.
16:31Question de Fabien sur l'appelé d'Inter.
16:33Pourquoi vous faites exploser les frais de notaire qui déjà sont immenses ?
16:36On ne fait pas exploser les frais de notaire.
16:39C'est dans l'accord qui a été trouvé entre collectivités au Sénat.
16:42Un certain nombre de départements qui ont des très grandes difficultés financières
16:45pour assumer leurs dépenses, notamment pour le vieillissement, pour le handicap, pour
16:49l'autonomie, ont demandé le droit de pouvoir le faire voter dans leurs entendues de 0,5%.
16:56Sauf pour les primo-accédants qui sont exclus de cette potentielle hausse qui est à la
17:02main des départements.
17:03Vous savez, on est dans un pays où on parle beaucoup de décentralisation.
17:06Mais là aussi, ça touche les classes moyennes, vous dites ?
17:07On est dans un pays de décentralisation.
17:10Ce n'est pas à Paris qu'on décide le niveau des frais de notaire.
17:14Un certain nombre de départements nous ont demandé le droit de le faire.
17:17Ce sont les présidents de départements qui, là où ils sont, et je pense qu'il y a beaucoup
17:20de départements qui ne mettront pas en place cette hausse, qui proposeront et auront le
17:25débat local de leur niveau de fiscalité.
17:27Marie, tout le monde doit faire des efforts, sauf les ex-présidents et premiers ministres.
17:31Ils devaient voir leurs avantages supprimés.
17:33François Bayrou les a remis finalement.
17:34Ça coûte chaque année 3 millions d'euros par an pour les anciens premiers ministres
17:38et les anciens présidents.
17:39Ce n'est pas François Bayrou qui a remis quoi que ce soit, ce sont les députés et
17:43les sénateurs qui, ensemble, ont effectivement choisi de ne pas faire cette réforme dans
17:47le budget.
17:48Peut-être dire quelque chose ?
17:49C'était une décision des sénateurs qui avaient dit qu'ils l'avaient fait voter.
17:54Ce régime, je n'ai pas de tabou sur le sujet, il a été changé en 2019.
17:58En 2019, ça veut dire qu'aujourd'hui, ceux qui sont parlementaires, je pense à
18:01François Hollande, à Elisabeth Borne, à Gabriel Attal, ils n'ont pas ces avantages.
18:04C'est un décret de 2019 qui a été pris à l'époque pour rationaliser les choses.
18:08Ce que j'ai à dire, c'est que beaucoup de ces dépenses sont liées à de la sécurité.
18:11Et je pense que dans notre pays, ceux qui ont été les anciens présidents, les anciens
18:14premiers ministres…
18:15Le chauffeur et le secrétariat, ce n'est pas…
18:16Le chauffeur, c'est associé souvent à une mesure de protection de sécurité parce
18:20que si ces hommes et ces femmes sont agressés, c'est la France qui est agressée.
18:22Donc, il y a des choses qui ne sont pas superflues.
18:24Moi, je n'ai aucun problème que les parlementaires remettent le sujet sur le métier, mais là
18:28aussi, je voudrais dire quelque chose.
18:29Le budget, ce n'est pas l'endroit où on fait les réformes.
18:31Le budget, c'est là où on les intègre.
18:33Donc, si en 2025, il y a un travail sur le sujet, on mettra la réforme en 2026.
18:37Vous voyez, ce n'est pas dans une pièce où il y a 7 députés et 7 sénateurs qu'on
18:42fait ce genre de réformes.
18:43Vous souhaitez ? Vous le voit-il personnellement ?
18:44Moi, je n'ai pas de problème avec les réformes, vous savez, je pense qu'il faut
18:46juste faire les choses de manière apaisée, de manière rationnelle.
18:49Et s'il y a des enjeux de sécurité, on les paye, s'il y a des choses qu'il faut
18:52faire évoluer, on les fait évoluer.
18:53En 2019, ça a évolué.
18:54Vous voyez, je ne viens pas devant vous en disant mordicus, tout oui, tout non.
18:58Et notre démocratie, elle s'honore aussi à pouvoir organiser ce genre de débats de
19:01manière calme et posée.
19:03Amélie de Montchalin, ceux qui veulent changer de fenêtre ou isoler leur toiture, vous leur
19:07dites quoi ce matin ? Que l'écologie, c'est une autre variable d'ajustement de ce budget,
19:13que les crédits de MaPrimeRénov' baissent de 460 millions, les crédits de la mission
19:19écologie baissent de 2,1 milliards ?
19:21Je leur dis que c'est tout l'inverse, que ce sont des dépenses essentielles à notre
19:27existence même, on l'a vu à Mayotte.
19:29Ce que je peux dire sur MaPrimeRénov', c'est que ce qui coûte cher à MaPrimeRénov',
19:33ce n'est pas la réforme du gouvernement, puisqu'il n'y a pas de réforme.
19:35On ne change pas les paramètres et les aides seront les mêmes en 2025 qu'en 2024.
19:38En revanche, ce qui coûte très cher, c'est qu'en janvier et février, on ne peut pas
19:41payer MaPrimeRénov'.
19:42Donc on est en train de prendre du retard parce qu'on n'a pas de budget.
19:45Les centaines de millions d'euros dont vous parlez sont le constat du retard qu'on est
19:49en train de prendre.
19:50Mais je tiens à rassurer les Français, ceux qui veulent continuer de rénover leur maison
19:54et leur logement, et c'est une très bonne chose pour eux et pour notre pays, ces hommes
19:58et ces femmes peuvent continuer à le faire, simplement que ça reprendra là aussi quand
20:02on aura un budget.
20:03Lise ?
20:04Lise, oui, bonjour.
20:05Et le pass culture qui disparaît en 24 heures, anéantissant en un claquement de doigt une
20:12multitude de projets culturels dans les établissements scolaires, pour l'interrogation, Lise, sur
20:18l'application Radio France ?
20:19Il ne disparaît pas, on précise, mais vous avez mis fin à la part collective du pass
20:23culture pour l'année scolaire en cours, en invoquant des raisons budgétaires, si c'est
20:26ça ?
20:27Non plus.
20:28Je vais vous dire ce qu'a répondu Elisabeth Borgnier à l'Assemblée, parce que là aussi,
20:29il y a de la confusion.
20:30Et c'est normal, c'est notre rôle de ministre.
20:31Et surtout, il y a des directeurs d'établissements qui vous disent que toutes les sorties culturelles
20:35prévues pour l'année, elles sont paralysées.
20:36Donc, on va reprendre les choses là aussi, on doit aux acteurs et aux Français de la
20:40clarté.
20:41L'année dernière, le budget de ce pass culture pour que les classes puissent faire
20:45des sorties a été prévu à 62 millions.
20:49Ça a été plus de 90 millions qui ont été engagés, ce qui veut dire que le ministère
20:52a accompagné beaucoup plus de projets que prévu.
20:54Elisabeth Borgnier avait proposé 72 millions d'euros pour l'année.
20:57Il se trouve que là, vous voyez, on est le 3 février, il y a déjà 50 millions d'euros
21:00qui ont été engagés.
21:01Donc, ce qu'a dit Elisabeth Borgnier, c'est qu'on fait juste une pause pour s'assurer
21:04que tous les projets, évidemment, qui ont été validés, seront bien payés.
21:09On relance la dynamique, mais on explique à tout le monde que le budget, il y a un
21:12budget.
21:13Donc, évidemment, les projets ne seront pas infinis.
21:16Mais ce qui est formidable, c'est que grâce à cet outil, que beaucoup d'ailleurs ont
21:20décrié, je tiens à le dire, on a une pratique culturelle dans les classes et les établissements
21:24qui est très forte.
21:25Elisabeth Borgnier a expliqué que la plateforme serait réouverte dans les prochains jours.
21:29Simplement qu'il faut s'assurer qu'on a bien les moyens de payer.
21:32Donc, là aussi, pas d'inquiétude.
21:34Elisabeth Borgnier l'a dit hier à l'Assemblée, c'est une politique d'encouragement à l'ouverture
21:38culturelle, à l'émancipation et à l'accès à la culture que nous voulons, évidemment,
21:42encourager.
21:43Un dernier mot sur la conjoncture économique française.
21:45L'année 2025 sera-t-elle plus dure que 2024 ? Sur le front de l'emploi, sur le plan de
21:52la croissance, ça va être difficile ?
21:54Vous savez, la première décision que le Premier ministre a prise avec Eric Lombard
21:57et moi, c'est d'acter que les incertitudes et que la conjoncture étaient moins bonnes,
22:03puisque nous avons dû réviser la prévision de croissance à 0,9% de croissance en 2025.
22:08Là où le précédent gouvernement, quelques mois avant, attendait encore 1,1%.
22:10Donc, ce n'est pas un scoop, mais si on regarde, toute l'Europe est en très grande difficulté.
22:15L'Allemagne était en récession en 2024, nous, la France, on a fait un peu plus de
22:191% de croissance.
22:20L'Allemagne est à 0,4%, ce qui nous freine aussi, parce que quand l'Allemagne ne va pas
22:23bien, on ne va pas bien non plus.
22:24Il y a effectivement une dynamique de l'emploi qui n'est pas bonne.
22:27Mais ce que je tiens à dire, c'est qu'aujourd'hui, quand vous écoutez les patrons de PME, les
22:29grandes entreprises, les artisans, les auto-entrepreneurs, ce qui aujourd'hui pèse énormément sur
22:34notre croissance, c'est cette incertitude.
22:36Le budget, ça ne va pas miraculeusement faire doubler la croissance, mais ce qui est sûr,
22:40c'est que si on continue son budget, et c'est pour ça que la stabilité politique, elle
22:44permet aussi une forme de relance économique, eh bien nous aurions été encore pire.
22:48Notre but, c'est de soutenir l'activité, d'accompagner les entreprises et c'est effectivement
22:52de sortir de cette phase qui a été très anxiogène pour tout le monde.