• avant-hier

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Générique
00:1218h41, merci de nous accueillir sur Europe 1 et sur CNews.
00:16Toujours à mes côtés ce soir, Véronique Jaquet, Pierre Lelouch, Luc Gras, Nathan Deveret, Gauthier Lebret.
00:21On va parler de Sophie Binet à la demande de Pierre Lelouch.
00:25La demande, c'est dans l'actualité.
00:27Bien sûr.
00:29Monsieur Gauthier, vous êtes trop aimable avec moi.
00:31Exactement.
00:32Alors, Sophie Binet, c'est la patronne de la CGT, vous le savez.
00:36Elle n'est pas très sympa sur les patrons français.
00:38Elle est insuissante, vous voulez dire.
00:39Légèrement, c'est le moins qu'on puisse dire.
00:41Oui, on va commenter.
00:42On va écouter Sophie Binet parce qu'on l'invite, mais elle ne vient pas.
00:45Mais on l'écoute quand même sur CNews.
00:47Donc on va l'écouter, puisqu'elle compare carrément les patrons à des rats.
00:51Je vous demanderai ce que vous en pensez très concrètement.
00:53On écoute Sophie Binet.
00:55Écoutez, ce chantage à l'emploi, on n'en peut plus.
00:57Pour rester sur le cas de Bernard Arnault, c'est seulement 20% de ses salariés qui sont en France aujourd'hui.
01:03Donc le made in France est très relatif.
01:05Et ses propos, ses comportements sont à l'image du comportement des grands patrons aujourd'hui qui coulent le pays.
01:11Ils n'en ont plus rien à faire de la France.
01:13Ils n'en ont plus rien à faire de l'intérêt général.
01:16Leur seul objectif, c'est l'appât du gain.
01:18Moi, j'ai envie de dire, les rats quittent le navire.
01:21Voilà ce qu'on voit aujourd'hui.
01:22Mais si des localisations il y a, au bout du bout, c'est quand même des salariés qui perdent leur emploi.
01:27Vous pourriez être solidaire de ce combat-là ?
01:29Évidemment, la CGT se bat, et on est bien seul d'ailleurs, pour dénoncer les centaines de milliers de licenciements qui sont en cours aujourd'hui.
01:37Mais malheureusement, les patrons n'ont pas attendu cette annonce d'une surtaxation des plus grandes entreprises pour licencier et délocaliser.
01:45Allez, rapidement, décliptage.
01:47Enfin, c'est facilement décliptable.
01:49Mon cher Gauthier Lebret, tel qu'on part carrément, les patrons ont des rats.
01:52C'est ça. Faisons court. Faisons simple.
01:54C'est une grande médiocrité.
01:56Elle dit, je vois le titre que nous avons choisi, « Les grands patrons coulent le pays ».
02:00Est-ce qu'elle a déjà créé un euro de richesse ?
02:03Est-ce qu'elle a déjà, Sophie Binet, fait vivre plusieurs centaines de familles ?
02:09LVMH, c'est 200 000 familles qui vivent grâce au groupe LVMH en France.
02:15Évidemment que ces 200 000 personnes produisent du travail pour LVMH.
02:20LVMH fait rayonner la France à travers le monde.
02:24Je trouve ça, évidemment, lamentable.
02:26Moi, je trouve que la CGT, depuis que Sophie Binet a repris le syndicat, se lfise, se rapproche de la France insoumise.
02:33Avant, on avait M. Martinez qui détestait Jean-Luc Mélenchon et vice versa.
02:37Là, dans la méthode, dans le champ lexical, je trouve que la CGT ressemble de plus en plus à une succursale de la France insoumise.
02:44Elle ferait mieux de comprendre, Sophie Binet, pourquoi les ouvriers préfèrent Marine Le Pen aux représentants de la gauche
02:51et à essayer de garder le vote ouvrier à gauche plutôt que de se livrer à des insultes qui font franchement penser.
02:59Animaliser l'adversaire, franchement, c'est quasiment des méthodes des pires heures de notre histoire.
03:05Justement, animaliser et choisir l'animal du rat.
03:09Je pense que cette métaphore, vous avez dit que c'est facile à décrypter ces propos.
03:12Non, il faut aller jusqu'au bout, se dire, dans l'histoire de la sémantique politique française,
03:17d'où vient ce genre, l'usage de la métaphore du rat pour parler d'un adversaire, en l'occurrence du patronat, par exemple.
03:25Dans la tradition de la gauche ou de la gauche radicale ou de l'extrême gauche, il y a pu y avoir des métaphores infamantes associées au patron.
03:31Ça existait, je citais tout à l'heure, dans le capital de Marx.
03:34Vous avez une comparaison entre le capitalisme et les vampires.
03:38Parce que Marx dit que c'est le travail mort qui se nourrit du sang, du travail vivant, etc.
03:42Mais la métaphore du rat, elle vient existentiellement de l'extrême droite.
03:46Elle vient des ligues des années 30.
03:48Elle vient de gens qui étaient des admirateurs français du fascisme.
03:53C'est de cela que ça vient.
03:55Parce que quand vous dites le rat, ça donne l'impression que le corps social aurait besoin d'être dératisé.
04:02C'est pas simplement d'animaliser l'adversaire.
04:06C'est comme l'usage du mot cancer, bubon, lèpre pour désigner des êtres humains ou des groupes sociaux.
04:12Tout ça, si vous voulez, ne sent pas tellement l'humanisme.
04:16Donc la comparaison que vous faisiez avec la France insoumise est intéressante.
04:19Parce que la France insoumise aussi, en tout cas pas tous, mais certaines personnes de la France insoumise,
04:23s'inscrivent aussi dans un champ lexical qui n'a rien à voir avec celui, normalement, de la gauche française.
04:29Allez, tour de table, parce que vous avez tous envie de vous exprimer.
04:31Mais on arrive quasiment au terme de l'émission, il nous reste 9 minutes.
04:34Véronique Jacquet.
04:35Oui, mais Sophie Binet, pour moi, n'est pas sortie de la Révolution française.
04:39C'est-à-dire que c'est la haine du riche.
04:41Mais elle devrait se souvenir du proverbe chinois, quand le gros maigrit, le pauvre meurt.
04:46C'est-à-dire que de toute façon, plus vous tapez sur les riches, ça ne veut pas dire que pour autant ça enrichit les pauvres.
04:52C'est quand même un adage qu'avaient compris les Chinois, qui est universel.
04:56Qui d'ailleurs aime bien les rats.
04:58Une forme de communisme qui ne veut que des pauvres.
05:02Voilà, c'est ça son modèle.
05:04C'est évidemment une courte vue.
05:07On aimerait qu'elle ait des idées pour réindustrier le pays.
05:10Et je l'encourage à se rendre à Vendôme, où Bernard Arnault, d'ailleurs, a réhabilité un vieux monument,
05:16dont une abbaye, à coût de 20 millions d'euros.
05:19Non seulement pour rénover du patrimoine, mais en plus pour donner de l'emploi à un petit millier de Vendômois.
05:28On pourrait parler de Notre-Dame aussi.
05:30On peut parler de Notre-Dame aussi.
05:32Voilà, donc la richesse, ça dépasse les rats.
05:36C'est lamentable, vous avez raison Cotillet-Legrat.
05:38Luc Gras, et je terminerai avec Pierre Lelouch, parce que j'ai également une petite affiche à vous montrer du Parti Communiste.
05:44On élève le débat, vous allez voir.
05:46Comme disait le Marquis de Talleyrand, tout ce qui est excessif est dérisoire.
05:49Premier point.
05:50Deuxième point, moi ça me choque toujours de parler à partir des sentiments que l'on prête à des gens.
05:55Je trouve qu'on a suffisamment de responsabilités à avoir chacun pour ne pas prêter des sentiments.
05:59Là, en gros, ce qu'elle dit, c'est qu'elle parle à leur place en réalité.
06:04Et c'est toujours choquant.
06:06Enfin, la dernière chose pour être un petit peu dans l'uniformité du débat.
06:10Il ne faut pas oublier que la France est dans une situation, comme le disait Pierre Lelouch, économique extrêmement grave.
06:16Et qu'on espère non pas une opposition entre les deux objectifs, mais une concordance des deux objectifs.
06:21À la fois sabrer et faire des économies.
06:24Et d'autre part, que ce ne sont pas seulement les grands patrons.
06:27Tout le monde doit avoir conscience des réalités difficiles de notre économie.
06:31Et pourquoi pas tous participer à sa hauteur aux nécessaires économies pour le pays.
06:38Pierre, je vous donne la parole dans quelques instants.
06:40Mais j'aimerais vous faire écouter Maxime Ayage, qui est le patron d'un grand groupe.
06:43C'est le groupe Shiva.
06:44Je l'ai interrogé ce midi dans Mini News.
06:46Écoutez sa réaction.
06:47Il est très en colère.
06:49D'abord, j'ai honte.
06:50J'ai honte pour mon pays d'avoir des syndicalistes dont les salariés sont nos collaborateurs.
06:56Parler comme ça, j'ai honte.
06:58Et plus que la honte, je trouve ça tellement bête.
07:01Et tellement bête.
07:02Les sujets de nos pays consistent à créer de la richesse, à faire en sorte que tout le monde vive mieux.
07:08Stigmatiser les gens, les gens qui réussissent à stigmatiser nos entreprises, c'est stigmatiser nos collaborateurs.
07:13C'est pathétique, c'est honteux.
07:15Nous, entrepreneurs, on doit être au niveau.
07:17En tant que chef d'entreprise, je dois être au niveau.
07:20Mais j'attends des syndicalistes qui soient au même niveau que le nôtre.
07:24Parce que nous, on crée des emplois.
07:26On crée de la richesse.
07:28On accompagne le développement de notre pays.
07:31Je ne trouve pas ça tolérable qu'il y ait des gens qui nous parlent de cette façon-là.
07:34Ce n'est pas acceptable.
07:36Ce n'est pas acceptable, dit Maxime Hayache.
07:39C'est vrai, être traité de rat quand on est patron, quand on essaie de développer des affaires, c'est quand même intolérable.
07:47Oui, et sur le plan intellectuel, il y a aussi quelque chose, à mon avis, qui est en fait une vraie erreur.
07:51C'est de personnaliser la critique du patronat.
07:54On peut, en effet, être sur cette ligne de dire qu'il y a un problème avec le capitalisme actuel, etc.
08:00Bon, pourquoi pas.
08:01Mais dès qu'on tombe dans la haine à Dominem des patrons,
08:04et Mme Binem, on peut donner un autre exemple qui était très intéressant,
08:07c'était le premier film de François Ruffin, vous savez, Merci patron,
08:09qui parlait aussi de Bernard Arnault,
08:11qui racontait tous les gens qui avaient pu être virés, etc.
08:14et qui personnalisait dans une sorte d'attaque.
08:16Il y avait des scènes où il comptait le nombre de salles de bain qu'il y avait dans sa maison, etc.
08:20Et finalement, ça, c'est ne rien comprendre à la situation.
08:23Le sujet, ce n'est pas que les patrons sont méchants ou pas gentils,
08:26c'est qu'il y a une rationalité économique et qu'en tant qu'agent patron,
08:30ils sont attirés par la perspective de se délocaliser ou d'aller regarder ailleurs.
08:36Si on ne regarde pas que les problèmes auxquels nous sommes confrontés sont des problèmes structurels,
08:40systémiques et donc impersonnels,
08:42qui ne dépendent pas de la bonté morale de tel ou tel individu,
08:44de tel ou tel agent économique, qu'il soit patron ou qu'il ne le soit pas,
08:47on n'a rien compris.
08:48Et donc, plus on individualisera la critique comme ça fantasmatique du patronat,
08:52et moins on fera une analyse critique, sérieuse,
08:56de la situation globale dans laquelle nous sommes.
08:59Pierre-Louis, je suis consterné.
09:00Vous allez être encore plus consterné.
09:02Pierre-Louis, je vais vous montrer l'affiche du Parti communiste
09:05qui fait référence à Bernard Arnault.
09:08Une petite pièce pour Bernard.
09:10Envoyez vos dons, je le dis aux auditeurs d'Europe 1 qui n'ont pas l'image.
09:14On voit Bernard Arnault avec un petit verre à côté en train de faire la mendicité.
09:20Une petite pièce pour Bernard.
09:21Envoyez vos dons.
09:22Voilà où on en est aujourd'hui en 2025, mon cher Pierre-Louis.
09:25Alors, quelques faits tout simples.
09:29La France est le pays le plus sous-syndicalisé des pays développés.
09:35C'est d'ailleurs un de ses problèmes majeurs.
09:37Dans tous les pays où il y a un dialogue social qui fonctionne,
09:40le niveau de croissance et de développement n'a rien à voir.
09:43Parce qu'il y a un consensus sur l'essentiel.
09:45En France, à cause de notre histoire politique,
09:48de la Révolution, puis du Congrès de Tours,
09:51puis de la communisation des syndicats,
09:54on se retrouve à la fois des syndicats qui sont très minoritaires
09:58et très extrémistes dans leurs revendications,
10:03qui ne sont pas dans le système.
10:04Donc, il n'y a pas ce qu'on a en Allemagne,
10:07il n'y a pas ce qu'on a en Hollande, dans les pays nordiques,
10:10un dialogue permanent en Pologne, en Espagne même.
10:13Regardez, cette année, l'Espagne est en croissance.
10:15Je ne parle pas de la Norvège et d'autres États qui se débrouillent très bien.
10:19La France est paralysée en grande partie parce qu'il n'y a pas de dialogue.
10:22Il n'y a pas de consensus sur l'essentiel.
10:24Sortir des rats ou des vipères lubriques, deuxième remarque,
10:28je ne sais pas dans quels pays communistes il en reste encore.
10:32On trouverait encore un patron de syndicat pour parler avec des mots pareils.
10:36Ça n'existe plus, ni en Chine, ni au Vietnam, ni où vous voulez.
10:40En Chine, on prend les patrons qui ne conviennent pas à l'État,
10:48on les met de côté ou on les embastille, mais on garde l'entreprise.
10:52Pas bête, ils savent concilier.
10:55Je ne sais pas où Binet pourrait demander l'asile politique demain
10:59et trouver un job de secrétaire général de la CGT.
11:02Troisième point, juste un dernier mot.
11:04Hier soir, pour présenter mon livre, j'étais dans une soirée
11:07où il n'y avait que des rats, et plusieurs centaines de rats,
11:10qui étaient des patrons de petites ETI, des entreprises intermédiaires,
11:13qui faisaient vivre des dizaines de milliers de personnes.
11:16Les uns vendaient des voitures, les autres de la restauration,
11:20les autres faisaient du vin, les autres faisaient de la santé.
11:24Tous ces gens-là travaillent à fond, se défoncent,
11:27pour leur pays et pour leurs employés,
11:29mais tous ces rats méritent naturellement d'être fusillés,
11:34parce qu'on n'a pas besoin à la France.
11:36C'est Mme Binet qui crée de la richesse,
11:38et c'est Mme Binet qui va sauver la France.
11:40C'est une honte absolue, mais c'est surtout inquiétant,
11:43parce que ça montre que notre pays, malgré ses difficultés,
11:46n'a toujours rien compris à ce qui est en train de se passer à côté de nous.
11:50Pas sur la planète Mars, pas chez Trump,
11:53mais juste en Belgique ou ailleurs, à côté de nous.
11:56Suisse, en Espagne, en Italie.
11:58On arrive presque au terme de l'émission.

Recommandations