• avant-hier
#Cinema #Film #Hollywood #Movie #Netflix #Popculture #Analyse #Critiquedefilm #Review #ReservoirVlog #MelGibson
Transcription
00:00La mise en scène de La Passion du Christ, au delà de parfaitement gérer son rythme en nous épuisant volontairement,
00:05offre une violence directe qui se veut pourtant bien moins insupportable que beaucoup osent l'affirmer.
00:09Dans le film, la plupart des gestes physiquement violents sont entendus et seulement montrés à travers la réaction de ceux qui en sont témoins,
00:16ceux qui la provoquent, et celui qui la subit.
00:19Mais la réputation du film étant son talon d'Achille, beaucoup viennent faire des suppositions sur ce qu'ils n'ont pas vu.
00:24Et les autres sont trop occupés à compter les coups de fouet et à y voir une sorte de prise à partie religieuse,
00:29et autres blasphèmes, là où le message se veut pourtant parler à tous, croyant ou non.
00:34Encore une fois, je vous confirme que personnellement, je ne suis pas croyant.
00:37Mais le message du film, allant au-delà d'un simple dogme religieux, je me suis retrouvé à travers lui.
00:42J'ai ressenti tout ce qu'il est possible de ressentir devant.
00:45Et en ce qui concerne la violence graphique qui a choqué les plus fragiles,
00:49je trouve intéressant de laisser la parole à René Girard concernant ce point.
00:53J'ai des réserves au sujet du film, mais son projet fondamental,
00:57c'est-à-dire d'utiliser vraiment le cinéma pour montrer la souffrance du Christ,
01:02ça n'a jamais été fait.
01:04Mais ça a été fait en peinture.
01:06Et personne ne s'insurge aujourd'hui contre le Christ de Grunewald à Colmar,
01:13ou personne ne s'insurge contre l'art espagnol en général,
01:16qui montre des Christs beaucoup plus épouvantables et effrayants que celui de Mel Gibson.
01:25Parce qu'au final, c'est là tout le paradoxe du film.
01:28C'est sa réputation désastreuse qui en fait un des films les plus rentables de l'histoire du cinéma.
01:33J'ai l'impression que celles et ceux qui se sont rendus au cinéma pour aller voir La Passion du Christ
01:37l'ont fait comme s'ils auraient ralenti devant un accident de voiture,
01:40pour assouvir leurs besoins de violence primaire.
01:42Ah oui, donc si le film de Mel Gibson est violent, je vais aller voir ça par moi-même.
01:46A partir de là, les gens se sont rendus au cinéma avec une seule et unique idée en tête.
01:50Pour eux, le film était déjà plié avant même de l'avoir vu.
01:53Et tout ceci a bien entendu mis de côté la valeur cinématographique de l'oeuvre et le message de son auteur.
01:58J'ai découvert ce film à l'âge de 13 ans, et bien sûr j'ai été marqué par son parti pris visuel.
02:03Mais je me souviens surtout avoir pleuré devant, parce que je voyais était bouleversant.
02:08J'ai revu le film pour la seconde fois quelques semaines avant l'enregistrement de cette vidéo,
02:12soit 14 ans plus tard.
02:14Et c'est la preuve que la réputation de ce dernier m'a également atteint.
02:17J'appréhendais beaucoup de le revoir, mais après avoir sauté le pas, je n'ai eu aucun regret.
02:22Car avec du recul, c'est toute la puissance de l'oeuvre qui s'en est dégagée, bien au-delà des polémiques.
02:27Ça n'est pas mon film préféré de Gibson,
02:29mais c'est indéniablement celui qui restera gravé au plus profond de ma mémoire.
02:33Il est donc temps aujourd'hui de remettre la passion du Christ à sa place d'oeuvre artistique,
02:38et d'en parler comme telle.
02:39La violence y est représentée pour une raison bien particulière, qu'on peut ne pas apprécier,
02:44mais qui ne peut en aucun cas être condamnée à la seconde où celle-ci est justifiée par une vision artistique.
02:49Redonner sa chance à la passion du Christ.
02:51Ne restez pas sur des idées reçues et vivez pleinement ce qu'un auteur hors pair a réussi à mettre en place.
02:57Et croyez-moi, je pense qu'il en a fallu du courage pour sortir ce film.
03:00Parce que dans Braavheart par exemple, la violence est bien présente dans les combats,
03:04mais pour ce qui est de la scène de torture, c'est seulement suggéré.
03:07Pourtant cette douleur, cette peine, cette empathie,
03:10je la ressens tout autant devant Braavheart que dans la passion du Christ.
03:13Et ça c'est dû encore une fois à la mise en scène très pertinente de Mel Gibson.
03:17Parce que la violence elle est surtout donnée par l'être humain,
03:20c'est lui qui la subit, mais c'est surtout lui qui la distribue.
03:23Que ce soit physiquement ou à travers ses actes de trahison.
03:27Gibson va toujours surélever la violence à travers ses décors afin de la mettre en scène comme un spectacle.
03:32Un spectacle que le peuple se réjouit de voir, un spectacle dont il est à l'origine.
03:37On regarde avec méfiance le manoir en hauteur d'un monstre.
03:40On vient assister à la mise à mort d'une conviction que l'on ne partage pas.
03:44On vient faire l'état des lieux de la souffrance d'un homme qu'on juge encore trop faible,
03:48et on le suit dans cette souffrance.
03:50On assiste à des sacrifices avec un certain plaisir sadique,
03:53et sous prétexte d'une croyance aveuglément rassurante,
03:56on rejoint la scène de cette souffrance pour y prendre part.
04:00C'est dans ces moments là qu'on comprend ce que Gibson conspue.
04:03Et ça nous ramène à ce dilemme cité plus tôt.
04:06Il vient nous mettre le nez dans nos péchés, mais paradoxalement il est porteur d'un immense espoir.
04:10La violence face à l'amour, c'est comme ça qu'il construit ses oeuvres.

Recommandations