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00:00Europe 1, Europe 1, 11h, 13h, Pascal Praud et vous.
00:09Tristesse ce matin au moment de prendre l'antenne puisque nous avons appris il y a quelques minutes la mort de Catherine Laborde,
00:14présentatrice météo de TF1 que j'ai bien connue lorsque moi-même j'étais à TF1 et qui était une femme adorable, intelligente, charmante, drôle, inventive, créative,
00:28qui avait commencé d'ailleurs sa carrière comme comédienne et puis qui était devenue une présentatrice appréciée des français.
00:35On est avec Géraldine Hamon. Bonjour Géraldine. Bonjour Pascal, bonjour à tous.
00:37On est avec Laurent Tessier. Bonjour cher Laurent. Bonjour à tous.
00:40Avec Fabrice Laffitte. Bonjour.
00:42Qui est à la réalisation, notre ami Olivier Guenec qui sera là et peut-être en ratons dans quelques minutes des témoignages de téléspectateurs qui l'ont aimé beaucoup.
00:52Bonjour Olivier. Bonjour.
00:53Bonjour également à Alexandre Omar. Je voulais dire pour commencer cette émission les mots de sa sœur Françoise qui a écrit il y a dix minutes
01:00« Ma chérie, tu es partie sereinement dans ta maison de l'Île-Dieu que tu aimais tant. Il y avait autour de toi Gabriel et Pia, tes filles, et Jimmy, leur père, et aussi ton mari Thomas pour tes derniers jours.
01:13Geneviève et moi étions avec toi la semaine dernière. »
01:16« Et nous avons pu encore rire entre sœurs en évoquant nos souvenirs d'enfance, parler de papa et maman et aussi te chanter les chansons que tu aimais.
01:25Tu nous as fait cet immense cadeau de nous offrir ces derniers moments de conscience et de lucidité.
01:30Tu es partie, ma chérie, tout doucement, silencieusement, apaisée, nous t'aimions tant.
01:34Ce matin, le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle sur l'esprit gémissant, proie au long ennui. »
01:42Et ces mots évidemment sont de Charles Baudelaire.
01:45Je vous propose d'écouter Catherine Laborde, c'était son dernier bulletin météo en 2017.
01:51« Voilà, je vous ai raconté aujourd'hui le temps qu'il fera demain.
01:55Mais il y a aussi le temps qui passe, et ce temps-là, c'est le temps où je vais vous quitter.
02:00Oui, voilà. Après 28 ans de bons et loyaux services, je m'en vais.
02:07Je pars avec le froid, avec le temps, mais aussi avec tous ces souvenirs que vous m'avez donnés au fil des années,
02:15cette confiance en moi qui me manque tellement, cet amour, cette bienveillance qui ne vous a jamais quitté
02:23et qui m'a porté pendant ces 28 années.
02:27C'étaient des moments formidables, des moments joyeux, des moments de camaraderie.
02:34Je vous emporte avec moi. Vous m'oublierez ? Moi, non. Je vous aime. »
02:40Il y a tout Catherine Laborde. Et ce message avait bouleversé, bien sûr, les uns et les autres.
02:48Catherine Laborde, qui était à l'Île-Dieu, effectivement, où elle avait une maison,
02:54et certains connaissent peut-être cette île absolument magnifique dans l'Atlantique,
03:00en face de Noirmoutier, en pleine Vendée, qui est habitée par 5000 personnes à peu près simplement l'hiver, l'automne,
03:10et puis à la belle saison, qui évidemment est peuplée de beaucoup de vacanciers qui sont là
03:17et qui découvrent cette eau turquoise magnifique de l'Île-Dieu.
03:22On est avec Gilbert Collard et je ne m'attendais pas pour tout vous dire à appeler Gilbert Collard
03:26parce que je ne savais pas que Gilbert Collard connaissait Catherine Laborde
03:30et que vous la codissiez comme une amie. Cher Gilbert Collard, comment vous vous étiez rencontré ? Bonjour !
03:36On s'est rencontré sur les plateaux de télé, évidemment, et je m'étais gentiment moqué de sa gestuelle.
03:46Vous savez la fameuse gestuelle des dames météo qui courent après les nuages, comme disait Baudelaire,
03:52qui s'en vont, les hauts nuages, et puis j'avais surtout sympathisé avec elle dans des salons du livre,
04:00parce que quand on est sur un plateau télé et qu'il y a Madame Météo qui vient, évidemment c'est furtif,
04:05mais dans les salons du livre on a l'occasion de parler, et elle avait été à côté de moi dans un salon du livre,
04:11à plusieurs reprises, je crois deux fois ou trois fois, et chaque fois que je la voyais, que j'arrivais vers elle,
04:18je faisais les gestes de la météo, et elle me répondait en faisant les gestes de la météo.
04:23Et j'ai découvert une femme d'une immense culture, parce que dire la météo ce n'est pas forcément révéler tout ce qu'on peut avoir dans la tête,
04:33et elle avait de la littérature, de la poésie, une culture immense, et on avait un échange culturel fondé,
04:44mais au départ ce qui a créé un lien entre nous, c'est cette gestuelle idiote des présentatrices de la météo,
04:54qui réalisait une gestuelle nécessaire, et c'était devenu une espèce de rite de rencontre.
04:59Moi je dirais d'elle que j'ai rencontré une femme remarquablement intelligente, fine, cultivée,
05:07et qui donnait de l'intelligence au temps, voilà.
05:10Elle est morte à l'île Dieu, elle était déjà près de Dieu, maintenant elle y est définitivement, bon voilà, le ciel est gris.
05:17Mais c'est vrai qu'il y avait une... moi je la rencontrais, je l'ai beaucoup fréquentée Catherine Laborde, parce qu'on se voyait tous les jours,
05:25et c'est une femme d'empathie qui te permettait de la faire rire.
05:31Je pense que souvent c'est le récepteur qui fait l'émetteur.
05:36C'est parce que quelqu'un te permet au fond que tu sois drôle que tu l'aies.
05:41Il y a des gens qui sont tellement fermés que c'est pas possible de les faire rire.
05:46Et Catherine, c'était un bonheur, et moi j'ai des souvenirs avec elle au maquillage,
05:52notamment lorsqu'on faisait téléfoot le dimanche matin, parce qu'il faisait souvent la météo le week-end à cette époque-là,
05:57et c'était quelqu'un dans le rire, et vous savez ce rire, cette part d'enfance qu'on garde parfois dans un rire qui vient précisément de l'enfance,
06:07et c'était un plaisir vraiment d'être avec elle.
06:12Evidemment quand on travaille, ça crée des liens qui sont très intimes, parce qu'on voit tout dans le travail,
06:19en tout cas on voit beaucoup de choses, on voit ceux qui sont courageux, on voit ceux qui travaillent précisément,
06:24on voit ceux qui se prennent parfois au sérieux, ceux qui sont plus légers,
06:28et il y a tellement de choses dans le travail, et c'est tellement agréable de travailler avec des gens qu'on aime,
06:33et tellement désagréable de travailler avec des gens qu'on n'aime pas,
06:37que Catherine, vous ne trouverez personne à TF1 qui puisse dire qu'il ne l'aimait pas,
06:43parce qu'elle avait avec tout le monde un lien d'empathie, vraiment.
06:48Merci Gilbert Collard, merci beaucoup, et puis c'est vrai que ces maladies sont terribles,
06:54ces maladies neurodégénératives sont terribles, parce qu'avant d'accéder à l'oubli pour Catherine,
07:03il y a une prise de conscience, et elle sait peu à peu, qu'elle m'avait dit, j'oublie des choses,
07:09il y a quelque chose de douloureux quand même, une perte de soi qui se met en place,
07:16qui est vraiment très douloureux, et elle avait réagi avec cela, avec beaucoup d'élégance,
07:22elle avait fait le conservatoire d'un dramatique de Bordeaux, après une maîtrise d'anglais,
07:26elle a débuté sur scène au début des années 70 à Paris,
07:29elle apparaissait dans une pièce de Louis Ferdinand Céline qui s'appelle L'église,
07:34et elle avait enchaîné des petits rôles au cinéma, notamment dans un film, je ne sais pas si vous vous souvenez de ce film,
07:39Cousin Cousine, Gilbert Collard, qui avait été un succès important,
07:45qui avait eu un oscar je crois, Cousin Cousine, c'est un film de Jean-Charles Takella,
07:49qui avait eu un oscar avec Marie-Christine Barrault, et avec Victor Lanoue,
07:54je vois que Julien Pichenay est là, et qui a la grande mémoire du cinéma,
07:57de mémoire je crois que c'est cela, Julien Pichenay, que je n'ai jamais revu d'ailleurs, Cousin Cousine.
08:04Et puis elle avait également tourné dans Croque-la-vie,
08:07elle était mère de deux filles qui ont été citées, que moi j'ai connues,
08:12que je voyais parfois à la cantine, précisément le dimanche,
08:15parce que quand les enfants étaient petits, et comme Catherine travaillait,
08:19on les voyait ces enfants venir à TF1, c'était le dimanche,
08:23et de temps en temps je les ai croisés.
08:26Donc c'est bien sûr à elle que nous pensons,
08:30et en 2020 les deux époux avaient co-signé le livre Amour Malade,
08:34puisqu'elle avait refait sa vie avec Thomas Stein, son conjoint, Thomas Stern,
08:43et elle avait écrit effectivement un livre sur le libertinage et l'infidélité, pour tout vous dire.
08:52Il est 11h12, on marque une pause, je remercie Gilbert Collard, merci beaucoup Gilbert.
08:58Merci.
08:59Merci à vous, et nous marquons une pause,
09:02et puis nous pourrons peut-être écouter dans quelques instants un témoignage d'auditeur.
09:07Oui, si vous voulez rendre hommage à Catherine Laborde, n'hésitez pas,
09:11appelez-nous dès maintenant au 01 80 20 39 21, il est 11h12.
09:15Vous écoutez Pascal Praud sur Europe 1.
09:1911h16 sur Europe 1, si vous arrivez à l'instant sur l'antenne,
09:24eh bien, sachez qu'hélas, Catherine Laborde nous a quitté,
09:28la présentatrice de Météo que le public aime étant.
09:32On va être dans une seconde avec Paul,
09:34mais je vous propose d'écouter Catherine Laborde dans l'émission Média de Thierry Moreau sur Europe 1 en 2010.
09:39Elle raconte comment elle est arrivée au service Météo de TF1 en 1988.
09:43C'est un concours de circonstances, c'est un hasard.
09:45De toute façon, tout ce qui m'est toujours arrivé dans la vie, c'est le hasard qu'il a décidé pour moi.
09:50Ma sœur Françoise était à cette époque-là à TF1 comme journaliste économique
09:54et elle avait sympathisé avec Michel Cardos qui était à la Météo TF1.
09:58Le patron de la Météo, avec sa moustache et son accent.
10:00Avec sa moustache et ses citations de Ramón de la Sierna.
10:03Et puis, il cherchait quelqu'un pour la Météo.
10:05Alors, Françoise m'a dit pourquoi tu n'irais pas te présenter ?
10:08Moi, j'avais un petit bébé, je n'avais pas trop envie de laisser mon bébé.
10:11Donc, je lui ai dit non, mais je traversais une période de chômage,
10:14comme souvent les comédiens, de plus en plus malheureusement.
10:17Et puis, il y avait toujours le chômage six mois après.
10:19Six mois après, ils n'avaient toujours trouvé personne à la Météo TF1.
10:22Et là, Françoise m'a dit écoute, va voir, qu'est-ce que tu risques, va voir.
10:26Le jour où tout a basculé aussi.
10:28Heureusement que j'ai une sœur entreprenante.
10:30Et puis voilà, j'y suis allée et voilà, ça a marché comme ça.
10:34Vous entendez la voix, le sourire, le charme, le rythme de voix également de Catherine qui est tellement séduisant.
10:43Et puis en 2018, elle parlait de sa maladie sur l'antenne de TF1.
10:48Il y a des choses que vous n'arrivez plus à faire et qui vous peinent ?
10:51Je ne pouvais pas imaginer un jour ne plus faire de vélo.
10:53Dès que je monte sur un vélo, je n'ai plus le sens de l'orientation, le sens de l'équilibre.
10:59C'est une défaite, c'est une défaite.
11:03Très vite, vous avez décidé d'écrire sur votre maladie.
11:05Oui.
11:06Alors, ça peut paraître paradoxal puisque précisément l'écriture,
11:09c'est un des exercices les plus compliqués quand on est atteint de Parkinson.
11:13Oui, je ne peux plus écrire à la main.
11:16Et l'ordinateur, au bout d'un moment, ça recommence à trembler.
11:20C'est un peu compliqué.
11:21Est-ce que j'aurais écrit ce livre qui s'appelle...
11:27Trembler.
11:28Trembler.
11:29Est-ce que j'aurais écrit Trembler si je n'avais pas eu cette maladie ?
11:31Sans doute pas.
11:33Mais d'un autre côté, j'ai quelquefois la mémoire qui flanche bêtement.
11:37Ne pas savoir quel est le titre du livre, c'est quand même énorme.
11:40Vous êtes obligé de me le souffler pour que je le dise.
11:43C'est pénible.
11:45La lucidité évidemment de Catherine l'aborde,
11:48et en même temps, quelque chose de désespérant.
11:52Ces maladies sont terribles, on l'a dit,
11:54parce qu'il y a une conscience de choses que vous êtes en train de perdre,
12:00notamment l'esprit.
12:02Pas que l'esprit, bien sûr, mais aussi le corps.
12:04Et c'est évidemment douloureux.
12:07On est avec Paul qui voulait intervenir.
12:09Paul, vous nous appelez d'où ?
12:11Bonjour monsieur, je vous appelle de la région parisienne, Pontoise exactement.
12:14Et vous avez quel âge Paul ? J'ai l'impression que vous êtes jeune.
12:1724 ans.
12:18Donc vous avez connu Catherine l'aborde dans l'enfance et dans l'adolescence,
12:23lorsqu'elle présentait La Météo.
12:25Oui, quand j'étais petit, on la voyait sur TF1,
12:28et je trouvais qu'elle était attachante,
12:30et c'était rassurant de la voir.
12:33Et quels souvenirs vous gardez ?
12:35Moi, je garde les souvenirs d'une femme douce,
12:39courageuse, de par sa maladie,
12:42elle avait l'air de se battre,
12:45notamment par l'écrit de son livre.
12:47Et son message lors du départ de TF1 m'avait beaucoup touché,
12:52je me souviens à l'époque,
12:53quand elle avait dit notamment « Vous m'oublierez, moi non ».
12:56J'avais trouvé ça très touchant.
12:58Et je pense que Mme l'aborde reste et sera dans le cœur de beaucoup de français.
13:05Et d'ailleurs on ne l'a pas oublié,
13:07c'est ça qui est tout à fait évident,
13:11et nous en parlons ce matin.
13:13On ne l'a pas oublié,
13:15mais il y avait dans ce message d'adieu,
13:18il y avait toute sa délicatesse,
13:20toute son élégance,
13:22toute son intelligence.
13:24Peu de gens sont aussi bienveillants que Catherine l'aborde,
13:30c'est ça qui est frappant.
13:32Et dans ce monde parfois rude,
13:34qui est le monde des médias,
13:36ce monde de la compétition,
13:37d'ailleurs ce qu'elle raconte c'est intéressant,
13:39sa sœur lui dit « Viens à TF1 »,
13:42et d'autres gens sans doute auraient profité plus rapidement de cette entrée,
13:48simplement pour exister,
13:50pour être présents à l'antenne,
13:52et parfois il y a simplement ce métier à tir
13:55pour cette simple volonté d'être sur la photo,
14:00comme on dit,
14:01et Catherine n'était pas du tout dans cet esprit-là,
14:04elle avait envie de faire son métier de comédien,
14:06elle le disait, d'ailleurs c'est difficile,
14:08il y a beaucoup de gens qui sont au chômage,
14:11et elle était arrivée avec cette bienveillance
14:14qu'elle a gardée toute sa vie.
14:16Je vous le disais tout à l'heure,
14:17il n'y a pas une personne à TF1 que je connaisse
14:19qui dirait du mal de Catherine Laborde.
14:21Ce sont des gens qui ont la grâce,
14:23c'est assez rare d'ailleurs,
14:25on en connaît tous,
14:28tout le monde les aime,
14:30tout le monde les aime,
14:31ils ont quelque chose en plus,
14:33ils ont quelque chose qui concilie,
14:36qui peut même réconcilier,
14:39c'est un rapport à l'autre,
14:41d'écoute bien sûr,
14:43c'est quelqu'un qui savait écouter,
14:45qui ne jugeait pas,
14:47alors qu'on sait bien que dans ces métiers-là,
14:49parfois tu arrives quelque part,
14:51et tout de suite tu es jugé,
14:53les gens sont assez rudes les uns les autres,
14:55objectivement, pas que à la télévision,
14:57tous les milieux professionnels sont rudes,
15:00et puis ça commence à l'école,
15:02les enfants sont parfois très cruels les uns les autres,
15:04c'est hélas la vie,
15:06l'apprentissage de la vie.
15:08Et puis il y a des gens effectivement,
15:10une grâce leur est tombée dessus,
15:13dans le berceau,
15:15et ils ne sont pas comme les autres,
15:16et c'est pour ça qu'ils sont plus aimés,
15:18que les autres en tout cas,
15:20du plus grand nombre,
15:21dans la vie intime, c'est autre chose.