Encore sonnés après leur cinglante défaite face à Donald Trump lors de l’élection présidentielle de novembre, les démocrates peinent à se relever et à s’accorder sur la stratégie à adopter pour les quatre années à venir. Lola Ovarlez, journaliste au service international, fait le point sur la situation
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00:00Ça y est, Donald Trump est de retour à la Maison-Blanche.
00:07Et dès son premier jour le 20 janvier,
00:08il a dégainé une salve de décrets présidentiels
00:11qui vont toucher non seulement l'immigration,
00:13la composition de l'État fédéral,
00:14des sujets sociétaux
00:15et également la politique étrangère américaine.
00:18Mais où sont les démocrates ?
00:19Depuis leur défaite le 5 novembre,
00:20on ne les entend presque plus.
00:21Le parti ne digère toujours pas sa défaite.
00:23Ils ont perdu la Maison-Blanche,
00:25la Chambre des représentants,
00:26le Sénat.
00:26Et aujourd'hui, ils vont devoir vivre 4 ans sous Donald Trump,
00:29qu'ils ont considéré pendant toute leur campagne
00:31comme la plus grande menace à la démocratie américaine.
00:34Parce que l'année 2024 a été marquée
00:35par des accusations contre Donald Trump,
00:37comme quoi il serait l'équivalent d'Hitler,
00:39comme quoi il voudrait détruire les droits des Américains,
00:42enfoncer l'économie américaine
00:44et créer des guerres,
00:45voire même abandonner nos alliés à l'étranger.
00:47On s'attendait à ce qu'il y ait un front de résistance
00:49chez les démocrates et les progressistes aux États-Unis.
00:51Ce n'est pas le cas.
00:52Actuellement, l'ancien parti présidentiel
00:54traîne une mauvaise image auprès des Américains.
00:56Et ils l'ont ressenti directement dans les urnes.
00:58Les Américains estiment que les démocrates
01:00sont un parti qui a beaucoup d'idées,
01:01mais qui ne les met pas en œuvre,
01:03et qui sont aujourd'hui le parti des élites.
01:05Ce qui, pour les démocrates, est assez ironique
01:07étant donné que Donald Trump s'affiche clairement
01:09auprès de grands milliardaires
01:10comme Elon Musk, Mark Zuckerberg ou Jeff Bezos.
01:13En 2016, lorsque Donald Trump remporte
01:15pour la première fois l'élection présidentielle,
01:17les démocrates étaient beaucoup plus soudés.
01:18Pour eux, Donald Trump n'était simplement pas légitime
01:20parce qu'il avait certes remporté le vote du collège électoral,
01:23mais pas le vote populaire.
01:24Donc, dans la période entre l'élection présidentielle
01:26et son investiture en 2017,
01:28ils avaient vraiment préparé des manifestations dans Washington.
01:31Ils s'étaient préparés avec la société civile
01:33pour attaquer en justice les actions de Donald Trump
01:35dès son premier jour à la Maison-Blanche.
01:37Et surtout, ils étaient tous réunis autour d'une préoccupation,
01:39Donald Trump va les faire du mal au pays.
01:41Aujourd'hui, on ne les entend plus.
01:42Ou alors, ils sont très timides dans leur réaction à Donald Trump.
01:45Ça, c'est parce que le parti démocrate actuellement,
01:47maintenant que Joe Biden a quitté la Maison-Blanche,
01:49n'a plus véritablement de chef.
01:51Quelqu'un pour les fédérer
01:53et puis pour donner le ton pour les quatre prochaines années à venir.
01:55S'il l'avait, il pourrait décider d'attaquer Donald Trump,
01:58de lui tendre la main
02:00ou il pourrait attendre que Donald Trump
02:02se prenne les pieds dans le tapis
02:03et échoue ou fasse un faux pas de trop.
02:05Là, actuellement, en réalité,
02:06c'est ces trois stratégies qui sont en train d'être
02:09plus ou moins en marche.
02:11Sauf que le parti n'arrive pas à trancher.
02:12On a vu des démocrates, notamment dans des États pivots,
02:15comme le sénateur John Fetterman en Pennsylvanie,
02:17décider que, parce que Donald Trump avait été élu par le vote populaire,
02:21il fallait respecter ses décisions
02:23et il fallait respecter la volonté du peuple.
02:25Il a donc enduit la main à la confirmation de certains de ses ministres,
02:28y compris les plus controversés comme Robert F. Kennedy Jr.
02:31Et il a également été invité à Mar-a-Lago.
02:33Il est l'un des premiers démocrates à être officiellement invité à Mar-a-Lago
02:36pour discuter avec Trump.
02:37Son idée, c'est que Donald Trump doit être aidé
02:40parce que c'est un président,
02:41qu'il soit républicain, maga ou démocrate.
02:43Et puis, il y a une branche plus progressiste,
02:45beaucoup plus à gauche donc,
02:46qui, elle, est prête à critiquer la moindre action de Donald Trump.
02:49Mais ils sont très minoritaires
02:51et lors des élections législatives le 5 novembre,
02:54beaucoup d'entre eux ont perdu.
02:55Voir même certains du Squad,
02:56c'est-à-dire le groupe le plus progressiste des démocrates
02:59à la Chambre des représentants,
03:00ont même été évincés lors des primaires.
03:02On sent donc que la résistance à tout prix
03:05et l'appel du parti à virer encore plus à gauche
03:08n'est pas vraiment la voie privilégiée.
03:09Surtout que, comme on l'a vu lors de l'élection présidentielle,
03:12beaucoup de comtés à travers les Etats-Unis
03:14ont en réalité viré à droite.
03:15Ce qui veut dire qu'une partie des démocrates,
03:17surtout la vieille garde,
03:18appelle plutôt à revenir au centre.
03:20Leur idée, surtout portée par Nancy Pelosi,
03:23la speaker émérite de la Chambre des représentants,
03:25est d'abandonner des questions beaucoup plus culturelles
03:27sur lesquelles Donald Trump a fait campagne.
03:29Pendant toute l'année électorale,
03:30il a répété que les démocrates soutenaient les transitions de genre,
03:34voulaient pervertir les enfants américains
03:36et voulaient en priorité aider les groupes des minorités
03:38plutôt que les Américains lambda,
03:40y compris les Américains ouvriers,
03:42qui, selon lui, sont le plus affectés actuellement
03:44par la situation économique.
03:45La speaker propose aussi, plus ou moins subtilement,
03:47d'abandonner les questions sur la religion
03:50ou encore sur le contrôle des armes à feu.
03:52Des sujets qui sont beaucoup plus fédérateurs au sein du camp républicain.
03:54Et puis enfin, il y a une minorité des démocrates
03:57qui, aujourd'hui, estime qu'il ne faut plus rien faire.
03:59Ils ne veulent pas contester les décisions de Donald Trump,
04:01ils ne veulent pas les critiquer publiquement,
04:03mais ils ne veulent pas non plus, nous le soutenons coûte que coûte.
04:05Sa stratégie signale que les démocrates
04:07pourraient en réalité ne rien faire.
04:08Ils pourraient attendre, par exemple,
04:10que les décrets présidentiels de Donald Trump
04:11soient contestés dans les tribunaux par la société civile
04:14et non par eux-mêmes.
04:15Ils pourraient attendre au Congrès
04:16que le camp républicain, qui est quand même très divisé,
04:19qui a une petite majorité,
04:20de se battre entre eux
04:21et de finalement faire capoter les plans de Donald Trump.
04:24Mais dans deux ans,
04:25il y aura quand même les élections de mi-mandat.
04:26Ça veut dire que les démocrates
04:27vont devoir retourner en campagne
04:29dès la fin de cette année.
04:30Et donc, être totalement dans l'attentisme
04:32n'est pas non plus une stratégie
04:34qui pourrait leur permettre de gagner.
04:35Pour redorer leur image
04:36lors de ces deux prochaines années,
04:38le Parti démocrate envisage donc, par exemple,
04:40d'appuyer sur le fait que Donald Trump
04:42est un président pour les riches.
04:43Et donc, d'utiliser Elon Musk,
04:45Jeff Bezos, Mark Zuckerberg
04:46et également les 11 milliardaires
04:48qui font partie de l'administration Trump
04:49comme la preuve que Donald Trump, en réalité,
04:52n'a aucune envie d'améliorer
04:53le niveau de vie et la vie en général
04:55des Américains ordinaires.
04:56Mais cette stratégie,
04:57on l'a vu pendant l'élection présidentielle,
04:59elle n'a pas vraiment porté ses fruits.
05:00Donc, une autre partie du camp démocrate
05:02qui continue à réfléchir à pourquoi nous avons perdu
05:05se dit que peut-être,
05:06la seule force du Parti républicain
05:08lors de l'élection,
05:09c'est Donald Trump.
05:10Ce qui veut dire que face à lui,
05:11il faut un homme fort
05:12ou une femme forte éventuellement.
05:13Qui serait cet homme fort ?
05:14Pour l'instant, il y a déjà des candidats
05:15qui se mettent en place
05:16et qui sont prêts,
05:17dès 2026,
05:18à annoncer leur candidature
05:20à la primaire démocrate
05:21qui aura lieu en 2028.
05:22On pense notamment à Josh Shapiro,
05:24le gouverneur de Pennsylvanie,
05:25John Fetterman,
05:26le sénateur également de Pennsylvanie,
05:28ou encore Andy Beshear,
05:29le gouverneur du Kentucky,
05:31qui est actuellement un des démocrates
05:32les plus populaires
05:33dans un État très rouge.
05:34Donc, pendant deux ans,
05:35il faut s'attendre à ce que ces nouvelles figures
05:37émergent et commencent, peu à peu,
05:39à faire campagne les uns contre les autres.
05:41Mais en fin de compte,
05:42le plus important surtout sera
05:43qui sera élu lors de la primaire démocrate.
05:45Et pour l'instant,
05:46avec le retour de Donald Trump au pouvoir,
05:48c'est vraiment le dernier souci des Américains.