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Regardez L'édito d'Etienne Gernelle du 29 janvier 2025.

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00:007h18 sur RTL, l'édito d'RTL Matin avec vous, Etienne Gernel.
00:07Et s'il avait voulu fâcher tout le monde ou presque, François Bayrou ne s'y serait
00:12sans doute pas pris autrement.
00:13En parlant, avant-hier soir, de submersion migratoire, le Premier ministre s'est mis
00:18à dos une bonne partie de la classe politique et notamment ses nouveaux amis, les socialistes.
00:24La politique française, à mon avis, n'est décidément pas sérieuse.
00:27C'est fascinant de constater comment, en France, on n'arrive toujours pas à parler
00:32d'immigration, froidement, calmement, normalement, comme des adultes, c'est tout de suite la
00:36cour d'école.
00:37D'un côté, les grands mots, de l'autre, les postures, et bien à la fin, c'est pathétique.
00:42Alors, laissons les grands mots et les postures de côté et dites tout ce que vous en pensez.
00:45Est-ce que sur le fond, vous dites qu'il a eu raison, François Bayrou, de parler de
00:48submersion ?
00:49Alors, j'ai un peu de mal à comprendre l'intérêt de ce mot.
00:51Et d'abord, l'intérêt politique ne serait-ce, vous savez, on dit à gauche, c'est un clin
00:55d'œil au REN, mais ne serait-ce que d'un point de vue politique, en ce moment, c'est
00:58le PS que François Bayrou est en train d'essayer de courtiser, pas le RN.
01:02Surtout, la voie politique que François Bayrou a esquissée sur l'immigration n'avait pas
01:07besoin de ce mot.
01:08A l'écouter, lundi soir, il en a parlé longuement, on avait plutôt le sentiment qu'il essayait
01:12de trouver un équilibre entre, d'une part, des besoins de main-d'œuvre et un problème
01:16démographique, il en a parlé, et d'autre part, une régulation, une demande de régulation
01:19dans l'opinion, qui est très forte, il en a parlé aussi, pas seulement en France, d'ailleurs,
01:24en Europe, à peu près partout dans le monde, et ça se voit dans les sondages, c'est un
01:27fait objectif.
01:28Bon, donc, ce mot serait en fait plus polémique que sa propre position ?
01:32C'est tout à fait évident, d'ailleurs, vous savez, Justin Trudeau, le Premier ministre
01:35canadien, encore pour quelques temps, et qui est considéré comme un progressiste, voire
01:39un woke, selon certains, a réduit fortement les quotas d'immigration, et il s'est justifié
01:44en disant que l'immigration avait atteint, je le cite, un rythme bien supérieur à ce
01:49que le Canada a été en mesure d'absorber.
01:52C'est un discours qui ressemble beaucoup au propos de François Bayrou quand il parle
01:55de proportion, c'est un mot qu'il a utilisé plusieurs fois, et personne, à ma connaissance,
02:00n'a traité Justin Trudeau de suppôt de l'extrême droite.
02:02Et donc, quand vous entendez la gauche qui parle de clin d'œil, justement, à l'extrême
02:05droite, c'est quoi ? C'est du théâtre de boulevard, elle exagère ou pas ?
02:08Disons que, si le mot est inutile, les socialistes donnent l'impression de n'avoir entendu
02:12que celui-là, ou de ne l'avoir voulu entendre que celui-là.
02:16Par ailleurs, je me demande ce que le parti socialiste dirait aujourd'hui des sociodémocrates
02:21danois, par exemple, qui, sur le fond, pas dans les mots, sur le fond, ont des positions
02:25beaucoup plus dures, beaucoup plus strictes que celles de François Bayrou sur l'immigration.
02:30Des positions qui, d'ailleurs, ont été décrites et plutôt vantées en France par
02:33la Fondation Jean Jaurès, qui n'est pas vraiment une officine d'extrême droite,
02:37et qui a publié il y a deux ans une note assez positive sur le Danemark.
02:41Pour le Danemark, sur le sujet, il s'agissait, un peu selon les mots de l'auteur aussi,
02:45d'arrêter de faire l'autruche.
02:48Ce qui nous ramène, puisqu'on parle d'autruche, au point de départ, le débat sur l'immigration
02:52en France ne vole pas très haut.
02:53Ce n'est pas la caractéristique des autruches, en même temps, de voler très haut.
02:56Non.
02:57Merci beaucoup Etienne Gernet.

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