Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00J'accueille nos invités, Louis de Ragnel, bonsoir, Rachel Kane, merci d'être là, Gauthier Lebret, merci d'être sur ce plateau.
00:07Nous avons le plaisir aussi d'accueillir Nicolas Baverez, historien essayiste, bonsoir.
00:11Bonsoir.
00:12On va revenir sur vos derniers articles, Sabrina Medjeber, essayiste, et Jean-Sébastien Ferjou.
00:17Avant de plonger dans le chaudron de l'actualité, j'aimerais rendre hommage à Catherine Laborde qui nous a quittés à l'âge de 73 ans.
00:23Elle a marqué toute une génération, notamment en présentant la météo sur TF1 pendant 28 ans.
00:28Écoutez ce qu'elle a dit, les derniers mots qu'elle a prononcés à l'antenne, c'était le 1er janvier 2017.
00:34C'est le temps qui passe, et ce temps-là, c'est le temps où je vais vous quitter.
00:40Oui, voilà. Après 28 ans de bons et loyaux services, je m'en vais.
00:46Je pars avec le froid, avec le temps, mais aussi avec tous ces souvenirs que vous m'avez donnés au fil des années,
00:54cette confiance en moi qui me manque tellement, cet amour, cette bienveillance qui ne vous a jamais quitté
01:02et qui m'a porté pendant ces 28 années. C'était des moments formidables, des moments joyeux, des moments de camaraderie.
01:12Je vous emporte avec moi. Vous m'oublierez ? Moi, non. Je vous aime.
01:19Et nous sommes en ligne avec Françoise Laborde. Merci beaucoup, Françoise, de prendre du temps pour témoigner ce soir malgré la peine et le deuil.
01:26Après l'annonce de la mort de votre sœur Catherine, il y a eu beaucoup de signes de sympathie venus de la France tout entière.
01:32Françoise, elle a vraiment fait partie de la vie des Français ?
01:36Oui, oui, oui. Et je crois que toute cette tendresse et tout cet amour qui a été manifesté à Catherine tout au long de sa vie
01:47et surtout après, quand elle était malade, ont été extrêmement importants pour elle.
01:51Je pense en plus que quand elle a démarré à la télévision, elle ne soupçonnait pas qu'elle allait susciter autant de tendresse et d'amitié
02:03et cet engouement du public parce que la météo est arrivée un peu dans sa vie par hasard.
02:10J'ai eu la chance de la côtoyer à TF1, vous le savez Françoise. Elle avait beaucoup d'élégance, beaucoup d'humour aussi. Ça aussi, ça la caractérisait ?
02:19Oui, oui. Je pense qu'on tient ça de notre père qui était un angliciste convaincu et qui pratiquait beaucoup l'humour, pas sans rire.
02:31Entre sœurs aussi, on a toujours ricané comme ça, on aimait beaucoup.
02:37D'ailleurs, la semaine dernière, quand ma sœur Geneviève et moi, on est allés voir Catherine dans sa maison de Les Dieux,
02:44elle était très fatiguée évidemment et très diminuée par la maladie, mais on a quand même ri, on a ricané bêtement comme des sœurs et c'était bien.
02:56Et on était contentes de la faire rire avec nos bêtises et ça nous a fait du bien et on était contentes aussi pour elle parce qu'elle en avait un peu assez.
03:05Elle voulait que ça s'arrête aussi.
03:07Elle l'a fait preuve de beaucoup de courage, Françoise, pendant toute cette maladie, pendant toute cette guerre qu'elle a menée, évidemment, contre la maladie et contre les ténèbres.
03:17Oui, et puis elle a voulu que ça se sache.
03:19Elle a voulu rendre public le fait qu'elle était atteinte de cette démence à Côte de Lévis qui fait qu'on perd les mouvements, on perd la parole, on perd l'équilibre, etc.
03:34Elle a voulu que ça se sache, elle a voulu interpeller sur le rôle des aidants parce que c'est des maladies où toute la famille est impactée, au premier chef évidemment les enfants et les conjoints.
03:50Donc elle a voulu que ça se sache.
03:53Elle a souhaité rester chez elle aussi, Françoise ?
03:57Oui, elle voulait rester chez elle jusqu'au bout.
03:59Ce qu'elle a pu faire avec une aide-soignante, Alexandra, qui était là, beaucoup pour elle, et puis des infirmières qui se sont relayées à son chevet.
04:08Donc ça, c'était son souhait, en effet.
04:11Et puis rester dans sa maison de Lidieu parce qu'à Lidieu, elle était, comment dire, tranquille.
04:16C'est-à-dire qu'elle pouvait se promener sans que personne n'aille la regarder, ou les pieds, ou la prendre en photo, je sais pas quoi.
04:23Parce qu'elle voulait plus qu'on la prenne en photo à la fin.
04:26Parce qu'elle avait beaucoup maigri et puis qu'elle avait changé.
04:29Mais quand on lui disait, tu sais, on demande de tes nouvelles, les gens t'embrassent et tout ça, elle était très contente de savoir que le public était toujours présent.
04:39Françoise, dans son dernier bulletin météo, Catherine a dit, je vous emporte avec moi, en parlant au public.
04:46Quelle image on va garder de Catherine ?
04:51Je crois ça, quoi.
04:52C'est-à-dire cette élégance et cette...
04:58Catherine, c'était à la fois une femme, ce qu'on sait, élégante et douce.
05:04Mais en même temps, c'était un caractère fort.
05:06C'était quelqu'un qui savait ce qu'elle voulait.
05:08C'était une femme extrêmement cultivée, qui passait son temps à bouquiner, à aller dans les bibliothèques, aller dans les musées, aller au théâtre, aller au spectacle.
05:16Donc je crois que le souvenir qu'il faut garder d'elle, c'est à la fois sa douceur et sa gentillesse, mais aussi une sorte de force d'âme et de caractère, quoi.
05:26Parce que c'est quelqu'un qui savait ce qu'elle voulait aussi.
05:28C'était pas juste un petit être fragile, c'était aussi quelqu'un d'extrêmement déterminé.
05:32Et elle l'a montré dans sa maladie jusqu'au bout.
05:35Merci beaucoup, Françoise, d'avoir pris du temps pour nous parler de votre sœur chérie, Catherine Laborde, qui s'est éteinte aujourd'hui.
05:43Merci.
05:44Voilà, pour cet hommage à Catherine Laborde.
05:47François Bayrou lui a rendu hommage en disant, Catherine Laborde était mon amie, ma copine d'adolescence.
05:52Nous étions ensemble en Hippocagne, au lycée Montaigne à Bordeaux, au conservatoire, dans la classe d'André Limoges.
05:56Elle était la grâce et la vie, la fragilité et l'enthousiasme.
05:59Nous ne nous sommes jamais séparés.
06:01Rachel Kahn, c'était une belle personne, comme on dit.
06:04Oui, c'était une belle personne, et moi je garde des souvenirs d'enfant aussi.
06:08Je pense que c'est partagé par beaucoup de gens de ma génération.
06:12Ce qui est très troublant, c'est que, oui, l'élégance, l'humour, sa voix si singulière, une signature, Laborde.
06:19Mais c'est qu'en fait, on la voyait déjà au ciel, avec ce fond, cet écran, sur la météo.
06:25Je pense qu'elle y est aujourd'hui et en paix, je l'espère.
06:28Sabrina Medjeba.
06:30Je suis très émue.
06:32Par l'hommage de Françoise que vous connaissez bien et que l'on embrasse tendrement, parce qu'elle est souvent sur nos plateaux.
06:38Et on sait à quel point elle a accompagné sa sœur tout au long de cette épreuve.
06:43Jean-Sébastien Ferjot.
06:45Moi, je voudrais le saluer, le courage, et ça a été rappelé par Françoise Laborde,
06:48qu'il y a eu Catherine Laborde, en parlant publiquement de sa maladie.
06:52Parce que les démences cognitives, la maladie à cordes de Léouis dont elle souffrait,
06:56qui est un mélange d'Alzheimer et de Parkinson, il y a des tas de formes de démence différentes.
07:01Souvent, vous savez, il y a des sentiments de honte pour les gens qui en sont atteints,
07:04parce que c'est difficile de se sentir partir.
07:07C'est difficile pour les personnes qui les entourent.
07:09Françoise Laborde l'a dit aussi, c'est extrêmement difficile pour les familles qui doivent accompagner des personnes
07:14qui sont touchées par ces maladies-là.
07:16Et la société française n'est pas toujours très organisée par rapport à ça,
07:19pour avoir malheureusement été confrontée aussi à la situation.
07:22Je peux vous garantir que pendant le Covid, et pourtant Dieu sait si on nous a dit
07:26qu'on était censé sacrifier les vieux pour les jeunes,
07:29on a sacrifié des gens en faisant totalement abstraction des besoins qu'ils avaient d'interaction sociale,
07:34en faisant totalement abstraction de leurs droits.
07:36Vous savez, même dans les hôpitaux, ces personnes-là ont le droit à un accompagnant.
07:40Aujourd'hui encore, je peux vous le garantir, et c'est malheureux,
07:43je sais très bien que le manque de moyens explique bien souvent la situation.
07:46Il y a des situations épouvantables qui se passent,
07:49parce que les personnels soignants se montrent parfois maltraitants,
07:53encore une fois, pas intentionnellement, mais en ne prenant pas en compte le fait
07:56que ces personnes-là doivent absolument avoir leur personne de confiance.
08:01Et malheureusement, malheureusement, la société française n'a pas encore suffisamment intégré ça.
08:05Le vieillissement de la population fait qu'il y a de plus en plus de gens concernés,
08:08et ça lance courage, parce qu'avoir osé le dire, et encore une fois sur une maladie
08:12qui attire une forme de stigma, ou en tout cas qui génère un sentiment de honte,
08:16c'était très remarquable, je trouve, de sa part, de le faire.
08:18Voilà, et on salue sa mémoire, et toute sa famille, évidemment, ses enfants, et son époux.