• il y a 4 heures

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Et nous sommes donc avec Julie Pietri, également avec Guillaume Durand parce que c'est aujourd'hui la journée mondiale contre le cancer.
00:06Le journal Aujourd'hui en France en fait d'ailleurs ça une. Maladie du cancer, si nombreux, si jeunes.
00:11L'institut Gustave Roussy lance une enquête afin de comprendre pourquoi le nombre de tumeurs digestives explose chez les moins de 50 ans.
00:19Nous serons tout à l'heure avec le professeur David Cahillat, mais nous sommes avec Julie Pietri, avec Guillaume Durand
00:24pour évoquer le cancer et évoquer aussi la psychologie lorsqu'on apprend cette information qui effectivement change la vie.
00:34Julie Pietri, merci vraiment d'être avec nous. Vous êtes guérie d'un cancer de l'endomètre.
00:41Et je ne suis pas sûr que tout le monde connaisse précisément ce qu'est l'endomètre.
00:45Donc si vous le permettez, je vais dire précisément les choses. Est-ce que vous m'autorisez ?
00:49Absolument.
00:50L'endomètre ou muqueuse utérine est le tissu qui tapisse l'intérieur de l'utérus avec plus de 5000 nouveaux cas de cancers de l'endomètre diagnostiqués chaque année.
01:00C'est le cinquième cancer le plus fréquent chez les femmes en France.
01:03Il survient généralement vers 60-65 ans après la ménopause.
01:06Il n'existe pas de symptômes spécifiques à ce cancer.
01:10Si. Si. Si, si, là je m'inscris en faux.
01:16En fait, et c'est pour ça que je voudrais alerter toutes les femmes,
01:21si vous êtes pris de saignements, c'est quand même un cancer dit de la ménopause.
01:27Donc si vous avez des saignements et vous avez mal, il ne faut pas laisser passer l'occasion d'aller consulter très très vite.
01:34Et j'allais effectivement enchaîner, il peut se manifester par un saignement vaginal anormal, des crampes ou encore des douleurs dans le bas-ventre.
01:42Quand est-ce que vous avez contracté, quand est-ce que s'est déclaré ce cancer ?
01:47Alors je pense qu'on est porteurs tous de certaines cellules qui avancent anarchiquement selon les cas.
01:56En tout cas pour ceux qui sont atteints de cancer.
01:58Et je savais que quelque part, après avoir été atteinte d'endométriose depuis l'âge de 12 ans,
02:05même si j'ai été opérée, en fait j'ai été opérée d'une endométriose en microchirurgie,
02:13ensuite j'ai eu la chance d'attendre un enfant, ce qui est très rare parce que le diagnostic de l'endométriose c'est d'être stérile,
02:21et j'ai eu la chance d'attendre ma fille Manon, et donc j'ai été de nouveau réouverte au même endroit,
02:29puisque utérus cicatriciel, ça veut dire que vous devez subir une césarienne.
02:36Et ensuite, bien plus tard, je savais que tout ça était fragile, j'avais un fibrome de la taille d'un pamplemousse.
02:49Je vivais ma vie d'artiste sur scène et discographiquement parlant,
02:55avec plutôt l'envie de répondre à ma passion que d'écouter mon corps, ou d'écouter certaines douleurs,
03:02et Dieu sait si j'en ai eu, et si j'ai été soignée avec de la morphine, si ça soigne, je ne sais pas, en tout cas ça fait moins mal.
03:10Voilà, donc moi j'ai un petit peu occulté quand ça a commencé, au décès de ma maman, à saigner,
03:18je me suis dit ce n'est pas grave, même si mon gynéco me disait que si ça commence à saigner, ce n'est pas génial.
03:25Ça c'était quand ?
03:26C'était en 2021.
03:28Donc entre le moment où ça saigne, comme vous dites, et le moment où vous apprenez que c'est un cancer, il s'est passé combien de temps ?
03:37En fait, j'ai sorti un album qui s'appelait Origami, et comme je ne voulais pas en démorde, puisque c'est moi qui produisais,
03:45j'ai continué, j'ai fait la première scène de l'Origami Tour, qui était la nouvelle Eve, exprès, clin d'œil,
03:51et là-dessus je me suis aperçue que je saignais non-stop, matin, midi, soir.
03:57Donc vous allez évidemment à l'hôpital ?
03:59Je vais voir mon gynéco, qui me dit, non non, on va direct voir le chirurgien avec lequel je travaille, que je salue, docteur Séror,
04:09et je pense que tout ça est de très mauvaise augure, je m'en doutais.
04:15Moi je m'en doutais, je suis un bon taureau, je suis assez terre-à-terre, et je sais que quand on a eu toute cette chronologie de symptômes et d'ennuis,
04:25il y a quelque chose qui ne va pas du tout.
04:28Donc le cancer est diagnostiqué à ce moment-là ?
04:33Je vais voir donc mon chirurgien qui me dit, on va faire un prélèvement sous, on va faire une hystéroscopie,
04:43et ça s'est fait en une semaine, je savais que j'en avais un, je n'étais pas tellement étonnée.
04:48Donc vous entrez dans un traitement, dans une phase de traitement ?
04:50Alors pas du tout, mon chirurgien me dit, on ne va pas commencer tout de suite avec des chimios, etc.
04:57Moi je vous conseille une seule chose, on enlève tout.
04:59Tout, tout, tout.
05:02Et on a donc programmé l'hystérectomie.
05:06Est-ce que vous prenez dans ces cas-là un deuxième avis, ou est-ce que vous faites confiance à 100% à ce chirurgien ?
05:12Je fais confiance à 100% à mon gynéco qui a été assistant pour la microchirurgie avec mon endométriose,
05:20qui a été assistant du chirurgien quand j'ai accouché de ma fille, pour la césarienne,
05:27et donc je savais qu'on avait fait beaucoup d'échographies.
05:31Alors il faut toujours faire tous les examens possibles et imaginables,
05:35nous les femmes, c'est notre point faible, il n'y a pas que le cancer du sein,
05:39dont on parle énormément, il faut également parler de ces 5000 cas par an qui apparaissent,
05:45du cancer de l'endomètre.
05:47Ce cancer par exemple, votre chirurgien, immédiatement ou rapidement vous dit, voilà ça se soigne,
05:54on va faire ça, vous serez guéri, vous n'êtes pas en danger de mort ?
05:58Alors ce n'est pas, c'est ce qu'il m'a dit en effet, vous avez tout à fait raison,
06:03il m'a dit, on en guérit si on enlève tout, si on fait une hystérectomie,
06:07c'est pour ça que je conseille aux femmes d'aller voir tout de suite un bon chirurgien
06:12et de faire le nécessaire, et c'est ce qui s'est passé.
06:15Et donc après vous êtes guéri aujourd'hui, il n'y a pas eu de séquelles,
06:19et aujourd'hui vous vivez entre guillemets sans effet secondaire ?
06:22Il y a eu un rebondissement, c'est qu'en ouvrant,
06:26j'ai beaucoup d'ouverture,
06:30en ouvrant le chirurgien a pensé que j'avais une extension opéritoine,
06:35parce qu'il a remarqué des cellules extrêmement suspectes.
06:39Donc il a refermé sans m'opérer,
06:42je ne vous dis pas dans quel état j'étais,
06:44parce que je me suis aperçu que je n'étais pas opérée,
06:47certes j'étais courbée en deux parce que j'avais été ouverte,
06:52mais il m'a dit je pense que vous avez une extension opéritoine.
06:56Et elle était réelle cette extension ?
06:59J'ai passé huit jours d'enfer,
07:01d'enfer,
07:02par contre autant je suis assez combattante et assez forte et assez résiliente,
07:07autant là je me suis dit, il m'a dit écoutez,
07:09je pense qu'on va commencer par une chimiothérapie de six mois,
07:12on continuera par une hystérectomie,
07:14et on continuera par une radiothérapie,
07:16vous en avez pour un an et demi,
07:18et là on va choisir une perruque, etc.
07:20Donc là je me suis un peu écroulée,
07:22et je rends grâce à la psychologue du service d'oncologie,
07:27n'hésitez jamais à aller voir mesdames,
07:29la psychologue qui va...
07:31Mais c'est une réalité ça ou finalement c'est l'extension ?
07:34Alors ça n'a pas été une réalité,
07:36parce qu'il a fait beaucoup d'examens,
07:38beaucoup d'analyses,
07:40il a fait faire beaucoup d'analyses,
07:42et ses cellules avaient beau être moches,
07:44elles n'étaient pas cancéreuses.
07:46Donc on a reprogrammé...
07:48Voilà, l'hystérectomie...
07:50Et il n'y a pas eu de chimiothérapie, il n'y a pas eu de radiothérapie ?
07:52Si, si, si, si, si, si, si,
07:54il préférait prendre des mesures de protection,
08:00donc moi j'ai fait douze séances de radiothérapie,
08:02ce qui bousille aussi un peu,
08:04mais voilà, je pense qu'il faut
08:06aller jusqu'au bout des traitements,
08:08et reprendre sa vie et sa passion,
08:10le plus rapidement possible,
08:12moi j'étais un peu rapide
08:14à reprendre le boulot sur scène,
08:16je venais à peine
08:18de terminer la radiothérapie,
08:20mais c'est aussi ma passion
08:22qui me guide et qui fait que
08:24je me relève.
08:26Et vous êtes relevé, alors on va laisser passer
08:28quelques secondes
08:30de publicité,
08:32on va être également avec Guillaume Durand,
08:34avec le professeur Kayad qui nous écoute,
08:36je vous remercie grandement parce que...
08:38Merci beaucoup de m'avoir écouté.
08:40C'est jamais facile peut-être de témoigner,
08:42de raconter, on marque une pause...
08:44Il faut appeler un chat à un chat et parler aux femmes.
08:46On marque une pause et on revient
08:48avec Guillaume tout de suite.
08:50Restez bien avec nous, la suite de Pascal Proévous, c'est dans un instant.
08:52Il est 12h13 sur Europe 1.
08:54Europe 1.
08:56Guillaume Durand est avec nous,
08:58je le remercie une nouvelle fois,
09:00il est atteint,
09:02vous êtes guéri
09:04d'un cancer de la mâchoire,
09:06comment je peux dire ça ?
09:08J'ai eu un cancer de la mâchoire, normalement
09:10ça va beaucoup mieux,
09:12quant à la guérison absolue,
09:14on n'en sait jamais rien,
09:16mais c'est très compliqué parce que
09:18j'écoutais avec beaucoup d'attention,
09:20faut-il en parler, faut-il ne pas en parler,
09:22est-ce qu'on est exhibitionniste,
09:24est-ce qu'au contraire, on ne joue pas le rôle qu'on devrait jouer ?
09:26Il ne faut quand même pas oublier
09:28qu'on n'arrête pas de parler,
09:30parce que c'est notre passion Pascal,
09:32de politique, de social,
09:34mais il y a 400 000 personnes par an qui sont touchées,
09:36dont 150 000 qui meurent.
09:38Donc si vous voulez, la plus grande injustice du monde,
09:40c'est que des gens ont 20 ans, 30 ans,
09:42et qui tout d'un coup sont touchés par une maladie
09:44dont ils n'ont jamais pu
09:46créer les conditions,
09:48puisque par définition, ils n'ont pas bu vraiment,
09:50ils n'ont pas fumé, en tout cas ils sont jeunes.
09:52Je prends l'exemple d'une grande chanteuse belge,
09:54qui s'appelle Jody De Vos,
09:56qui a été présentée un peu comme la future Kala,
09:58chanteuse lyrique, elle est morte à 35 ans,
10:00brutalement, cancer,
10:02et ça a été une sorte de deuil national,
10:04en Belgique, personne n'a rien vu venir.
10:06Moi j'étais chez le dentiste, 1, 2, 3,
10:08j'avais mal aux dents,
10:10par à Biarritz, va faire du surf avec un peu de Doliprane,
10:12t'inquiète pas, etc. En fait j'avais un cancer de la mâchoire,
10:14il n'avait rien vu, puis après une radiologue
10:16de la salle pétrière,
10:18grande spécialiste de la mandibule,
10:20qui m'a fait donc un scanner,
10:22rien du tout, pas de problème, Doliprane, Biarritz.
10:24Et là vous aviez mal ?
10:26J'avais un peu mal, oui.
10:28Un peu ou beaucoup ? Non, j'avais un peu mal,
10:30mais c'était pas dramatique, mais c'est justement ce que disait
10:32tout à fait Juliette. Le symptôme, c'est le mal.
10:34Le principe de base, c'est pour ça que j'ai accepté
10:36d'être porte-parole de Rouge Gorge,
10:38c'est un des cancers ORL, c'est que le principe
10:40de base, dès que vous avez quelque chose de bizarre
10:42qui dure, il faut consulter.
10:44On a beaucoup parlé justement
10:46de la taxe Lapin, etc.
10:48Il faut consulter. Beaucoup de gens ne vont pas chez le dentiste
10:50parce qu'ils ont la trouille, mais c'est une erreur terrible
10:52parce qu'après ça pose des problèmes
10:54considérables. Alors vous pensez que c'est arrivé parce que
10:56votre rythme de vie, alors vous buvez pas,
10:58vous fumez pas, mais vous pensez
11:00que le journalisme
11:02à haute dose, que vous avez exercé
11:04la pression, pourquoi pas, le fait
11:06d'avoir ces horaires particuliers.
11:08À 5h du matin, c'est quand même pas la vie de monsieur Tout-le-Monde.
11:10Donc il est
11:12évident qu'on en porte les traces, même
11:14physiquement.
11:165h du matin, c'est pas 2h du matin non plus.
11:18Oui, mais enfin j'ai commencé à 2h.
11:20Je vous fais un résumé, j'ai commencé quand j'étais jeune
11:22journaliste, c'était comme ça.
11:24Je veux dire, on pensait pas à ça. Moi, je
11:26transporte avec moi
11:28la joie de ma famille, la joie d'être
11:30avec vous, et j'ai lu
11:32justement, ce que je disais parmi tous les médicaments, le mieux
11:34c'est quand même de lire, ou d'écouter de la musique.
11:36C'est Albert Camus,
11:38le jour où il a prononcé
11:40son discours pour le Nobel,
11:42et voilà ce qu'il a dit,
11:44ne cherchons pas la porte illussue ailleurs
11:46que dans le mur contre lequel nous vivons.
11:48Un mur est arrivé devant moi
11:50quand un type m'a dit dans un bureau,
11:52il s'appelle,
11:54je devrais donner son nom, il m'a dit, tu as un cancer.
11:56Le mur s'est mis devant moi,
11:58et ça consiste pas à éviter,
12:00à tourner à gauche, à tourner à droite,
12:02à aller regarder par terre.
12:04Vous l'avez dit à votre entourage ?
12:06Evidemment.
12:08Il y a des gens qui ont un cancer qui ne le disent pas.
12:10Oui, mais à son entourage, on le dit,
12:12parce que c'est une évidence. Moi, j'ai été opéré pendant 11 heures.
12:14Vous imaginez ce que c'est ? On m'a transféré la jambe
12:16à la place de la mâchoire.
12:18Vous pouvez imaginer que quand tout d'un coup, mon père au nez
12:20voit arriver un steak frites, il trouve ça bizarre.
12:22Quelle est la question que vous avez posée immédiatement quand le cancérologue
12:24vous a dit, Guillaume, tu as un cancer ?
12:26À qui il va m'opérer ?
12:28Vous n'avez pas dit, est-ce que je vais guérir ?
12:30Est-ce que c'est mortel ?
12:32Je disais tout à l'heure,
12:34qu'en dehors des questions sociales et politiques
12:36et artistiques, on rentre dans quelque chose
12:38qui est vraiment du domaine de la condition humaine.
12:42Je ne suis pas du genre
12:44pompeux,
12:46j'adore le rock, j'adore la peinture,
12:48mais il y a quelque chose qui est le plus profond
12:50que tout ce qu'on traite.
12:52C'est ce fameux mur dont parle Camus.
12:54Tout d'un coup, on est confronté à quelque chose
12:56qui nous dépasse,
12:58et quand ce quelque chose vous dépasse,
13:00et qu'en plus la médecine est capable d'apporter des réponses,
13:02mais qu'en même temps,
13:04comme vous l'avez dit tout à l'heure,
13:06plus elle guérit, comme Julie,
13:08plus il y a des choses bizarres qui arrivent,
13:10les cancers digestifs pour les adolescents,
13:12donc c'est une espèce de bataille générale,
13:14et c'est un problème
13:16pour la société,
13:18et ça nous ramène à ce que je disais tout à l'heure,
13:20faut-il rester l'homme discret
13:22dans un coin
13:24sa maladie, ou faut-il venir voir Pascal Praud
13:26pour en parler ?
13:28Moi, j'ai beaucoup réfléchi,
13:30et j'ai dit, je vais voir Pascal Praud,
13:32deuxièmement, j'ai écrit un livre sur Manet,
13:34qui lui-même était atteint de la syphilis,
13:36et j'ai eu le Renaudot à cause de ça,
13:38c'est pas du tout de la promo, c'est juste pour dire que
13:40j'ai trouvé à travers cette tragédie
13:42la nécessité de la dépasser,
13:44de lui foutre un coup de poing dans la gueule,
13:46de continuer à travailler,
13:48d'avoir par exemple, quand je vais sur les chaînes d'info,
13:50vous voir, par moment j'ai des problèmes de respiration,
13:52j'ai pas de salive, etc.
13:54Eh ben, j'y vais, putain !
13:56Mais vous avez mal tout le temps, Guillaume ?
13:58Parce que quand je vous vois, moi je vous vois parfois en dehors des studios,
14:00vous vous touchez souvent le visage,
14:02et c'est ça qui est quand même rude,
14:04c'est-à-dire que ce cancer est guéri,
14:06mais qu'il a une séquelle, et la séquelle c'est la douleur,
14:08et la douleur c'est rude !
14:10Vous savez, moi j'ai été
14:12un peu sportif, plus jeune, et encore maintenant,
14:14et donc,
14:16moi je refuse de la morphine.
14:18C'est-à-dire que tous ces trucs-là, c'est pas pour moi.
14:20Le Doliprane, reste le médicament,
14:22enfin plus les petites choses,
14:24je vais vous faire le bruit de l'artisial.
14:26C'est quoi l'artisial ?
14:28C'est un truc qui est un substitut de la salive,
14:30parce que quand on court, on n'a plus de salive,
14:32quand on parle, on n'a plus de salive.
14:34Si je faisais le discours de Camus
14:36pour la réception du Nobel,
14:38ce qui ne m'arrivera jamais,
14:40au bout d'un certain temps, on n'a plus de salive.
14:42C'est pour ça que j'en revis beaucoup.
14:44Julie, parce que beaucoup de gens
14:46qui m'ont tripoté la mâchoire,
14:48notamment des kinés, m'ont dit
14:50tu devrais chanter, tu devrais apprendre de chanter,
14:52trouver un prof de chant.
14:54C'est une thérapie, comme la méditation d'ailleurs.
14:56Parce que ça oblige
14:58cette
15:00mâchoire un peu bizarre
15:02que vous avez à s'activer.
15:04Au fond, je préfère chanter
15:06Jonas et Véronique Sanson ou Julie
15:08que de
15:10rester tout seul devant ma glace.
15:12Mais en même temps,
15:14à un moment, on est face à tout ça
15:16tout seul.
15:18C'est ça qui est intéressant aussi.
15:20Quand vous dites
15:22que vous êtes face à vous-même,
15:24est-ce que vous avez réagi
15:26avec le recul comme vous imaginiez
15:28peut-être que vous auriez réagi ?
15:30Est-ce que vous êtes surpris
15:32dans cette maladie ? Est-ce que vous vous êtes trouvés
15:34courageux ? Est-ce que vous êtes fiers
15:36de vous, entre guillemets ?
15:38Ou est-ce qu'autrement ?
15:40Je rigole, non.
15:42Je voudrais savoir comment.
15:44C'est les autres qui vous définissent
15:46en bien et en mal, vous en savez quelque chose.
15:48Vous savez, c'est
15:50les autres qui tracent votre portrait.
15:52Donc je vais évidemment me garder
15:54de tracer le mien. C'est pour ça que je suis passé par Manet
15:56pour expliquer ce que pouvait être
15:58la souffrance. Est-ce que vous vous êtes surpris ?
16:00Est-ce qu'il y a des choses qui vous ont surpris de vous, de vos réactions ?
16:02Mon entourage
16:04m'a dit que
16:06j'étais pas trop
16:08plaintif après ce qui m'était arrivé.
16:10Mais il faut penser aussi
16:12à l'extraordinaire compétence des infirmiers,
16:14des chirurgiens, des gens qui vous opèrent.
16:16Non mais moi je me trouve serein.
16:18Je trouve que dans
16:20cette séquence,
16:22vous avez été d'une
16:24sérénité que
16:26je trouve assez remarquable.
16:28Bah, Fight Club.
16:30Fight Club.
16:32Edouard Norton,
16:34Brad Pitt, moi je suis la version
16:36plus vieille, un peu amochée, mais Fight Club.
16:38David Kayat, qui nous écoute
16:40et évidemment qui entend
16:42ces deux témoignages. Je voulais vous faire réagir
16:44sur les deux. Qu'est-ce que vous retenez de
16:46ce que vous venez d'entendre entre Julie
16:48Pietri et Guillaume Durand ?
16:50Évidemment, chacun connaît
16:52le cancérologue que vous êtes. David Kayat, bonjour.
16:54Bonjour.
16:56Écoutez, plusieurs choses.
16:58La première,
17:00dire à Guillaume Durand
17:02qu'effectivement, le travail
17:04nocturne, ou le travail à horaire décalé
17:06est un facteur cancérigène de
17:08niveau 1. Aujourd'hui, on parle de
17:10l'aspartame, c'est du niveau 2B, c'est-à-dire qu'on n'a
17:12aucune idée si c'est vraiment cancérigène.
17:14Mais quand on dit 1, c'est du niveau du tabac.
17:16Donc vraiment, on sait que tous ceux qui ont
17:18des horaires décalés avec une partie
17:20du travail nocturne ont plus de cancer
17:22que les autres. Donc ça, c'est pour ce
17:24qu'avait dit Guillaume Durand sur son travail à la
17:26matinale.
17:28Sinon, effectivement,
17:30le Fight Club, ça c'est quelque
17:32chose, mais Julie Pietri l'a dit
17:34aussi, il faut se battre quand on a un cancer,
17:36ça vous tombe dessus. Moi, ça fait
17:3849 ans que je fais ce métier, j'ai vu des milliers
17:40de malades à qui j'ai annoncé ce diagnostic,
17:42il y a un effondrement, toujours. Maintenant,
17:44le travail du cancérologue, à part
17:46l'application de la science,
17:48c'est aussi de relever les gens,
17:50de leur donner de l'espoir, de leur expliquer
17:52ce dont il s'agit, de comment ça va
17:54se passer, et de faire en sorte que
17:56de chercher chez eux
17:58les ressources qu'eux-mêmes n'avaient pas
18:00forcément identifiées avant.
18:02Le problème, c'est que
18:04tout le monde pense à l'infarctus, quand vous demandez
18:06comment vous voulez
18:08mourir, tout le monde vous dit un infarctus, l'anime.
18:10J'ai jamais vu quelqu'un qui dit, moi, je veux mourir d'un cancer
18:12avec de la chimio. Donc, personne ne s'est préparé
18:14psychologiquement à ce qui est pourtant
18:16une maladie d'une fréquence extraordinaire.
18:18C'est 430 000 nouveaux cas
18:20chaque année en France, et c'est 160 000
18:22morts. Avec une progression, vous savez,
18:24entre 1990 et 2020,
18:26le nombre de cancers en France a
18:28doublé. 98% d'augmentation.
18:30D'accord ? Donc, il faut,
18:32malheureusement, ni les médias,
18:34ni le système scolaire,
18:36personne n'explique vraiment,
18:38personne ne commente
18:40suffisamment. Les premières fois où on a osé
18:42parler du cancer, c'est quand on a fait les campagnes
18:44sur ces héros ordinaires,
18:46quand je présidais l'Institut National du Cancer,
18:48pour dire, arrêtez, il y a des cancéreux autour de vous,
18:50et ils vivent normalement.
18:52Donc, soyez conscients
18:54de l'existence de cette maladie,
18:56et surtout, croyez dans votre destin
18:58et dans le fait qu'il existe des possibilités
19:00de guérir aujourd'hui. David Kayad, vous restez avec nous,
19:02on marque une pause et on revient.
19:0411h-13h, Pascal Praud
19:06sur Europe 1. C'est aujourd'hui la journée
19:08mondiale contre le cancer, vous le disiez,
19:10le journal Aujourd'hui en France en a d'ailleurs fait sa
19:12une, on est avec David Kayad qui est oncologue
19:14et c'est vrai qu'il y a des cancers qui
19:16explosent, colon, pancréas, foie,
19:18le nombre de cas rapportés chaque
19:20année reste assez faible, mais il grimpe
19:22depuis plusieurs années. Et régulièrement,
19:24vous êtes venu nous en
19:26parler, M. Kayad,
19:28avec des pistes, l'alimentation
19:30visiblement, est-ce
19:32qu'on en sait davantage
19:34aujourd'hui sur les raisons
19:36de cette explosion de cancers ?
19:38Alors, en fait,
19:40l'évolution des cancers en France, elle est
19:42marquée par deux tendances. D'une part,
19:44à part l'augmentation majeure du nombre de cas
19:46que j'ai cité tout à l'heure, mais à côté de ça,
19:48on a d'une part une
19:50explosion, on peut dire,
19:52des cancers chez les jeunes, notamment des cancers
19:54du colon et des cancers du sein.
19:56Et ça, on a des hypothèses. Et puis,
19:58à côté de ça, il y a une épidémie,
20:00en ce moment, on peut dire, de cancers
20:02du pancréas,
20:04notamment chez la femme, et du cancer du poumon
20:06chez la femme non fumeuse. Donc, on a des
20:08choses qu'on ne comprend pas. Sur
20:10les cancers chez les gens plus jeunes,
20:12on a des hypothèses. Pour le cancer du
20:14colon, probablement un contact
20:16beaucoup plus précoce que dans notre génération
20:18à vous et moi, est beaucoup plus important
20:20avec les aliments ultra-transformés.
20:22Aujourd'hui, il y a des parents qui donnent
20:24des aliments industriels
20:26à des gamins de 2 ans. Et pour ce qui
20:28est de ça, c'est pour les colons, et pour les cancers
20:30du sein, on évoque l'hypothèse
20:32du rôle des perturbateurs endocriniens,
20:34ces molécules chimiques que l'on
20:36trouve un peu partout, dans ce que l'on boit,
20:38dans ce que l'on mange, dans ce que l'on touche.
20:40Et ces perturbateurs endocriniens, ils changent
20:42le métabolisme, ils changent la
20:44façon dont les hormones naturelles sont sécrétées
20:46dans le corps des femmes, et
20:48provoquent des effets sur tout ce qui
20:50est lié aux hormones, et notamment le cancer
20:52du sein. Pour les cancers du pancréas
20:54et les cancers du poumon chez la
20:56femme non-fumeuse, on n'a pas d'hypothèse.
20:58On évoque plein de choses, mais on n'a
21:00aucune hypothèse pour dire la vérité.
21:02Merci beaucoup David
21:04Kayat, merci beaucoup, et puis
21:06nous suivrons évidemment
21:08avec vous, toujours
21:10les nouvelles avancées
21:12dans cette maladie.
21:14À 12h35, Guillaume Durand, est-ce qu'il est possible
21:16de parler de la psychologie
21:18dans ces cas-là ?
21:20Parce que si les cancers sont évidemment
21:22différents, il y a quelque chose, les anciens
21:24malades que vous êtes, peuvent peut-être témoigner
21:26de l'importance de la
21:28psychologie, et peut-être aussi de l'entourage.
21:30Alors je vais vous donner un exemple,
21:32moi
21:34donc j'ai d'abord,
21:36surtout après les 11h d'opération,
21:38je suis parti en vacances
21:40à Biarritz avec
21:42une amie
21:44urgentiste, parce qu'évidemment j'étais
21:46quand même en morceaux,
21:48et au bord
21:50de la plage, je voulais marcher, je voulais essayer
21:52de courir, mais l'île était complètement barjo,
21:54etc., avec une cicatrice
21:56énorme, mais je me suis un peu forcé,
21:58c'est pas du tout un témoignage
22:00de... mais je faisais
22:02la même chose
22:04à la clinique, c'est-à-dire que je passais, je disais aux infirmières
22:06vous m'avez pas vu sortir,
22:08et je le faisais parce que je le faisais,
22:10c'est un peu bête comme phrase, mais je le faisais
22:12parce que je ne voulais pas rester dans ma chambre
22:14comme un con allongé sur mon lit, alors que
22:16par moments j'étais quand même
22:18très très mal,
22:20mais c'était comme ça, c'est quelque chose qui est
22:22plus fort que soi, et ce qui était plus fort
22:24que tout, c'est que
22:26quand je rentrais dans la machine atroce
22:28qui est la machine de radiothérapie,
22:30qui est en fait une sorte de four à micro-ondes dans lequel
22:32on vous met la tête, avec un masque
22:34sur la tête pour diriger les radiations
22:36vers l'endroit où vous êtes touché,
22:38donc vous avez une sorte de masque
22:40grand comme ça, comme c'est le masque des escrimeurs,
22:42avec les yeux, le nez
22:44pour respirer ça, on vous met dans
22:46une espèce de four à micro-ondes,
22:48et vous êtes clouté parait-il le masque,
22:50et on vous ressort,
22:52et c'est
22:54tous les jours pendant
22:56quinze jours, trois semaines,
22:58un mois, moi ça a duré plus longtemps,
23:00et à la fin d'ailleurs,
23:02et vous savez ce que je faisais,
23:04je réponds à votre question, en fait
23:06ma fille m'avait donné une carte postale
23:08avec vas-y papa,
23:10courage papa, etc,
23:12et je l'ambulanciais
23:14tous les matins, quand je sortais de la clinique
23:16pour aller à la radiothérapie,
23:18je disais, oh merde, j'ai oublié
23:20la carte postale de ma fille, et je prenais la carte
23:22postale de ma fille, je la tenais dans ma main,
23:24et je rentrais dans le four à micro-ondes avec la carte postale de ma fille,
23:26et je me disais,
23:28Angélique, je te verrai
23:30à vingt ans, quoi qu'il arrive.
23:32Et ça s'est passé, elle n'a pas vingt ans encore,
23:34mais ça,
23:36c'est un truc
23:38qui peut paraître idiot,
23:40aujourd'hui, tout à l'heure, je vous ai amené des petits médicaments
23:42de confort, mais aujourd'hui, par exemple,
23:44j'ai toujours dans mon portefeuille un mot de mon fils.
23:48Et voilà, c'est des choses
23:50qui sont symboliques, mais
23:52qui vous aident énormément.
23:54Julie Pietri, et ça sera le dernier mot sur ce sujet.
23:56Un dernier mot, c'est qu'en effet,
23:58moi j'ai été ravie d'être aidée par
24:00une psychologue,
24:02et j'ai repris
24:04le sport très rapidement, malgré
24:06quatre ouvertures, ou cinq
24:08ouvertures au ventre de gauche à droite
24:10de trente centimètres.
24:12Et je crois
24:14qu'aussi les enfants nous aident beaucoup.
24:16Ma fille était là en me disant, vas-y maman,
24:18je veille. Et ça, c'est extraordinaire.
24:20Et je voudrais aussi
24:24faire un petit appel en disant que
24:26t'es pas tout seule
24:28à avoir un cancer, que tu peux
24:30joindre des gens à une association
24:32qui s'appelle Patients en Réseau.
24:34Et j'ai assisté
24:36au dixième anniversaire hier,
24:38je suis un peu leur marraine,
24:40et joignez Patients
24:42en Réseau.fr
24:44Pour être
24:46accompagnée, il y a un
24:48réseau par ville, et je pense
24:50que parler et
24:52éclater le plafond de verre,
24:54c'est la chose la plus importante.
24:56Merci vraiment à tous les deux.
24:58Je donne le nom de l'association,
25:00si je peux. Elle s'appelle Rouge Gorge,
25:02il y aura une campagne nationale, justement,
25:04qui aura lieu
25:06du 31 mars au 4 avril,
25:08justement, pour que les gens se fassent
25:10dépister. Merci à tous les deux.
25:12Dernier album en studio Origami pour Julie
25:14Pietri, sorti en 2022, dont la promotion
25:16a été avortée en raison précisément de
25:18votre cancer, repris fin 2023
25:20avec la sortie d'une édition Deluxe Collecteur
25:22de l'album Origami, que très
25:24gentiment, vous m'avez apporté avec trois titres inédits
25:26supplémentaires, dont un duo avec
25:28Ansela Akella, j'ai un duo avec
25:30Lio, femme du Sud, et puis l'actualité de
25:32Guillaume Durand, qui écrit merveilleusement bien,
25:34qui est dans notre profession,
25:36il a été à Europe
25:38ici, c'est bande à part
25:40aux éditions Plon, sorti le
25:4219 septembre dernier, et c'est vrai
25:44que Guillaume, dans notre métier, a sinon
25:46tous les talents, en tout cas, en a beaucoup.
25:48Merci, on est avec Jeanne Masse, après la pause,
25:50à tout de suite.

Recommandations