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00:00Est-ce que vous avez déjà été victime d'un plan social dans votre entreprise ?
00:03Vous avez perdu votre emploi ? Est-ce que vous avez réussi à rebondir ?
00:06Comment ça s'est déroulé ? Appelez-nous 0476 46 45 45.
00:11On échange et on vous écoute ce matin alors que l'industrie chimique au sud de Grenoble est en crise, T.O.H.
00:16L'usine chimique de Jary a annoncé en début de semaine la suppression de 154 emplois
00:21et cela survient après les 450 suppressions de postes chez Vancorex à Pont-de-Clay.
00:25L'industrie chimique du sud grenoblois est en très grande difficulté
00:29et c'est un morceau d'histoire qui disparaît.
00:31On va en prendre conscience avec vous, Alexandre Fiat, bonjour.
00:35Bonjour.
00:35Merci d'être avec nous, M. Fiat.
00:37Vous êtes salarié depuis plus de 24 ans chez Arkema à Jary.
00:40Vous êtes aussi élu CGT.
00:42Quel est votre sentiment aujourd'hui après ces annonces, vous qui travaillez depuis 24 ans ?
00:48De la colère, beaucoup de colère en fait.
00:51L'annonce, elle vient aujourd'hui avec 154 emplois.
00:54Depuis décembre, on est en grève
00:57et depuis septembre, notre direction nous a demandé d'arrêter nos unités
01:02sous prétexte d'une problématique à Vancorex.
01:05Depuis début septembre, on travaille sur le sujet,
01:07on essaye de sortir le lièvre,
01:10on essaye de voir pourquoi notre direction veut nous fermer
01:13et jusqu'à l'heure d'aujourd'hui, on n'a aucun document technique qui nous justifie un arrêt.
01:18On a seulement un diaporama, on nous dit ça coûte trop cher et c'est plus simple de fermer.
01:22On est en 2025, aujourd'hui on estime quand même être suffisamment sérieux
01:27pour pouvoir étudier ces choses-là.
01:29Moi, ça fait 25 ans que je travaille dans l'usine.
01:32Mes grands-parents travaillaient dans l'usine,
01:33beaucoup de salariés collègues à nous,
01:36les femmes travaillent, les parents travaillent,
01:38les enfants aussi font des études.
01:40Ma fille fait des études de chimie.
01:42Voilà, c'est une usine qui a plus de 100 ans.
01:44Ça a l'air d'être une grande famille.
01:46Effectivement, on était en reportage sur place, dans les restaurants, etc.
01:50Beaucoup de choses reposent sur la chimie avec des générations parfois qui dépendent de cette usine, c'est ça ?
01:55C'est une usine qui a été créée en 1916,
01:58loin de l'agglomération à l'époque.
02:00Au fil du temps, les villages se sont conçus autour,
02:04les salariés vivaient au village
02:06et aujourd'hui, tout est maillé.
02:07Aujourd'hui, les restos sont là pour l'usine,
02:11les commerces sont là pour l'usine.
02:12On voit bien aussi que dans les sites où il y a eu des industrialisations,
02:18comme à Saint-Auban, par exemple, qui est aussi un site Arkema, etc.,
02:21quand les usines vont mal, c'est tout le maillage après qui en périt.
02:25Je vous propose d'écouter l'un de vos collègues,
02:27il s'appelle Christian,
02:29et il explique à quel point cette nouvelle le touche aujourd'hui.
02:34Une prime, c'est bien gentil, mais derrière, il n'y a plus de boulot,
02:36et le boulot sur le bassin Grenoble, ça devient compliqué.
02:39Ça ne promet pas des lendemains non plus beaux.
02:42J'ai mes amis, tout mon entourage s'est créé depuis 25 ans sur Grenoble.
02:46La famille, les enfants, c'est des choix qui sont très difficiles, humainement.
02:51Vous parliez de la colère au tout début de l'interview,
02:54j'imagine qu'il y a aussi de l'angoisse chez beaucoup de salariés,
02:56on l'entend chez Christian notamment.
02:58Bien sûr, bien sûr, surtout qu'il n'y a aucune raison de fermer aujourd'hui.
03:02Les annonces de fermeture ne sont pas liées à la problématique de vent correct,
03:05on nous arrête d'une unité qui ne consomme pas de sel.
03:08C'est ce que dit la direction, pourtant,
03:09et c'est ce que nous a dit encore le directeur du site chez nous avant-hier.
03:13Tout à fait, sauf que quand on leur demande les dossiers
03:15qui justifient les arrêts, ils sont incapables de les prouver.
03:18Hier, on a eu un CSE local où on leur a demandé, par écrit, les documents,
03:23ils ne nous les ont pas fournis et ils se sont enfuis en voiture pendant la réunion.
03:28Oui, j'allais y venir, effectivement, ça a été tendu.
03:31Première réunion du Conseil social et économique de l'entreprise,
03:35il en est sorti quoi ?
03:37Il en est sorti...
03:39Il n'y a pas eu de réunion au final, la direction ?
03:40Il y a eu une réunion qui a été s'aborder par la direction,
03:43qui a passé plus de temps à réfléchir, comment se dédouaner de tout ça.
03:46Arkema se dédouane de toutes les problématiques,
03:49ne veut rien gérer et veut fermer gratis.
03:52Alors, soit il annonce clairement,
03:53on est assez grand pour comprendre les choses,
03:55soit les justificatifs, on veut les voir et aujourd'hui on ne les a pas.
03:58On va revenir effectivement sur ce débat technique,
04:01on va réentendre le directeur de l'usine et puis vous allez pouvoir lui répondre effectivement.
04:05On rappelle que vous pouvez nous appeler au standard d'ici, Isère Mathieu.
04:08Il est 7h48 et on vous pose cette question, on attend vos témoignages.
04:12Alors, ce n'est pas forcément simple d'en parler mais justement,
04:14vous avez connu un plan social dans votre entreprise, vous avez perdu votre emploi.
04:18Peut-être aussi que vous êtes dans un moment où vous êtes inquiet pour votre entreprise,
04:22vous sentez que ça pourrait arriver aussi.
04:23Venez nous en parler, 0476 46 45 45, si ça vous est arrivé aussi,
04:27comment vous avez rebondi, comment ça s'est passé après.
04:30On en parle avec vous et on a aussi des réactions sur nos réseaux sociaux, Laurent Gallien.
04:33Oui, beaucoup de réactions pour dire,
04:35heureusement pour vous, je n'ai pas été victime de plan social.
04:38On a quand même Nadine qui nous dit qu'elle n'a pas été licenciée directement
04:41mais qu'elle a connu un plan social important dans son entreprise.
04:44Et elle dit que ce n'était pas cool, pas top, c'est son mot exact,
04:49de travailler dans ce climat-là.
04:51Et c'est vrai que c'est aussi le cas d'Arkema aujourd'hui.
04:54Il y a un plan de licenciement qui va concerner une partie des emplois du site.
04:58Ça fait naître aussi, entre salariés, des choses qui ne sont pas terribles.
05:02Notre invité ce matin, Alexandre Fiat, qui est élu CGT
05:06et qui travaille depuis 24 ans chez Arkema à Jari.
05:10Il y a deux parties chez Arkema à Jari, la partie sud et la partie nord.
05:13Aujourd'hui, c'est la partie sud qui est plus impactée.
05:17Mais on imagine que le sentiment d'angoisse et de colère,
05:20il est dans les deux parties, il est partout dans l'usine.
05:23Bien sûr, la séparation nord-sud, c'est une séparation totalement direction.
05:28Le train passe au milieu de l'usine, effectivement, ce qui fait deux parties.
05:32Les maillages, les tuyaux passent du nord au sud, du sud au nord.
05:35Les utilités passent du nord au sud, du sud au nord.
05:38C'est un saucissonnage de l'entreprise pour créer de la dette.
05:41Et aujourd'hui, on fait plus de 30 millions d'euros par an sur le site.
05:45Le site, il est rentable.
05:46Il y a eu 40 millions d'investissements publics il y a une dizaine d'années.
05:50Il y a encore cinq ans, on a eu plus de 20 millions d'euros
05:53d'investissements privés d'une entreprise pour nous aider.
05:56Aujourd'hui, il s'agit juste de faire encore plus de cash.
05:59Et là-dessus, notre PDG, il préfère faire des usines en Chine,
06:03en Saguien-Pourre, plutôt que développer la chimie française.
06:06Le directeur de l'usine qui était notre invité mercredi
06:08explique qu'il y a un lien avec Vancorex qui s'arrête,
06:12qui produisait du sel particulier pour l'usine
06:15que, du coup, l'usine Arkema Djari n'a plus.
06:18Je vous propose d'écouter aussi ce qu'il nous disait
06:20sur l'impact de ces 154 emplois.
06:22Il faut voir un petit peu plus loin que ça, dit-il.
06:25On parle effectivement de 150 suppressions de postes.
06:28Et encore une fois, on le comprend parfaitement, c'est très compliqué.
06:31Et on va accompagner du mieux possible sur du reclassement, sur d'autres sites,
06:35de l'accompagnement individuel.
06:37Mais ce qu'il faut souligner, c'est qu'on arrive à préserver environ 200 emplois.
06:41Il faut aussi voir cette perspective-là comme quelque chose
06:44qui nous permet de garder un avenir pour Arkema Djari.
06:47Est-ce que ce discours-là, vous arrivez à l'entendre ?
06:49Certes, il y a 154 emplois qui disparaissent,
06:51mais ça permet d'en sauver 200 autres.
06:53Est-ce que ce discours-là, il est entendable aujourd'hui ?
06:56Non, les 150 emplois, il n'y a aucune raison de supprimer les 150 emplois.
07:00Ça met en péril la partie nord de l'usine, car les frais vont être tous parties nord.
07:04Et sur les questions de pérennité du nord, on n'a aucune réponse non plus.
07:07On n'a aucune garantie.
07:09Aujourd'hui, nous, ce qu'on voit, c'est qu'Arkema veut fermer en deux temps.
07:12D'abord la partie sud, à cause des vents corrects.
07:15Et ensuite, la partie nord, souvent par des soucis économiques.
07:17La partie nord, c'est quand même la production française
07:20des boosters, la fusée aérienne et des missiles militaires.
07:23Alors, pour le coup, le directeur de l'usine nous a assuré
07:27que ça assurait pour l'usine une activité pour plusieurs années.
07:31Il s'est engagé, en tout cas, à notre micro.
07:33Aucun contrat n'a été signé.
07:35Toutes les demandes de dossiers, on ne les a pas reçues.
07:39Aujourd'hui, c'est du vent.
07:40Aujourd'hui, il nous promet.
07:41C'est de l'effet d'annonce.
07:42Alors, on peut le croire, mais nous, on veut des preuves.
07:44On veut être garantis qu'effectivement, l'usine, à moitié, peut tourner.
07:48Et aujourd'hui, on ne les a toujours pas.
07:49Et je pense qu'on ne les aura pas, car les dossiers n'ont pas été faits.
07:51Et on sent qu'il y a un problème de confiance aujourd'hui.
07:54Bien sûr, bien sûr.
07:55La politique d'Arkema en France, c'est de fermer ses usines en France.
07:58Voilà, aujourd'hui, c'est Jarry.
08:00On va faire office de site pilote pour les PSE.
08:03Demain, ça va être Pierre-Bénit.
08:05Ensuite, ça va être Marseille.
08:06L'année 2025, ils nous ont annoncé que ça allait s'abrer sévère chez Arkema.
08:10Arkema, il est en France pour les crédits d'impôt, point final.
08:13Et le développement se fait aux Etats-Unis et en Asie.
08:16On entend votre pessimisme aujourd'hui, en tout cas à l'antenne, Alexandre Fiat.
08:20La suite, c'est quoi ?
08:21Est-ce que vous avez encore l'espoir que la situation s'améliore ?
08:24Comment ça va se passer, le plan social ?
08:26Comment ça va s'organiser ?
08:27Prochain rendez-vous la semaine prochaine ?
08:29Prochain rendez-vous la semaine prochaine avec un CSE numéro 1 central
08:32qui va acter le début de la procédure et les trois mois avant les licenciements.
08:37Nous, notre combat, c'est de montrer que ce PSE, aujourd'hui, il n'a aucun intérêt,
08:40qu'il est complètement arbitraire et c'est une volonté financière.
08:43Notre directeur, c'est un financier, ce n'est pas un chimiste.
08:46Donc, vous avez l'espoir encore de faire changer d'avis l'entreprise ?
08:49Bien sûr, et la problématique de Vancorex et aussi les élus locaux
08:53qui sont à Paris du dossier avec les maires de Jarry et les maires de Pontelet
08:57ont montré aussi des problématiques sur la dépollution des sols.
09:02Que ce soit chez nous ou que ce soit à Pontelet,
09:04c'est des cimetières militaires et on ne sait pas ce qu'il y a sous les sols.
09:07On va suivre ça évidemment sur ICI ISER.
09:10Merci beaucoup Alexandre Fiat d'avoir été notre invité ce matin, élu CGT
09:15et donc travailleur chez Arkema à Jarry depuis plus de 24 ans.
09:18Belle journée, merci.

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