Annaig LEFEUVRE
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00:008h14, ici Orléans, lundi 27 janvier. Aujourd'hui on commémore les 80 ans de la libération du camp d'Auschwitz en Pologne.
00:06C'était le 27 janvier 1945 et on en parle avec votre invitée Lydie Ley.
00:11Bonjour, Anne-Hague Lefeuvre, directrice du CERCIL,
00:15Marge Orléans, le centre d'études et de recherches sur les camps d'internement du Loiret durant la seconde guerre mondiale.
00:20Il y a donc 80 ans, jour pour jour, le 27 janvier 1945,
00:23à Auschwitz, le plus grand camp d'extermination de l'Allemagne nazie était libéré.
00:28Léo vient de le dire, une cérémonie internationale aura lieu sur place avec des chefs d'État dont Emmanuel Macron,
00:34qui dit qu'à Auschwitz c'est l'un des endroits qui interroge la conscience humaine.
00:38Oui absolument, ça met vraiment au défi la pensée de savoir que cela a pu exister.
00:45C'est tout l'enjeu finalement de ces cérémonies aujourd'hui.
00:49Vous savez, cette cérémonie du 27 janvier, elle est finalement assez récente.
00:53Elle existe depuis une vingtaine d'années, c'est à l'initiative des ministres de l'éducation,
00:59membres du conseil de l'Europe, avec déjà cette idée qu'il fallait transmettre l'histoire,
01:07mais transmettre l'histoire et construire la mémoire après la disparition des témoins.
01:12Les témoins directs de cette période-là, qui sont par définition de moins en moins nombreux.
01:16Qui sont de moins en moins nombreux.
01:18Ginette Colinca par exemple va fêter ses 100 ans dans quelques jours.
01:22Mais beaucoup témoignent jusqu'au bout.
01:26Et leur témoignage, et ça c'est aussi important de faire comprendre la singularité de cette parole,
01:32à des jeunes qui rencontrent un témoin.
01:34D'ailleurs, il n'y a pas tellement besoin de les prévenir,
01:37ils entendent bien qu'il y a une transmission, un récit singulier,
01:43qui produit aussi une écoute particulière.
01:47Mais ils témoignent jusqu'au bout, c'est ce qu'ils disent.
01:51Un, parce qu'ils ont fait la promesse pour certains d'entre eux dans le camp,
01:55qu'il fallait témoigner plus tard.
01:57Mais ce qu'il faut rappeler aux jeunes,
02:00c'est que jusqu'au milieu des années 80 voire 90,
02:05cette parole n'était pas entendue.
02:07Un million de juifs assassinés à Auschwitz,
02:1016 000 d'entre eux qui étaient passés auparavant par les camps d'internement du Loiret,
02:15de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande,
02:17arrêtés pour la plupart en juillet 1942 lors de la rave du Veldive.
02:21C'est cette histoire que l'on retrouve au musée mémorial des enfants du Veldive.
02:25Oui, on parle du rôle des camps de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande,
02:29de l'internement, c'est-à-dire cette étape entre le moment
02:32où des hommes, des femmes, des enfants juifs sont arrêtés et déportés,
02:38et il y a des déportations directement parties du Loiret,
02:41de la gare de Pithiviers, de la gare de Beaune-la-Rolande, vers Auschwitz.
02:44Donc aujourd'hui, on va parler du gigantisme meurtrier d'Auschwitz,
02:50mais en fait, ces camps du Loiret, à proximité, ne sont pas sans lien,
02:55c'est aussi un maillon, un rouage du génocide.
02:59Vous parlez des derniers témoins, Joseph Weissmann est l'un d'entre eux,
03:03il sera là aujourd'hui, lors des commémorations à Orléans.
03:06Voilà, il nous a annoncé sa présence, Joseph Weissmann,
03:10il a été arrêté lors de la rafle du Veldiv,
03:14interné à Beaune-la-Rolande, d'où il s'est évadé.
03:19Alors, il a réussi à s'évader, mais qu'est-ce qui se passe ?
03:23Pour ceux qui, soit sont libérés, soit réussissent à s'évader,
03:26eh bien lui ne retrouvera pas ses parents, ne retrouvera pas ses deux sœurs,
03:29qui sont déportées.
03:31Anaïck, on l'évoquait dans le journal de 8 heures,
03:34récemment vous avez reçu des photos, 127 photos,
03:39données par des familles, c'est-à-dire qu'aujourd'hui,
03:42on donne parce que la volonté aussi, elle est de transmettre.
03:47Le travail de mémoire est émouvant,
03:50et il se construit par le lien aux familles,
03:53qui viennent déposer des archives,
03:55et ce travail-là, on peut se dire, 80 ans encore,
03:58tout a été retrouvé, tout a été déposé.
04:01Non, en fait, les générations d'après,
04:03vous savez, après un décès, on va ouvrir une maison,
04:06ouvrir les tiroirs et retrouver des documents.
04:10Eh bien, ces 127 photographies,
04:13ce sont celles qu'ont déposées des membres de la famille,
04:17et dans ce mémorial des enfants,
04:19il y a les noms de ces enfants,
04:21mais à ce jour, on n'est pas capable de retrouver
04:24chaque visage de chaque enfant.
04:27On va détailler le programme des commémorations,
04:29ce sera à midi, au Cercile, tout à l'heure.
04:31Il y a deux temps, il y a un premier temps à 11 heures,
04:34où on inaugure une exposition
04:36qui s'appelle « Déporté, j'avais ton âge »,
04:38en rencontrant la photographe Karine Sicard-Bouvatier,
04:43qui a fait se rencontrer des rescapés
04:46et des adolescents qui ont l'âge
04:50qu'avaient les rescapés au moment de leur déportation.
04:53Donc ça, c'est à 11 heures, et à midi,
04:55il y a une cérémonie dans la cour du Cercile,
04:57qui va réunir les autorités, les associations,
05:00différentes communautés éducatives
05:02de l'éducation nationale, de l'université,
05:04de la protection judiciaire de la jeunesse et des témoins.
05:06Ces jeunes avec qui vous travaillez tout au long de l'année,
05:09c'est 10 000 jeunes qui sont accueillis au Cercile chaque année ?
05:12Absolument. On reçoit des élèves du CM2 à la Terminale,
05:18mais il y a aussi des étudiants qui sont stagiaires,
05:21des stages de citoyenneté qui s'effectuent
05:24dans des cadres différents.
05:26Et au fond, ceux qui sont là aujourd'hui,
05:28c'est ceux qui, d'une façon ou d'une autre,
05:30auront envie de continuer.
05:32Mais il y a aussi des plus jeunes qui vont intervenir,
05:34qui vont chanter notamment,
05:36qui vont chanter aux côtés du cœur de l'Opéra de Tours,
05:39qui vient honorer de sa présence cette cérémonie.
05:44Cette transmission est, on le répète encore une fois,
05:47indispensable, dès les plus jeunes générations.
05:51Ce devoir de mémoire.
05:53Alors, ce devoir de mémoire,
05:55la formule est peut-être un peu...
05:57ne convient pas forcément,
05:59parce que si ça ne revêt qu'une dimension
06:02morale, de devoir,
06:04il faut derrière cela, de la compréhension.
06:07Et c'est vrai, se poser la question collectivement,
06:09de savoir ce que l'on fait, de ce que l'on sait.
06:12On va rappeler aussi, Anne Aiglefeu,
06:14France 3, qui sera en direct également,
06:16ce soir, pour une émission spéciale,
06:19en direct du Cercil.
06:20Oui, ils vont suivre la cérémonie de ce midi,
06:23et ce soir, un plateau est organisé,
06:26avec la présence d'Hélène Mouchardet,
06:28avec la présence d'enseignants et d'élèves,
06:30qui reviennent d'un voyage à Auschwitz.
06:32Hélène Mouchardet, présidente d'honneur du Cercil,
06:36fournitrice du Cercil, qui évidemment sera là.
06:38Les enfants du Veldiv.
06:39Merci beaucoup d'être venue ici,
06:41chez nous, ce matin, Anne Aiglefeu.
06:43On le rappelle, vous êtes la directrice du Cercil,
06:46le centre de recherche et d'études
06:48sur les camps d'internement du Loiret.
06:49Bonne journée.