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00:00Vous avez la parole. Ce matin, nous revenons sur la suppression de 154 emplois à l'usine chimique Arkema de Jarry.
00:06L'annonce est tombée hier et on vous pose cette question. On attend vos réactions. Que représente pour vous cette suppression de postes ?
00:12Est-ce que vous êtes inquiet pour l'emploi, pour l'économie dans le secteur ?
00:15Appelez-nous donc 04 76 46 45 45. On en parle avec notre invité Théo H.
00:19Oui, Mathieu Brisson, bonjour.
00:21Merci d'être en studio avec nous ce matin, directeur du site Arkema de Jarry, pour tenter d'expliquer cette décision,
00:27ce recentrage de l'activité, qui coûte cher, 154 suppressions de postes, et pour le territoire, c'est un vrai coup dur.
00:35Après, déjà, les 450 emplois supprimés chez Vancorex, les deux dossiers sont liés. D'ailleurs, vous allez nous expliquer tout ça.
00:42D'abord, je vous propose d'écouter ces deux travailleurs du territoire,
00:45très marqués par votre annonce, pour qu'on se rende compte un peu de l'impact d'une telle décision. Écoutez.
00:50Ça fait vivre des centaines de familles, ça fait
00:53des années qu'on existe, ça a fait vivre nos parents, ça a fait vivre nos enfants, on pensait nos petits-enfants, mais apparemment non.
01:00C'est le poumon, quoi. Donc si on enlève les poumons, on peut plus vivre, quoi. Ça fait mal au cœur, parce que je connais plein de jeunes qui travaillent et qui vont se retrouver à la rue, quoi. On peut pas être content.
01:09On entend bien la détresse que provoque une telle décision. Est-ce que c'était vraiment inévitable, monsieur Brisson ?
01:15Ouais, malheureusement, effectivement, ça l'était. Comme vous l'avez souligné,
01:19le sujet est intimement lié à ce qui s'est passé à Vancorex. Les deux entreprises sont liées
01:26au sujet du sel.
01:28C'est-à-dire que Vancorex produisait du sel que vous utilisiez, comme Vancorex ferme, ça remet en cause un certain nombre de vos activités, c'est ça ?
01:35Effectivement. Les deux sites sont liés depuis des décennies, en partageant une source de sel
01:40qui était purifiée sur le site de Pontclet et qui était utilisée sur Arkema Jari comme matière première pour nos ateliers principaux.
01:48Comme vous le savez, depuis plusieurs mois maintenant, nous n'avons plus de fourniture de sel, donc ce qui a causé l'arrêt des installations
01:55au niveau du sud de Jari, notamment pour la fabrication de chlore, de soude et des dérivés chlorés.
02:01Et donc, quelque part, le CSE, hier, a annoncé
02:05une décision qui, malheureusement, était inéluctable du fait de l'absence de fourniture et d'alternatives possibles.
02:12La question s'est posée un temps, je crois, que vous rachetiez peut-être
02:16cette activité de production de sel chez Vancorex. Est-ce que vous l'avez envisagé ? Est-ce que c'était possible
02:22pour, justement, essayer de sauver ces activités ?
02:25Alors, il est vrai que, dès l'annonce de la cessation de paiement, la mise en redressement judiciaire de Vancorex,
02:31nous avons immédiatement étudié la question de manière profonde. Il y a eu vraiment des investigations qui ont été faites. Arkema s'est posé la question
02:39effectivement de la reprise de cette activité.
02:42Nous avons nous avons poussé les investigations
02:46assez loin pour arriver à la conclusion que, malheureusement, dans le schéma de Vancorex, d'un point de vue industriel et économique,
02:53cette reprise n'était pas possible. Elle a mis vraiment en péril
02:57les résultats financiers de Jarry. Et ce n'était pas possible de trouver du sel ailleurs ?
03:01Alors, c'est toute la question. Effectivement, je pense que pour tout le monde, du sel, ça paraît comme un produit qu'on trouve partout.
03:07C'est un sel extrêmement pur, le sel qui était purifié par Vancorex.
03:14Et donc, un besoin de qualité de sel très particulier, qu'on ne retrouve pas partout, et puis en quantité très abondante.
03:20On parle de plus de 100 000 tonnes de sel par an. Donc, le sujet d'une recherche de sources alternatives,
03:27évidemment, c'est un sujet sur lequel nous travaillons
03:30avant la défaillance de Vancorex.
03:32Malheureusement, voilà, c'est extrêmement contraint. Et ce qu'il faut savoir aussi, c'est que l'utilisation d'autres sels qui n'ont pas les mêmes caractéristiques
03:39techniques ne sont pas forcément compatibles, ni avec nos installations, sur nos procédés, ni avec les spécifications de nos produits finis.
03:45Voilà pour les explications techniques. On va voir comment ça va se passer dans les semaines qui viennent. Mais d'abord, un détour au standard d'ici Isère, Mathieu.
03:52Tout à fait, Raphaël, qui nous appelle de Cholon. Genre, Raphaël qui est dans le TGV, mais surtout Raphaël qui est salle arrière, Kéma. Bonjour, Raphaël.
03:59Oui, bonjour. Je précisais que vous étiez dans le TGV, voilà, si jamais la liaison coupe,
04:03ça peut arriver. Direction Paris, parce qu'il y a une manif. Tout à fait, exactement. C'est pour ça que vous êtes dans le train.
04:08C'est tout à fait pour ça, oui.
04:10Expliquez-nous, alors, Raphaël, ce que ça représente pour vous, cette décision.
04:15Moi, cette décision, elle représente une perte de
04:19travail, on va dire, de salaire, ni plus ni moins,
04:22qui n'est pas forcément justifiée pour nous à l'heure actuelle, parce que des moyens, il y avait plusieurs
04:28moyens, justement, de rectifier tout ça. Ça fait des années qu'on signale à notre direction que
04:33d'avoir qu'un seul fournisseur de sel, ce n'est pas normal, et qu'on va au clash directement.
04:39Aujourd'hui, on voit le résultat, une mauvaise action de la société Arkema, qui nous
04:45justement met dans cette situation-là, et ce n'est pas normal du tout, parce que du sel, il y en a ailleurs,
04:51on n'a pas fait aucun essai sur les autres sels, donc fermer toute une unité à cause d'un seul sel qui
04:57pourrait être là, ce n'est pas tout à fait normal.
05:00Et vous avez l'espoir encore de faire changer les choses, si vous allez en manifestation aujourd'hui, c'est qu'il y a encore un espoir, peut-être, Raphaël ?
05:07Alors, un espoir ? Non, aujourd'hui, il n'y a plus aucun espoir, la direction est éclairée nette, c'est les fermetures du sud pour notre usine.
05:16À l'heure actuelle, on n'a pas besoin de sel, donc aujourd'hui, on pourrait faire encore tourner la moitié de la partie sud sans aucun
05:23approvisionnement de sel, puisqu'on n'en a pas besoin.
05:25Et pourquoi vous allez en manifestation, alors, Raphaël, à Paris, devant les fenêtres du ministère de l'économie ? Vous voulez dire quoi ? C'est quoi votre message ?
05:32Le message aujourd'hui, c'est qu'on est en train de perdre notre industrie française,
05:36et ce n'est pas normal. Donc, je sais que pour nous, aujourd'hui, le message sera clair,
05:41on va là-haut pour faire valoir nos droits, justement, par rapport à cette industrie qu'on est en train de perdre, ni plus ni moins.
05:47Même si notre emploi, aujourd'hui, est menacé et qu'on sait pertinemment qu'on ne le retrouvera pas,
05:52on prévoit aussi la fermeture de plusieurs sites.
05:56Il y a de l'inquiétude derrière ça, on l'entend bien.
05:58En tout cas, merci, Raphaël, d'être passé ce matin pour poser ces questions. Juste avant de laisser répondre notre invité, on a aussi des réactions sur
06:03notre page Facebook, Soazic Pelé ? Oui, tout à fait, sur Arkema, mais aussi sur le reste de l'industrie. On a un message de
06:11Starsterne, c'est son pseudo sur Facebook.
06:14« Après Vancorex, Arkema, un désastre industriel et social.
06:18Ma solidarité va à ceux qui resteront sans emploi, avec des enfants à élever, des prêts à rembourser,
06:23un frigo à remplir, tous les petits commerces qui gravitent
06:26autour de ces deux sites qui vont perdre une partie de leur clientèle. Si pour Vancorex, ça a été une surprise, pour Arkema,
06:32les manœuvres étaient en cours depuis de nombreuses semaines. Tout cela est bien triste. »
06:37On voit qu'il y a beaucoup d'inquiétude, effectivement. Notre invité, Mathieu Brisson, directeur du site Arkema de Jarry, qu'est-ce que vous pouvez répondre à
06:42Raphaël, à toutes ces personnes qui s'inquiètent ? Peut-être donner des perspectives aussi sur la suite ?
06:47Bien évidemment, on comprend parfaitement
06:50la détresse, le désarroi.
06:52Effectivement, ce qui se passe, c'est très compliqué, extrêmement compliqué.
06:57Sur un site plus que centenaire, c'est vraiment un choc.
07:01Alors, le message d'espoir, c'est que d'une part,
07:04nous avons quand même pu trouver une source de sel
07:08compatible avec nos activités de Jarry dites « Nord », pour lui faire du chlorate de sodium et pour pouvoir
07:16sécuriser toute la filière de fabrication d'oxygéné, qui reste aujourd'hui le produit le produit majeur du site,
07:22ce qui n'était pas gagné d'avance. Donc, effectivement, les recherches de sel alternatif, c'est un sujet sur lequel on travaille depuis longtemps.
07:28Donc là, vous dites les activités « Nord »,
07:31celles que vous citez, elles sont protégées, elles sont assurées pour plusieurs années ?
07:35Exactement. Donc, on parle effectivement de 150 suppressions de postes et encore une fois, on comprend parfaitement, c'est très compliqué.
07:43Et on va accompagner du mieux possible, et chez Arkema, les plans de sauvegarde de l'emploi,
07:47on les suit très sérieusement avec des mesures d'accompagnement sur du reclassement, sur d'autres sites,
07:55de l'accompagnement individuel. Mais ce qu'il faut souligner, c'est qu'on arrive à préserver environ 200 emplois
08:00avec de la pérennité, des perspectives. Et donc, je pense que c'est un point intéressant.
08:05Effectivement, la situation est très compliquée, mais il faut aussi voir cette perspective-là comme
08:10quelque chose qui nous permet de garder un avenir pour Arkema Ajarie.
08:14Vous parlez du reclassement, des primes éventuelles, etc.
08:17On entend bien que ce n'est pas suffisant pour un certain nombre de salariés qui perdent une partie de leur vie.
08:24Non, mais je comprends parfaitement, surtout l'attachement sur des salariés qui sont implantés
08:29dans la région et qui travaillent depuis des années. On sait que sur ces sites-là,
08:33effectivement, il peut y avoir des filiations, des familles qui travaillent de longue date. Donc, tout ça, on l'entend bien.
08:38Aujourd'hui, nous, notre engagement, c'est de faire ce qu'il faut pour accompagner du mieux possible les salariés.
08:43Encore une fois, avec un accompagnement personnalisé.
08:46Et donc, on va faire les choses du mieux possible.
08:50Je pense que ce qui est important aussi, encore une fois, c'est de travailler, de voir ces perspectives pour l'avenir.
08:57Effectivement, je pense que la chimie grenobloise souffre énormément de ce qui se passe.
09:03Mais notre souhait aussi et notre volonté, c'est de travailler sur un projet pérenne et de mettre toute notre énergie
09:10pour râler de l'avant sur les activités qui vont perdurer sur Jari.
09:14Et on suivra ça, évidemment, sur ICI Isère.
09:17Merci beaucoup, Mathieu Brisson, directeur du site Arkema de Jari, d'avoir été avec nous ce matin.
09:21Belle journée, merci.