Le nombre de chômeurs (catégorie A, sans activité) a augmenté de 3,9% au quatrième trimestre 2024 en France entière (comprenant les départements-régions d'Outre-mer, hors Mayotte) par rapport au trimestre précédent, portant le nombre de demandeurs d'emploi inscrits à France Travail à 3,138 millions, selon les chiffres publiés ce lundi par le ministère du Travail. Sur un an, le nombre de chômeurs en catégorie A a augmenté de 3,5%.
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00:00Avec nous, Michel Picon, vous représentez les entreprises de proximité, vous êtes
00:06le président de l'UDP, merci d'être avec nous, d'être fidèle à première édition.
00:11Aux côtés de Gaëtan Mellin, la chef du service éco de BFMTV, au lendemain de la
00:14publication de ces chiffres et de cette courbe du chômage, qui est donc repartie à la hausse
00:18après des années de baisse, si l'on exclut les années Covid, hausse de 3,9 % du chômage
00:24au quatrième trimestre et 3,5 % sur l'ensemble de l'année 2024.
00:29Est-ce que ces chiffres, Michel Picon, vous ont surpris d'abord ?
00:31Non, je ne suis pas surpris, depuis des semaines, des mois, y compris sur votre plateau, j'alerte
00:38sur la situation des petites entreprises, je vous avais donné le chiffre de 1 500 licenciements
00:44par semaine dans les petites entreprises, évidemment tous ces licenciements se transforment
00:49en demandeurs d'emploi et donc une augmentation de la courbe du taux de chômage, donc je
00:54ne suis pas surpris.
00:55On est sur le même rythme en ce moment ?
00:58Je n'ai pas de chiffres encore arrêtés, mais il n'y a pas de raison que ça change
01:02sur le mois de janvier, tout ça parce qu'il y a encore, et on voit bien, les carnets de
01:07commandes des entreprises diminuent, l'inquiétude aussi bien dans les chefs d'entreprise que
01:14chez leurs clients aussi, parce que si les carnets de commandes diminuent, c'est parce
01:18que les clients sont inquiets, moi je date ça vraiment de l'instabilité à partir
01:23de l'instabilité politique.
01:26Oui, la dissolution et ses conséquences, dissoudre et renvoyer le Parlement à de nouvelles
01:32élections, c'est une pratique démocratique que l'on peut comprendre, mais ensuite après
01:36je censure, je ne censure pas, ces internements sans arrêt que l'on voit, ça ne met pas
01:42en confiance et donc il y aura bien évidemment encore des défaillances et encore du chômage
01:48qui va augmenter si la classe politique ne se reprend pas.
01:51Est-ce qu'elle va se reprendre ?
01:53Je l'espère.
01:54Mais quand ?
01:56Je ne sais pas.
01:57C'est tous ceux que je rencontre et je rencontrerai en fin de matinée la présidente de la commission
02:00des affaires économiques à l'Assemblée nationale et je vais lui dire, attention,
02:05c'est grave ce qui est en train de se passer, il faut que vous compreniez que les entreprises
02:09elles sont en train de partir au tapis, alors ça peut ne pas vous gêner, mais ça entraîne
02:14avec l'ensemble de leurs salariés.
02:16C'est une situation inédite depuis qu'en Gaïtan ?
02:18Alors, si on remonte, c'est depuis 2015, alors on avait effectivement, vous l'avez
02:22vu, après la crise financière de 2008, assisté à une très nette remontée du chômage,
02:26mais le pic a été atteint en 2015, on avait alors un taux de chômage à 10,2% et puis
02:31les choses se sont considérablement améliorées.
02:34Fin 2022, on avait un taux de chômage qui était à 6,9%.
02:39On parlait quasiment de plein emploi.
02:41Exactement et c'était à mettre au profit des décisions gouvernementales, notamment
02:45avec l'apprentissage et le fait d'aider les entreprises, de leur donner de la visibilité
02:51pour d'une part investir et d'autre part embaucher.
02:54Tout s'est cassé, tout s'est grippé à partir de 2023 et effectivement, les choses
03:00s'accélèrent en fin d'année 2024, en quatrième trimestre, parce que finalement
03:06au troisième trimestre, on a bénéficié de l'effet Jio qui a permis de créer des
03:11emplois.
03:12Donc ça fausse un peu la donne et puis quatrième trimestre, on a le sentiment que l'économie
03:17est à l'arrêt tout simplement.
03:19Les entreprises, comme Michel Picon le disait, ont besoin de visibilité, ont besoin d'avoir
03:23un budget, ont besoin de savoir finalement à quelle sauce elles vont être mangées
03:28et pour cela, aujourd'hui, elles n'ont pas toutes ces informations.
03:32Pas d'investissement, pas d'embauche.
03:35Beaucoup de jeunes aussi, c'est ça qui surprend dans les chiffres que l'on évoque
03:37ce matin, c'est que parmi les gens qui se retrouvent sur le carreau, il y a énormément
03:42de jeunes.
03:43Pourquoi ?
03:44Tout à fait, c'est la première variable d'ajustement.
03:45Pourquoi ? Parce que les jeunes occupent généralement des CDD ou de l'intérim et
03:50quand l'économie va bien, on a tendance à embaucher d'abord en intérim et en CDD,
03:56ensuite on concrétise, on les transforme en CDI et quand l'économie va mal, on diminue
04:02l'intérim et puis on ne reconduit pas les CDD.
04:05Ça doit vous mettre en rage tout ça Michel Picon.
04:07Oui.
04:08Parce que quand on voit ce que fait Trump, vous dites, on devrait faire du Trump ou pas ?
04:10Je ne sais pas s'il faut faire du Trump, en tout cas, il faut un ressaisissement, c'est
04:14quoi un ressaisissement ?
04:15Sur les jeunes par exemple, il ne faut pas donner de mauvais signaux sur l'apprentissage.
04:20Ça fait des mois, on dit on va mettre la prime, on va la supprimer, on va la rabioter,
04:24notamment les petites entreprises qui recrutent les jeunes, les moins qualifiés, elles ont
04:29besoin de cet accompagnement et donc aujourd'hui encore le décret, je crois, est en cours de
04:35signature mais je ne crois pas qu'il soit publié.
04:37C'est tous les sujets qui ne sont pas arbitrés parce qu'il y a une situation politique qui
04:43n'est pas stable et sur les jeunes, ce que je voudrais dire aussi, il ne faut pas avoir
04:48un discours trop alarmiste non plus, c'est que des signaux positifs, il y en a.
04:53Par exemple ?
04:54On continue à recruter, on est toujours en tension de recrutement dans un certain nombre
04:58de métiers.
04:59Le bâtiment, malgré les difficultés, malgré les licenciements importants, continue à chercher
05:04des collaborateurs, ce n'est pas forcément au même endroit, dans les mêmes spécialités.
05:09Donc il faut accentuer la formation, il faut mettre plus en adéquation le nombre d'emplois
05:14à pourvoir et le nombre de demandeurs d'emploi qui cherchent un emploi.
05:18Sauf que tout ça, l'apprentissage et ce que vous dites, ça coûte de l'argent, on parle
05:21de dette tous les jours, vous demandez à l'État d'investir encore plus, de creuser
05:24encore plus la dette ?
05:25Non, je pense qu'on demande à l'État de dépenser là où il faut et on demande à
05:30l'État aussi de commencer à dégager dans ses budgets, il n'y a pas une entreprise
05:35qui, quant à la moindre client, augmente ses prix, et donc il n'y a pas de raison
05:39que l'État augmente sans arrêt ses recettes, il faut qu'il diminue ses dépenses dans
05:43un certain nombre de postes, dans les multiples agences, enfin, je ne vais pas redire ce que
05:47tout le monde dit, mais c'est une réalité, il y a des dépenses qui doivent être freinées
05:53et ensuite, après, des soutiens financiers à l'emploi qui doivent être maintenus,
05:58notamment l'apprentissage.
05:59Ce qui est frappant, c'est de voir qu'Emmanuel Macron, en un geste, celui de la dissolution,
06:02a fracassé toute la stabilité et toute la politique qu'il avait mise en œuvre
06:06depuis 7 ans.
06:07Il développait une politique de l'offre, il voulait la stabilité fiscale et la stabilité
06:11sociale d'une certaine façon, il avait initié des réformes de l'assurance chômage,
06:16bref, tout était fait pour que le chômage baisse et d'une certaine façon, ça avait
06:19fonctionné.
06:20Alors, les gens disaient, c'est les petits jobs, ils ne sont pas assez payés, mais globalement,
06:23le chômage baissait et en une décision, on le voit bien, cette fragilité politique,
06:27le fait qu'il ait tardé à nommer un Premier ministre, le fait que la majorité soit introuvable
06:30à l'Assemblée et le fait que les Français soient maintenant plongés dans une période
06:33d'incertitude et sous la menace d'une censure permanente, ça plonge la France dans un désastre
06:38et qu'on ne voit pas quelle est l'issue de cette instabilité que vous décrivez tous.
06:43Quelles sont, peut-être que vous avez cette information, les départements et les secteurs
06:46les plus touchés ?
06:47– Le bâtiment, hôtellerie, restauration, l'automobile, bien sûr.
06:52– Et les départements ? – En France, c'est plutôt l'augmentation,
06:58je crois, elle est plutôt dans les zones industrielles.
07:01– Vous parliez de l'automobile, peut-être avez-vous entendu hier le réquisitoire choc
07:05du patron de Michelin qui était entendu à l'Assemblée nationale et qui a parlé de
07:10déni de compétitivité, mais qui pointe aussi bien la responsabilité de l'État que de
07:15l'Europe.
07:16– Oui, bien sûr.
07:17– Vous le rejoignez ?
07:18– Ce sont des sujets qui concernent plutôt les entreprises qui sont à l'export, mais
07:22il y a un dénominateur commun dans ces problématiques, c'est le coût du travail dans notre pays.
07:27Il est trop élevé, pourquoi ? Parce que le financement de la protection sociale est
07:33installé sur le travail, et ça, il faut vraiment qu'un immense chantier s'ouvre pour que
07:39le coût du travail soit plus faible, qu'on trouve d'autres sources de financement de
07:44la protection sociale, moi je ne remets pas en cause la protection sociale.
07:47– Il y a un débat à l'Assemblée en ce moment sur est-ce qu'il faut toucher aux allègements
07:50de charges, vous vous dites qu'il ne faut toucher à rien.
07:52– Mais non, il ne faut toucher à rien parce que s'il y a des allègements de charges,
07:56c'est parce que les charges sont trop élevées, donc il faut trouver le déplacement de ces
08:01charges sur le travail, et il n'y aura plus besoin d'allègements si on a des charges
08:06sur le travail qui sont au niveau des autres compétiteurs, il faut baisser le coût du travail.
08:11– Caïtan.
08:12– Et on oublie juste une chose, c'est que l'apprentissage ce n'est pas seulement
08:14un coût pour l'État, mais c'est aussi la possibilité d'avoir des cotisations supplémentaires
08:19et puis surtout de créer de l'emploi, et en fait, en créant de l'emploi, on crée
08:23de la croissance, et c'est ce dont notre pays a besoin aujourd'hui.
08:26– Merci beaucoup, et bon courage évidemment à tous les petits entrepreneurs,
08:30pas seulement les petits d'ailleurs qui nous regardent ce matin.