Le 3 février, le Sénat examinait en séance le projet de loi d’urgence pour Mayotte. Présenté en Conseil des ministres le 8 janvier 2025 et adopté par l’Assemblée nationale le 22, ce texte prévoit des mesures d’urgence. Il doit permettre de répondre aux besoins de l’archipel qui fait face aux conséquences dévastatrices du cyclone Chido qui s’est abattu sur Mayotte le 14 décembre 2024. Un second projet de loi, intitulé “Mayotte debout”, qui doit traduire les annonces de François Bayrou lors de sa visite sur l’archipel en décembre, est à l’étude et devrait être examiné dans le courant de l’année 2025 par le Parlement. En séance, les sénateurs n’ont pas rétabli l’article 10, supprimé à l’Assemblée nationale, qui prévoyait de rendre plus faciles les expropriations et contre lequel les Mahorais s’étaient insurgés. Revivez les débats. Année de Production :
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00:00:00Bonjour à tous, bienvenue dans 100% Sénat.
00:00:13Aujourd'hui, la rédaction vous propose de revoir l'examen du projet de loi d'urgence
00:00:17pour la reconstruction de Mayotte après le passage du cyclone Chido.
00:00:21C'était ce lundi au Sénat, une séance sous tension, certains élus jugent le texte insuffisant.
00:00:27Autre point de crispation, celui concernant le bilan humain.
00:00:31Les esprits se sont échauffés entre Manuel Valls et des élus de gauche
00:00:34qui considèrent que le nombre de personnes décédées est minimisé par le gouvernement.
00:00:38Mais le ministre des Outre-mer l'assure, il n'a rien à cacher.
00:00:42C'est tout de suite sur Public Sénat.
00:00:44Rahachiri, nous sommes vigilants.
00:00:47La devise maoraise traduit parfaitement mon sentiment actuel.
00:00:52Je suis rentré de Mayotte samedi matin.
00:00:56Avec lucidité, je peux dire que nous dirigeons progressivement
00:01:01vers une sortie de la phase d'urgence vitale.
00:01:05Des difficultés réelles persistent et nous faisons surtout face à de fortes et impérieuses exigences.
00:01:12Je suis donc lucide, mais il ressort de mes échanges avec les élus et la population
00:01:19que l'accès à l'eau, à l'électricité ou à la nourriture s'est vraiment amélioré,
00:01:25sans négliger évidemment les problèmes qui subsistent.
00:01:29L'objectif de rétablissement de l'électricité à 100% au 31 janvier a été tenu.
00:01:35La rentrée scolaire a démarré dans des conditions évidemment très difficiles,
00:01:39mais l'engagement des personnels éducatifs et des renforts de sécurité civile a permis de l'organiser.
00:01:45Nous n'avons rien éludé, je me suis rendu avec la ministre d'Etat Elisabeth Borne
00:01:48au collège de Chiconnie par exemple, détruit à 80% par le cyclone Chido.
00:01:55Des tentes sont positionnées et les cours reprendront aujourd'hui même.
00:01:59182 écoles sur 221, 28 collèges et lycées sur 33 ont pu rouvrir
00:02:06et trois établissements supplémentaires ouvriront donc cette semaine.
00:02:11Ce matin, les 300 migrants qui occupaient le collège de Coalé ont été enfin évacués.
00:02:18En matière de déchets, beaucoup reste à faire,
00:02:21mais l'installation de stockage des déchets non dangereux de Dumounier,
00:02:25que j'ai pu visiter, fonctionne à plein régime et accueille 340 tonnes de déchets journaliers.
00:02:30Il s'agit d'évacuer 6000 tonnes désormais.
00:02:33L'objectif d'achever le traitement des déchets ménagers dans un mois reste un immense défi.
00:02:39Nous allons expérimenter cette semaine même le brûlage selon un mode opératoire
00:02:43visant à préserver l'environnement et la santé.
00:02:46En matière d'accès aux soins, 5 dispensaires sur 7 sont rouverts,
00:02:51notamment celui de Monsomboro, sur lequel je m'étais engagé lors de ma première visite fin décembre.
00:02:57J'ai pu le constater de mes yeux vendredi.
00:03:00Ces avancées sont dues bien sûr aux agents de l'État et en premier lieu au préfet François-Xavier Bieuville,
00:03:05aux volontaires et aux bénévoles mobilisés,
00:03:08mais surtout à l'impressionnante résilience des Mahorais que j'ai rencontrés.
00:03:13La population, évidemment, courageuse et forte après avoir été mise à rude épreuve,
00:03:19et ce d'ailleurs, disons la vérité, bien avant Chineau.
00:03:23Les entrepreneurs aussi.
00:03:24A Ironie-B, j'ai visité une usine qui a acheminé des tôles depuis Madagascar
00:03:28pour renforcer ses bâtiments et ainsi fournir des éleveurs en nourriture animale
00:03:32pour contribuer à la relance, compliquée, de la production agricole.
00:03:37L'État accompagne les acteurs économiques et notamment agricoles
00:03:40au titre du fonds de secours Outre-mer, grâce à la circulaire que j'ai signée ce matin
00:03:44et qui portera notamment 15 millions d'euros d'aides pour les agriculteurs.
00:03:47Mais il reste dans toutes ces filières économiques et agricoles beaucoup à faire.
00:03:52Les élus enfin.
00:03:53Ils se sont engagés pleinement dans l'amélioration de la situation sur le terrain,
00:03:57avec par exemple le nettoyage des cours d'eau.
00:04:00Je salue ainsi l'énergie qu'ils déploient pour imaginer des projets de construction de logements
00:04:06ou d'installation de services publics.
00:04:09Impliqués dans la gestion de crise, ils seront incontournables
00:04:12dans la reconstruction et la refondation qui nous attendent.
00:04:16Ce sera aussi le cas des parlementaires bien sûr, et notamment de vos collègues
00:04:20Salama Ramia et Saïd Omar Ouli que je salue.
00:04:24J'indique d'ailleurs que j'ai décidé de confier à la sénatrice Salama Ramia
00:04:28une mission de suivi de la reconstruction de Mayotte
00:04:31aux côtés de l'équipe qui se met en place auprès de mon cabinet
00:04:35et que dirigera le général Pascal Facon qui est sur place après m'avoir accompagné.
00:04:42Je crois au contrôle parlementaire, également exercé par la délégation sénatoriale aux Outre-mer
00:04:47et notamment son président Micheline Jacques.
00:04:49Et je sais l'importance, Monsieur le Président,
00:04:51que cette mission constitutionnelle revêt ici au Sénat.
00:04:56J'ai aussi profité de mon déplacement à Mayotte
00:04:59pour signer avec le président du conseil départemental, Benissa Ousseni,
00:05:03et le président de l'association des maires de Mayotte, Madi Madi Souf,
00:05:06une convention d'intention affirmant les grands principes devant guider la refondation.
00:05:11Durcissement des règles contre l'immigration illégale,
00:05:13lutte contre les bilans-villes, développement des infrastructures,
00:05:17et surtout, c'est la grande promesse, non accomplie, convergence économique et sociale.
00:05:24Pour autant, tout reste à faire.
00:05:27La gestion de crise passée, nous devons reconstruire, refonder Mayotte.
00:05:33Et de nombreux défis sont devant nous.
00:05:35Reconstruire d'abord, c'est l'objet du projet de loi dont nous discutons aujourd'hui.
00:05:41Je veux insister sur quelques points importants.
00:05:44Je souhaite d'abord saluer le travail très important
00:05:46que les commissions compétentes de votre Assemblée ont effectué.
00:05:50De nombreux alourdissements ajoutés à l'Assemblée nationale ont été retirés,
00:05:54tandis que les mesures de lutte contre les bilans-villes,
00:05:56ajoutées à l'initiative ou avec le soutien du gouvernement, ont été conservées.
00:06:00Les rapporteurs reviendront naturellement sur leurs apports,
00:06:03mais je veux souligner du côté de la Commission des affaires économiques
00:06:05la meilleure association des élus au Conseil d'administration
00:06:08de l'établissement public de reconstruction,
00:06:11ou le choix de rétablir l'article 3 sur le relogement d'urgence,
00:06:14en le recentrant sur les services publics et les personnels venus en renfort.
00:06:19Le gouvernement soutient pleinement Madame le rapporteur Miss Linjack
00:06:22dans sa volonté d'exonérer le territoire,
00:06:24de taxes sur les activités polluantes, sur les déchets pendant deux ans.
00:06:28Du côté de la Commission des lois, la nouvelle écriture de l'article 2
00:06:31qui permet à l'État d'assumer temporairement la compétence de construction
00:06:35ou reconstruction des écoles publiques communales à Mayotte
00:06:37à la demande des communes concernées,
00:06:39constitue, je le crois, un bon équilibre.
00:06:42Il convient d'élargir cette faculté,
00:06:44aux dégâts de la tempête, dit qu'elle est dit, notamment.
00:06:47C'est pourquoi le gouvernement soutient l'amendement n°121
00:06:50de Madame la rapporteure Florenne et l'endosse financièrement.
00:06:53Les dérogations aux règles de la commande publique ont été clarifiées,
00:06:56tout comme les dispositifs permettant de garantir
00:06:59la participation des entreprises maoreses à la reconstruction.
00:07:01C'est un point essentiel.
00:07:03J'ai rencontré des acteurs économiques vendredi
00:07:05et c'était une attente évidemment forte.
00:07:08Quant à la Commission des affaires sociales,
00:07:10je remercie Madame le rapporteur Christine Bonfanti-Dossa
00:07:13qui a soutenu les mesures sociales temporaires
00:07:15en faveur de la population et des professionnels à Mayotte,
00:07:18tout en améliorant l'association des partenaires sociaux.
00:07:22Je veux maintenant dire un mot court de l'article 10,
00:07:26supprimé à l'Assemblée nationale et qui habilitait le gouvernement
00:07:30à légiférer par ordonnance pour adapter les règles relatives
00:07:34à l'expropriation pour cause d'utilité publique.
00:07:37Notre intention était d'adapter notre droit à la réalité de terrain de Mayotte
00:07:41où il est difficile d'identifier les propriétaires de fonciers.
00:07:45Cet article était de notre point de vue nécessaire
00:07:47car plusieurs étapes procédurales préalables aux prononcées de l'expropriation
00:07:51imposent l'identification formelle du propriétaire,
00:07:54tout comme la fixation de l'indemnité par le juge.
00:07:57Notre idée était d'organiser ces étapes
00:07:59pour garantir le respect des droits qu'elles protègent
00:08:00en attendant que les propriétaires soient expressément identifiés
00:08:04en désignant par exemple un mandataire pour représenter leurs intérêts
00:08:07et de permettre au juge de fixer une indemnité,
00:08:10de la consigner pour justement garantir,
00:08:12là encore, qu'une fois le propriétaire identifié puisse être indemnisé.
00:08:16Il n'a évidemment jamais été question d'exproprier,
00:08:19à tour de bras, encore moins sans indemnisation.
00:08:22J'ai entendu ça sur place.
00:08:25J'étais maire, je suis un homme de dialogue,
00:08:28respectueux du travail des élus et du sentiment et des populations,
00:08:34surtout quand il y a des ruptures de confiance depuis longtemps.
00:08:37Je constate que cet article a été mal compris
00:08:39et que sa formulation en ordonnance
00:08:41n'a pas aidé à l'établissement précisément de cette confiance.
00:08:45Je fais le choix de ne pas proposer de rétablissement de l'article 10.
00:08:49A l'issue de plus amples concertations,
00:08:50le gouvernement reviendra devant le Parlement.
00:08:53Nous aurons l'occasion d'en reparler avec un dispositif en dur,
00:08:56comme on dit, au moment du second projet de loi,
00:08:58si cela est toujours possible.
00:09:00J'indique enfin que le gouvernement propose un amendement numéro 158,
00:09:04mettant en place un prêt à taux zéro ouvert à toutes les familles mahoraises
00:09:08pour reconstruire leurs maisons,
00:09:09même lorsque leur habitation n'était pas assurée,
00:09:12ce qui est la grande majorité sur place.
00:09:15Il permettra d'emprunter jusqu'à 50 000 euros
00:09:17pour une durée maximale qui pourra aller jusqu'à 30 ans
00:09:20et prévoir un différé d'amortissement de 5 ans.
00:09:23Je m'engage à ce que ce prêt soit distribué le plus rapidement possible
00:09:27avec les banques et actions logements.
00:09:29Nous faisons des choses, nous avançons,
00:09:31mais il faut que cela soit mis en œuvre.
00:09:35Mesdames, Messieurs les sénateurs,
00:09:36la reconstruction nécessitera des engagements financiers considérables.
00:09:42La mission interinspection, chargée d'évaluer les dégâts
00:09:46après s'être rendue longuement sur place,
00:09:48achève ses travaux.
00:09:50Un travail tout à fait colossal et de très grande qualité.
00:09:54Le coût des destructions s'établira autour de 3 à 3,5 milliards d'euros.
00:10:013 à 3,5 milliards d'euros.
00:10:04Et nous savons que vu les projets qui existent sur Mayotte,
00:10:09qui existaient même avant Chidot,
00:10:12il faudra dans les années qui viennent beaucoup investir.
00:10:16L'État sera au rendez-vous avec des aides directes.
00:10:20Nous attendons évidemment avec impatience
00:10:22l'adoption définitive de la loi de finances
00:10:25et la mobilisation des fonds européens.
00:10:27Et ce, sur plusieurs années.
00:10:29Le gouvernement tout entier est mobilisé.
00:10:32Et je salue par exemple l'annonce du ministre des Armées,
00:10:34Sébastien Lecornu, avec lequel nous avons décidé de créer
00:10:36un bataillon temporaire de reconstruction
00:10:38doté de plusieurs compagnies de génie, d'infanterie,
00:10:41de commandement et de logistique,
00:10:42entre 350 et 400 soldats qui vont s'installer à Mayotte.
00:10:46Les assurances et l'agence française de développement
00:10:48auront aussi un rôle à jouer.
00:10:50Et les assurances doivent prendre,
00:10:51c'est vrai aussi en Nouvelle-Calédonie actuellement,
00:10:53leur responsabilité.
00:10:57Ceux qui disent que ce projet de loi ne contient pas grand-chose,
00:11:00ou qu'ils le disaient, ils le disent moins maintenant,
00:11:02ou que l'État n'a pas été au rendez-vous,
00:11:04même si rien n'est parfait,
00:11:05je crois peuvent voir l'action qui a été engagée.
00:11:08En sachant que c'est toujours long,
00:11:09c'est toujours long, après une telle catastrophe,
00:11:12de remobiliser.
00:11:13Et il y a évidemment beaucoup d'impatience et beaucoup de colère,
00:11:16et moi je les entends.
00:11:19Mais ce projet de loi n'est qu'une première réponse,
00:11:20car après le temps de l'urgence,
00:11:23et celui de la reconstruction,
00:11:25doit venir celui de la refondation.
00:11:27Tout se mêle évidemment.
00:11:28D'ici deux mois, je présenterai un second texte,
00:11:31un projet de loi programme pour Mayotte,
00:11:34qui visera à permettre le développement économique,
00:11:36éducatif et social du territoire sur de nouvelles bases.
00:11:40Beaucoup peut être à répondre,
00:11:41je pense notamment à la question de l'école.
00:11:43Comment peut-on accepter que les enfants aillent seulement à l'école le matin,
00:11:48et pas l'après-midi ?
00:11:49Ou qu'il manque autant de restauration scolaire ?
00:11:53Sans cela, nous reconstruirons sur de sable.
00:11:56Car il ne faut pas se mentir,
00:11:57si le cyclone a ravagé Mayotte,
00:11:59il a surtout révélé et exacerbé les calamités qui existaient déjà.
00:12:04Un sous-développement des infrastructures économiques
00:12:06et des services publics,
00:12:07malgré les engagements qui avaient été tenus,
00:12:11entretenus par les deux fléaux qui rongent l'île depuis des années,
00:12:15l'habitat illégal et l'immigration clandestine.
00:12:18Sur l'eau par exemple, sans changement structurel,
00:12:21malgré ce que je disais tout à l'heure,
00:12:23nous reviendrons au mieux à la situation très insatisfaisante d'avant Chineau.
00:12:28C'est pourquoi, parmi les priorités du plan Mayotte debout,
00:12:31figurent la construction d'une deuxième usine de dessalement
00:12:34et l'accélération de la création d'une troisième retenue collinaire.
00:12:39Mais nous devons être très attentifs,
00:12:40car le risque d'une nouvelle crise de l'eau,
00:12:42semblable à celle de 2023, existe bel et bien.
00:12:45Et il faut s'y préparer, et je m'y prépare.
00:12:47Il faudra sans doute être innovants
00:12:50et ne pas revenir aux méthodes de gestion de la pénurie
00:12:53de distribution des bouteilles d'eau que nous avons connues par le passé.
00:12:57En matière de reconstruction de logements, d'infrastructures,
00:12:59d'entreprises ou de services publics,
00:13:01bien sûr, la zone franche globale aidera,
00:13:03nous allons la mettre en œuvre.
00:13:04Mais tous les maires ou les entrepreneurs me le disent,
00:13:07leurs projets sont empêchés par les bidonvilles.
00:13:10Je le dis donc avec clarté,
00:13:11nous ne laisserons pas Mayotte redevenir une île bidonville.
00:13:15Mais entre l'engagement et la réalité,
00:13:17il y a évidemment beaucoup de problèmes.
00:13:20J'ai vu des exemples concrets de projets
00:13:24qui visent à remplacer les bangas, les bidonvilles,
00:13:26par de vrais projets d'habitat.
00:13:28Ça existe.
00:13:29J'entends dire que rien n'est fait,
00:13:31que l'État n'est pas présent.
00:13:32Mais il y a l'enrue et qui s'engage,
00:13:37grâce aussi à Action Longement, à Tsanarano, à Kongou,
00:13:41où, monsieur le sénateur,
00:13:42vous m'aviez conseillé d'aller sur Petite Terre,
00:13:45notamment sur ce que j'ai vu dans les quartiers de Petite Terre,
00:13:48avec des vraies réalisations.
00:13:50Je vous en prie.
00:13:51Cela suppose aussi de s'attaquer très sérieusement
00:13:54à l'immigration illégale.
00:13:55Elle pèse sur tous les aspects de la vie quotidienne
00:13:57de nos compatriotes, nourrit l'ultra-violence
00:14:00et alimente des réseaux de trafiquants d'êtres humains.
00:14:02Bien sûr, la réalité est parfois beaucoup plus complexe.
00:14:06Bien sûr qu'il y a des situations très particulières.
00:14:10Mais, je l'ai dit, l'immigration clandestine,
00:14:13là-bas, n'écrose Mayotte.
00:14:15Les Mahorais n'en peuvent plus et la société craque.
00:14:18Et le pire est possible,
00:14:19surtout si s'accumulent toutes les crises.
00:14:22Nous j'insistons bien sûr déjà,
00:14:23et j'ai pu saluer les unités engagées dans cette lutte,
00:14:26sur terre et en mer,
00:14:29avec aussi la mise en oeuvre de nouvelles capacités radars.
00:14:32Radars qui avaient été détruits par le cyclone Chido
00:14:35sont en train d'être remplacés, ils l'ont déjà été.
00:14:38Sébastien Lecornu, toujours lui, a également annoncé
00:14:41que les soldats continueront d'assumer cette mission.
00:14:44Et je crois que c'est une réflexion plus large,
00:14:46mesdames, messieurs les sénateurs,
00:14:47que nous devons avoir sur la place de Mayotte
00:14:49dans l'océan Indien.
00:14:50Et c'est pour cela, le ministre l'a annoncé,
00:14:53que nous allons renforcer la présence militaire
00:14:54dans cette région stratégique de manière pérenne.
00:14:58Mais nous devons aussi prendre des mesures fermes
00:15:00pour renforcer juridiquement nos moyens de lutte.
00:15:02Ce sera un volet primordial du second projet de loi
00:15:05sur lequel nous travaillons déjà,
00:15:06avec le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau.
00:15:09Allongement de la durée de résidence régulière des parents
00:15:11pour l'accès des enfants à la nationalité française.
00:15:14Meilleur outil pour lutter contre les reconnaissances
00:15:16frauduleuses de paternité.
00:15:18Extension de l'aide au retour volontaire
00:15:19des ressortissants africains dans leur pays d'origine.
00:15:23Rien n'est simple, bien évidemment.
00:15:26Mais si nous ne réglons pas ce dossier,
00:15:29le reste sera très difficile à accomplir.
00:15:31Nous devons donc augmenter les éloignements de clandestins,
00:15:34de 25 000 aujourd'hui à 35 000 demain, sans doute plus.
00:15:37Cela suppose aussi un rapport très forme
00:15:40avec le gouvernement des Comores.
00:15:43Et d'ailleurs, sans faire de lien forcément,
00:15:45encore que nous devons être aussi très ferme
00:15:48à l'égard de ceux qui, comme l'Azerbaïdjan,
00:15:50tentent de déstabiliser la France,
00:15:52aussi bien à Mayotte que dans l'ensemble des Outre-mer.
00:15:55Mesdames et Messieurs les sénateurs,
00:15:57je le martèle depuis le premier jour,
00:16:00c'est ma mission, c'est ma mission,
00:16:03nous ne laisserons pas tomber Mayotte.
00:16:05Et j'y retournerai régulièrement,
00:16:07et les membres du gouvernement aussi,
00:16:09pour faire un point à chaque fois avec vous,
00:16:11bien sûr les parlementaires,
00:16:12sur l'avancement de cette reconstruction,
00:16:15de cette fondation.
00:16:17Le monde nous regarde sur ce que nous sommes capables
00:16:20de faire dans ce territoire si attaché à la France,
00:16:23si attaché à la France.
00:16:25C'est pour ça qu'il y a parfois ces brisures de confiance,
00:16:28en tout cas cette attente, cette exigence à l'égard de l'État.
00:16:32Nous ne lâcherons rien, rien pour l'aider à se relever.
00:16:37Nous ne transigerons avec rien pour reconstruire l'île
00:16:39sur des bases plus saines pour changer son visage
00:16:42et à travers elle la vie des Mahorais.
00:16:45Ils le méritent et nous leur devons.
00:16:47Je vous remercie.
00:16:48Avant d'évoquer le texte,
00:16:50je tiens à témoigner tout mon soutien à mes compatriotes
00:16:53qui nous obligent, par leur force de résilience,
00:16:56à sortir des postures pour répondre avec dignité
00:16:59à leurs attentes de façon concrète et urgente.
00:17:03Nous sommes ici pour poser le deuxième acte
00:17:06de la reconstruction de Mayotte,
00:17:08après avoir obtenu des financements complémentaires
00:17:11et d'urgence dans le cadre de la loi de finances pour 2025.
00:17:16L'arrivée de ce texte au Sénat, partiellement réécrit,
00:17:19nous a permis d'acter certaines suppressions,
00:17:22notamment à l'article 10,
00:17:25qui permettait au gouvernement d'exproprier des parcelles
00:17:27pour accélérer la reconstruction.
00:17:30Le chaos qui a frappé Mayotte nous a amenés à travailler
00:17:34de manière transpartisane pour aboutir à une rédaction équilibrée,
00:17:39celle qui sera discutée cet après-midi.
00:17:43Je remercie chacun de mes collègues présents
00:17:46pour l'écoute active qu'ils ont concédée
00:17:48afin de concevoir qu'aucune vision dogmatique
00:17:51ne pouvait répondre aux préoccupations des Mahorais
00:17:55au regard de nos spécificités.
00:17:58Mayotte est une terre de tradition
00:18:00où pendant longtemps et un amont de la départementalisation,
00:18:04la terre sacrée se transmettait sans formalisme,
00:18:09de père en fils et en fille.
00:18:12Mayotte est aujourd'hui une terre de privation d'immigration
00:18:16par l'imposition du titre de séjour territorialisé.
00:18:20Sa population native se voit restreinte
00:18:23dans son accès aux services publics, à l'école, à l'hôpital
00:18:27du fait d'une pression migratoire insuffisamment gérée et compensée.
00:18:33Après bientôt deux mois, l'électricité et l'eau
00:18:35ne sont pas accessibles à tous.
00:18:37Les denrées alimentaires sont distribuées essentiellement
00:18:39à proximité des bidonvilles détruits,
00:18:42croisant insuffisamment la route des Mahorais,
00:18:45qui eux aussi n'ont plus rien
00:18:47et dont certains enfants n'ont pas pu regagner leurs cours
00:18:50dès lors que leur établissement était occupé
00:18:53par des personnes en situation irrégulière.
00:18:57Nous nous inquiétons d'obtenir une véritable place chez nous
00:19:01pour vivre, nous épanouir avec nos familles
00:19:04et maintenant reconstruire Mayotte.
00:19:07C'est pour cela qu'avec mon groupe,
00:19:09nous soutiendrons la réécriture de l'article 3
00:19:12qui permet l'implantation de locaux de services publics
00:19:15pour les écoles et les travailleurs,
00:19:17mettant fin de manière définitive
00:19:20à la polémique des hébergements d'urgence.
00:19:23Aussi, ce projet de loi,
00:19:26nous l'avons voulu proche des préoccupations
00:19:29des Mahorais humains et opérationnels.
00:19:33Je remercie à ce titre M. le ministre Manuel Valls
00:19:36pour avoir tenu compte de ce que nous voulions,
00:19:39le tout en concertation avec nos élus.
00:19:42Je le remercie également pour la confiance
00:19:44qu'il m'accorde en me missionnant
00:19:46sur le suivi de la reconstruction à Mayotte.
00:19:50La reconstruction de Mayotte passera donc
00:19:53par le rétablissement de la sécurité des Mahorais,
00:19:56en leur permettant de reconstruire leurs habitations à l'identique,
00:20:00avec quelques tolérances,
00:20:02tout en tenant compte des risques environnementaux.
00:20:06Elle se poursuivra de manière simultanée
00:20:08par celle des infrastructures publiques et les écoles.
00:20:13Nous espérons obtenir prochainement
00:20:15des réponses pour soutenir les associations locales,
00:20:18notamment celles qui œuvrent pour l'insertion de la jeunesse,
00:20:22pour la formation ou le sport,
00:20:24face aux infrastructures détériorées.
00:20:27Nous soutenons une reconstruction économique pour tous,
00:20:32favorisant les artisans, les TPE-PME locales
00:20:36et l'économie sociale et solidaire,
00:20:38avec un succès au marché public
00:20:41et un mécanisme de report de charges pour un climat serein.
00:20:46Si nous pensons avoir posé les jalons
00:20:48d'une reconstruction profitable à tous,
00:20:50incluant la mise à disposition de logements temporaires
00:20:54pour tous les travailleurs sinistrés
00:20:56et acteurs de la reconstruction de Mayotte,
00:20:59nous ne pouvons que regretter à ce stade
00:21:01l'impasse du champ restreint de ce projet de loi,
00:21:04nous empêchant d'aller plus loin.
00:21:07Monsieur le ministre,
00:21:09près de 100.000 foyers régis par le droit coutumier
00:21:13n'ont pas encore de titre foncier
00:21:15et risquent de rester à l'écart de la reconstruction.
00:21:19L'absence de régularisation possible
00:21:21par la commission d'urgence foncière
00:21:24empêche ces foyers de reconstruire selon les normes de sécurité.
00:21:28L'urgence appelle à assouplir les conditions de ces régularisations
00:21:33tout en mettant en place des garde-fous.
00:21:36Rétablir Mayotte dans la légalité doit être notre priorité
00:21:40et appelle des positions courageuses et inédites
00:21:44pour un territoire hors normes.
00:21:46Nous appelons donc de nos voeux
00:21:48une concertation en amont de la loi de programmation pour Mayotte
00:21:53afin qu'aucune difficulté ne reste en marge de l'action du Parlement.
00:21:58Bien conscient que l'État prendra une part pleine et entière
00:22:01à la reconstruction de Mayotte
00:22:03dans le respect de son intégrité,
00:22:05de celui de ses habitants et de ses élus,
00:22:08le groupe RDPI votera en faveur de ce texte
00:22:12qui nous appelle d'or et déjà à l'acte III
00:22:17un vaste chantier pour faire de l'un des plus beaux lagons du monde
00:22:21la fierté de la France
00:22:23dans un espace géostratégique effervescent et prometteur.
00:22:28Je vous remercie.
00:22:29Dans ce territoire français,
00:22:31le droit constitutionnel à l'instruction
00:22:33est très loin d'être garanti.
00:22:35Comment accepter que la plupart des élèves
00:22:38ne puissent avoir cours que sur des demi-journées et par rotation ?
00:22:44Quand l'État prendra-t-il enfin en charge
00:22:47le problème de la déscolarisation qui touche ce territoire
00:22:50où les moins de 20 ans représentent 55% de la population ?
00:22:55J'espère que nos débats d'aujourd'hui
00:22:58permettront que notre haute assemblée
00:23:00prenne conscience des injustices
00:23:03que la République applique aux Mahorais et aux Mahoraises.
00:23:06L'urgence pour Mayotte, c'est aussi l'égalité sociale,
00:23:09c'est aussi l'égalité des chances.
00:23:12Si la situation exige rapidité et efficacité,
00:23:16nous n'accepterons pas de reconstruction à l'identique,
00:23:20bâclé ou au rabais,
00:23:22sous peine de voir des catastrophes de ce type se reproduire.
00:23:25Je vous remercie.
00:23:27Merci.
00:23:29La parole est à notre collègue Antoinette Guilles
00:23:31pour le groupe écologiste Solidarité et Territoire.
00:23:42Vous avez la parole.
00:23:47Monsieur le président, monsieur le ministre,
00:23:49mesdames les rapporteurs, madame la présidente de commission,
00:23:52cher Dominique, chers collègues,
00:23:55Mayotte est dévastée et je tenais ici
00:23:59au nom de mes collègues du groupe écologiste Solidarité et Territoire
00:24:03de présenter toute notre solidarité et notre compassion
00:24:07aux habitants mahorais.
00:24:09Mayotte est dévastée et, monsieur le ministre,
00:24:12plus que jamais, nous devons prendre nos responsabilités.
00:24:15Le passage du cyclone a frappé durement ce territoire,
00:24:19plaçant plus encore sa population
00:24:22dans une précarité sociale et économique extrême.
00:24:25Nous pouvons le dire dans un état d'urgence humanitaire alarmant.
00:24:29Les bidonvilles abritant des milliers de personnes pauvres
00:24:32ont été anéantis, les laissant sans abri,
00:24:35sans accès à l'eau, sans nourriture ni soins médicaux.
00:24:39Et bien d'autres quartiers sont aussi gravement touchés.
00:24:42Mayotte fait aujourd'hui les comptes de ces pertes humaines.
00:24:46Cette situation d'urgence ne doit pas nous éloigner
00:24:49de nos valeurs et ambitions humanistes.
00:24:52Nous devons prendre soin de toutes les victimes,
00:24:55de ce cyclone, quelle que soit leur régularité administrative.
00:25:00Il en va de notre dignité.
00:25:02Ne pas le faire serait un accroc dans notre pacte républicain.
00:25:07Ce cyclone témoigne aussi du sous-développement
00:25:11dont étaient déjà victimes les Mahoraises et les Mahorais.
00:25:15Rappelons que dans cette partie de la France,
00:25:1677% de la population vit sous le seuil de pauvreté.
00:25:22Rappelons que 70% des enfants sont scolarisés,
00:25:25et encore quelques fois un jour sur trois.
00:25:28Rappelons que le chômage y est cinq fois plus important qu'en Hexagone.
00:25:32Alors comment reconstruire une société
00:25:35quand l'accès à l'éducation, à la santé,
00:25:37à la formation professionnelle et aussi l'accès à un emploi décent
00:25:42sont restés si longtemps une promesse vide ?
00:25:45L'urgence ne réside pas uniquement dans la réparation,
00:25:49mais dans la garantie d'un cadre de vie digne,
00:25:52des possibilités d'émancipation,
00:25:54des conditions de travail et d'apprentissage
00:25:57adaptées aux besoins des Mahorais.
00:25:59La situation sur le terrain ne pourra s'améliorer
00:26:02que si des investissements publics sont réalisés
00:26:05dans les infrastructures éducatives et sanitaires
00:26:08afin d'éviter qu'une partie de la population
00:26:10ne soit à jamais laissée sur le bas-côté.
00:26:13Il y a l'urgence humaine et il y a aussi une urgence écologique.
00:26:17Mayotte abrite un écosystème unique,
00:26:20un patrimoine naturel d'une richesse inestimable.
00:26:24Son lagon, le deuxième plus grand au monde,
00:26:27abrite des espèces marines menacées,
00:26:29comme le dugong, ce mammifère marin emblématique de Mayotte,
00:26:33déjà en danger, a vu ses herbiers marins détruits,
00:26:36source principale de son alimentation,
00:26:39ce qui le met encore plus en péril.
00:26:42Le cyclone Shido a dévasté les infrastructures humaines,
00:26:45mais il a aussi endommagé les écosystèmes vitaux,
00:26:48destruction des forêts et des récifs coralliens,
00:26:51pollution des eaux et des sols.
00:26:53La biodiversité en ressort totalement anéantie.
00:26:57Nous ne pouvons pas reconstruire Mayotte
00:26:59en négligeant la protection de ces écosystèmes exceptionnels.
00:27:04Ce projet de loi ne prévoit pas de mesures concrètes
00:27:07pour restaurer ses habitats naturels.
00:27:09C'est pourtant une priorité importante.
00:27:11Mayotte doit se reconstruire aussi
00:27:13dans le respect de son environnement,
00:27:15avec des infrastructures résilientes
00:27:17et respectueuses de la nature.
00:27:19L'ampleur des dérogations dans le domaine de l'urbanisme
00:27:23risque de remettre en cause les normes de sécurité
00:27:25et d'habitabilité des futurs bâtiments.
00:27:30Ce projet de loi est totalement insuffisant, bien sûr,
00:27:34et se contente de répondre très temporairement à cette urgence.
00:27:38Les dispositifs d'accompagnement social et économique
00:27:41ne sont garantis que pour une durée de deux mois.
00:27:44Deux mois, c'est tout de même très faible, monsieur le ministre.
00:27:49Mais il faut maintenant s'attaquer au véritable sujet,
00:27:52la pauvreté de la majorité des Mahorais et des Mahoraises.
00:27:55Mais comment faire quand le financement de cette reconstruction
00:27:58est lui aussi très largement insuffisant ?
00:28:02Les 100 millions d'euros prévus pour la mission Outre-mer
00:28:04dans le PLF sont loin de suffire pour répondre à l'ampleur.
00:28:09Vous l'avez estimé vous-même, monsieur le ministre,
00:28:11de 1 à 3 milliards.
00:28:14Vous l'avez fait dans le monde, vous l'avez fait à votre retour,
00:28:16de 1 à 3 milliards d'euros nécessaires.
00:28:20Pour l'instant, nous n'y sommes pas.
00:28:22Donc, nous ne pouvons pas accepter qu'un territoire
00:28:24et que ses habitants, aussi riches en forces vives,
00:28:27mais aussi en biodiversité, soient laissés de côté,
00:28:29abandonnés à leur destin.
00:28:31La reconstruction de Mayotte doit être un projet national,
00:28:34global et durable, prenant en compte les enjeux humains,
00:28:37sociaux et environnementaux.
00:28:39Ce n'est qu'à cette condition que Mayotte pourra sortir
00:28:42du cycle infernal de la pauvreté et de l'abandon,
00:28:44et que ses habitants pourront enfin envisager un avenir digne
00:28:48et respectueux de l'environnement et des droits de tous.
00:28:51Assumons nos responsabilités.
00:28:53Mayotte mérite plus qu'un pansement sur une plébéante.
00:28:57Je vous remercie.
00:28:58Merci, ma chère collègue.
00:29:01Je vais maintenant donner la parole à notre collègue
00:29:05Saïd Omar Wali, pour le groupe socialiste, écologiste et révolutionnaire.
00:29:18Vous avez la parole.
00:29:24Monsieur le Président, messieurs les ministres,
00:29:26mesdames les rapporteurs, mesdames et messieurs, chers collègues.
00:29:31La situation sur Mayotte peut s'analyser de deux manières.
00:29:34Effectivement, certains services sont pratiquement revenus à la normale.
00:29:38En revanche, elle s'aggrave d'un autre côté.
00:29:41Par exemple, ce week-end des plus intenses ont inondé plusieurs villages.
00:29:46Elles ont provoqué des dégâts sur les réseaux d'eau,
00:29:50et aujourd'hui des secteurs importants de l'île en sont privés
00:29:54de cette ressource indispensable.
00:29:56Il faut avoir conscience que la population maoraise souffre
00:30:00et qu'elle continue de souffrir,
00:30:02et que, très largement, elles se sentent abandonnées
00:30:05malgré les aides extérieures.
00:30:08Monsieur le ministre, vous avez noté plusieurs fois dans votre intervention
00:30:12la capacité de résilience des Maorais.
00:30:15C'est vrai, nous acceptons des conditions de vie
00:30:19qui provoqueraient dans d'autres territoires des soulèvements immédiats.
00:30:24Mais attention, la résilience est comme la patience,
00:30:29elle a ses limites.
00:30:31Et je crains que les effets d'annonce qui ne se concrétiseraient pas
00:30:36amplifient une colère qui existe dans la société maoraise.
00:30:41Une colère alimentée par la désillusion avec des promesses non tenues.
00:30:47Il y a un document de promesse, monsieur le ministre, que vous connaissez bien,
00:30:52Mayotte 2025, dont la Cour de compte a estimé dans un rapport en 2022
00:30:59que son suivi et son animation ne se sont pas prolongés au-delà d'un an.
00:31:07Enfin, juste après la crise Chilou, le président de la République a annoncé
00:31:14une aide pour les personnes qui n'avaient pas d'assurance.
00:31:18Aujourd'hui, vous proposez un prêt qui ne correspond pas aux pratiques des Maorais.
00:31:23Et je vous mets solennellement en garde sur ce risque de désillusion.
00:31:28Chilou en Chimaoré, le miroir.
00:31:31Ce cyclone a été le révélateur auprès de l'opinion de nos réalités sur l'archipel.
00:31:38Nos insuffisances dans le système éducatif, nos logements précaires
00:31:43et nos bidonvilles, la faiblesse de nos infrastructures
00:31:47et la liste pourrait être longue.
00:31:50Sur le projet de loi d'urgence qui nous occupe aujourd'hui,
00:31:54ma première réserve, c'est sur le terme urgence.
00:31:58Dans l'avis du Conseil d'État sur le projet de loi le 22 décembre 2024,
00:32:03il vous est suggéré de procéder au regard des circonstances exceptionnelles
00:32:07par décret ayant force de loi une loi d'urgence qui sera publiée
00:32:13après plus de deux mois après le cyclone et qui renvoie à des ordonnances
00:32:18notamment pour son bras armé l'établissement public.
00:32:22Je ne sais pas s'il faut la qualifier d'urgence.
00:32:25Il y a des volontés dans ce texte que je ne nie pas de vouloir reconstruire Mayotte.
00:32:32Moi, je préfère le mot construire.
00:32:34En effet, avec le terme reconstruire, j'attends comme dans le code de l'urbanisme
00:32:41à l'identique.
00:32:43Non, je ne suis pas pour construire Mayotte,
00:32:47je suis plutôt pour construire Mayotte sur de nouvelles bases.
00:32:50Je note aussi que l'absence de données budgétaires dans ce texte
00:32:54que je comprends juridiquement peut rendre perplexes les maorais.
00:32:58Il y a un gap entre les milliards annoncés dans la presse
00:33:02et les 35 millions d'euros qui figurent dans le projet de loi de budget 2025.
00:33:08L'enjeu majeur de ce projet de loi est constitué par les dispositions
00:33:14sur l'établissement public soi-disant nouveau
00:33:17qui est présenté comme le bras armé de cette reconstruction.
00:33:22Comme je l'ai déjà révendiqué, la reconstruction de Mayotte
00:33:26ne peut pas se faire sans les maorais, sans quoi elle sera un échec.
00:33:31C'est pourquoi je vais faire une série d'amendements
00:33:34sur les articles 1 et 2 du projet de loi.
00:33:37Je propose de réduire, de trois à un mois après le vote de la loi,
00:33:42le délai pour produire l'ordonnance qui va définir le cadre
00:33:46de ce nouvel établissement public.
00:33:48Je rappellerai à cette occasion l'importance de la concertation
00:33:52avec les parlementaires sur le contenu de cette ordonnance
00:33:56qui va définir le contour de ce bras armé de la reconstruction de Mayotte.
00:34:02Enfin, ma crainte, c'est que cet établissement public
00:34:05soit une coquille vide dans les mains de l'État
00:34:08avec une représentation honorifique des collectivités territoriales.
00:34:13Ainsi, si on prend la rédaction actuelle,
00:34:16c'est le directeur général, en l'occurrence le général Faconde,
00:34:19qui aura une voix prépondérante.
00:34:22Je suis pour une concert-construction de Mayotte
00:34:25avec une gouvernance partagée.
00:34:28C'est le sens de mes amendements.
00:34:30Sinon, je vous avertis, ça ne marchera pas.
00:34:33D'ailleurs, les maorais l'ont bien compris
00:34:35quand ils ont manifesté leur opposition à l'article 10 sur les expropriations.
00:34:41Ils ont vu un outil supplémentaire pour l'aide-femme
00:34:45dont l'action est très contestée par la population.
00:34:48Monsieur le ministre, n'oubliez pas cette parole de Nelson Mandela
00:34:53que vous m'avez plusieurs fois entendu la reprendre.
00:34:57Faire pour nous et sans nous, c'est faire contre nous.
00:35:02Je vous remercie.
00:35:03Nous allons passer à l'examen de l'article 1er.
00:35:07Tout d'abord, j'ai une demande de parole
00:35:09de notre collègue Pascal Savoldelli.
00:35:12Oui, merci monsieur le président, monsieur le ministre,
00:35:14mes chers collègues.
00:35:15Je voulais partager avec vous le témoignage,
00:35:17mais un témoignage avant Cyclone,
00:35:20du responsable d'une association qui accompagne
00:35:22les personnes en situation de précarité et d'exclusion.
00:35:24Et je vais le citer.
00:35:26J'ai eu l'occasion de me rendre à Mayotte
00:35:28trois fois ces deux dernières années,
00:35:30avant le Cyclone,
00:35:32dans l'optique de participer à la mise en place d'expérimentations
00:35:35en matière de logement social et d'hébergement d'urgence.
00:35:38J'ai pu prendre la mesure des énormes difficultés rencontrées
00:35:41sur un territoire largement oublié de la République.
00:35:45En effet, si l'État peut s'enorgueillir de quelques réalisations,
00:35:48notamment en termes d'équipement public,
00:35:50hôpital de Mamoudzou, collèges, lycées,
00:35:52la réponse paraît dérisoire face aux besoins réels
00:35:54d'une population en demande.
00:35:56Parmi les difficultés rencontrées sur place,
00:35:58j'ai pu relever l'absence de coordination
00:36:00entre la stratégie de l'État et celle des collectivités locales,
00:36:04le déficit énorme d'ingénierie,
00:36:06malgré les expériences intéressantes,
00:36:08la défaillance de la concurrence
00:36:10sur la plupart des champs liés aux travaux publics,
00:36:12notamment en Voirie avec des acteurs uniques,
00:36:14omnipotents et hors de prix,
00:36:17qui rendent chaque projet infinançable.
00:36:20Sur la réalité de Lille,
00:36:22deux fois plus peuplée que ne l'indiquent les chiffres officiels,
00:36:25sans un plan de régularisation associé
00:36:27à une politique de grands travaux,
00:36:29à la structuration essentielle de grands coordinateurs publics,
00:36:32aménageurs, bailleurs, opérateurs sociaux
00:36:34et à l'avenue sur Lille,
00:36:36de dizaines d'acteurs manquants en matière d'ingénierie,
00:36:38aucune solution ne pourra répondre
00:36:40à la globalité de la situation.
00:36:43Fin de citation.
00:36:45Voyez, loin des discours parfois stigmatisants
00:36:48et parfois diviseurs,
00:36:50voici ce qu'on savait de Mayotte avant le cyclone.
00:36:53Donc quand on doit réparer avec les Mahorais,
00:36:57ça appelle à une véritable coordination
00:36:59avec donc les Mahorais,
00:37:01les collectivités et la société civile.
00:37:03C'est le sens des amendements
00:37:05que notre groupe dépose et va défendre,
00:37:07et le sens d'autres amendements,
00:37:09monsieur le ministre,
00:37:11sur le futur établissement public.
00:37:13Le dire, c'est le faire.
00:37:15Merci.
00:37:17Je suis saisi d'un amendement 85
00:37:19rectifié bis monsieur Omar Wali.
00:37:24Merci monsieur le Président.
00:37:26Cet amendement
00:37:29vise à reconstruire Mayotte, bien sûr.
00:37:32Donc on doit agir vite
00:37:34et de façon coordonnée
00:37:36si on veut faire les choses correctement.
00:37:40C'est pour cette raison que
00:37:42la création d'un établissement public chargé
00:37:44de la reconstruction
00:37:46s'est tout de suite imposée.
00:37:48C'est la bonne démarche.
00:37:50Sous certaines conditions,
00:37:52je reviendrai un peu plus tard dans le débat.
00:37:54Or, les délais prévus dans ce texte
00:37:56nous amènent quasiment à l'été.
00:37:58Et à ce rythme,
00:38:00bien sûr, l'établissement
00:38:02sera peut-être opérationnel qu'en septembre,
00:38:04quand le Premier ministre
00:38:06a annoncé devant les Mahorais
00:38:08une reconstruction de Mayotte
00:38:10en deux ans.
00:38:12Les élus de Mayotte ont besoin de connaître
00:38:14l'émission exacte de l'établissement public
00:38:16pour eux-mêmes
00:38:18s'organiser et se coordonner
00:38:20pour agir efficacement.
00:38:22Mes chers collègues,
00:38:24je rappelle aussi que la rentrée scolaire
00:38:26a repris dans des conditions
00:38:28extrêmement dégradées,
00:38:30faute de bâtiments suffisamment sécurisés
00:38:32pour organiser l'accueil des élèves
00:38:34et des enseignants,
00:38:36que certains enseignants manquent à l'appel
00:38:38car ils n'ont pas de logement
00:38:40pour eux-mêmes et leur famille.
00:38:42On nous annonce l'installation des bâtiments
00:38:44préfabriqués, mais pour le moment,
00:38:46ce sont des bâches et des tentes
00:38:48qu'on nous donne.
00:38:50Je sais que le délai de trois mois
00:38:52est un délai normal,
00:38:54le délai d'usage pour écrire les ordonnances,
00:38:56mais plus rien n'est normal
00:38:58à Mayotte.
00:39:00Depuis bientôt deux mois,
00:39:02les Mahorais survivent.
00:39:04Alors, je vous demande, M. le ministre,
00:39:06de nous confirmer
00:39:08que la concertation avance bien
00:39:10et que nous allons aller
00:39:12beaucoup plus vite
00:39:14pour la construction de Mayotte.
00:39:16Merci. Quel est l'avis de la Commission
00:39:18sur cet amendement 85, rectif Chébis ?
00:39:20Je suis défavorable à cet amendement
00:39:22qui vise à ramener de trois mois à un mois
00:39:24le délai pour prendre l'ordonnance
00:39:26relative à l'établissement public
00:39:28chargé de la reconstruction de Mayotte.
00:39:30Il met une pression inutile sur le gouvernement
00:39:32qui doit préalablement mener à bien
00:39:34un travail de concertation
00:39:36avec l'ensemble des partenaires concernés.
00:39:38Madame la rapporteure,
00:39:40M. le ministre.
00:39:42M. le président,
00:39:46je partage évidemment, M. le sénateur,
00:39:48notre objectif d'une action rapide
00:39:50afin d'améliorer au plus vite
00:39:52la vie de nos compatriotes maorais.
00:39:54Et c'est d'ailleurs pour cela
00:39:56que nous n'avons pas attendu
00:39:58pour agir et répondre aux urgences.
00:40:00Je le répète,
00:40:02le général Pascal Facon,
00:40:04qui était à Mayotte avec moi
00:40:06la semaine dernière, y est toujours,
00:40:08en contact avec
00:40:10le Conseil départemental,
00:40:12avec les maires, tous les maires,
00:40:14les présidents aussi de l'établissement public,
00:40:16qui seront là, je crois,
00:40:18pour un certain nombre d'entre eux, cette semaine à Paris,
00:40:20et puis avec
00:40:22les filières économiques, agricoles
00:40:24et sociales, pour poser
00:40:26les fondamentaux de l'établissement public.
00:40:28Le travail est donc
00:40:30très largement commencé.
00:40:32Je pense que nous pouvons aller vite,
00:40:34d'autant plus que nous allons utiliser
00:40:36l'établissement public préexistant.
00:40:38Il ne s'agit pas de le détruire,
00:40:40il s'agit de fondre et d'avoir
00:40:42les projets,
00:40:44les personnels qui
00:40:46travaillent. Cependant, un délai
00:40:48d'un mois pour prendre cette ordonnance est
00:40:50absolument insuffisant pour permettre de mener à bien
00:40:52les échanges et les travaux préparatoires,
00:40:54pour que cet outil opérationnel
00:40:56pour Mayotte, concerté avec
00:40:58les acteurs locaux, notamment les élus, soit
00:41:00le plus efficace possible. Je m'engage
00:41:02évidemment à ce que le gouvernement travaille
00:41:04à présenter l'ordonnance
00:41:06dans les meilleurs délais, c'est
00:41:08évidemment mon souhait, mais
00:41:10nous enfermer dans le délai d'un mois, comme
00:41:12l'a dit madame le rapporteur, nous poserait
00:41:14une difficulté. Je vais dans votre sens,
00:41:16bien évidemment, mais laissez-nous
00:41:18ce délai de trois mois.
00:41:20Si on va beaucoup plus vite, tant mieux. L'idée
00:41:22n'est pas d'attendre l'été, c'est de travailler,
00:41:24c'est de mettre en oeuvre, c'est de reconstruire.
00:41:26Le fonds d'amorçage que j'ai annoncé
00:41:28tout à l'heure permettra déjà de
00:41:30construire ou de reconstruire, de rénover
00:41:32les établissements scolaires. On en a besoin pour
00:41:34toutes les raisons que vous évoquiez,
00:41:36mais nous avons besoin de ce cadre
00:41:38de trois mois.
00:41:40Si on va plus vite, tant mieux, mais ne nous en serrez
00:41:42pas dans cette pression,
00:41:44nous en avons déjà beaucoup. Merci.
00:41:46Merci.
00:41:48Monsieur Marcellin.
00:41:50Je maintiens mon amendement.
00:41:52Il est maintenu, donc je mets en voie cet amendement
00:41:54qui a reçu deux avis défavorables,
00:41:56qui est contre,
00:41:58qui est pour, pardon,
00:42:06qui est contre
00:42:10l'amendement.
00:42:18L'amendement est adopté.
00:42:20147 rectifié.
00:42:24Madame Gulle.
00:42:30Oui.
00:42:32Alors, le directeur adjoint de l'ARS,
00:42:34Mayotte-Olivier Braille,
00:42:36disait que les capacités de mise
00:42:38à l'abri à Mayotte
00:42:40sont largement insuffisantes.
00:42:42Les centres de vie anticycloniques
00:42:44qui sont identifiés dans chaque commune
00:42:46peuvent accueillir au mieux
00:42:4830.000 personnes, alors que la population
00:42:50est estimée entre 300 et
00:42:52400.000 personnes. Avec la
00:42:54reconstruction, nous devons donc
00:42:56viser une amélioration
00:42:58des moyens de mise à l'abri des populations
00:43:00et c'est ce que propose
00:43:02cet amendement. Je vous remercie.
00:43:04Très bien. Quel est l'avis de la commission, madame la rapporteure,
00:43:06sur cet amendement ?
00:43:08Je suis défavorable à cet amendement
00:43:10qui vise à fixer à l'établissement public
00:43:12chargé de la reconstruction de Mayotte
00:43:14un objectif de mise en sécurité des habitants.
00:43:16Certes, c'est un objectif
00:43:18louable qui conduira
00:43:20à la construction d'abris et les
00:43:2230.000 places existantes sont certainement
00:43:24insuffisantes, mais il est préférable
00:43:26de conserver pour cet établissement
00:43:28public des missions bien
00:43:30circonscrites liées à la reconstruction
00:43:32de Mayotte.
00:43:34Je veux mettre en voix cet amendement
00:43:36qui a reçu deux avis défavorables,
00:43:38qui est pour.
00:43:40Pensez à voter. Je précise.
00:43:48Qui est contre.
00:43:58L'amendement est adopté.
00:44:04Attendez, parce que
00:44:06certains votent d'autre part.
00:44:08On va le refaire, pour être sûr.
00:44:10Mais j'étais à 20.18.
00:44:12Qui est pour.
00:44:24Qui est contre.
00:44:26Qui est contre.
00:44:38L'amendement n'est pas adopté.
00:44:40Mais il faut
00:44:42bien lever la main et voter.
00:44:48Non, 23.21.
00:44:50Voilà.
00:44:52L'amendement,
00:44:54l'amendement n'est pas adopté.
00:44:56Nous passons à six amendements.
00:44:58Nous allons pour le premier.
00:45:00C'était très clair.
00:45:02Je vous le dis et je l'affirme.
00:45:04Le six amendements de discussion commune.
00:45:06Nous démarrons par le 86 rectifié
00:45:08ministre, monsieur Omar Wali.
00:45:12Merci, monsieur le Président.
00:45:14Monsieur le ministre, mes chers collègues,
00:45:16cet amendement propose
00:45:18que l'établissement chargé de piloter
00:45:20la reconstruction de Mayotte
00:45:22repose seulement
00:45:24sur une représentation équilibrée
00:45:26états-élus locaux,
00:45:28mais également une véritable
00:45:30gouvernance partagée.
00:45:32C'est à cette condition
00:45:34que l'établissement pourra
00:45:36pleinement jouer son rôle
00:45:38de bras armés pour à la fois
00:45:40reprendre à l'urgence
00:45:42et reconstruire Mayotte
00:45:44sur le long terme.
00:45:46Le général Facon est à Mayotte
00:45:48pour une semaine.
00:45:50C'est à Mayotte
00:45:52que la mission doit se finaliser
00:45:54et non depuis Paris,
00:45:56monsieur le ministre.
00:45:58Le plan d'action doit être co-élaboré
00:46:00avec les élus
00:46:02au plus près des besoins
00:46:04de la population et pas seulement
00:46:06décliné avec les élus
00:46:08comme je l'ai entendu
00:46:10ce week-end.
00:46:12Cette gouvernance partagée, c'est une préalable
00:46:14pour créer les conditions
00:46:16d'un dialogue renouvelé
00:46:18entre l'Etat et les collectivités maores.
00:46:20C'est aussi l'assurance de bâtir Mayotte
00:46:22avec une culture, un savoir-faire
00:46:24commun et avec un plan d'action
00:46:26adapté aux spécificités
00:46:28de territoire.
00:46:30Avec le 117 rectifié bis.
00:46:36Cet amendement propose
00:46:38de prévoir que le représentant des maires
00:46:40de France de Mayotte
00:46:42peut être représenté au sein du conseil
00:46:44d'administration de l'établissement chargé
00:46:46de la reconstruction de Mayotte.
00:46:48C'est une demande formulée par l'AMF
00:46:50de Mayotte.
00:46:52Je profite de ce temps de parole
00:46:54monsieur le ministre pour revenir
00:46:56sur vos propos lors de votre audition
00:46:58devant la commission des affaires économiques.
00:47:00Vous avez dit, monsieur le ministre,
00:47:02les maires n'ont parfois pas
00:47:04assumé leurs responsabilités.
00:47:06Vous avez dit
00:47:08la nourriture n'est pas allée
00:47:10jusqu'au dernier kilomètre,
00:47:12c'est la responsabilité des maires.
00:47:14Alors que nous sommes censés travailler
00:47:16ensemble à la reconstruction de Mayotte,
00:47:18déjà vous pointez la responsabilité
00:47:20des élus dans la gestion de crise.
00:47:22C'est pourtant bien
00:47:24la responsabilité des services de l'État
00:47:26d'acheminer l'aide aux populations
00:47:28au plus vite, d'aller dans
00:47:30les communes, de prévenir
00:47:32toutes les dégradations humanitaires
00:47:34de la situation. Vous avez
00:47:36dit aussi, ne pas rentrer
00:47:38dans des polémiques, mais pardonnez-moi,
00:47:40on y est.
00:47:42On y est déjà avec
00:47:44le mot du Président de la République prononcé
00:47:46le 19 décembre, soit
00:47:48cinq jours après la catastrophe.
00:47:50Si ce n'était pas
00:47:52la France, vous seriez
00:47:54dix mille fois dans la merde.
00:47:56Et dans ces cas,
00:47:58pour quelles raisons
00:48:00le Premier ministre refuse l'organisation
00:48:02d'un débat, article 50-1,
00:48:04sur la situation
00:48:06de Mayotte, comme le Président Cannaire
00:48:08en a fait la demande dès le 20 décembre ?
00:48:10Pour quelles raisons
00:48:12refusez-vous de faire toute la lumière
00:48:14sur la gestion de la crise, que je demande
00:48:16également ? Quel climat
00:48:18de confiance instaurez-vous ?
00:48:20Les élus de Mayotte souhaitent
00:48:22être partie prenante de la construction
00:48:24de Mayotte. Cela
00:48:26veut dire qu'ils veulent être
00:48:28davantage consultés,
00:48:30ils veulent une véritable gouvernance
00:48:32partagée. Tout est à construire.
00:48:34On est à un tournant décisif
00:48:36pour l'avenir de notre île.
00:48:38Le ministre pour l'amendement
00:48:40156.
00:48:44Monsieur le Président, je
00:48:46répondrai tout à l'heure.
00:48:48Moi, Monsieur le Sénateur,
00:48:50je ne participerai à aucune polémique avec vous.
00:48:52Aucune. Parce que
00:48:54vous savez,
00:48:56il y a des arguments,
00:48:58si on veut rentrer dans ce débat, mais je le ferai pas.
00:49:04Je réitère ce que j'ai dit tout à l'heure.
00:49:06Sur place, parce qu'il faut toujours dire
00:49:08la vérité, sur les manques,
00:49:10sur les manques qu'il peut y avoir
00:49:12du côté de l'Etat, il y en a eu.
00:49:14Mais il y a eu aussi
00:49:16des problématiques posées dans les communes.
00:49:18Franchement, ne soyons
00:49:20pas dans la démagogie, ni vous ni moi,
00:49:22sur ce sujet-là. Et vous le savez
00:49:24parfaitement en plus, parce que vous connaissez mieux
00:49:26quiconque les élus.
00:49:28Et les problèmes qu'il y a pu y avoir,
00:49:30dans certains cas.
00:49:32La plupart des maires ont fait un travail formidable.
00:49:34Il y a des réalités.
00:49:36Mais je présente,
00:49:38c'est le sens de ma prise de parole,
00:49:40l'amendement qui porte
00:49:42sur la représentation des maires au sein du Conseil
00:49:44d'administration de l'établissement public de reconstruction.
00:49:46Madame la rapporteure,
00:49:48le rapporteur,
00:49:50Micheline Jacques, a choisi
00:49:52d'inscrire clairement que les maires doivent y être représentés.
00:49:54Et le gouvernement soutient
00:49:56et salue cette initiative.
00:49:58Cet amendement est le fruit d'un consensus
00:50:00de clarification qui garantit
00:50:02l'équilibre territoriaux, qui donne toute leur place
00:50:04aux communes, prévoit qu'au moins 5 représentants
00:50:06des communes et des établissements publics
00:50:08de coopération intercommunale siégeront
00:50:10au Conseil d'administration de l'établissement.
00:50:12Et je crois que cet amendement
00:50:14me semble
00:50:16atteindre pleinement l'objectif
00:50:18d'équilibre poursuivi.
00:50:20Ça n'existait pas avant,
00:50:22sur l'EFMAM.
00:50:24Ça n'existait pas. Donc là,
00:50:26cela permet, me semble-t-il,
00:50:28de travailler dans de meilleures conditions
00:50:30et d'intégrer l'attente
00:50:32des élus locaux
00:50:34comme des parlementaires sur ce sujet.
00:50:36Merci, M. le ministre.
00:50:38L'amendement 19, présenté par Mme Gull.
00:50:40Alors,
00:50:42cet amendement propose d'élargir
00:50:44la composition du Conseil. Alors, nous n'avons
00:50:46rien contre, bien sûr, à ce que les élus
00:50:48locaux y soient présents et même majoritaires.
00:50:50Mais cet amendement
00:50:52propose qu'il y ait également,
00:50:54dans le Conseil d'administration de l'établissement
00:50:56public chargé de la reconstruction
00:50:58de Mayotte, le comité de l'eau
00:51:00et de la biodiversité ainsi que le CESEM,
00:51:02comme c'était le cas initialement.
00:51:04Ces deux structures qui représentent
00:51:06dans un premier cas
00:51:08la société civile,
00:51:10dans un second cas
00:51:12les experts liés à l'eau et à la biodiversité
00:51:14nous semblent absolument
00:51:16indispensables.
00:51:18Nous semblent absolument indispensables
00:51:20dans ce nouvel établissement.
00:51:22Ils représenteront la société
00:51:24civile mahoraise et
00:51:26je reciterai, je reprendrai
00:51:28la citation de notre collègue
00:51:30Omar Wali, qui lui-même
00:51:32citait Nelson Mandela, tout ce qui est fait
00:51:34pour moi, sans moi, est fait
00:51:36contre moi, donc je pense qu'il faut le faire
00:51:38avec les Mahorais et avec
00:51:40les forces vives à l'intérieur
00:51:42de l'établissement public chargé
00:51:44de la reconstruction et
00:51:46non simplement en consultation.
00:51:48Merci, monsieur Omar Wali,
00:51:50pour le 118, rectifiabis.
00:51:56Alors, monsieur le président,
00:51:58le projet de loi donne le dernier mot
00:52:00au directeur général, c'est-à-dire à l'État,
00:52:02en cas de partage de voix au sein
00:52:04du conseil d'administration de l'établissement.
00:52:06Or, alors que le président,
00:52:08la présidence de l'établissement
00:52:10est confiée à juste titre à un élu local,
00:52:12ce ne sont pas
00:52:14les titres que les élus
00:52:16mahorais reclament, mais je le répète,
00:52:18une gouvernance partagée.
00:52:20Mon amendement prévoit
00:52:22que c'est le président de l'établissement
00:52:24qui pourra avoir le dernier mot
00:52:26en cas de partage de voix.
00:52:28J'ai déposé cet amendement en lien
00:52:30avec l'AMF de Mayotte.
00:52:32C'est une question de confiance
00:52:34placée dans les élus de la part de l'État.
00:52:36Alors que cette
00:52:38confiance soit
00:52:40confortée, le projet
00:52:42de loi acter pleinement
00:52:44le rôle du président
00:52:46de l'établissement qui sera
00:52:48confié à un élu.
00:52:50Rappelons que le gouvernement prévoyait initialement
00:52:52de confier à l'aide-femme
00:52:54la mission de coordination à la construction de Mayotte.
00:52:56Il l'a annoncé
00:52:58mesurant l'absence
00:53:00de confiance entre l'aide-femme et les élus
00:53:02mahorais. N'ayons pas
00:53:04un signal contradictoire et négatif
00:53:06en confiant une voix propre
00:53:08et de ronde aux représentants de l'État.
00:53:10Madame la rapporteure,
00:53:12au nom de la commission des affaires éco,
00:53:14le 170.
00:53:16Je présente un amendement
00:53:18170 de clarification
00:53:20juridique. Le directeur
00:53:22général de l'établissement public chargé de la
00:53:24reconstruction de Mayotte, bien que
00:53:26représentant de l'État, n'a pas vocation à
00:53:28devenir membre du conseil d'administration
00:53:30du nouvel établissement. Il est donc proposé
00:53:32qu'en représentant de l'État et voix
00:53:34prépondérantes, en cas de partage des voix
00:53:36au sein du conseil d'administration,
00:53:38l'ordonnance précisera
00:53:40de quels représentants
00:53:42il s'agit. Si vous voulez
00:53:44bien, je vais donner l'avis sur les autres amendements.
00:53:46Je suis tout à fait
00:53:48favorable à l'amendement 156 du
00:53:50gouvernement relatif à la représentation
00:53:52des communes au sein du conseil d'administration
00:53:54de l'établissement public
00:53:56chargé de la reconstruction de Mayotte.
00:53:58Nous avons voté en commission
00:54:00le principe d'une représentation des communes
00:54:02qui siégerait au sein du conseil
00:54:04d'administration à travers le président
00:54:06de l'association des maires de Mayotte
00:54:08et des représentants des 5 PCI.
00:54:10Le gouvernement propose une
00:54:12formulation plus souple
00:54:14tout en conservant les apports des travaux
00:54:16de la commission avec un minimum
00:54:18de 6 sièges, un pour
00:54:20le président de l'association des maires de Mayotte
00:54:22et au moins 5 pour les
00:54:24représentants des communes et des EPCI.
00:54:26De plus, il introduit la notion
00:54:28d'équilibre territorial qui est
00:54:30bienvenue. Je suis,
00:54:32en revanche, défavorable à l'amendement
00:54:3486 qui vise à la mise en place
00:54:36au sein du nouvel établissement public
00:54:38d'une gouvernance partagée entre l'État,
00:54:40les collectivités locales de Mayotte
00:54:42et leur groupement. Nous avons
00:54:44déjà fortement amélioré en commission
00:54:46le dispositif de gouvernance
00:54:48avec la présence au conseil d'administration
00:54:50du président de l'association
00:54:52des maires de Mayotte et d'au moins
00:54:545 représentants des communes et des EPCI.
00:54:56Pour autant, nous devons éviter
00:54:58de générer des situations de blocage.
00:55:00C'est pourquoi, plutôt qu'une gouvernance
00:55:02partagée, nous avons adopté
00:55:04un mécanisme qui donne à un représentant
00:55:06de l'État une voie prépondérante
00:55:08en cas de partage des voies
00:55:10au sein du conseil d'administration.
00:55:12Je suis de même défavorable
00:55:14à l'amendement 117
00:55:16qui vise à prévoir que le président
00:55:18de l'association des maires de Mayotte,
00:55:20membre du conseil d'administration
00:55:22de l'établissement public chargé de la reconstruction
00:55:24de Mayotte, puisse être représenté.
00:55:26En effet, il s'agit
00:55:28d'un niveau de détail trop poussé.
00:55:30Les procédures de suppléance
00:55:32et de représentation relèvent du règlementaire
00:55:34et pas d'une loi d'habilitation.
00:55:36Il appartiendra au décret
00:55:38statutaire du futur établissement public
00:55:40de prévoir les règles
00:55:42de désignation des suppléants ou représentants.
00:55:44Je suis également défavorable
00:55:46à l'amendement 19 sur la composition
00:55:48du conseil d'administration de l'établissement public
00:55:50chargé de la reconstruction
00:55:52de Mayotte.
00:55:54Il obligera ainsi ce conseil
00:55:56d'administration à avoir en son sein
00:55:58des représentants du conseil économique,
00:56:00social et environnemental de Mayotte,
00:56:02ainsi que du comité de l'eau et de la biodiversité
00:56:04de Mayotte. Or, ces deux structures
00:56:06sont déjà représentées au comité
00:56:08des techniques rattachées au conseil d'administration.
00:56:10Je suis enfin défavorable
00:56:12à l'amendement 118
00:56:14qui vise à donner au sein
00:56:16du conseil d'administration une voie prépondérante
00:56:18au président de l'établissement public
00:56:20chargé de la reconstruction de Mayotte.
00:56:22Nous proposons en effet d'en rester
00:56:24au dispositif que nous avons adopté en commission
00:56:26et qui consiste à donner
00:56:28au président du département
00:56:30la présidence de l'établissement public
00:56:32et à donner une voie prépondérante aux représentants
00:56:34de l'Etat en cas de partage des voies
00:56:36au sein du conseil d'administration.
00:56:38Très bien. M. le ministre,
00:56:40quel est l'avis du gouvernement sur ces amendements
00:56:42en discussion commune ?
00:56:44Évidemment, favorable pour ce qui concerne l'amendement
00:56:46que j'ai présenté, favorable à celui
00:56:48qui vient d'être présenté par Mme
00:56:50le rapporteur, défavorable
00:56:52aux autres amendements.
00:56:54Je crois que nous sommes arrivés à un bon
00:56:56compromis qui permet
00:56:58à cet établissement d'agir avec
00:57:00célérité, avec efficacité,
00:57:02mais aussi avec une représentation
00:57:04des élus.
00:57:06J'ai dû rencontrer pratiquement tous les maires
00:57:08une nouvelle fois sur place.
00:57:10J'ai eu un déjeuner
00:57:12de travail avec
00:57:14le président du conseil départemental,
00:57:16le président des maires et les
00:57:18présidents des EPCI.
00:57:20Nous avons signé une convention d'objectifs
00:57:22avec le président du conseil départemental.
00:57:24Nous avons beaucoup avancé sur la
00:57:26gouvernance de l'établissement
00:57:28public, donc je crois que nous sommes arrivés
00:57:30à un bon point d'équilibre. Je vous rappelle qu'il s'agit
00:57:32d'un établissement public,
00:57:34mais cet établissement public
00:57:36ouvre, je crois, les conditions d'une
00:57:38gouvernance qui permettra
00:57:40à cet outil d'être le plus efficace
00:57:42possible, parce qu'au fond, c'est le but,
00:57:44l'objectif que nous poursuivons tous.
00:57:46Merci.
00:57:48Je vais mettre au voie...
00:57:52Allez-y, allez-y.
00:57:54Merci monsieur le président,
00:57:56monsieur le ministre. Alors je voudrais
00:57:58rappeler quand même qu'on est ici dans une belle
00:58:00maison. On est au Sénat, on est
00:58:02dans la chambre des territoires.
00:58:04Et ce que nous demandent nos collègues
00:58:06aujourd'hui, c'est qu'il n'y ait pas forcément de
00:58:08place prépondérante pour décider
00:58:10d'un territoire. On a beaucoup
00:58:12parlé de la résilience des
00:58:14Mahoraises et des Mahorais. On a beaucoup parlé
00:58:16des manquements qu'il y a eu face à ce territoire.
00:58:18Et ce sont ces élus locaux
00:58:20qui font cette résilience
00:58:22aujourd'hui. Alors qu'ils souhaitent
00:58:24être dans la reconstruction
00:58:26pleinement et compter également
00:58:28dans les voies. Je pense qu'il serait
00:58:30intéressant que dans cette belle chambre,
00:58:32ici au Sénat, on puisse leur donner cette
00:58:34possibilité. Je vous remercie.
00:58:36Merci madame Bellim. Je vais mettre au voie
00:58:40pour démarrer le 86 rectifié BIS
00:58:42qui a reçu deux avis défavorables.
00:58:44Qui est pour.
00:58:54Qui est contre.
00:58:58L'amendement n'est pas adopté.
00:59:00Le 117 rectifié BIS,
00:59:02même avis, même vote.
00:59:04Très bien.
00:59:06Le 156 du gouvernement
00:59:08qui a reçu un avis favorable de la commission.
00:59:10Qui est pour.
00:59:12Qui est contre.
00:59:14Qui s'abstient. L'amendement est adopté.
00:59:16Nous passons au 19.
00:59:18Deux avis défavorables.
00:59:20Qui est pour.
00:59:22Qui est contre.
00:59:24Qui s'abstient.
00:59:26Qui est contre.
00:59:28Qui s'abstient.
00:59:30Il n'est pas adopté.
00:59:32Le 118 rectifié BIS,
00:59:34deux mêmes avis, même vote.
00:59:36Nous passons.
00:59:40Je mets au voie.
00:59:42Qui est pour.
00:59:44118 rectifié BIS.
00:59:48Qui est contre.
00:59:50Il n'est pas adopté.
00:59:52Le 170 de la commission
00:59:54avec un avis favorable du gouvernement.
00:59:56Qui est pour.
00:59:58Qui est contre.
01:00:00Qui s'abstient.
01:00:02Il est adopté.
01:00:04A l'article 4 BIS,
01:00:06l'amendement numéro 13.
01:00:10Madame Gull.
01:00:12Monsieur le président, monsieur le ministre,
01:00:14cet amendement a pour but de supprimer
01:00:16l'article 4 BIS, continuité de l'arrêté
01:00:18préfectoral, en vigueur
01:00:20depuis le 4 janvier.
01:00:22Alors, de quoi s'agit-il ?
01:00:24C'est qu'en fait, cet article réserve
01:00:26la vente de tôle aux individus qui réparent
01:00:28leur logement et qui présentent
01:00:30une pièce d'identité.
01:00:32Cet article impose
01:00:34également de tenir des registres
01:00:36de ces ventes, accessibles
01:00:38aux forces de l'ordre, et autorise
01:00:40la fermeture temporaire des établissements
01:00:42qui ne respecteraient pas
01:00:44ces obligations.
01:00:46Cet article est tout bonnement scandaleux.
01:00:48Je le dis, c'est un article scandaleux
01:00:50parce qu'il vise explicitement
01:00:52les personnes sans papier.
01:00:54Il se place dans la ligne droite
01:00:56d'un débat public nauséabond
01:00:58qui fait porter la responsabilité
01:01:00des destructions sur les migrants.
01:01:02Je demande la suppression
01:01:04de cette forme de préférence
01:01:06nationale, mesure phare du Rassemblement
01:01:08national, qui n'a rien à faire
01:01:10dans ce texte. Je vous remercie.
01:01:12Merci. Amendement
01:01:14identique au 5 4 3, madame Corbière,
01:01:16madame Inzo.
01:01:18Merci, monsieur le Président.
01:01:20Par cet amendement, notre groupe
01:01:22s'oppose à cet article,
01:01:24à cette mesure discriminatoire
01:01:26qui vise à conditionner la vente de tol
01:01:28à un particulier, à la présentation
01:01:30d'un titre d'identité.
01:01:32Si l'Etat devrait garantir
01:01:34le logement durable à tous les habitants de Mayotte,
01:01:36cet objectif est pour l'heure loin d'être atteint.
01:01:38Nombre d'entre eux n'ont pas d'autre choix
01:01:40que la construction d'habitats de fortune.
01:01:42Et bien au-delà des 39 morts
01:01:44recensées, et je le répète ici,
01:01:46dans cet hémicycle ce soir,
01:01:48le cyclone a tué de nombreuses victimes sans
01:01:50papier et dont la mort n'a pas été
01:01:52comptabilisée. Il a également
01:01:54détruit le logement de fortune de nombreuses
01:01:56personnes sans papier. Les opérations
01:01:58de destruction et d'expulsion de bidonvilles
01:02:00menées par l'ancien gouvernement ont par
01:02:02ailleurs condamné encore davantage
01:02:04des personnes au sans-abrisme.
01:02:06Qu'elles possèdent des papiers ou non, les personnes
01:02:08vivant à la rue voient leur vie menacée
01:02:10et elles ne peuvent reconstruire un logement.
01:02:12À Mayotte comme ailleurs, les personnes
01:02:14sans abri sont soumises à des conditions
01:02:16de vie inhumaines. Il convient
01:02:18pour nous ici de le dénoncer, de le rejeter
01:02:20fermement. C'est une question
01:02:22politique qui est posée ce soir
01:02:24à travers cet article. Et nous devons
01:02:26empêcher
01:02:28une personne de reconstruire
01:02:30un logement à l'absence de solutions alternatives.
01:02:32C'est directement menacer sa vie.
01:02:34Toute personne doit pouvoir dormir
01:02:36avec un toit sur sa tête à Mayotte,
01:02:38ailleurs, que la personne ait des papiers ou non.
01:02:40Merci.
01:02:42Merci le censé être rectifié, Mme Artigalas.
01:02:44Il a été très bien défendu par mes 2 collègues.
01:02:46Merci.
01:02:48Avis de la Commission sur ces 3 amendements.
01:02:52Ces amendements de suppression ont
01:02:54déjà été rejetés en Commission.
01:02:56Vous indiquez que l'encadrement de la
01:02:58vente de tol pousse à des pratiques clandestines.
01:03:00Je pense que vous oubliez, chers collègues,
01:03:02que la reconstitution d'une habitation
01:03:04informelle est déjà en soi
01:03:06une pratique clandestine et par essence
01:03:08interdite. Donc ce sera bien sûr
01:03:10un avis défavorable sur les 3 amendements.
01:03:12Monsieur le ministre.
01:03:16J'avoue que je suis troublé
01:03:18par
01:03:22je suis troublé
01:03:24par votre opposition
01:03:26à cette mesure que moi je qualifierais
01:03:28de cohérente et de bon sens.
01:03:30Il s'agit seulement
01:03:32d'empêcher la reconstruction des bidonvilles.
01:03:34C'est très difficile, nous l'avons vu.
01:03:36Puisque
01:03:38au lendemain
01:03:40ou surlendemain ou très vite
01:03:42après Chideau,
01:03:44ils se sont reconstruits
01:03:46dans des conditions
01:03:50dans des conditions rapides
01:03:52et dans des conditions
01:03:54pires évidemment en termes d'habitat
01:03:56par rapport à ce qu'ils connaissaient
01:03:58et dans des endroits
01:04:00où il y avait eu des casages
01:04:02comme on dit,
01:04:04sur des terrains glissants,
01:04:06sur des terrains qui sont,
01:04:08monsieur le sénateur tout à l'heure faisait allusion aux pluies
01:04:10qui ont eu lieu ce week-end,
01:04:12qui rendent encore plus dangereux
01:04:14pour
01:04:16les habitants, pour ceux qui sont dans ces bidonvilles,
01:04:20leur situation.
01:04:24Les Mahorais en règle pourront continuer
01:04:26à acheter de la tôle puisque cela demeurera
01:04:28possible sur présentation
01:04:30d'un justificatif de domicile.
01:04:32Et le statu quo
01:04:34que vous proposez
01:04:36me paraît dangereux et coupable.
01:04:40Pardon, on ne peut pas
01:04:42vous expliquer d'un côté,
01:04:44nous sommes au Sénat, une heure déjà avancée,
01:04:46donc tout ça dans la modération et dans le respect,
01:04:48enfin on ne peut pas nous expliquer
01:04:50d'un côté que
01:04:52ce serait une mesure de préférence nationale
01:04:56et que vous n'accepteriez pas
01:04:58mon argument. C'est dangereux et coupable.
01:05:00Parce que Chideau a été un révélateur
01:05:02de difficultés plus anciennes
01:05:04et plus structurelles sur cette question.
01:05:06Nous l'avons tous dit.
01:05:08Un tiers des habitations à Mayotte avant le cyclone
01:05:10étaient composées d'habitats informels,
01:05:12si ce n'est pas plus. La totalité de cet
01:05:14habitat informel composé majoritairement
01:05:16de tôles a été détruite par Chideau.
01:05:18Cette destruction n'a pas seulement privé
01:05:20des personnes d'un abri, elle a occasionné,
01:05:22c'est vrai, de nombreuses blessures.
01:05:24J'ai pu le constater aussi bien à l'hôpital
01:05:26qu'à l'hôpital
01:05:28de Mamoudzou,
01:05:30à l'hôpital de Campagne.
01:05:32Et si nous voulons reconstruire Mayotte
01:05:34et la débarrasser de ce fléau que sont les bidonvilles,
01:05:36il nous faut changer de paradigme
01:05:38et prendre des mesures fortes.
01:05:40Ça nécessitera du temps, j'en conviens,
01:05:42ça va nécessiter du temps.
01:05:44Parce qu'on ne recrée pas un parcours de logement
01:05:46en quelques semaines.
01:05:48Mais laisser la tôle en vente libre,
01:05:50c'est la garantie du retour
01:05:52des bidonvilles et un vrai risque
01:05:54pour la population au prochain événement
01:05:56climatique qui fera Mayotte.
01:05:58Donc, j'y suis évidemment défavorable.
01:06:00Un dernier mot,
01:06:02Madame Corbière en Amazon,
01:06:04apportez-moi des preuves.
01:06:06Vous ne pouvez pas affirmer ici
01:06:08au Sénat
01:06:10qu'il y aurait des victimes
01:06:12qui n'auraient pas été
01:06:14révélées aux uns et aux autres.
01:06:16Il y a eu des colonnes de gendarmes
01:06:18et de policiers qui sont montés
01:06:20dans des conditions, y compris de sécurité,
01:06:22difficiles, avec des chiens,
01:06:24pour voir s'il y avait des victimes.
01:06:26S'il y avait des victimes.
01:06:28On a parlé de 60 000 morts au début.
01:06:30Quand j'étais, il y a un mois,
01:06:32en réunion avec les maires de Petit-Terre,
01:06:34l'un d'entre eux m'a dit qu'il avait peut-être
01:06:36découvert un charnier de 80 personnes.
01:06:38Ça n'est pas le cas. Donc nous n'avons rien à cacher.
01:06:40Et il y a une chose que je n'admettrais pas,
01:06:42Madame la Sénatrice, c'est qu'on puisse remettre,
01:06:44non pas la parole d'un ministre,
01:06:46ça n'est pas le sujet, ça,
01:06:48mais qu'on puisse laisser penser, par votre affirmation,
01:06:50que nous serions en train de cacher
01:06:52telle ou telle victime.
01:06:54S'il y a des victimes en plus, on va le découvrir.
01:06:56Ou, dans quelles conditions,
01:06:58comment,
01:07:00vous introduisez un doute
01:07:02sur ce sujet-là,
01:07:04en jouant,
01:07:06en jouant, si,
01:07:08pardon, je vous le dis, avec la plus grande franchise,
01:07:10en jouant sur l'idée qu'on serait
01:07:12en train de cacher quelque chose. Non.
01:07:14S'il y a une réalité,
01:07:16elle sera portée à la connaissance
01:07:18de tout le monde. Mais ça fait déjà un mois
01:07:20que j'entends ce débat,
01:07:22et pour le moment, personne ne m'apporte
01:07:24la moindre preuve, la moindre démonstration
01:07:26du type d'affirmation
01:07:28comme la vôtre. Donc, non, à ce stade,
01:07:3040 morts, peut-être qu'il y a
01:07:32des disparitions,
01:07:34il faut le constater,
01:07:36mais attention, encore une fois, à ne pas
01:07:38participer à des rumeurs sur
01:07:40ce sujet-là.
01:07:42Merci, Madame Gull.
01:07:44Monsieur le Ministre,
01:07:46que vous disiez qu'on ne reconstruise
01:07:48plus un tôle, ou qu'on ne
01:07:50reconstruise plus de bidonvilles,
01:07:52ici, on peut avoir ce débat.
01:07:54Là, moi, j'ai aucun problème avec ça. Personne de mon groupe
01:07:56n'aura de problème avec ça. On aura le débat
01:07:58et on le tranchera. Mais là, c'est pas la question.
01:08:00La question, c'est pas acheter
01:08:02de la tôle ou ne pas acheter de la tôle.
01:08:04La question, c'est acheter de la tôle
01:08:06quand on a des papiers, et ne pas
01:08:08acheter de tôle quand on n'a pas de papier.
01:08:10C'est-à-dire permettre à des gens qui ont
01:08:12des papiers de pouvoir
01:08:14s'assurer un toit,
01:08:16et ne pas le permettre à d'autres. Je rappelle
01:08:18quand même que l'action humanitaire,
01:08:20normalement, elle est sans condition.
01:08:22Elle est sans condition de papier
01:08:24et sans condition de régularité.
01:08:26Donc, si nous sommes dans une
01:08:28catastrophe qui nécessite
01:08:30une forme d'action humanitaire,
01:08:32nous ne pouvons pas mettre pour
01:08:34ces objets. Alors, moi, je ne suis pas très favorable à la tôle.
01:08:36Je vous l'ai dit tout à l'heure, parce que je pensais
01:08:38que les algécos devaient être en bois. Là, vous m'avez
01:08:40expliqué que c'était très bien d'avoir des algécos
01:08:42en métal. Maintenant, vous nous dites, ah ben non,
01:08:44c'est pas bien d'avoir de la tôle, et donc, il vaut mieux
01:08:46pour ceux qui n'ont pas de papier
01:08:48qu'ils ne puissent pas acheter de la tôle. Je trouve
01:08:50que ça n'est pas logique, que ça n'est pas
01:08:52cohérent, et je pense
01:08:54effectivement que c'est,
01:08:56j'allais dire, dangereux
01:08:58pour reprendre vos termes.
01:09:00Sur les victimes, je crois que le fait
01:09:02qu'il n'y ait pas eu de recherche de victimes
01:09:04dans les tout premiers
01:09:06jours et les premiers temps,
01:09:08eh bien, effectivement, ça a permis
01:09:10aux uns et aux autres
01:09:12de pouvoir, ça a permis
01:09:14d'alimenter, j'allais dire, un certain
01:09:16nombre de peurs, de craintes,
01:09:18et je vous avoue que quand
01:09:20les maires, un des maires
01:09:22de Mayotte me disait
01:09:24qu'il n'y avait pas eu
01:09:26de recherche de victimes dans les 24
01:09:28premières heures et qu'ils étaient tous
01:09:30terrifiés à l'idée que
01:09:32l'un des leurs pouvait
01:09:34être encore en vie et ne pouvait pas être recherché,
01:09:36eh bien, effectivement, on peut
01:09:38comprendre que tout cela
01:09:40génère après
01:09:42de la défiance. Voilà.
01:09:44Je vous remercie.
01:09:45Merci, madame Ponce et Monge, s'il vous plaît.
01:09:50Merci, monsieur le président.
01:09:52Alors, il y a un droit
01:09:54d'hébergement en France, je crois.
01:09:56Et les tôles, justement, c'est le toit.
01:09:58Tout simplement,
01:10:00quand on achète des tôles,
01:10:02on fait en sorte d'avoir un hébergement.
01:10:04Donc, si
01:10:06l'hébergement,
01:10:08par contre, c'est pas comme le logement,
01:10:10l'hébergement, c'est un droit
01:10:12en France. Voilà.
01:10:14Je serais tentée aussi de dire
01:10:16que
01:10:18c'est les ONG
01:10:20qui vous rappellent à l'humanité.
01:10:22C'est quand même incroyable.
01:10:24J'entends, quelques fois,
01:10:26les ONG, elles ont donné de l'eau
01:10:28à des gens qui étaient irréguliers.
01:10:30Non, mais enfin, pour arriver à dire ça,
01:10:32pour arriver à dire...
01:10:34Alors, sur l'eau aussi,
01:10:36je suppose qu'il y avait une petite
01:10:38préférence nationale, peut-être due
01:10:40à la pénurie.
01:10:42De fait, parce qu'effectivement,
01:10:44j'ai entendu en commission,
01:10:46enfin, en audition, quelqu'un dire
01:10:48c'est pas normal, les ONG, elles servent
01:10:50les irréguliers.
01:10:52Ben oui, parce que, que ça soit
01:10:54pour acheter une tôle ou pour,
01:10:56quelquefois, être recherché
01:10:58en tant que blessé ou mort
01:11:00ou pour avoir
01:11:02de l'eau et des produits de subsistance,
01:11:04il n'y avait pas les ONG.
01:11:06Avec l'impératif humanitaire,
01:11:08eh bien, effectivement,
01:11:10ça n'aurait pas été fait. Quant aux morts et aux blessés,
01:11:12moi, j'attends que vous
01:11:14nous disiez combien de personnes
01:11:16en situation irrégulière dans vos
01:11:18statistiques. Parce que c'est ça
01:11:20le problème aussi.
01:11:22Si vous dites que la moitié de la
01:11:24population est irrégulière, je suppose
01:11:26que dans les centaines de blessés,
01:11:28vous avez la même proportion.
01:11:30Autrement, il y a quelque chose, il y a un biais statistique
01:11:32et il faudra l'expliquer.
01:11:34Madame Corbière,
01:11:36la minzou.
01:11:40Oui,
01:11:4439 morts,
01:11:4640 morts,
01:11:48on en est
01:11:50à ce détail-là.
01:11:52Parce que je dis que c'est un,
01:11:54c'est vraiment
01:11:56affligeant d'avoir ce débat-là
01:11:58ici, ce soir. Moi, je ne suis
01:12:00aussi qu'une élue,
01:12:02je ne suis qu'un relais.
01:12:04La parole que je porte ici, dans cet hémicycle,
01:12:06c'est la parole qu'on me confie
01:12:08et qu'on me demande de venir
01:12:10porter jusqu'ici.
01:12:12Et vous le savez, vous avez fait le trajet,
01:12:14monsieur le ministre, vous le savez
01:12:16que je ne m'amuse pas, moi, à faire
01:12:1810 000 kilomètres sur les frais du contribuable
01:12:20pour venir vous raconter des bêtises
01:12:22ici.
01:12:24C'est la voix, c'est la voix
01:12:26des associations, des
01:12:28responsables associatifs, des bénévoles
01:12:30qui sont sur le terrain
01:12:32à Mayotte et qui me disent
01:12:34qu'en effet, il y a des sépultures,
01:12:36des sépultures qui ne sont
01:12:38pas comptabilisées.
01:12:40Elles existent.
01:12:42Et vraiment,
01:12:44j'en appelle à la conscience nationale
01:12:46qu'on aille regarder, qu'on aille voir
01:12:48précisément ce qui s'y passe et qu'on
01:12:50regarde aussi les victimes,
01:12:52toutes les victimes, pas seulement celles qui ont des papiers,
01:12:54mais vraiment toutes les victimes
01:12:56de ce cyclone.
01:12:58Voilà. Monsieur le ministre,
01:13:00après que les collègues se soient exprimés.
01:13:02Alors,
01:13:04concernant les sépultures,
01:13:06moi, je vis à Mayotte
01:13:08et quand il y a des sépultures ou bien
01:13:10des gens qui n'auraient pas été identifiés, on l'aurait senti.
01:13:12Donc ça, moi, je dis non,
01:13:14on ne peut pas aujourd'hui venir dire
01:13:16qu'il y a des gens qui n'ont pas été
01:13:18identifiés ou en tout cas curés.
01:13:20Concernant, j'ai entendu dire, les ONG,
01:13:22alors c'est moi qui l'ai dit en commission,
01:13:24oui, ce que j'ai dit, ce n'est pas
01:13:26qu'on distribue
01:13:28qu'aux gens
01:13:30qui n'ont pas de papier, c'est juste qu'on ne donnait pas,
01:13:32on ne distribuait pas aux Français.
01:13:34Aujourd'hui, les ONG,
01:13:36dans leur distribution, ils distribuent,
01:13:38je prends un exemple tout simple,
01:13:40il y a des plats chauds qui sont préparés par une
01:13:42ONG américaine et qui va dans
01:13:44les bidonvilles pour distribuer aux enfants
01:13:46des bidonvilles. Les Mahorais aussi, enfin,
01:13:48il y a des enfants Mahorais, pourquoi ils ne vont pas
01:13:50distribuer ça dans les écoles ?
01:13:52Là, il n'y aura pas de distinction
01:13:54d'enfant. Il faut aller pour tout le monde,
01:13:56ça doit être pour tout le monde, mais je n'ai jamais dit
01:13:58que c'était que pour les gens
01:14:00qui ont des papiers. Voilà ce que je voulais
01:14:02ajouter. Merci,
01:14:04M. Gueye.
01:14:06M. le ministre,
01:14:08M. Gueye, vous voulez parler, si vous pouvez,
01:14:10excusez-moi, mais voilà.
01:14:12Allez-y, M. Gueye. Et M. le ministre
01:14:14conclura. Merci,
01:14:16merci, M. le président, M. le ministre, mes chers
01:14:18collègues. Moi, je pense qu'on touche
01:14:20au cœur du débat
01:14:22et peut-être, il faut l'assumer,
01:14:24de nos désaccords.
01:14:26Vous nous avez dit
01:14:28qu'il y a un texte d'urgence,
01:14:30puis il y aura un texte
01:14:32sur la reconstruction plus durable.
01:14:34Nous l'entendons. La question
01:14:36qui nous est posée donc aujourd'hui dans
01:14:38le texte d'urgence, c'est de savoir
01:14:40si nous prenons la question
01:14:42prioritaire
01:14:44de l'aide universelle
01:14:46apportée à chacune et chacun
01:14:48et de lutte contre
01:14:50la grande pauvreté et donc
01:14:52de fait, d'empêcher
01:14:54ou de tenter d'empêcher, vous l'avez
01:14:56dit, et nous le savons sur le terrain,
01:14:58dès le lendemain ou le surlendemain,
01:15:00celles et ceux qui habitaient dans des
01:15:02bidonvilles ont déjà reconstruit
01:15:04un habitat de fortune. Mais de tenter
01:15:06d'empêcher la reconstruction,
01:15:08ou est-ce que la question
01:15:10prioritaire pour vous
01:15:12est la question de la lutte contre l'immigration
01:15:14clandestine ? C'est ça tout le débat.
01:15:16Parce que si la question est,
01:15:18comme nous, nous le pensons
01:15:20et nous le proclamons ici,
01:15:22avec chaque groupe de gauche, et je ne dis pas
01:15:24que la question
01:15:26d'aide universelle
01:15:28n'est que de la gauche. Mais
01:15:30qu'on ait des papiers ou pas,
01:15:32il faut empêcher
01:15:34des hommes et des femmes de reconstruire
01:15:36Antolles. Et donc nous ne comprenons
01:15:38pas pourquoi, si j'ai un papier
01:15:40je ne pourrais pas en acheter, et si
01:15:42j'en ai, je pourrais. Parce
01:15:44que l'habitat de fortune les frappera
01:15:46quoi qu'il arrive, avec ou sans papier,
01:15:48de la même façon
01:15:50si un nouveau cyclone venait
01:15:52à frapper. Et donc c'est pour ça
01:15:54que nous pensons, et nous vous disons
01:15:56que c'est discriminatoire.
01:15:58Parce que nous pensons que de toute
01:16:00façon, il faut arrêter l'Atolle
01:16:02pour tout le monde. Et que nous mettons
01:16:04les moyens dans le durable
01:16:06et dans le texte qui arrivera, pour
01:16:08reconstruire Endure pour toutes et tous.
01:16:10C'est ça la question. Mais là, dans
01:16:12un texte d'urgence, pourquoi
01:16:14prendre une telle mesure, à ce
01:16:16moment là, qui apparaît pour
01:16:18nous discriminatoire, vous pourrez
01:16:20évidemment nous répondre.
01:16:22Je vous le redis, si des hommes et des femmes
01:16:24maorais, français et françaises
01:16:26rachètent de l'Atolle, mais que dans
01:16:2815 jours, nous sommes frappés d'un nouveau
01:16:30cyclone, ce que personne ici ne
01:16:32souhaite, le papier,
01:16:34ou les privés de papier, ne seront
01:16:36pas plus protégés.
01:16:38Monsieur le Ministre.
01:16:40Monsieur le Président,
01:16:42je reviendrai tout à l'heure sur la question
01:16:44de l'Atolle, puisque
01:16:46je présente un amendement au nom du gouvernement
01:16:48qui rétablit les conditions d'un justificatif
01:16:50de domicile pour l'achat
01:16:52d'Atolle,
01:16:54en supprimant
01:16:56la présentation d'une autorisation
01:16:58d'urbanisme. D'une certaine manière, je l'ai déjà présenté.
01:17:00Pour simplifier les choses, et surtout
01:17:02pour ne pas risquer de priver
01:17:04les maorais de bonne foi, de l'achat d'Atolle
01:17:06pour des petits travaux pour lesquels ils en ont besoin.
01:17:08La question de l'Atolle,
01:17:10ici, à des élus maorais,
01:17:12fait partie de...
01:17:14Ce n'est pas uniquement une question liée
01:17:16à l'immigration régulière ou régulière.
01:17:18Elle fait partie d'une culture.
01:17:20C'est ainsi. C'est une réalité
01:17:22en tout état de cause.
01:17:26Et nous pourrons, demain,
01:17:28faire évoluer
01:17:30l'urbanisme, l'habitat sur place.
01:17:32Je l'ai évoqué tout à l'heure dans mon discours.
01:17:34Je n'y reviendrai pas.
01:17:36Mais là, par le décret
01:17:38d'interdiction
01:17:40de la vente d'Atolle,
01:17:42puis par les mesures prises par le préfet,
01:17:44et par les mesures que nous mettons dans la loi,
01:17:46oui, c'est un premier pas que nous faisons,
01:17:48bien évidemment,
01:17:50par rapport à un débat qui sera
01:17:52beaucoup plus large.
01:17:54Deuxièmement,
01:17:56moi, j'ai constaté,
01:17:58dans les débats à l'Assemblée,
01:18:00moins ici, et puis surtout sur place,
01:18:02où je me suis rendu,
01:18:04c'est le rôle,
01:18:06c'est mon rôle en tout état de cause
01:18:08d'y aller, et d'y aller régulièrement.
01:18:10Le mieux possible,
01:18:12Madame la Sénatrice,
01:18:14et c'est ainsi, la prochaine fois,
01:18:16j'irai, si vous le voulez bien, en bateau.
01:18:18Mais c'est mon rôle pour constater,
01:18:20pour écouter.
01:18:22Les débats sont exacerbés.
01:18:24Exacerbés.
01:18:26Surtout les sujets que vous avez évoqués.
01:18:28Ils sont durs, hein.
01:18:30Il y a des mots,
01:18:32il y a une colère,
01:18:34parce qu'on parle beaucoup de la colère vis-à-vis de l'État,
01:18:36mais il y a une colère aussi vis-à-vis
01:18:38de l'immigration régulière,
01:18:40vis-à-vis des Comores.
01:18:42Elle est utilisée,
01:18:44elle est exacerbée,
01:18:46elle est manipulée, tout ce que vous voulez,
01:18:48mais c'est une réalité. Madame la Sénatrice,
01:18:50vous avez aussi ces débats à la Réunion.
01:18:52Ils existent, hein.
01:18:54Sur tous les bancs.
01:18:56Vis-à-vis des Mahorais.
01:18:58Vis-à-vis des Mahorais.
01:19:00Et si on écoute bien les Mahorais,
01:19:02il y a une forme, parfois,
01:19:04de ressentiment aussi vis-à-vis
01:19:06de leurs compatriotes réunionnais.
01:19:08Je dis ça avec beaucoup de prudence.
01:19:10Le seul fait que j'organise une réunion
01:19:12au lendemain de mon premier déplacement
01:19:14à la préfecture de Saint-Denis,
01:19:16de la Réunion,
01:19:18avec l'ensemble des partenaires économiques réunionnais,
01:19:20pour voir comment ils pouvaient
01:19:22aider, soutenir et investir.
01:19:24Un maillot a créé des débats,
01:19:26des crispations, des tensions.
01:19:28Donc, on marche
01:19:30sur des œufs.
01:19:32C'est pour ça que
01:19:34je fais attention.
01:19:36Mais c'est vrai qu'il y a un débat
01:19:38là-bas permanent disant
01:19:40l'action de l'État ou les associations
01:19:42visent à favoriser d'abord
01:19:44l'immigration illégale.
01:19:46C'est pas moi qui le dis.
01:19:48C'est comme ça.
01:19:50C'est cette réalité.
01:19:52Et pardon, hein,
01:19:54d'introduire ce sujet politique.
01:19:56Regardez les résultats aux élections présidentielles
01:19:58ou législatives, hein.
01:20:00C'est...
01:20:02On est à Mayotte, hein.
01:20:04Il n'y a pas de hasard non plus.
01:20:06Donc, je... Troisièmement.
01:20:08Madame la sénate,
01:20:10je ne veux pas avoir un débat
01:20:12de caractère désagréable avec vous.
01:20:14Ça n'aurait aucun sens. C'est vous qui avez introduit
01:20:16le débat sur les victimes.
01:20:18C'est pas moi. C'est vous qui introduisez
01:20:20un doute. Pardon de vous le dire.
01:20:22Vraiment,
01:20:24je vous assure, si malheureusement
01:20:26il y avait eu des dizaines,
01:20:28des centaines de victimes,
01:20:30mais je le dirais,
01:20:32on constaterait une catastrophe.
01:20:34Il y a eu une journée de deuil au plan national.
01:20:36Les premières images,
01:20:38le silence qui régnait sur l'île,
01:20:40le silence après
01:20:42le passage de Chidault, laissait à penser
01:20:44qu'il pouvait y avoir, à cause de ce silence
01:20:46ou à travers ce silence,
01:20:48beaucoup plus de victimes.
01:20:50S'il y avait des dizaines, des centaines,
01:20:52des milliers de victimes ou des disparues,
01:20:54pourquoi l'État
01:20:56devrait le taire ?
01:20:58Et j'en termine avec ça,
01:21:00parce que ça serait des irréguliers.
01:21:02Mais il y a eu
01:21:045739 prises en charge
01:21:06à l'escrime, à l'hôpital militaire.
01:21:08J'y étais.
01:21:10J'ai vu les gens
01:21:12qui étaient ou malades ou qui devaient
01:21:14subir une opération à cause
01:21:16d'une tôle
01:21:18qui avait déchiré
01:21:20un membre. Est-ce que vous pensez
01:21:22que quelqu'un a regardé le titre d'identité ?
01:21:24Il y a eu
01:21:2615 000 soins prodigués dans le cadre de l'allée
01:21:28vers les gens.
01:21:30Est-ce que vous pensez qu'il y a une seule personne
01:21:32qui a regardé les titres d'identité ?
01:21:34Quant aux vaccins
01:21:36contre la typhoïde ou le choléra,
01:21:38est-ce que vous pensez qu'il y a la moindre
01:21:40personne qui regarde les titres d'identité ?
01:21:42Quand on accueille à la rentrée
01:21:44scolaire, là,
01:21:46les profs, est-ce que vous pensez
01:21:48qu'il y a quelqu'un qui regarde un titre d'identité ?
01:21:50Donc, dans l'action de l'État,
01:21:52on regarde,
01:21:54évidemment, on fait attention
01:21:56d'un point de vue humain. Ça nous est d'ailleurs
01:21:58reproché par des formations politiques
01:22:00et par des élus de tous les
01:22:02couleurs politiques sur place.
01:22:04De tous les couleurs politiques.
01:22:06Donc, nous nous faisons
01:22:08face aussi à la fois à cette désespérance
01:22:10des Mahorais, mais aussi,
01:22:12évidemment, à cette problématique posée par
01:22:14les migrants. Mais ce que je sais, c'est que
01:22:16si à Mayotte on n'apporte pas des solutions
01:22:18concrètes, pratiques, sur la question
01:22:20de l'immigration ou des taux, on n'y arrivera pas.
01:22:22On nous a même reproché au début de la
01:22:24présentation de la loi qu'on n'allait pas,
01:22:26il n'y avait pas de mesure sur l'immigration, ce n'était pas le but,
01:22:28mais qu'il n'y avait pas de mesure
01:22:30sur la question des bidonvilles. Et le
01:22:32débat fait qu'on a introduit ces mesures,
01:22:34parce que c'est une réalité, là-bas.
01:22:36Donc, moi, je...
01:22:38Il y a une réalité, elle est difficile,
01:22:40on essaie de la prendre par différents bouts,
01:22:42on ne le fait pas, honnêtement, d'un point de vue
01:22:44idéologique, encore moins au nom de je ne sais quelle
01:22:46préférence nationale, mais parce qu'il y a une réalité
01:22:48et que nous devons une réponse
01:22:50à nos compatriotes Mahorais.
01:22:52À nos compatriotes
01:22:54Mahorais, qui vivent une situation
01:22:56extrêmement difficile.
01:22:58Et, vous le vouliez ou non,
01:23:00que dans...
01:23:02sur ce territoire, il y ait
01:23:04100 000 étrangers,
01:23:06dont une grande partie est en situation
01:23:08régulière, ne pas reconnaître
01:23:10que c'est un problème majeur.
01:23:12Il y a des problématiques avec les Comores, incontestablement.
01:23:14Vous l'avez dit, monsieur le sénateur, tout à l'heure.
01:23:16Mais, il y a une demande
01:23:18de réponses importantes, car il y a un sentiment
01:23:20d'impuissance de l'action de l'État
01:23:22sur ces sujets-là. Eh bien, on
01:23:24commence à apporter des réponses.
01:23:26Elles sont difficiles, mais il faudra les apporter.
01:23:28Merci. Je vais mettre donc aux voix
01:23:30ces trois amendements identiques
01:23:32qui ont un avis défavorable
01:23:34de la Commission et défavorable du gouvernement,
01:23:36qui est pour,
01:23:38qui est contre. Ils ne sont pas
01:23:40adoptés. Monsieur le ministre,
01:23:42le 81,
01:23:44est-ce que je considère que vous l'avez
01:23:46bien évidemment défendu ?
01:23:48Avis de la Commission, chers collègues.
01:23:50Alors, je donnerais un avis
01:23:52de sagesse,
01:23:54parce qu'effectivement,
01:23:56on avait introduit,
01:23:58remplacé
01:24:00le justificatif de domicile
01:24:02par le réciprocité de dépôt
01:24:04d'une déclaration
01:24:06de travaux pour les petites
01:24:08réparations, dans la mesure où
01:24:10j'ai des doutes sur
01:24:12l'efficacité du justificatif
01:24:14de domicile, alors que les adresses
01:24:16ne sont pas toutes fixées
01:24:18et qu'il y a de nombreuses fraudes.
01:24:20Néanmoins, j'ai entendu les
01:24:22arguments du
01:24:24Premier ministre, et mon objectif,
01:24:26ce n'est pas de restreindre
01:24:28excessivement la vente de tol.
01:24:30Merci. Nous allons donc...
01:24:32Je vais soumettre aux voix...
01:24:34Madame Ponce et Monge.
01:24:40On rétablit...
01:24:42Alors moi, par contre,
01:24:44j'ai assisté aux auditions quand même
01:24:46sociales. Vous êtes sûr,
01:24:48Monsieur le ministre, qu'après
01:24:50une telle catastrophe, on peut produire
01:24:52facilement des justificatifs
01:24:54de domicile ?
01:25:00Allez-y.
01:25:02Ça vaut le délit.
01:25:04Merci, Monsieur le Président. Mes chers collègues.
01:25:06Monsieur le ministre, tout à l'heure, j'ai fait parler
01:25:08à un responsable
01:25:10qui avait été plusieurs fois à Mayotte
01:25:12avant le cyclone.
01:25:14C'était pour attirer notre attention ici.
01:25:16Non, mais ce n'est pas marrant.
01:25:18Non, je m'excuse. Si j'ai compris
01:25:20un sourire, je me suis trompé.
01:25:22Mais parce qu'il y a
01:25:24un avant.
01:25:26Et là, on est dans un devoir de continuité, de réparer.
01:25:28J'ai écouté, là, le débat.
01:25:32Et je me suis dit,
01:25:34vous avez raison,
01:25:36les Maorais, ils sont en
01:25:38légalité.
01:25:40En légalité.
01:25:42Mais le problème, c'est que les Maorais, ils sont
01:25:44en illégalité même quand ils sont français.
01:25:46Par rapport à leurs
01:25:48concitoyens ultramarins et encore
01:25:50plus vis-à-vis de l'Hexagone. Je vous donne un
01:25:52exemple. Enfant à charge, si vous étiez
01:25:54seul. Non servi à Mayotte,
01:25:56servi ailleurs.
01:25:58Enfant à charge, privé de l'aide
01:26:00non-servie à Mayotte, prime à l'adoption, non-servie à Mayotte, allocation de base du
01:26:05taux plein, non-servie à Mayotte, prestations partagées à l'éducation de l'enfant, non-servie
01:26:10à Mayotte, revenu de solidarité non-servie à Mayotte, prime de déménagement non-servie à
01:26:14Mayotte, aides personnalisées non-servie à Mayotte. Ce que je veux vous dire là, c'est pas une polémique,
01:26:18c'est que j'ai entendu tout à l'heure mon collègue qui disait, pas reconstruire mais construire,
01:26:24c'est qu'il faut qu'on assume un passif, il faut réparer des injustices. Les français maorais sont
01:26:31victimes d'une injustice, donc à un moment n'opposons pas les questions d'immigration etc. en
01:26:37jouant sur les mots. Il y a des droits, le droit commun sur l'hexagone et le droit commun sur tous
01:26:43les autres départements ultramarins n'est pas respecté à Mayotte et ça, il n'y a pas besoin
01:26:49d'être normalement que de gauche pour penser qu'il faut rétablir un élément de justice devant
01:26:53le droit commun, quel que soit le département où on habite, voilà. Donc c'est mieux de le dire
01:26:58quand même que tous ces droits là, les maorais n'y ont pas droit. Merci, je vais donc mettre
01:27:07voie à l'amendement 81 présenté par le gouvernement qui a reçu un avis de sagesse de la commission,
01:27:14qui sont ceux qui sont d'avis de l'adopter, le fassent en levant la main, qui sont ceux qui sont
01:27:19pour, contre. Il est adopté. Article 4 bis pour adopter. Merci d'avoir suivi cette séance sur
01:27:32notre antenne. Vous pouvez la retrouver sur notre site internet publicsena.fr. Très bonne journée à vous.