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Le ministère de l'Intérieur a dévoilé ses chiffres sur l'immigration pour 2024. Sur l'année, la France a délivré plus de titres de séjour qu'en 2023, mais elle a également réalisé plus d'expulsions et a reçu moins de demandes d'asile que l'an passé. En effet, 336.700 premiers titres de séjour qui ont été délivrés l'année dernière, soit une hausse de 1,8 % par rapport à 2023, tandis que les expulsions ont bondi de 26,7 % avec 21.601 reconduites au total. Didier Leschi, directeur général de l'Office français de l'immigration et de l'intégration est l'invité pour tout comprendre dans RTL Soir.
Regardez L'invité pour tout comprendre avec Yves Calvi du 04 février 2025.

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Transcription
00:00Il est 18h44, bonsoir Didier Leschi, merci de nous rejoindre sur RTL, vous dirigez l'office français de l'immigration et de l'intégration.
00:10Le ministère de l'Intérieur a publié aujourd'hui son rapport annuel sur l'immigration.
00:14Bruno Retailleau s'est fixé l'objectif de réduire le nombre d'étrangers en situation irrégulière dans le pays.
00:19L'immigration reste un sujet brûlant bien entendu, on se souvient des récents propos de François Bayrou sur le sentiment de submersion.
00:26Vous nous confirmez une hausse de près de 27% du nombre de clandestins expulsés en 2024 ?
00:31Oui tout à fait, on a une hausse sensible, même importante, près de 27% de personnes qui sont éloignées,
00:40c'est-à-dire des personnes qui ont été contraintes de partir mais aussi des personnes qui ont décidé par elles-mêmes,
00:47sans doute parce qu'elles ont compris que la fermeté était là, ont décidé de partir
00:52et on a ce qu'on appelle une augmentation des départs aidés, plus 61%,
00:58et une augmentation des départs spontanés, plus 66% dans ce volume global d'augmentation des éloignements.
01:05Justement le ministre de l'Intérieur dit se réjouir de ces résultats grâce à la politique de fermeté qu'il mène actuellement avec le garde des Sceaux.
01:13C'est un vrai changement ?
01:16En tout cas c'est une évolution notable, déjà le précédent ministre de l'Intérieur avait décidé d'accentuer la politique de retour
01:25et là on voit qu'elle augmente et en particulier je pense que les personnes entendent les discours
01:32et comprennent que leur situation dans l'illégalité va être de plus en plus difficile,
01:38d'où l'acceptation de l'aide de retour aidée qu'organise l'OFI ou les éloignements spontanés
01:46puisque quand on a une obligation de quitter le territoire français, vous savez qu'on a 30 jours pour l'exécuter soi-même.
01:52Quand on veut réduire l'immigration, quelle est la première mesure à prendre ?
01:56Quand on veut réduire l'immigration, il y a des dispositions, des tuaux en fonction des items.
02:06On a toujours ce débat sur l'immigration familiale qui a légèrement baissé mais avec des conditions très précises.
02:14On a une immigration étudiante qui reste assez forte mais elle peut avoir un intérêt, plus de 109 000 personnes
02:23et bien évidemment un des facteurs de l'immigration et qui après peut générer des personnes dans une situation irrégulière,
02:30c'est la demande d'asile et elle a baissé de 5,5 % tout en étant à un niveau très élevé, plus de 150 000 demandes.
02:38Mais ça commence par limiter les titres de séjour ?
02:44Non, ça commence par limiter l'accès aux titres, pas limiter les titres,
02:49encore qu'on peut décider dès lors que les personnes ne s'intègrent pas et c'est l'objet de la dernière loi qui a été votée
02:57qu'à partir d'un certain nombre d'années, en l'occurrence trois ans,
03:00une personne qui n'a pas fait l'effort d'apprendre le français, qui n'est pas insérée sur le plan économique,
03:05on ne lui renouvelle pas son titre de séjour et on lui indique qu'elle doit repartir.
03:10Ce sont prioritairement des titres d'étudiants devant les motifs familiaux, vous nous le confirmez ?
03:15Oui, absolument, 109 000 titres étudiants, c'est à peu près la même chose que l'année dernière
03:23mais c'était déjà notable qu'on a une immigration étudiante qui est beaucoup plus élevée que l'immigration familiale
03:30qui elle baisse légèrement autour de 90 000 personnes.
03:34Une migration qui vient essentiellement du Maghreb, vous nous le confirmez, que ce soit d'Algérie, Tunisie, Maroc ?
03:41Bien sûr, ces trois pays à eux seuls font 89 000 nouveaux titres de séjour
03:46et qui viennent s'ajouter aux titres permanents et c'est là aussi les nationalités du Maghreb qui sont en tête, nous le savons.
03:5737 000 Marocains en plus, 29 000 Algériens en plus, 22 000 Tunisiens en plus, c'est ça les principales nationalités.
04:08Après, on peut avoir des Chinois ou des personnes qui viennent des Etats-Unis, en particulier des étudiants
04:16mais ils sont beaucoup moins nombreux que les Maghrebains.
04:19Didier Leschi, j'ai été très surpris de ce chiffre, au 31 décembre, on dénombrerait 4 300 000 titres de séjour valides en France.
04:30Vous nous le confirmez ?
04:31Oui, absolument, il faut bien comprendre qu'il ne faut pas confondre immigrés et titres de séjour.
04:37Un immigré, c'est quelqu'un qui est né étranger à l'étranger mais ça peut correspondre encore à des Portugais, à des Italiens, à des Espagnols.
04:44L'ancienne immigration avec des personnes qui, en général, sont assez âgées, c'est les vagues des années 60-70 pour les Portugais.
04:53Mais oui, on a une très forte augmentation de ce qu'on appelle les ressortissants de pays tiers, c'est-à-dire qui ne sont pas des pays européens
05:01et depuis un certain nombre d'années, en particulier depuis 2007, on est passé de 2 millions à plus de 4 millions, oui.
05:09Les régularisations sont en baisse de 10%, c'est la première fois depuis 2020, ça veut dire quoi ?
05:15Que les critères ont changé, ont évolué ?
05:19Alors, les critères n'avaient pas encore évolué mais l'attention a été demandée en ce qui concerne, au préfet, en ce qui concerne l'insertion réelle
05:27et on voit bien que parmi ceux, les thèmes de régularisation qui ont diminué, il y a le rapport au travail qui est important.
05:35Mais ce qu'on peut comprendre, c'est-à-dire que dès lors qu'on a une situation économique,
05:39où par exemple on a de nouveau, malheureusement, une augmentation du chômage, des faillites d'entreprises,
05:45des secteurs qui, et c'est malheureux, ont utilisé pendant très longtemps des personnes en situation irrégulière,
05:53je peux penser au bâtiment qui est à l'arrêt, du coup les personnes ne sont pas en situation de travail
05:58et du coup ne peuvent bénéficier de la procédure de régularisation.
06:02Et l'actuelle ministre de l'Intérieur a demandé au préfet d'augmenter le délai à 7 ans,
06:09de passer de 5 ans à 7 ans de présence sur le territoire.
06:12Ça a toujours été une discussion, le délai choisi.
06:15Je rappelle que la loi Chevènement en 1997-98 avait fixé 10 ans,
06:20parce que 10 ans, c'est ce dont peut bénéficier un Algérien qui est en situation irrégulière en France.
06:26Au bout de 10 ans, il doit être régularisé.
06:28C'est l'accord dont on discute beaucoup de décembre 1968 qui le prévoit.
06:32Le ministre Bruno Retailleau a eu cette formule, la régularisation n'est pas un droit.
06:36Est-ce que c'est effectif aujourd'hui ?
06:38De toute façon, la régularisation n'est jamais un droit.
06:41C'est une appréciation de l'administration en fonction de votre situation personnelle.
06:47Le droit automatique, c'était justement ce qu'il y avait en 1998.
06:52Ce qui peut exister, comme je viens d'indiquer, pour les Algériens,
06:56qui ont un droit automatique à la régularisation,
06:59dès lors qu'ils font la preuve qu'ils sont là depuis 10 ans.
07:02Ça fait partie des bénéfices qui sont actuellement discutés
07:07et qui font qu'ils sont mieux traités que d'autres nationalités.
07:10Didier Leschi, le nombre de demandes d'asile baisse globalement en UE.
07:14Est-ce que l'on sait pourquoi ?
07:17Elle baisse globalement, d'abord parce qu'on n'a pas les chiffres exacts,
07:23mais il y a une baisse de la demande syrienne.
07:27Il y a d'autres nationalités qui n'ont pas pu traverser la Méditerranée à partir de l'Italie,
07:35entre la Tunisie et l'Italie, puisque là on a une baisse de plus de 60%
07:40des passages en Méditerranée centrale.
07:43Cette baisse n'est pas compensée par une augmentation des passages
07:48du côté de ce qu'on appelle la Méditerranée occidentale,
07:50c'est-à-dire l'Espagne et les Canaries.
07:54Voilà, c'est ça sans doute l'explication.
07:56On va avoir les chiffres stabilisés,
07:59mais il y a une baisse aux alentours de 7-8%, 10%.
08:03Merci beaucoup de toutes ces précisions, Didier Leschi,
08:06directeur général de l'Office français de l'immigration et de l'intégration.
08:10Dans un instant, nous retrouvons Marc-Antoine Lebray.

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