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00:00Il est 8h14, d'ici eux, c'est un très bon début de journée, ravi de vous accompagner en ce mercredi matin.
00:04Le BTP en crise, 2025, s'annonce d'ailleurs très compliqué.
00:08On en parle ce matin avec Cyril Chartier, président de la Fédération du BTP dans Lyon.
00:13Il répond à vos questions, Thierry Boulan.
00:15Bonjour Cyril Chartier.
00:16Bonjour.
00:17Alors, on parle de ce ralentissement dans le secteur du bâtiment et des travaux publics,
00:20un ralentissement qui a déjà commencé l'an dernier.
00:23À quoi il est dû ce ralentissement ?
00:25À quoi il est dû ?
00:27C'est vrai que si vous voulez, quand on regarde rétrospectivement ce qui s'est passé depuis 2020 et ces années Covid,
00:322020, 2021, 2022 ont été des années difficiles.
00:372023 ont été des années qui ont permis à la profession de revenir avec des niveaux de prix actualisés en retrouvant leurs marges.
00:45Et bien évidemment, cette fenêtre a été de courte durée puisque là, on se retrouve dans une période entre guillemets de récession
00:53et essentiellement due par le secteur de la crise du logement qui couvre.
00:58Donc, ça a commencé par le logement individuel, le logement collectif.
01:02On est vraiment sur des secteurs qui sont complètement embernés à faune.
01:05Justement, ces artisans qui sont spécialisés dans la construction de logements, quand les commandes se tarissent, qu'est-ce qu'ils font ?
01:13Alors, il y a deux regards à avoir là-dessus.
01:16Il y a effectivement le cas du logement individuel où on est sur des structures type artisanal ou TPE,
01:22où effectivement, vous pouvez le voir au quotidien, il ne se montre plus de petits lotissements, de petits pavillons puisqu'il y a plusieurs sujets.
01:30Effectivement, les discours ont été orientés en disant que les taux d'intérêt faisaient que les gens ne pouvaient plus accéder à la propriété.
01:36C'est faux.
01:38Si les gens ont un peu de mémoire, il y a 25-30 ans, on achetait à des taux supérieurs à 5-6 %.
01:44La seule contrainte, c'est qu'aujourd'hui, on a des trains de vie beaucoup plus coûteux.
01:48Et il est aussi à souligner que le coût de la construction d'un pavillon équivalent entre 2019 et aujourd'hui, on s'aperçoit qu'il y a un coût de 25-30 % supérieur.
02:01Ce qui fait aussi une barrière dans les projets immobiliers des commandes des particuliers.
02:06Donc là, les premières structures ont impacté, ce que je disais, les artisans, les TPE.
02:12Et ce qui est aussi à noter, c'est que ces structures-là avaient une activité qui était à 80-90%, voire 100% sur ce type de chantier.
02:24Quand ce type de chantier-là s'arrête, c'est leur activité qui s'arrête, c'est leur trésorerie qui est à plat.
02:29Et c'est des gens qui se retrouvent sans travail, avec des petites structures qui n'existent plus, qui ont fondu.
02:36Et d'ailleurs, quand on regarde les dépôts de bilan ces derniers temps, ce sont les premières structures qui ont été impactées.
02:42Ce sont toutes ces structures artisanes, TPE, qui étaient axées sur la construction de logements individuels.
02:48Après, pour les structures un peu plus importantes, elles ont, elles, la capacité de se réinventer et d'aller sur d'autres secteurs.
02:55Ce que les petites structures n'ont pas.
02:57Pour les routes, par exemple ?
02:59Pas pour les routes, mais sur des gros chantiers de rénovation, de réhabilitation, en fait.
03:06Et donc, comme ça, elles peuvent, elles, s'en sortir.
03:12Ce coup de moins bien, ça veut dire aussi qu'on a de moins en moins recours à l'intérim, puisque l'intérim, c'est souvent un moyen d'ajuster ses effectifs ?
03:23C'est la première variable, effectivement.
03:25Le travail temporaire, forcément, même si on a commencé à avoir un impact sur 2024, je pense que le plus dur est à venir.
03:36Ici, au Serre, il est 8h17, Cyril Chartier, président de la fédération du BTP dans l'Yonne, est notre invité ce matin.
03:42Alors, pas d'intérim, mais si cette crise, si ce ralentissement continue, il pourrait y avoir aussi des licenciements ?
03:49Oui, on n'en est pas là, mais si vous voulez, ces dernières années, on a toujours été à dire qu'on avait de gros problèmes de recrutement.
03:58C'est vrai que sur l'ensemble des structures, que ce soit à l'échelle départementale, régionale, le discours, elle-même,
04:04c'est qu'on a du mal à trouver des compétences, du savoir-faire, et simplement des personnes avec du savoir-être.
04:12Et il était noté que l'ensemble des structures était plutôt à la recherche de profils.
04:19Donc, on servait un petit peu de l'intérimaire pour pallier à cette déficience de profils,
04:28mais l'intérimaire ne faisait pas tout, bien évidemment, et que pour certaines structures, la formation était de mise, était de rigueur.
04:40Et beaucoup de structures, enfin, je parle pour mon cas personnel, on a 10 jeunes en alternance chaque début d'année,
04:47parce qu'en fait, on mise sur cette formation et formait nos professionnels de demain.
04:51Puisqu'il est à noter qu'étrangement, on ne les a pas sur le marché du travail.
04:56Moins d'intérimaire, peut-être des licenciements, en tout cas quand vraiment les entreprises sont prises à la gorge,
05:04des dépôts de bilan aussi ? On en recense déjà ?
05:07Oui, tout à fait, oui.
05:08Beaucoup ? Vous avez un ordre d'idée ?
05:10Alors, l'ordre d'idée, je peux vous donner un chiffre au niveau national, puisque apparemment on a dépassé les 60 000 sur 2024.
05:20Après, sortir vraiment des chiffres au niveau de la profession, je n'ai pas ce chiffre-là,
05:25parce que c'est encore un peu tôt et ça demande un travail, je pense, conséquent.
05:31De la statistique, oui.
05:32Simplement, ce que je peux vous dire, c'est qu'Olivier Salon, le président de la FFB, avait noté d'ici 2023,
05:40il avait tiré effectivement ce signal d'alarme, en disant que l'année 2024 et le premier semestre 2025 allaient générer la casse de 150 000 emplois.
05:52Sauf qu'on ne l'a pas vraiment senti de la sorte en 2024, mais on commence à le sentir en 2025.
05:59Donc, en fait, on a un décalage sur ce qui a été annoncé et je crois que l'année dernière, en termes de casse d'emploi,
06:05on est entre 40 000 et 50 000 pertes d'emploi sur le secteur du BTP.
06:09En une minute, s'il y avait une mesure d'urgence à prendre pour donner un coup de pouce,
06:16ou en tout cas pour aider les entreprises du BTP à surnager dans ce contexte, quelle serait cette mesure ?
06:23Après, s'il vous plaît, il y a déjà le vote du budget qui est aujourd'hui d'une importance cruciale.
06:30Il va donner de la visibilité aux collectivités locales qui sont aussi des clients.
06:33Qui sont dans l'attente et j'expliquais à un de vos collègues hier qu'effectivement,
06:41trop d'acteurs sont dans le flou et dans l'expectative aujourd'hui et suspendus au gouvernement.
06:47Et comme vous regardez, la commande publique aujourd'hui, elle est à zéro.
06:52Bien évidemment, on sort sans, on sort au cerf, on sort les communautés d'agglomération et un degré moins de Joigny-Saint-Florent-Aintonnerre.
06:59Mais simplement, la commande publique, elle est à zéro.
07:02Voilà, c'est le gros problème que l'on ressent alors qu'on est en fin de mandat pour les municipales
07:08et que c'est toujours sur ces deux dernières années où on lâche les chevaux.
07:12Et là, les chevaux sont toujours aux écuries.
07:14Merci Cyril Chartier.
07:15Je rappelle que vous êtes le président de la fédération du BTP dans Lyon.
07:18Merci d'avoir été avec nous et de nous avoir éclairé ce matin.
07:22Merci beaucoup.

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