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Trois ans qu'au mépris de toute législation du droit du travail, Justine est en stage à la matinale de France Inter...

Retrouvez « Le billet de Lison Daniel » sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-billet-de-lison-daniel

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Amusant
Transcription
00:00Lisons, Daniel. Aujourd'hui, vous nous racontez les aventures de Justine, la stagiaire.
00:07Trois ans, Nicolas. Trois ans qu'au mépris de toute législation du droit du travail,
00:11Justine est en stage à la matinale de France Inter. Qu'elle doit écrire vos fiches au
00:14fusain car vous n'acceptez pas les tabus scries. Que Léa lui hurle le nom des invités
00:18tu me le fous en rouge. France Inter, ça c'est un rouge cardinal. On vous apprend
00:21quoi dans vos écoles de journalisme, bordel ! Oh, pauvre Justine.
00:24Quand elle ne se fait pas conspuer, elle est cruellement ignorée. Elle fait partie des
00:28meubles, au même titre que la chaise Louis XV sur laquelle Léa pose son séant. Et encore,
00:31à la chaise, elle lui dit bonjour. Pour s'accommoder d'une paie misérable, Justine survit de
00:36rapines et de menus larsens. Ici, les monts chéri que Léa a jetés. Là, le fond de
00:40tequila de la flasque de Mathilde. Là encore, les morceaux de hareng qui dépassent de la
00:43sacoche de Claude. Quelle est loin la jeune provinciale potelée de 23 ans en pleine d'entrain
00:52et l'œil brillant. Elle n'est plus qu'une petite chose malingrée, maussade. Le teint
00:56cireux et blême et livide et pâle et blafard et terreux. Toute fourbu de la lecture du
01:00site synonyme.fr. Justine, tu survis à peine dans la maison ronde, perdue dans ton maelstrom
01:05mental. Personne ne la voit. Quand, après avoir retiré les cuticules des ongles de
01:09pied d'Adèle et qu'elle s'apprête à déboucher son évier, une collègue s'adresse
01:12à Nicolas dans un couloir. David Lynch est mort, c'est fou. Il avait fait un film
01:18génial je crois, mais je ne me rappelle plus du nom. Oui, son départ laisse une béance
01:22dans le cinéma d'auteurs américains, répond Nicolas en regardant par la fenêtre.
01:26Les remous boueux de la scène. Il ne peut pas parler normalement celui-là, je te jure,
01:29à son nulon. Peste sa collègue en partant. Merde, la nécrologie de Lynch, j'avais
01:34oublié, se désespère Justine. Dans la réserve à produits ménagers et pièges admisibles
01:38où Justine a installé son bureau, elle entreprend de revoir toute la filmographie. Sailor et
01:42l'éléphant, Lullaman, Mulholland Peaks. Autant de chefs-d'œuvre avec des rideaux
01:46rouges derrière lesquels des gens difforment, chuchotent à l'envers en espagnol, dans
01:49un labyrinthe où tournoient des peurs et des rêves. En fait, non, c'est la réalité
01:53ou pas la rivalité. Justine ne sait pas si c'est la fatigue ou la saturation d'images.
01:57Je ne comprends rien, lance-t-elle comme une supplique. Mais les pièges à rats et les
02:02papiers tumouches ne lui sont d'aucune aide. Elle sort prendre l'air sur le parvis de
02:05la maison ronde. Une autre collègue à Nicolas. Tain, Bertrand Blier, maintenant quoi, j'y
02:08crois pas, je l'aimais trop. Oui, son départ laisse une béance dans le cinéma d'auteurs
02:13français, lui répond Nicolas à l'air pénétré. Ça et les nazis en Amérique, franchement
02:20quel début d'année de merde. En plus, mon crush qui ne me répond plus fume vachement
02:24à la matinale. Retour dans les bureaux. Tu me files tes notes, Juliette ? Oui, les voici
02:28Monsieur Demorand, avec votre Frappuccino triple shot. Je vous la livre ici. Dans une limousine
02:33noire qui serpente dans la nuit, deux hommes désoeuvrés, interprétés par Patrick Dever
02:37et Naomi Watts, se lancent dans une enquête énigmatique qui les confronte à leur propre
02:41désir charnel et à la face cachée du rêve américain dans la France des années 70.
02:45Pierrot, dite avec un accent espagnol prononcé, on n'est pas bien, là ? Décontracté doublant ?

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