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Regardez L'édito d'Etienne Gernelle du 28 novembre 2024.

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00:00RTL Matin
00:02A 7h17, l'édito d'RTL Matin avec vous, Etienne Gernel, directeur du Point.
00:07Etienne, à force de dire à chacun ce qu'il veut entendre, on va faire du social à ceux qui veulent faire du social,
00:12on va faire des économies à ceux qui veulent de la rigueur,
00:15Michel Barnier serait-il en train de mentir à tout le monde ? C'est je crois la question qui vous turlupine ce matin.
00:20Oui, disons que si l'acrobatie langagière était une discipline olympique,
00:24Michel Barnier ne serait pas très loin de la médaille d'or.
00:27Alors c'est difficile, le gouvernement Barnier déploie des trésors de souplesse.
00:31D'un côté, il doit cajoler l'Assemblée Nationale, où tout le monde, ou presque,
00:36le presse de lâcher les vannes de la dépense publique.
00:39De l'autre, il y a les marchés financiers, de plus en plus méfiants.
00:42Mais aussi la Commission Européenne, qui a entamé cet été une procédure contre la France pour déficit excessif,
00:49avec un risque, ne l'oublions pas, une amende de 2,5 milliards d'euros.
00:54Et c'est dans ce cadre-là que la France a poussé très loin l'art du double discours.
00:59À Bruxelles, le ministre de l'économie, Antoine Armand, plaide la rigueur,
01:03vante des engagements fermes. Cette fois-ci, c'est juré, on va être sérieux.
01:07Et puis, à peine redescendu du train Gare du Nord à Paris, tout se négocie.
01:12On peut améliorer, on va trouver des compromis.
01:15Mais tiens, la Commission Européenne a quand même donné cette semaine un satisfait cite à la France
01:19quant à son plan de redressement des finances publiques, non ?
01:21C'est vrai, et Antoine Armand s'en est bruyamment félicité.
01:25Sauf que le plan sur lequel s'est prononcé la Commission date de fin octobre.
01:30Et depuis fin octobre, le gouvernement accumule les renoncements, on pourrait dire même les reniements,
01:36par exemple sur les allègements de charges, sur les collectivités locales.
01:39Il y en a au moins pour 7 ou 8 milliards d'euros.
01:42Bref, ce qui a été promis à Bruxelles le mois dernier est déjà caduque.
01:47Donc on ne s'y trompe pas, on ne trompera pas la Commission.
01:50Le vice-président de la Commission, Vadis Dombrovskis, l'a dit cette semaine.
01:54Si la France n'est pas dans les clous de ce qu'elle a annoncé fin octobre, il y aura, oui, une deuxième passe.
01:59Mais tiens, il y a quand même le principe de réalité.
02:01Politiquement, Michel Barnier, il ne peut pas dire on a promis à Bruxelles, donc rien n'est négociable.
02:05Alors qu'il dit exactement le contraire, il dit c'est un budget qu'on a fait en 15 jours et que chacun pourra amender.
02:10Certes, mais dans ce cas, il ne faut pas promettre.
02:13La décharge de Michel Barnier, le double discours, est une tradition française, une tradition ancienne.
02:18Depuis que les règles financières européennes existent, c'est-à-dire depuis la création de l'euro,
02:22nous n'avons quasiment jamais tenu les engagements pris à Bruxelles.
02:27Jamais.
02:28En la matière, la France applique scrupuleusement la doctrine élaborée par le regretté Jean-Yann.

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