“On est restés 6 heures dans les barbelés”.
En 1942, Jo Weismann parvient à s’enfuir d’un camp de transition vers Auschwitz. Sa famille non : il ne les reverra plus jamais. Il raconte l’évasion qui lui a sauvé la vie et donne sa vision de la liberté.
À l'occasion de la journée en mémoire des victimes de l'Holocauste, le 27 janvier. REDIFF
En 1942, Jo Weismann parvient à s’enfuir d’un camp de transition vers Auschwitz. Sa famille non : il ne les reverra plus jamais. Il raconte l’évasion qui lui a sauvé la vie et donne sa vision de la liberté.
À l'occasion de la journée en mémoire des victimes de l'Holocauste, le 27 janvier. REDIFF
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00:00Toute cette souffrance, tout cet enfer, ça m'a été insupportable.
00:06On est resté 6 heures, on a fait marmelade.
00:08Et puis, on a dit au bout, à nous la liberté.
00:15Je suis membre de la race humaine et membre de l'humanité.
00:19En 40, je n'ai que 9 ans.
00:21Voilà, et là a commencé la période de l'occupation.
00:25Et puis, Jean Raccourci est arrivé à la Porte de l'Etoile.
00:29A partir de là, tout a changé.
00:31D'abord, pour moi, le petit Joseph,
00:33qui a découvert avec incrédulité qu'il n'était pas comme les autres.
00:37Moi, je voulais être comme tout le monde, j'ai toujours été comme tout le monde.
00:41Je n'étais pas un étranger, je parlais français.
00:44J'allais à l'école, je ne comprenais pas.
00:47Ça me désobligeait beaucoup parce que je ne savais pas très bien ce que c'était que c'était.
00:51Mais c'était sûrement un famine.
00:53On va me jeter des pierres, je ne sais pas ce que j'ai fait.
00:56On va me cracher dessus, les chiens vont me mordre.
00:58Le pouvoir des abbesses s'était marqué, comme partout dans ces lieux-là,
01:02interdit aux Juifs et aux chiens.
01:16Mais moi, je ne comprenais pas ce qui arrivait du tout.
01:18J'étais peureusement avec mes parents, je ne bougeais pas,
01:21parce que tel que je l'ai eu, si je l'ai perdu, je ne l'y retrouve plus.
01:24C'était très inconfortable, il faisait très chaud.
01:27Un bruit infernal, une odeur pestilentielle.
01:31Rien à bouffer, rien à boire.
01:33Jusqu'à ce qu'on nous appelle par haut-parleur pour monter dans l'autobus qui nous attendait,
01:39lequel nous a conduit à la gare d'Austerlitz.
01:42Et là, attendait d'interminables wagons à bestiaux.
01:46C'était des trains de marchandises.
01:48Puis enfin, au bout de quelques heures, l'affaire est réglée, tout le monde est monté.
01:51Enfin, on plombe les wagons et le train démarre.
01:58AUSTERLITZ
02:09Toute cette souffrance, tout cet enfer, on peut dire, ça m'a été insupportable.
02:15Le lendemain, j'ai décidé de m'évader.
02:22On est rentré dans les barbelés et on a commencé notre évasion.
02:26C'est absolument inexécable, c'est impénétrable.
02:29Les piquants se touchent les uns les autres, de telle sorte que personne ne peut s'y confondre.
02:35On est resté six heures dans les barbelés.
02:37Vous m'entendez bien ? Six heures.
02:39Et puis, on est arrivé au bout.
02:44On est sorti les barbelés.
02:46À nous, la liberté.
02:49Je crois que c'est le jour de toute ma vie où j'ai su ce que c'était que la liberté.
02:54Ça a duré un instant.
02:56Fugitif, fugace.
02:58Je suis libre.
03:12C'est pourquoi, quand j'ai compris un jour qu'il fallait que je témoigne,
03:17j'ai eu tous ces enfants avec moi derrière moi.
03:21Je vous écoute.
03:22Vous voulez qu'on fasse une pause ?
03:23Non, non, ça va.
03:31Un enfant qui vient au monde est blanc, noir, marron, jaune.
03:38Il n'est pas antisémite.
03:39Pourquoi il est devenu antisémite ? Pourquoi il est devenu raciste ?
03:42Mais parce qu'on l'a mal informé.
03:44On lui a appris à devenir ça.
03:46Il faut qu'on lui apprenne à ne pas devenir ça.
03:48Il faut tout reprendre à la base.
03:50Évidemment, je suis très conscient de ma petitesse, de mon poté fourmi.
03:55Mais si les gens comme moi ne font rien, qui va faire quelque chose ?